• Développeur : Camelot Software Planning
  • Editeur : Nintendo
  • Site Web : PAL
  • Version testée : Wii U
  • Classification :
    Sigle âge 3 ans et plus
    Francaise : 20/11/2015
    Americaine : 20/11/2015
    Japonaise : nc/nc/nc
  • Exclusivitée
  • PEGI :

Mario Tennis: Ultra Smash

Rédigée par

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Annoncé cette année lors de l’E3 plus que mitigé de Nintendo, Mario Tennis: Ultra Smash s’est fait très discret avant ces dernières semaines et il est difficile de dire que les joueurs ne lui ont pas rendu la pareille. Pourtant, sous ses airs d’énième jeu Mario, ce nouvel épisode répond enfin à un grand manque. En effet, le genre même du jeu de tennis avait tout simplement disparu depuis quelques années puisque Top Spin et Virtua Tennis, les ténors du domaine, n’ont pas connu de nouvel épisode depuis début 2011. Le dernier jeu consacré au tennis date de mai 2012 et il s’agit d’un certain Mario Tennis Open sur 3DS. La série elle-même n’avait pas fait d’apparition sur consoles de salon depuis Mario Power Tennis sur GameCube sorti chez nous en février 2005. Camelot revient cette fois-ci sur Wii U après un très honnête épisode 3DS qui manquait tout de même d’un peu de substance.

Raquette en main

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Luigi a appris la physique en regardant Prince of Tennis/Olive et Tom pour réaliser cet Ultra Smash.

Ceux qui ont joué à Mario Tennis Open seront en terrain conquis puisque la version Ultra Smash reprend très fidèlement son gameplay. Il est donc possible de faire des coups plats, liftés et coupés ainsi que des amortis et des lobs en combinant les deux derniers coups cités selon un ordre précis. Appuyer une deuxième fois de suite sur un bouton sert désormais à faire des versions sautées des mouvements. Pour les joueurs qui se servent du GamePad, de la manette Classique ou de la manette Pro, le coup automatique est de retour, il décide tout seul de l’action la plus adaptée à la situation. La Wiimote est bien utilisable mais seulement dans dans son mode horizontal, sans capture de mouvements ni Nunchuk. Comme toujours, ce Mario Tennis propose un gameplay arcade très efficace qui sera facile à prendre en main pour les débutants avec le coup automatique qui limite le jeu à une seule touche. Mais ceux qui veulent aller plus loin ont tout de même quelques subtilités à leur disposition avec notamment des feintes de frappes ou la préparation au prochain coup via une provocation qui, réussie, donne un bonus de puissance. Ultra Smash permet également de jouer à la façon d’un jeu de tennis plus classique et de prendre du plaisir à construire ses points. Force est de constater que sans ses gimmicks, la représentation du sport reste solide.

Un nouveau type de zone fait son apparition dans cet épisode, il s’agit de la zone Ultra Smash qui donne son nom au jeu.

Les coups chance sont également de la partie. Apparus sur 3DS, il s’agit de coups à effectuer dans les zones spéciales qui apparaissent sur le terrain pour accentuer les caractéristiques du mouvement à faire (un lob ira plus haut, un effet fera faire un U à la balle,…). Un nouveau type de zone fait son apparition dans cet épisode, il s’agit de la zone Ultra Smash qui donne son nom au jeu. Quand l’adversaire envoie une balle un peu trop flottante, rejoindre le cercle à temps permet de sauter à plusieurs mètres de hauteur pour asséner un smash surpuissant que l’ennemi aura peu de chances de sauver et encore moins de façon à ne pas laisser la possibilité de refaire un Ultra Smash. Cette technique n’est pas infaillible puisque le timing doit être bon, en effet, comme il s’agit de frapper la balle un peu plus tôt que prévu, le moindre retard fait louper l’attaque mais aussi la balle qui risque de vous échapper pour de bon. Ceci en fait un mécanisme bien équilibré en terme de risque et de récompense à l’image des méga champis qui sont l’autre grosse nouveauté du jeu.

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Est-ce qu’il y avait vraiment besoin de faire grossir Wario ?

