• Développeur : SEGA
  • Editeur : SEGA
  • Site Web : PAL
  • Version testée : Xbox Live Arcade
  • Classification :
    Sigle âge 3 ans et plus
    Francaise : 13/10/2010
    Americaine : 11/10/2010
    Japonaise : 12/10/2010
  • Exclusivitée
  • PEGI :

Sonic 4 : Episode I

Rédigée par

Mon pauvre Sonic, cela va faire 18 ans que tu te prends une tournante indécente de la part du petit monde vidéoludique. 18 ans de « Sonic c’est fini ! », « Sega c’est plus mort que toi ! », ou « Ton hérisson, tu te le cares dans le f*on ». Pourtant ces mécréants ont la mémoire courte, des Sonic de qualité, en 2D, il y en a eu depuis 1994 : je pense notamment à l’excellent Sonic Pocket Adventure sorti sur Neo Geo Pocket Color en 1999, auquel je consacrerai un article très bientôt, ou encore la très sympathique trilogie Sonic Advance qui crécha sur la Game Boy éponyme au milieu des années 2000.

Quoi qu’au final ces softs n’ont pas totalement sombré dans l’oubli, ils disposent tout de même d’une certaine notoriété et ont eu un relatif succès d’estime à l’époque, alors qu’au final ce ne sont que des copies carbones plus ou moins réussies des trois (quatre si on compte Sonic & Knuckles) opus MegaDrive. On laissera volontairement Sonic CD de côté, tant l’épisode se révèle particulier. Et là, boum, vient Sonic 4, celui supposé réconcilier tout le monde avec la série, qui porte l’ambition d’opérer un retour aux sources de la licence. Ahouh ahouh ahouh (en spartiate dans le texte), levée de boucliers, qu’est-ce que c’est que cet épisode de merde, c’est quoi cette inertie digne d’un marathonien un lendemain de cuite, ils ont osé nous resservir ce cancer de « homing attack » qui avait été commise par Sonic Adventure, les Boss bon sang ! Tu as vu les boss ! Ce sont les foutus mêmes que dans Sonic 1/2/3 ! Quoi ? Pas de personnage à débloquer ? 1200 MS Points ? Trop cher ! Je préfère attendre New Super Mario Bros 2 et payer 45€ pour une suite de qualité, au moins chez Big N, eux, ils savent innover.

Tout à fait.

J’ai failli attendre ! (en Sonic dans le texte)

Pour parler plus sereinement, oui Sonic 4 a été conspué, mais vraiment, à sa sortie. Entre ramollis du bulbe qui n’ont pas cherché à maitriser la nouvelle physique du jeu, préférant arguer que celle-ci est « foirée », ou éternels illuminés qui s’attendaient à trouver là une révolution digne de Sonic the Hedghehog premier du nom à l’époque où Dragon Ball Z n’en était encore qu’à sa première diffusion en France, fais ton choix mon camarade. Il faudra tout de même m’expliquer comment un jeu en 2D sensé opérer un retour aux sources pourrait être une quelconque révolution. Pourtant je peux assurer que Sonic 4 est tout sauf un mauvais jeu, et encore moins un jeu moyen. Il est bien évidemment attaquable sur bien des points, comme son recyclage d’environnements tout droits issus de la MegaDrive, tout comme les Boss farouchement pompés de la première trilogie. Mais mis à part d’un pur point de vue visuel, où je me suis exclamé : « oh c’est la Green Hill Zone ça les mecs ! », je n’ai jamais eu l’impression de jouer au même jeu, ni même à un copié collé, ou je ne sais quoi d’autre. Jamais.

Pourquoi ? Parce que ce que les trois quarts de la communauté internet s’est amusée à conchier depuis fin 2010, c’est-à-dire la nouvelle physique, le nouveau gameplay du jeu, est un indéniable point fort. Et ce n’est qu’à partir du moment où vous allez le prendre en main véritablement, l’appréhender comme il faut, que vous vous rendrez compte que ce Sonic 4 est tout sauf la bouze que les nostalgeeks ridicules ou la communauté des vidéotesteurs francophones veulent absolument vous servir à toutes les sauces. Sauf que cette sauce est fade, vraiment mal assaisonnée et un peu cramée au fond du plat, pour quiconque aura un cerveau et jouera au titre plus d’une heure, le constat s’imposera de lui-même : laissons tomber ces vieux cons, ce Sonic 4 est fun à jouer, et je dirai même plus … c’est un bon jeu, oui Monsieur !

