KonamiSociété japonaise de développement et d'édition de jeux vidéo
La liste des licences mythiques de Konami semble toute aussi interminable qu’elle est variée avec des exemples tels que Metal Gear Solid, Beatmania, Silent Hill, LovePlus, PES, Contra, Jikkyō Powerful Pro Yakyū, Castlevania, Dance Dance Revolution ou Gradius. Pourtant, l’opinion des joueurs concernant l’éditeur oscille souvent entre admiration et incompréhension.
L’âge d’Or
Le 21 Mars 1969, Kagemasa Kozuki fonde une société de location et réparation de juke-boxes basée à Osaka au Japon. Il faut attendre le 19 Mars 1973 pour que Konami soit officiellement créée. La firme doit alors son nom à ceux des quatre co-fondateurs : Kagemasa Kozuki, Yoshinobu Nakama, Hiro Matsuda, et ShokichiIshihara. Dès lors, Konami se lance dans la fabrication de bornes d’arcade. La plus célèbre d’entre elles reste Frogger (1981) et sa grenouille intrépide. Suivront la même année Scramble et Super Cobra, avec le même succès commercial un peu partout dans le monde.
En toute logique, la société s’agrandit et l’année suivante elle ouvre sa division américaine (Konami of America) puis européenne en 1984 (Grande-Bretagne et Allemagne). Cette action permettra à Konami de pouvoir enfin éditer soi-même ses titres dans le reste du monde (Frogger était par exemple distribué par SEGA).
Le marché prometteur des micro-ordinateurs et consoles de jeux voit la société nippone se consacrer au portage de ses titres arcade les plus populaires (Gradius, Contra, Ganbare Goemon, etc.).
Konami fait principalement dans le jeu typé action avec des coups d’essai qui deviendront par la suite les gagne-pain notoires de la société : Castlevania en 1985 sur NES et Metal Gear en 1987 sur MSX.
Une génération de consoles plus tard, on remarque déjà une certaine tendance à la surexploitation des licences alors que Super Castlevania IV (qui, au Japon, porte le même nom que l’épisode originel Akumajou Dracula et est considéré comme son remake) vient démontrer les possibilités techniques de la Super Nintendo. Konami est aussi sollicité pour l’adaptation de licences américaines juteuses comme les Teenage Mutant Ninja Turtles ou Les Simpson.
Malgré un début de diversification (une incursion dans le sport en 1994 avec Internal Superstar Soccer, ancêtre des Pro Evolution Soccer), Konami tourne en rond. La compagnie perd de sa superbe aux yeux du public et en interne, un petit nombre de développeurs (jeunes et peu expérimentés pour la plupart) quittent le navire pour fonder le leur, Treasure.
L’avancée des talents
Un revirement se fait sentir à l’arrivée de la 3D avec la création de nouveaux studios de développement et même une école de formation pour programmeurs et développeurs de jeu vidéo, la Konami Company Computer Entertainment School. Avec des bases aussi solides, elle parvient à rehausser son image de marque et les productions de qualité s’enchaînent, du passage de licence à la 3D bien négocié (Metal Gear Solid, Winning Eleven alias PES chez nous) aux essais à d’autres genres (Beatmania et Dance Dance Revolution pour les jeux de rythme, Silent Hill du côté des survival-horror).
Ce regain d’estime de la part des joueurs s’accompagne d’une émergence de grands noms qui deviendront les figures phares de la société. Hideo Kojima, Yoji Shinkawa (Metal Gear Solid) et Akira Yamaoka (Silent Hill) apportent une image plus mature à Konami avec un travail sur la narration, le graphisme et la bande-son se rapprochant davantage d’un studio de cinéma Hollywoodien que des classiques productions vidéoludiques.
La passage à la génération PlayStation 3/Xbox 360 est en revanche plus compliqué pour l’éditeur. Le rival Fifa prend l’ascendant sur PES. De leur côté, les Metal Gear de Kojima sont toujours des succès mais leur rythme de publication n’est pas suffisant pour Konami. En parallèle, l’éditeur abandonne sa série de jeux de baseball Jikkyō Powerful Pro Yakyū pourtant mythique au Japon. Le développement des nouveaux épisodes de Silent Hill et de Castlevania sont confiés à des studios tiers occidentaux. En 2011, la série des HD Collection est lancée pour capitaliser de nouveau sur les classiques PlayStation 1 et 2.
Mais la situation se complique de plus en plus pour l’éditeur qui voit partir de nombreux employés dès 2014, avec notamment le producteur des Castlevania depuis 2001 Koji Igarashi ou les créateurs de LovePlus, le plus populaire des Dating Sims. Le divorce le plus douloureux se fait avec celui qui représente le mieux la société : Hideo Kojima. Alors qu’il travaille à la fois sur Metal Gear Solid 5 et sur Silent Hills, sa relation devient de plus en plus tendue avec son employeur. L’éditeur se restructure en mars 2015 et limite ainsi l’influence de Kojima qui ne fait plus partie de l’exécutif. Durant la même période, Konami quitte la bourse de New York. Outre les conditions de travail plus compliquées pour les employés de Kojima Productions, leurs moyens de communication sont contrôlés par la maison-mère qui renomme au passage la branche américaine Kojima Productions Los Angeles en Konami Los Angeles. Le nom du créateur des Metal Gear est même retiré de la plupart des visuels promotionnels.
L’affaire devient le Kojimagate, Silent Hills est annulé et avant même la sortie de MGS V, on apprend que la série continuera sans son créateur. Malgré les polémiques, la situation économique de Konami s’améliore en partie grâce à la nouvelle politique de l’éditeur qui se concentre désormais sur les jeux mobiles. Malgré les rumeurs de l’abandon total des jeux consoles, la fin 2015 voit l’annonce d’un nouvel épisode de Jikkyō Powerful Pro Yakyū, de deux nouveaux jeux Yu-Gi-Oh! tandis que PES devrait aussi continuer en parallèle de tests pour une version Free-to-Play. Kojima quitte la société à la fin de son contrat le 15 décembre 2015 pour récréer Kojima Productions de façon indépendante. Quelques jours plus tard, Konami annonce le début des recrutements pour le prochain Metal Gear Solid.