• Développeur : Square Enix
  • Editeur : Nintendo
  • Site Web : PAL
  • Version testée : 3DS
  • Classification :
    Sigle âge 12 ans et plus
    Francaise : 16/09/2016
    Americaine : 16/09/2016
    Japonaise : 07/02/2013
  • Existe aussi sur iOS (2015), Android (2015), PlayStation (version originale 2000)
  • PEGI :
    Violence : jeu contenant des scènes de violentesJeu de hasard : jeu qui encourage or enseignement les jeux de hasard

Dragon Quest VII : La quête des vestiges du monde

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La recette Dragon Quest peut-elle encore fonctionner en 2016 ?

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Dragon Quest : mode d’emploi du J-RPG old school

La série Dragon Quest est depuis 1986 dirigée par Yuji Horii. Toute la partie design et création des personnages est aux commandes d’Akira Toriyama tandis que les compositions musicales sont de Kōichi Sugiyama. Si chez nous la série est moins populaire que sa principale rivale de l’époque, Final Fantasy, il est bon de rappeler que depuis ses débuts, Dragon Quest est un véritable phénomène au Japon. 30 ans après le premier volet la magie opère encore, se multipliant sur les plateformes. Mais quel sont les secrets de son succès et de sa longévité ?

Les célèbres « Gluants »

Les célèbres « gluants » facilement reconnaissables dans le paysage vidéoludique.

Dragon Quest est une série qui traverse le temps mais qui reste fidèle à sa proposition initiale, c’est-à-dire un univers haut en couleur de heroic-fantasy, peuplé de mythes, dragons et démons. Tous les épisodes reprennent ces mêmes  légendes et créatures, la mascotte officielle est d’ailleurs l’une d’elles, un slime appelé « gluant » dans nos contrées. Chaque volet est construit de la façon suivante : un groupe de héros, dont votre avatar, doit sauver le monde du mal qui menace le monde. La patte graphique d’Akira Toriyama est aussi l’une des marques de fabrique de la franchise, apportant un charme tout particulier. Dragon Quest aussi connue pour sa simplicité scénaristique, sa difficulté croissante, demandant beaucoup de préparation pour avancer dans l’aventure, ainsi que ses combats au tour par tour, ses jobs et son langage soutenu. La religion est par ailleurs très présente, puisqu’il est par exemple nécessaire de se confesser au prêtre pour sauvegarder sa partie ! Il n’est d’ailleurs pas exclu d’entendre ici ou là le nom de « tout-puissant ».

Bref, Dragon Quest ou « Dragon Warrior » chez nos amis américains, est le tout premier jeu de rôle japonais sur console, établissant alors les codes d’un tout nouveau genre pour l’époque le J-RPG. Même s’il y a eu quelques nouveautés durant ces trois décennies comme le recrutement et l’élevage de monstres depuis le cinquième opus canonique, la recette ne change jamais. Elle continue encore aujourd’hui à se diffuser, rencontrant toujours un certain succès notamment au pays du soleil levant. Pas de prise de risque, pas de mauvaises surprises ?

Où es tu inspiration ?

Mais plus qu’un Dragon Quest, c’est très certainement l’arrivée d’un J-RPG inédit sur la portable de Nintendo qui vaut un tel engouement général.

Le septième épisode est réputé pour être l’un des plus emblématiques de la saga bien que celui-ci n’ait jamais été localisé sur le vieux continent. Son remake 3D sur N3DS est donc très attendu par les joueurs européens. Mais plus qu’un Dragon Quest, c’est très certainement l’arrivée d’un J-RPG inédit sur la portable de Nintendo qui vaut un tel engouement général. Si nous faisons un temps soit peu abstraction de cette euphorie, le soft est loin d’être exempts de défauts, vraiment très loin…

« gros malin » POPOPOOOOOO !

« gros malin » POPOPOOOOOO !

Commençons par le début, l’équipe de départ, originale au possible : un avatar sans âme qui se fait bâcher sans réagir par une petite peste agaçante, un héritier BG insouciant qui joue au prince rebelle et un enfant-loup, le fameux petit sauvage téméraire proche de la nature que nous retrouvons dans grand nombre de J-RPG également. Ne comptez pas creuser un peu plus la psychologie des personnages, Dragon Quest a pour habitude de fabriquer des stéréotypes dont les caractéristiques sont exposés dès les premières minutes du jeu. Si les rôles de chacun dans l’aventure sont ainsi très délimités, il n’y a pas de réelles possibilités de s’attacher aux protagonistes. Le coup de l’avatar qui reste muet pour qu’il ne soit que nos yeux, laissant la place à notre propre parole et pensée, je suis désolée, mais ça ne fonctionne toujours pas.