Combo 200 – 400 – 800 – 1600

Intrinsèquement, le fond reste identique, il s’agit de traverser les environnements, au nombre de quatre plus un déblocable, à toute vitesse en ramassant un maximum d’anneaux. Ces derniers servant de « barre de vie », ils absorbent les dégâts lorsque Sonic se fait toucher, mais en contrepartie vous les perdez et devez vous précipiter pour les récupérer. Si vous n’en avez plus, la moindre touchette est fatale. Ramassez-en cent et vous gagnez une vie. On peut difficilement faire plus simple, et de ce point de vue l’héritage est conservé. Dans la forme, pas mal de choses vont changer, si les bumpers, les écrans d’ordinateur bonus, les loopings, les ennemis, etc … sont toujours là, deux éléments vont venir bouleverser le gameplay. Dans un premier temps, la physique de Sonic est beaucoup plus lourde, là où notre bon gros hérisson un peu potelé de l’époque MegaDrive semblait équipé d’un V8 bi-turbo au vu de ses accélérations fulgurantes, le Sonic de ce quatrième épisode démarre beaucoup plus lentement. Quelle est la solution, un bon vieux spin-dash ? Non, les développeurs sont venus greffer un double saut à la palette de mouvements, c’est celui-ci qui vient faire prendre de la vitesse au personnage, on peut pour grossir le trait le comparer à une sorte de spin-dash aérien, exception faite que l’on va  accélérer beaucoup plus rapidement que par le passé. Exit donc ceux qui reprochaient à ce Sonic 4 d’être plus lent que ses prédécesseurs, puisque dans les faits ce nouvel épisode est au moins aussi rapide que ceux sur MegaDrive. Deuxièmement, la « homing attack » rempile sur ce nouvel épisode, et c’est à ce niveau-là que le bouleversement de gameplay est le plus significatif, puisque vous pourrez locker automatiquement tous les éléments présents dans les niveaux : ennemis, bumpers, écrans … pour vous projeter vers eux et les enchaîner grâce à plusieurs sauts, créant des combos lorsque plusieurs ennemis sont regroupés. Cela ouvre de nouvelles perspectives de jeu, non seulement cela augmente considérablement la vitesse de Sonic, mais permet surtout d’atteindre des hauteurs autrement inaccessibles. C’est fun, tout simplement, il suffit de s’investir dans le jeu, de comprendre ses mécanismes, ou de tourner le problème à l’envers : « c’est peut être moi qui ai un problème, pas le jeu ! » : et là c’est banco, vous allez vous amuser dessus, je peux vous le garantir. Ce n’est pas non plus le nirvana, mais pris comme un jeu XBLA ou PSN à 13€, cela reste à mon humble avis très largement au-dessus de la moyenne. Surtout lorsque l’on prend en compte la réalisation, vraiment réussie. C’est coloré, fluide, ça bouge très bien et le passage à la HD fait un bien fou à la série. On dira ce qu’on voudra, les esthétiques old-school sur les machines actuelles, c’est du tout bon.

Passé la première heure de jeu où l’on tâtonne forcément face à ces modifications, c’est ensuite un pur bonheur de constater que la série a été en mesure de proposer de nouveaux éléments de gameplay sans dénaturer son esprit d’origine. Le jeu terminé une première fois, en deux ou trois heures, pas plus, vous allez pouvoir au moins doubler cette durée de vie si vous comptez récupérer l’ensemble des Chaos Emerald au sein des stages spéciaux tout droits sortis de Sonic 1. A la différence près que cette fois-ci vous serez timé, et autant dire que dès le deuxième ou troisième stage, l’opération va devenir sacrément retors. C’est là que le véritable intérêt fait son apparition, tenter de se surpasser une fois que le gameplay est maitrisé. Ajoutez à cela un mode en ligne ou vous pourrez comparer vos scores réalisés en contre la montre, et vous tenez quelques heures de jeu supplémentaires qui ne seront pas piquées des hannetons. Là encore il faut prendre le jeu pour ce qu’il est, et l’accepter. C’est-à-dire un jeu téléchargeable, à bas prix, et orienté scoring. C’est bon, ça rentre ? Au niveau des griefs, on peut concéder son manque d’ambition en terme d’environnements, car si le level design reste un pur bonheur et un modèle d’ingéniosité avec des ennemis placés aux endroits les plus vicelards possibles, la fibre nostalgique n’est pas dupe au point d’accepter tant de recyclage. Si les mondes ont changé de nom, ils restent les mêmes que par le passé, idem pour les boss, bien que le jeu soit techniquement très mignon et vraiment fluide. Mais très honnêtement mis à part d’un pur point de vue esthétique, ça ne m’a pas dérangé outre mesure, les modifications de gameplay font que l’on a absolument pas l’impression de jouer aux mêmes jeux que dans les 90’s. Dommage qu’il n’y ait pas non plus d’avantage d’éléments à débloquer, outre Sonic Super Sayajin une fois les émeraudes récupérés. On peut également reprocher un léger manque de folie dans le rythme des niveaux, comprenez par là le manque de phases originales, même si le passage en chariot dans la mine reste très sympa.