Un Toad présent sur le côté du court jette, à intervalles plus ou moins réguliers, des méga champis qui permettent aux personnages de devenir géants ce qui augmente à la fois leur portée et leur puissance. Autant dire que si l’adversaire est dans une telle phase, il vaut mieux tout miser sur la défense puisque son corps couvre à peu près toute sa moitié de terrain. Heureusement, ce mode n’est pas éternel puisque sa durée est limitée dans le temps mais il est également possible de l’interrompre en envoyant directement la balle sur son corps. Au premier abord, l’objet semble très bourrin mais il apporte un degré supplémentaire de stratégie puisqu’il ne reste que quelques secondes sur le terrain. Le méga champi devient donc souvent plus important que le point lui-même et on se surprend facilement à envoyer des balles faciles dans le seul but d’éloigner l’adversaire du bonus. De même en double où non seulement on tente de donner le bonus au boulet de l’équipe adverse mais on essaye aussi de prendre celui de sa moitié de terrain à son coéquipier pour ne pas se retrouver inutile quand il l’aura utilisé. On regrette simplement de n’avoir que cet item parmi toute la galerie que le Royaume Champignon peut apporter. L’inconvénient majeur est cependant le cassage du rythme constant puisque chaque consommation du champignon magique est accompagnée de sa cinématique et être interrompu deux fois entre le moment où l’adversaire envoie la balle et celui où on la reçoit peut très vite fatiguer et faire rater ses timings.

J’envoie la balle, tu renvoies la balle

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J’espère que vous appréciez ce stade parce que c’est l’unique décor du jeu.

Outre les méga champis et les zones chance, la surface du terrain est ce qui influence les parties. Cette fois-ci, le choix de la matière se fait ressentir ainsi il semble impossible de pouvoir marquer contre les personnages rapides quand le sol augmente les rebonds et rend ainsi certaines parties beaucoup trop longues et ennuyeuses. À l’opposé, la balle se plante souvent dans le sol lorsque l’on joue sur le sable. Malheureusement, une fois de plus pour ceux qui connaissent la version 3DS, les choix possibles sont sensiblement les mêmes avec justement quelques surfaces en moins. Production Wii U oblige, il convient d’évoquer le rôle du GamePad dans tout cela qui sert à afficher les scores ou l’une des caméras qui se situent derrière les personnages. Une vue spéciale permet de jouer en regardant l’écran de la manette Wii U tandis que la télévision montre des images plus spectaculaires avec une réalisation proche de ce qu’on peut voir lors de retransmissions, intention louable qui se heurte cependant à la logique.  Avec une telle caméra, il n’est pas possible de jouer. Une seule personne peut donc s’adonner à Mario Tennis: Ultra Smash tandis que le(s) autre(s) regarde(nt) simplement la télévision. Mais si vous trouvez des personnes prêtes à regarder du Mario Tennis, autant jouer avec eux et ne pas utiliser cette caméra.

Les modes de jeux sont si peu nombreux que les matchs d’exhibitions sont séparés en 3 catégories.

Malheureusement pour Camelot, un gameplay seul ne suffit pas et c’est bien ça le problème. Certaines démos proposent plus de contenu que ce jeu complet. Il manque même des choses que l’on considère comme basiques telles qu’une cinématique d’introduction, la possibilité de jouer en gaucher ou un menu d’options. Ainsi, si vous avez envie de changer la disposition des boutons, ce n’est pas possible. Pareil pour le changement de caméra qui doit se faire à la sélection du mode, en cas de mauvaise décision, il faudra tout simplement quitter la partie et revenir au menu principal. Le manque de tutoriel se fait également ressentir puisque même s’il est très simple de prendre Ultra Smash en main, pour comprendre les techniques du jeu il faudra entièrement compter sur le manuel et les conseils des écrans de chargement. Les modes de jeux sont si peu nombreux que les matchs d’exhibitions sont séparés en 3 catégories : Méga match, qui utilise tous les mécanismes du jeu, Normal qui utilise les frappes sautées et les frappes chance et Classique qui revient aux fondamentaux du genre. Un seul mini-jeu est présent et il s’agit simplement de faire l’échange le plus long possible. Jouable en simple ou en double, avec/contre des IA ou des humains, là-aussi le mode tombe à plat puisque pourquoi s’amuser à s’envoyer des centaines de fois une balle de la façon la plus molle quand on peut simplement faire un match ?

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Résumé parfait de l’Ascension des champions : l’amiibo vous a piqué le méga champi et vous affrontez Toad.

