PlayStation Portable (PSP-1000)Console de Sony, de 7ème génération
PLAYSTATION PORTABLE : SONY ENTRE DANS LE MARCHÉ DES CONSOLES PORTABLES
Aussi nommée PSP-1000 pour son modèle ou PSP Fat/Phat par les joueurs, le modèle original de la PlayStation Portable marque l’arrivée de Sony dans le domaine des consoles portables. Comme l’indique son nom, Sony compte étendre l’expérience PlayStation au jeu nomade avec une puissance graphique hors-norme, un choix du multimédia et un soutien des éditeurs tiers. Pourtant, s’imposer dans un secteur monopolisé depuis plus de 15 ans par Nintendo peut s’avérer compliqué.
UN NOUVEAU TERRITOIRE À CONQUÉRIR
En entrant sur le marché des consoles de salon en 1994, Sony connait déjà son adversaire : Nintendo. Les anciens partenaires devenus ennemis sont en concurrence tandis que Sega le troisième constructeur décline lentement. La PlayStation parvient très vite à s’imposer comme le leader du secteur en dominant largement la Saturn et la Nintendo 64 dans la guerre de la cinquième génération de consoles. Après ce succès fracassant pour les débuts de Sony dans le monde du jeu vidéo en tant que constructeur, la PlayStation 2 est également sur le point de remporter la guerre de la sixième génération. Face à elle la Dreamcast est sur le déclin et les concurrentes GameCube et Xbox ont pris trop de retard sur leurs commercialisations.
Désormais confortablement installé dans les salons, Sony peut donc logiquement attaquer le monopole de Nintendo sur le marché des consoles portables. Depuis la sortie du Game Boy en 1989, de nombreux constructeurs ont tenté de s’imposer en tant qu’alternative. Que ce soit Atari avec sa Lynx, Sega avec sa Game Gear ou Nokia avec sa N-Gage, aucune console ne parvient à rester sur ce marché malgré son avance technologique et le manque d’offre. Profitant de son expérience dans le domaine des jeux, de son image de marque et de la solidité financière de Sony, PlayStation peut ainsi se lancer dans ce nouveau projet en limitant les risques.
L’ESPRIT PLAYSTATION SUR CONSOLE PORTABLE
Pour s’imposer face à Nintendo, Sony conserve la stratégie qui lui permet de surplomber les consoles de salon. Par conséquent, les deux atouts mis en avant lors de la création de la console sont de nouveau la puissance technologique et le multimédia. Par opposition à Nintendo refusant toujours d’autres fonctions que le jeu sur ses machines, Sony continue sa démarche. Sa première console lisait les CD audio, sa deuxième a démocratisé les DVD. Sa nouvelle machine doit être capable d’aller sur Internet, de lire de la musique et des vidéos.
Le loisir est le mot-clé. Moi-même, j’adore les jeux vidéo mais j’aime aussi lire des livres, discuter avec d’autres gens. La PSP est ouverte à toute la famille et prend en compte toute une gamme de besoins.
– Ken Kutaragi, septembre 2005
Tout ceci passe par la Memory Stick et sa compatibilité USB. L’élément de langage martelé par l’équipe est le « Walkman du XXIème siècle », le Walkman étant l’illustre baladeur de Sony tellement répandu que son nom ne désignait plus seulement les appareils de la marque mais l’appareil tout court. Aidée par sa plus faible résolution, cette nouvelle console doit faire honneur à la PlayStation 2 en donnant l’impression d’offrir la même expérience dans sa poche. Cela permet d’adapter facilement les jeux de la console de salon sur la console portable. Les séries les plus populaires de la grande sœur doivent être présentes. Tandis que Nintendo s’enfonce dans son isolement vis-à-vis des éditeurs tiers, ces derniers se préparent à renforcer la future ludothèque.
L’IMPORTANCE DU FORMAT
La conviction de l’entreprise se retrouve jusqu’au choix du support. Le point de désaccord entre les deux constructeurs se situe au niveau du disque. Nintendo y est très réticent tandis qu’il constitue la marque de fabrique de Sony. Cependant, s’il devient le choix logique pour les consoles de salon, le disque n’est pas idéal pour une console portable. Sony a commercialisé en 1992 le format MiniDisc qui parvient à éviter les écueils du CD dans ce contexte. En effet, il n’est pas rare que le mouvement gêne la lecture du disque et l’objet physique peut s’avérer trop fragile pour le transport régulier. Le fait que les graveurs de MiniDisc soient déjà commercialisés effraie Sony qui craint le piratage. La trop faible capacité de stockage entre également en compte puisque le projet technologique nécessite de rivaliser avec les DVD. Sony crée donc un nouveau format qui se nomme UMD pour Universal Media Disc. Le support devient aussi important que la console et se retrouve omniprésent dans la communication de l’entreprise. L’éditeur ne s’arrête pas là puisqu’il commercialise également des UMD vidéo passant ainsi des accords avec des studios de cinéma pour pouvoir distribuer leurs films.
LA GUERRE DE COMMUNICATION
Le 13 mai 2003, à la fin de sa conférence E3, Ken Kutaragi dévoile le nouveau projet de Sony : la PlayStation Portable. Seul ce nom est annoncé, accompagné de quelques caractéristiques, il n’y a pas d’images ou de prototypes. Le créateur promet une console d’une puissance supérieure à la PlayStation, qui pour la première fois pour une console portable utilise le support disque pour ses jeux via la technologie propriétaire UMD. Les 1,8 Go de capacité de stockage alliés à une puissance à mi-chemin entre la PS1 et la PS2 laissent penser qu’il s’agit de la première vraie console portable 3D. Le Game Boy Advance en est déjà capable mais très peu de jeux l’exploitent. La présence de Memory Stick et de connexion USB annonce des interactions avec la PlayStation 2, les ordinateurs et les téléphones. Plusieurs mois passent quand, le 4 novembre 2003, Sony dévoile un premier visuel de la console ainsi que de l’UMD.
