Le remake dans le respect total
« Toute façon maintenant c’est que des remasters hd osef et rien de neuf », s’exprime Louis, 26 ans, gameur blasé. Et comment lui donner tort ? On voit dans les rayons jeux vidéo de nos magasins les « Bioshock The Collection » au coude-à-coude avec les « Batman Arkham collection » et les « Darksiders Ultimate Edition ». Des jeux qui n’ont même pas 10 ans (ouch quand même le coup de vieux). Et pourtant, certains remakes suscitent un engouement particulier. On pense par exemple au récemment annoncé lors de l’E3 2017 « Shadow of the Colossus » sur Playstation 4 qui profitera d’un vrai lifting graphique, et non pas d’un simple filtre hd dans une version qui rame (n’est-ce pas « Ico & Shadow of the Colossus Collection » ?). Il est aujourd’hui aussi question d’un VRAI remake, celui d’un jeu légendaire sorti sur Master System en 1989, « Wonder Boy III : The Dragon’s Trap ».
Wonderful World
Regardez les screenshots qui accompagnent ce test, vous avez vraiment besoin de moi pour le dire ? Wonder Boy est absolument magnifique ! Le travail phénoménal réalisé par Lizardcube est une immense réussite, et de très loin la plus grande force de ce remake. Non seulement les backgrounds sont superbes, mais quand le tout se met en mouvement c’est encore plus dingue ! Les animations sont d’une fluidité exemplaire et donnent un vrai côté cartoon à l’ensemble. De Wonder Boy/Girl et ses différentes transformations à la moindre petite chauve-souris, les sprites transpirent de vie. Le jeu est un régal à voir bouger et à découvrir. Et pour vraiment se rendre compte du travail effectué, il suffit de presser la gâchette droite de la manette, et pouf, un balayage nous ramène tout droit en 1989 et nous colle la version d’origine sous les yeux. L’effet « wow » est garanti et on passe pas mal de temps à switcher d’époque, pour mieux se prendre à nouveau une baffe quand on revient sur la version 2017.
Outre les graphismes, la bande-son a elle aussi été entièrement refaite. Basé sur les compositions originales de Shinichi Sakamoto, ce remake nous offre une superbe OST entièrement réarrangée par Michael Geyre, et ré-enregistrée par un orchestre. Guitare, oud, violons, contrebasses, flûtes… l’ost originale prend vie dans des sonorités colorées qui collent parfaitement à l’ambiance visuelle et joviale du jeu. Certains morceaux ont même été réarrangés plusieurs fois pour mieux coller aux différentes ambiances des niveaux. Comme pour les graphismes, il est possible, par une simple pression sur la gâchette gauche, de switcher entre les deux bandes-son: celle de 89 et celle de 2017. Les anciens seront ravis de ré-entendre leurs morceaux favoris ré-enregistrés dans le plus grand respect de l’œuvre originale.
Old Boy
Alors que le néorétro a plus que jamais le vent en poupe, Wonder Boy ne doit pas être assimilé à cette vague. Quand 95% des indés cherchent à ressembler à des jeux des années 1990 avec un gameplay moderne, Wonder Boy The Dragon’s Trap fait tout l’inverse : c’est un jeu de 1989 dissimulé dans un corps de 2017. Derrière le lifting, c’est le jeu original qui tourne, avec les qualités et les défauts inhérents à son époque. Oui, Wonder Boy 3 fût très en avance sur son temps en posant les bases des « Metroidvania » pratiquement 10 ans avant Symphony of the Night. Mais fatalement il est bien plus limité que le chef-d’oeuvre d’Igarashi.
L’exploration est relativement limitée et on se heurte vite à un mur de difficultés quand on passe par la mauvaise zone. Le village fait office d’Hub central et chaque « Game Over » vous ramènera à ce point de départ, vous forçant à vous retaper l’intégralité du trajet que vous veniez de faire. Il vous faudra faire preuve de patience et de persévérance pour venir à bout des zones les plus ardues du jeu (Lion-Man, je pense fort à toi). Le level design aussi a un peu vieilli, avec des donjons à base de couloirs avec pour seule indication de progression, un bestiaire qui change de palette de couleurs. Et surtout, cette inertie du personnage qui nécessite un vrai temps d’adaptation. Si aucune chute n’est véritablement punitive, il n’est pas rare de glisser d’une plate-forme ou sur un ennemie en voulant attaquer. Le timing des sauts et des attaques est lui aussi à maîtriser. Enfin, la durée de vie est elle aussi d’époque, et dépassera difficilement les 3h30 pour les plus galériens d’entre nous.
Heureusement, certaines mécaniques sont toujours aussi efficaces, notamment les différentes transformations que l’on débloque au fil de l’aventure. Ces dernières renouvellent sans cesse l’intérêt du jeu en apportant de nouvelles possibilités au joueur. De plus, Lizardcube a tout de même eu le bon goût de rajouter un peu de contenu au jeu, sans jamais toucher au gameplay. Ainsi, de nouvelles salles secrètes et bonus (foutrement bien planqués les fourbes) font leurs apparitions, tout comme la possibilité d’incarner « Wonder Girl ». L’arrivée d’un mode « Difficile » est aussi à noter, mais à réserver aux vétérans. Dans ce mode, un sablier vous enlève un demi-cœur à chaque tour vous forçant à speeder comme pas possible, et réduisant grandement votre marge d’erreur.
Il est question de ne pas se tromper sur la marchandise avec ce Wonder Boy The Dragon’s Trap. D’un côté, remake sublime avec un travail visuel et sonore qui force le respect et qui devrait imposer un nouveau standard qualitatif pour les futurs remakes. De l’autre, un jeu qui a près de 30 ans et qui le fait sentir manette en main. Mais cette édition 2017 reste le meilleur moyen de découvrir un jeu culte, très en avance sur son temps qui tient encore tête aux productions indés actuelles. Et puis de toute façon, rien que pour ses graphismes et ses musiques, ce Wonder Boy est l’un des indispensables de cette année.
L'avis général
- Visuellement superbe
- OST parfaitement réarrangée
- Le « Rétroswitch » qui fonctionne à merveill
- Les salles bonus et autres nouveauté
- Un modèle à suivre pour quiconque veut faire un remake
- Level Design d’époque..
- ...et donc difficulté d'époque
- Pas bien long (3 heures environ)