Du côté de l’histoire, beaucoup de concepts et noms sont directement issus de notre propre monde, sans aucune subtilité.

Kangourouste et Gluanbulle... même le noms de certains Pokémons paraissent plus recherchés !

Kangourouste et Gluanbulle… même le noms de certains Pokémons paraissent plus recherchés !

L’inspiration n’est pas non plus le point fort dans l’univers de Dragon Quest. En plus de reprendre les créatures des précédents volets, certains noms traduits font peines à voir : Miaougicien, Factigriffes, etc. Leurs apparences sont même parfois ridicules pour ne pas dire de mauvais goût. Square Enix a beau vendre un bestiaire de plusieurs centaines de créatures, la plupart n’ont de différences que dans leur skin. Du côté de l’histoire, beaucoup de concepts et noms sont directement issus de notre propre monde, sans aucune subtilité. Comme expliqué précédemment, les références à l’Église sont nombreuses, avec des « Mon enfant », « Soyez Bénis » et des petites compositions à l’orgue. Il est même question à un moment de traverser le fleuve du Nihil pour sauver Fertiti, la reine des Sables… Même s’il est normal d’être influencé par notre Histoire et nos croyances, il est nécessaire d’aller au-delà du simple copier-coller et y apporter ses propres idées.

Toujours la même rengaine

Alors c'est chouette de pouvoir se balader sur la map comme dans les jeux actuels mais... c'est un vaste néant.

Alors c’est chouette de pouvoir se balader sur la map comme dans les jeux actuels mais… c’est un vaste néant.

L’univers et son histoire sont très classiques. Comme je le disais il y a quelques semaines dans la preview, rien de bien compliqué : Un mal gronde, un ennemi se dévoilant lentement au fur et à mesure de l’aventure, accompagné d’une histoire de voyage temporel qui fonctionne mais… Il s’avère, et à mon grand regret, qu’après des dizaines et dizaines d’heures de jeu, le schéma reste bel et bien toujours le même. Nous trouvons des tablettes, nous passons par le temple pour les assembler, nous allons dans le passé découvrir une île, nous sauvons le village d’une menace, ils sont contents, nous retournons dans le présent, nous constatons qu’une nouvelle île est apparue, nous la visitons, nous trouvons des tablettes, nous passons par le temple pour les assembler, nous allons… bref. Notre groupe de héros tourne en rond, multipliant les aller-retour selon un modèle d’exploration en deux temps qui reste sans surprise. Forte heureusement, la version 3DS a ajouté l’option « Évènements récents » qui permet de nous rappeler où nous en sommes dans le scénario et quelle est notre prochaine étape. Parce qu’à force de répéter cette boucle interminable, il n’est pas rare de ne plus savoir où nous en sommes.

La sous-quête du Havre permet de faire une petite pause dans cette très longue épopée. Cependant, elle n’est au final qu’un écho du jeu principal. Ce qui devait varier le plaisir de jeu ne vient que renforcer cette idée de répétitivité. Pour la capture de monstre et résoudre les missions du Havre, il est nécessaire de suivre une phase d’exploration et de combats classiques. Le casino, la collecte de médaille et bientôt les fonctionnalités street/spot pass disponibles à partir du lancement du jeu (des tablettes de voyageur spéciales devront être distribuées chaque semaine via le bar de téléchargement)… ces petits à côté devraient également trouver leur public. Quant à la gestion des jobs, qui arrive assez tardivement dans le jeu, il faut faire preuve de patience pour avoir l’impression d’appartenir à un job tout particulier et débloquer les plus puissants et donc intéressants. Aussi, nulle obligation d’embrasser une vocation, il est à priori tout à fait possible de survivre sans s’ajouter des bonus et des malus.

Les PNJ sont les mêmes d’un village à l’autre et parfois au sein d’une même ville. Et pas d’exception si l’un d’entre eux a un rôle tout particulier à jouer dans le scénario. Les personnages secondaires ont eux aussi leur sosies dans le monde. Si ce recyclage de personnages pouvait se comprendre à l’époque de la sortie du titre original en l’an 2000, cela passe difficilement en 2016. Un peu de diversité, même juste en modifiant un peu le coloris des vêtements, ça n’aurait pas été de refus…

J’ai fini par couper le son pour ne plus supporter ce calvaire.