Nintendo réplique quelques jours plus tard en annonçant une nouvelle machine pour l’année suivante. Tout au long de l’année 2004, les constructeurs font une guerre de la communication. Sony dévoile le design définitif de sa console en premier le 11 mai 2004 lors de sa conférence E3. Aucun prix n’est annoncé et seule une fenêtre de sortie est communiquée : fin 2004 au Japon et printemps 2005 pour l’Amérique du Nord et l’Europe. Nintendo dégaine donc ces informations en premier le 20 Septembre mais Sony ne va pas aussi loin le lendemain en mettant seulement à jour la liste des jeux en développement. Il faut attendre le 27 octobre pour connaître les détails de la sortie japonaise qui a lieu le 12 décembre 2004. La PSP sort ensuite en Amérique du Nord le 24 mars 2005 et le 1er Septembre 2005 en Europe au prix de 249€.
UNE LUTTE CONSTANTE
Dans ses premiers mois, les ventes de la console souffrent du retard de sortie sur la DS. Si elle n’est sortie que 10 jours après sa concurrente au Japon, elle cumule tout de même quatre mois de retard aux États-Unis et six mois en Europe. Les régulières ruptures de stock ainsi que la différence de prix semblent également handicaper la console de Sony qui pâtit en plus d’un grand taux de retour dû à des premiers exemplaires défectueux. Cependant, l’écart de puissance permet rapidement à la PSP de prendre le dessus.
La première version du système d’exploitation 1.00 ne possède pas de protection contre le piratage. Si le problème est corrigé dès la sortie américaine avec la mise à jour 1.50, une nouvelle faille apparaît très vite. Le jeu du chat et de la souris commence entre Sony qui met à jour sa console et les pirates qui trouvent de nouvelles ouvertures. La relative facilité de télécharger illégalement des jeux et d’y jouer participe à la popularité de la console. Malgré les bonnes ventes de la console, les ventes de jeux ne suivent pas et le ratio de jeux par console est estimé à 3,6 soit le plus faible de toutes les consoles largement distribuées. Les éditeurs tiers deviennent, par conséquent, moins enclins à prendre des risques et le catalogue de la PSP se remplit de remakes et autres adaptations de titres PlayStation 2.
LA CONSOLE D’UNE SÉRIE
Si elle pâtit de cette image de console de recyclage, c’est pourtant de là que vient son salut. Adaptation de l’extension du premier Monster Hunter, Monster Hunter Freedom permet à la série d’exploser. Nécessitant le jeu en réseau pour jouer en coopération, le titre avait eu du mal à trouver son public sur PS2 où les fonctions en ligne bien qu’existantes sont peu souvent utilisées. Le jeu sans fil et la connexion à Internet permettent au jeu de s’imposer sur la console au point d’être considéré comme la série la plus importante de la portable.
Si les joueurs occidentaux adhèrent moins à cette série, les spin-offs de Grand Theft Auto constituent les autres meilleures ventes de la PlayStation Portable. La ludothèque PSP n’est pas pour autant totalement abandonnée et bénéficie du soutien de Square Enix et de Konami qui sortent des épisodes de Final Fantasy et de Metal Gear Solid honorables mais qui ne connaissent qu’un succès limité. Pendant ce temps, Nintendo a rattrapé son retard en trouvant un nouveau public moins habitué aux jeux. Le 12 juillet 2007, Sony annonce le lancement d’un nouveau modèle de PSP chargé de remplacer le modèle PSP-1000 tout en restant dans la gamme PSP, la PSP-2000.
L’HÉRITAGE DE LA PLAYSTATION PORTABLE
Si la console ne parvient pas à réaliser son objectif de domination du marché, ses ventes estimées au total à 80 millions d’exemplaires lui permettent d’être la neuvième console la plus vendue de tous les temps. La PSP est la console qui a réellement lancé la septième génération de consoles en réalisant la prophétie du « Walkman du 21ème siècle ». Durant son existence, il n’était pas rare de croiser dans les transports en commun des personnes l’utilisant pour écouter leur musique, regarder des vidéos ou naviguer sur Internet. La portable a également été l’une des pionnières des mises à jour permettant de faire évoluer une console sans passer par un changement de modèle.
La PlayStation Portable a concrétisé ce que Microsoft avait entamé quelques années plus tôt avec la première Xbox, une console réellement multimédia et connectée qui s’intègre totalement dans le quotidien. Du côté des jeux, la PSP s’est faite connaître pour ses nombreux remakes de jeux pourtant relativement récents. Le piratage a involontairement développé la dématérialisation des jeux sur console. Voyant une large partie de son public télécharger les jeux et les gérer avec les Memory Sticks, il n’est pas étonnant que Sony ait eu l’idée de sortir une PSP Go se limitant aux jeux téléchargeables. L’échec de ce modèle auprès des revendeurs et des joueurs est également ce qui a empêché l’abandon du support physique. Au final, la PlayStation Portable a profondément changé le visage du jeu vidéo pour le meilleur et pour le pire, apportant des effets qui divisent encore les joueurs.