Le jeu propose un système de médailles que l’on pourrait apparenter à des succès si on oublie le fait qu’il s’agit purement et simplement de la liste des éléments à débloquer dans le jeu ainsi que les méthodes pour le faire, avec, au cas où, la possibilité de les obtenir contre la monnaie du jeu. Le gros morceau du jeu en solo est l’Ascension des champions qui s’inspire des modes Arcade des jeux de combats. On enchaîne les matchs en 7 points contre des adversaires aléatoires avant d’affronter un boss puis de reprendre une nouvelle série. L’idée d’avoir des boss est très intéressante mais, dans les faits, on affronte simplement un adversaire qui reste géant pendant tout le match, l’initiative aurait mérité plus d’inventivité. Le côté aléatoire de la sélection des adversaires fait qu’on peut se retrouver plusieurs fois de suite contre le même (et ça tombe surtout sur Toad). Cela n’aide pas du tout à casser la répétitivité du mode qui ne sait pas vraiment quelle longueur il doit avoir. Il faut disputer des dizaines de matchs de cette manière donc même s’ils sont très courts, peu de joueurs auront la motivation de le faire d’une traite. C’est pour cela qu’il est possible de sauvegarder et quitter pour reprendre plus tard en cas de victoire. En cas de défaite, il sera possible d’utiliser des pièces pour avoir un nouvel essai ou d’abandonner tout simplement pour revenir au premier match. Néanmoins, le mode est encore une fois trop répétitif pour donner envie de le refaire avec le même personnage, surtout quand il doit être fait avec au moins 12 d’entre eux pour obtenir leur version étoile qui les améliore. Après deux ou trois parties, on se retrouve très vite avec assez d’argent pour passer par le déblocage contre des pièces mais aussi la motivation pour mettre fin à tout ça. Ce mode aurait pu être intéressant avec quelques réglages et un autre mode solo plus consistant à ses côtés.

Le partenaire de double

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L’écran de la torture

L’autre problème majeur du mode Ascension des champions est l’utilisation des amiibo. Mario Tennis: Ultra Smash est bien entendu compatible avec les figurines, la majorité des personnages du jeu ayant déjà leur statuette NFC, il aurait été dommage de passer à côté. C’est une approche similaire à celle de Smash Bros. qui a été adoptée par Camelot, les amiibo sont ici des IA à entraîner et c’est à ce moment-là que ça dérape. L’IA doit être entraînée dans ce mode du jeu. Pour autant, les matchs ne deviennent pas des doubles et on se retrouve donc à faire du 2 contre 1. Le mode n’en devient pas plus facile puisque les amiibo sont des boulets. Ils prennent les méga champis, regardent la balle passer sans la frapper ou tirent carrément sur le joueur. Dès les premières secondes, l’idée de devoir faire au moins 50 matches avec eux oppresse. L’expérience est aussi désagréable à cause de la nécessité de remettre la figurine sur le gamepad après chaque match qui, comme il se fait en un seul tie-break, est très court ce qui oblige à faire l’opération toutes les deux minutes. Chaque amiibo a dix emplacements d’améliorations, tous les cinq matchs, il gagne une amélioration aléatoire. Il aurait été plus judicieux de laisser au joueur le choix de l’évolution mais c’est comme ça. Il faudra attendre que le premier amiibo remporte une victoire une fois les dix emplacements remplis pour accéder à l’Entrainement qui est en fait la possibilité de dépenser 5000 pièces pour tirer au sort une nouvelle compétence. Beaucoup de travail pour pas grand chose puisqu’il est impossible d’affronter son amiibo ou de l’utiliser hors-ligne dans les autres modes. De plus, le jeu utilise la fonction écriture de la figurine qui demande donc d’effacer les données présentes sur la puce (pour l’instant, seul Smash Bros. peut créer ce problème).

Ce qui fait passer ce Mario Tennis de jeu un peu limité à jeu insultant, c’est le manque absolu d’attention aux détails.

Dernier détail qui peut compter, il n’est pas possible d’utiliser plusieurs fois le même personnage dans un même match, cela s’applique donc également aux amiibo. Si un joueur possède une figurine payée près de 15 euros, c’est qu’il doit être fan du personnage mais s’il est fan, il a également envie de jouer le personnage ce qu’il ne peut pas faire. Si le personnage joué est sélectionné avant l’amiibo qui le représente, le jeu change simplement le personnage sans prévenir. Le partenaire en plastique est tout de même utilisable lors des doubles en ligne mais cela n’aide pas ce mode pour autant. Tout d’abord, Mario Tennis: Ultra Smash permet seulement d’affronter des inconnus et ne gère pas la liste de contacts de la Wii U, un oubli qui ne pardonne pas en 2015. Le jeu en ligne propose des parties classées ou non et dans les deux cas il est possible de jouer en suivant les règles des trois types de matchs d’exhibition. Il faut multiplier ces possibilités par deux puisqu’elles concernent à la fois le simple et le double qui comme dit précédemment peut se jouer avec un amiibo mais aussi avec un autre joueur en local, l’IA « gratuite » ne peut donc pas permettre d’essayer les matchs à quatre sur Internet.