Peach, où-es tu ?

Et moi, c’est là que quelque chose me choque, on peut reprocher énormément de choses à ce Sonic 4, comme les environnements repompés, même si j’ai dit que d’un pur point de vue sensation de jeu c’est un faux problème, mais dire que c’est l’épisode de la honte, qu’il n’apporte rien à la série : c’est d’une mauvaise foi sans nom quand à côté on cautionne de manière indécente les multiples recyclages de Nintendo. Dire que ce Sonic 4 fait honte et plagie ses prédécesseurs, alors que l’on va encenser les multiples New Super Mario Bros  sortis depuis 2006, c’est quelque chose qui me dépasse profondément. Eux ne proposent rien de plus niveau gameplay, niveau mécanique de jeu, même pas une durée de vie potable car il faut prendre en compte que chaque épisode est plus simple et court que le précédent. Je fais un trait volontaire sur la difficulté elle-même, tant celle-ci est annihilée au profit de l’accessibilité pour le troisième âge et la ménagère de plus de 40 ans (tanukiii tanukiii !). Messieurs, regardez ce que propose Nintendo depuis 6 ans, et ce que vient de faire Sega avec son Sonic 4, en terme de gameplay et de challenge, pour 13 misérables euros. Je peux affirmer sans vergogne qu’en terme d’audace dans un plateformer 2D, en ces années de grâce 2010, le hérisson bleu est bien mieux membré que le plombier moustachu. A bon entendeur.

 

Les versions iPhone et Android sont des portages directs de ce que l’on peut observer sur console de salon. Quelques passages ont sauté au lavage, comme le surf sur les cartes ou l’allumage de torches dans le Lost Labyrith, mais intrinsèquement cela reste le même jeu. C’est beau, autant que sur console HD, et fluide sur iPhone 4, idem sur de l’Android un peu costaud (testé sur Motorola Atrix), et les contrôles tactiles ne posent aucun problème passé une demi-heure d’acclimatation. Il est très simple d’enchainer les combos de « homing attack » sans appuyer à côté. Bref, du tout bon pour moitié moins cher sur l’App Store et le Google Play. Vivement Jet Set Radio si les conversions restent d’un tel niveau qualitatif.

 

L’épisode de la honte, le plagiat ultime et indécent des épisodes MegaDrive ? On aura tout lu, tout entendu, au sujet de ce Sonic 4. Je peux affirmer en tant que fan de la première heure que si l’ambition n’est clairement pas à la hauteur du suffixe « 4 » apposé au nom du hérisson, cet opus est d’une grande qualité à condition de le prendre pour ce qu’il est réellement, un jeu téléchargeable à 13€. Plus, Sega a osé le changement dans la série en modifiant profondément son gameplay et sa physique, ce que d’autres séries de plateformer 2D n’ont absolument jamais fait. Pendant que certains hurlent au plagiat indécent, moi, j’applaudis des deux mains.

 

L'avis général

  • Un vrai Sonic 2D !
  • Toujours aussi speed !
  • Le double saut et la homing attack
  • La nouvelle physique, globalement
  • Du challenge
  • Trop de resucées esthétiques
  • Un peu court, tout de même
  • Ne peut pas se jouer avec des moufles :(
18 ans après, Sonic revient dans un véritable épisode canonique, et en 2D s'il vous plait ! Autant dire que depuis la sortie de ce Sonic 4 : Episode I, on a tout vu, tout lu, tout entendu à son sujet. Surtout en mal. Pourtant, si l'on s'y penche réellement et que l'on apprend à maîtriser le gameplay tout neuf du jeu, on s'aperçoit qu'en dépit de resucées esthétiques, Sonic 4 a beaucoup de nouveautés à proposer en terme de prise en main et réactualise efficacement la série. Concernant la problématique de la durée de vie, je conclurai en observant que certains jeux à la longévité similaire sont vendus 70€. Sonic 4 est un bon jeu. Point. Et à condition de lui accorder une heure ou deux pour faire ses preuves, et de retirer ses moufles, n'importe qui peut s'en rendre compte.