Enfin, et pas des moindres car cela participe grandement à l’ambiance globale du jeu, venons en à la bande son. Dans la preview, je vous parlais d’un point négatif de cette localisation : les mélodies en MIDI à la place des versions orchestrales de la version japonaise. Si l’effet rétro peut avoir son charme, celui-ci s’estompe très rapidement après quelques heures de jeux et îles visitées… Les musiques sont toujours les mêmes et deviennent vite agaçantes. J’ai fini par couper le son pour ne plus supporter ce calvaire.

Finalement, cette accumulation de couacs est la démonstration d’un manque flagrant d’inspiration et de prises de risques pour renouveler un modèle vu, revu et usé jusqu’à la moelle.

Square Enix remake corporation

Mais alors, après tout ça… pourquoi est-il encensé par la critique et notamment chez les fansites de Nintendo ou de J-RPG ? Il y a plusieurs raisons que j’évoquais déjà un peu plus haut. La quête des vestiges perdus est un joli RPG sur console portable sans prise de tête très old school et si vous avez du temps (beaucoup de temps) et que vous aimez l’épique kawaï, alors ce jeu conviendra parfaitement à vos attentes. En terme de durée de vie, le jeu ne se moque pas de vous et vous promet une bonne centaine d’heures sans compter les petits à côtés si répéter les mêmes actions ne vous pose pas de problème…

sans aucune réelle évolution, ne promettant pas de nouvelle expérience, on aurait presqu’envie de vous dire qu’un remake n’a pas d’intérêt, qu’il est tout autant préférable de rebrancher sa console et de lancer la galette originale.

Les fameuses tablettes de voyageurs. Vous allez en manger du puzzle !

Les fameuses tablettes de voyageurs. Vous allez en manger du puzzle !

Là où des RPG old School inédits apportent des nouveautés de gameplay comme la série des Bravely, Dragon Quest n’offre qu’une actualisation visuelle et technique. La nostalgie peut être invitée, mais sans aucune réelle évolution, ne promettant pas de nouvelle expérience, on aurait presqu’envie de vous dire qu’un remake n’a pas d’intérêt, qu’il est tout autant préférable de rebrancher sa console et de lancer la galette originale. Mais voilà, en Europe, le titre n’a jamais été localisé, donc il garde tout de même de l’intérêt. Vous pourrez emmener partout avec vous ce classique du genre. Et ça, Square Enix, qui n’en est pas à son premier coup d’essai entre ses remakes à répétitions et portages à la pelle sur toutes les plateformes possibles, l’a bien compris ces dernières années. Non pas que tous ces titres soient de mauvaise qualité, Dragon Quest est même très bien traité pour ce passage à la 3D, mais la facilité de l’éditeur de jouer avec notre fibre nostalgique sans la moindre once d’originalité… Il est temps de demander plus. J’en demande plus de la part de Square Enix.

Je le redis ici, impossible de nier l’aura d’une telle série qui aura permis de poser les bases du J-RPG et même inspirer d’autres licences comme Pokémon. En fait, Dragon Quest, c’est un excellent point de départ pour se familiariser avec le jeu de rôle à la japonaise car il est à l’origine de tout ce qu’on peut connaître et reconnaître dans ce type de jeu. Mais à moins d’être un otaku de son univers sans surprise, il n’est pas nécessaire de renouveler l’expérience une seconde fois. Surtout pas en 2016. Damned, pourquoi avais-je déjà joué à Dragon Quest IX sur Nintendo DS…

Critique réalisée à partir d’une version dématérialisée fournie par l’éditeur.

L'avis général

  • Un classique inédit en Europe
  • Un bien joli remake
  • La nouvelle option « Évènements récents »
  • Une bande son irritante et répétitive
  • Des séquences longues sans grand intérêt
  • Un schéma extrêmement répétitif
  • Un univers en manque d'inspiration
  • Des jobs anécdotiques
Dragon Quest VII sur 3DS est l'écho lointain d'un âge d'or du J-RPG. Et c'est bien ça le soucis avec ce titre, pour ne pas dire avec la succession des épisodes de cette série venue d'un autre temps. Qu'il s'agisse du troisième, septième, dixième opus, nous nous retrouvons toujours dans le même univers, ses mêmes créatures, ses même légendes, ses mêmes personnages stéréotypés et creux. Même si le gameplay reste comme d'habitude aux petits oignons et que le passage à la 3D est une grande réussite, le manque d'inspiration dans le scénario, les musiques et les actions répétitives en font une expérience très mitigée. Réservé aux fans de la série avant tout.