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Sans faire mal aux yeux, la salopette de Luigi et le gazon semblent étranges.

Ce qui fait passer ce Mario Tennis de jeu un peu limité à jeu insultant, c’est le manque absolu d’attention aux détails. Les artworks des personnages présents lors de la sélection des personnages ou pour indiquer les adversaires de l’Ascension des champions sont repris d’anciens jeux et ne représentent donc pas toujours le design adopté pour le jeu. La voix-off du jeu qui annonce les points ne fait pas mieux puisqu’au lieu d’annoncer « Victoire Luigi » ou « Victoire Harmonie », on a droit à « Victoire serveur » et « Victoire relanceur » comme si payer le comédien pour prononcer 16 noms de plus était de l’ordre de l’impossible. Au niveau sonore, il faut tout de même saluer les sympathiques musiques de Motoi Sakuraba, le compositeur attitré des Mario Tennis (et de bien d’autres séries). Rien à signaler du côté des graphismes en revanche qui, en dehors de quelques textures et regards un peu étranges, s’avèrent très corrects sans éblouir pour autant. Ce qui pèche c’est la direction artistique du jeu qui n’amène pas l’ambiance que l’on est en droit d’attendre d’un jeu Mario. Une fois que l’on retire les habitants du Royaume Champignon, on se retrouve simplement avec un jeu de tennis orienté arcade. L’unique décor du jeu est un stade générique. Si certains matchs se déroulent sur le sable, autant avoir un décor en lien avec cela. Le tout semble manquer de vie malgré les nombreux Toad qui peuplent le bord du court ou les gradins (en compagnie des Shy Guy et de quelques Troopas). Le jeu manque clairement de références et même le casting de personnages jouables ne convainc pas. Les 16 sportifs sont très habituels et si on échappe aux traditionnelles versions Bébé ou Metal, il y a un besoin de personnages plus surprenants ou du moins inhabituels. La seule arrivée notable est la Princesse Libella dont il est certain que la majorité des joueurs ignore l’existence.

Si Mario Tennis: Ultra Smash n’est pas mauvais en soi, il semble tout de même impossible de le conseiller. La version dématérialisée ne fait que 847,3 Mo et cela se ressent dans le contenu famélique du jeu dont le solo tente artificiellement d’allonger la durée de vie tandis que le multi local ne justifie pas son achat si on possède déjà n’importe quel autre jeu de tennis. Au final, le titre manque de la folie nécessaire pour en faire un titre réellement fun pour jouer entre amis ou en famille sans pour autant avoir la profondeur technique pour attirer les amateurs du genre. Pire encore, ce Mario Tennis laisse sur sa faim puisque quelques parties donnent envie de ressortir n’importe quel autre jeu du genre à la place. L’achat du titre sur l’eShop dans les premiers jours qui suivront la sortie permettra d’obtenir gratuitement Mario Tennis sur la console virtuelle Nintendo 64 mais la comparaison risque de ne pas être flatteuse pour l’épisode HD.

Jeu et images fournis par l’éditeur

L'avis général

  • Le gameplay efficace
  • Où est le contenu ?
  • Non mais vraiment, où est le contenu ?
  • Il manque trop d'éléments de base
  • L'idiotie des amiibo
  • Le online uniquement en matchmaking
Camelot revient une fois de plus pour tenter d'égayer une fin d'année morose sur une Wii U qui a été privée à la fois de son Zelda et de son Star Fox. Mario Tennis: Ultra Smash montre que le gameplay de la série est toujours aussi efficace mais s'inspire principalement de l'épisode précédent sur 3DS. Il semble néanmoins impossible d'oublier les difficultés de la plateforme en jouant puisque le manque absolu de contenu et la certaine paresse de l'équipe donne l'impression d'avoir affaire à une production bâclée soit pour remplir le calendrier des sorties 2015 soit pour faire place à la NX.