• Développeur : Bethesda Softworks
  • Editeur : 2K Games
  • Site Web : PAL
  • Version testée :
  • Classification :
    Sigle âge 16 ans et plus
    Francaise : 24/03/2006
    Americaine : 21/03/2006
    Japonaise : nc/nc/nc
  • Exclusivitée
  • PEGI :
    Violence : jeu contenant des scènes de violentes

The Elder Scrolls IV : Oblivion

Rédigée par

Ambiance … Ambiance …

Considéré à juste titre comme un des RPG PC les plus marquants de tous les temps, Morrowind, troisième opus de cette saga dont les origines remontent à 1994 avec The Elder Srolls : Arena, était cependant critiqué pour son côté très exigeant. Les combats hasardeux lors des premières heures de jeu en sont un exemple concret. Si ces reproches représenteront néanmoins, pour pléthore de fans, des qualités, de par cette approche légèrement hardcore, le grand public, lui, considéra ces errances de gameplay comme des défauts rédhibitoires. Bethesda a tout de même mis de l’eau dans son vin en cette année 2006 puisque Oblivion se montre incontestablement plus permissif que son aîné, sans pour autant renier ses magistrales origines. On retrouvera donc cette ambiance unique, caractéristique de la série, mélangeant une atmosphère heroic-phantasy tolkienienne à une ambiance sombre, désespérée, presque apocalyptique, dont les stigmates vont jusqu’à déteindre sur l’ensemble des habitants de ce Cyrodiil grouillant de vie.

La force de Morrowind résidait dans cette capacité à nous proposer un monde crédible, plus vrai que nature, et autant dire que Oblivion place désormais la barre un peu plus haut, tout est mis en œuvre de façon à littéralement immerger le joueur dans ce microcosme, qui deviendra au fil des heures un véritable univers à part entière.
L’existence d’une mythologie propre aux Elder Scrolls contribue fortement à renforcer la crédibilité de l’ensemble, et les nombreux écrits que vous trouverez tout le long du jeu ne feront qu’attiser votre intérêt pour cet univers si particulier.
Cyrodiil, lieu de votre aventure et simple contrée de Tamriel, héberge en son sein la Cité Impériale, capitale de ce continent où est née la série il y a presque 15 ans.
Prospère jusqu’à votre arrivée dans ce monde, la région ne tarde pas à sombrer dans les affres du chaos lorsque son souverain, l’empereur Uriel Septim est assassiné sans laisser ni d’héritier au trône, ni personne pour assurer l’équilibre entre Tamriel et Oblivion, monde démoniaque parallèle dont les ‘crocs’, représentés par des portes, ne tardent pas à envahir les vastes et vertes contrées de Cyrodiil.

Pimp my Dwarf

C’est dans ce monde en pleine déconfiture que vous commencerez votre aventure, emprisonné pour d’obscures raisons.
L’empereur, ayant cependant confiance en vous pour des motifs non biens plus clairs, a eu le temps de vous confier les prémices de votre future quête avant de rendre son dernier souffle.
Comme dans tout RPG à l’occidentale qui se respecte, le jeu commence par une personnalisation relativement poussée de son avatar, en plus de pouvoir choisir parmi de nombreuses classes, bien que récurrentes mais au caractéristiques propres, il est possible de modifier à loisir son apparence, du sexe à la couleur des yeux, en passant par la forme du menton ou celle des pommettes. C’est saisissant, plaisant, du moins sur le papier, puisque dans les faits il sera compliqué de ne pas obtenir quelque chose d’aussi charismatique qu’un drag-queen.
Si cette étape peut de prime abord sembler convenue, elle est néanmoins très importante dans le processus d’identification au personnage, car ici, exit la psychologie et la recherche autour du principal protagoniste, nous ne sommes pas dans un jeu de rôle à la japonaise, la personnalité de votre personnage, ses aspirations ou encore sa réputation, nul d’autre que vous ne la déterminerez tout au long de l’aventure en fonction de votre comportement.

RPG > J-RPG

De manière concrète, le gameplay des RPG à l’occidentale dispose d’une richesse inouïe qui n’a d’égale que la division qu’elle suscite parmi les joueurs.
Adoptant de manière traditionnelle une vue à la première personne, Oblivion se démarque des RPG japonais de par le dynamisme émanant de ce monde entièrement ouvert où le joueur est absolument libre de faire ce qu’il désire.
Si vous disposez d’une quête principale à accomplir, ne dépassant pas la quinzaine d’heures dans le cas où vous effectueriez le jeu en ligne droite, la richesse de ce quatrième opus de la série réside dans le nombre impressionnant de quêtes annexes mises à la disposition du joueur, contribuant principalement à allonger la durée de vie du soft puisqu’il vous faudra au bas mot plus de 150 heures pour en voir le bout.

Les quêtes proposées par le jeu prendront leur amorce dans les différentes villes établies à Cyrodiil auprès des innombrables PNJ les peuplant.
L’utilité de ces regroupements de population ne réside cependant pas seulement dans le fait de vous aiguiller entre les différentes étapes de vos voyages.
Très peuplées, elles mettent à votre disposition de nombreuses échoppes, du classique marchand d’armes à la bibliothèque, où vous pourrez naturellement acheter, ou voler, de nombreux ouvrages aux utilités diverses.
Vous pourrez vous reposer dans les tavernes, ou encore vous y rendre pour discuter avec les autochtones afin de gagner leur confiance, dans le but d’obtenir de précieux renseignements ; à noter que votre réputation agit grandement sur leur opinion à votre égard, par exemple, si vous disposez de nombreux points d’infamie, dont l’obtention dépend de vos actions (meurtres, vols …), ceux-ci ne seront que très peu enclins à vous aider.
La plus grande ville du jeu, la Cité Impériale, dispose d’une arène, où vous pourrez parier sur des combattants ou bien décider de passer de l’autre côté des gradins, en vous confrontant à de nombreux guerriers au péril de votre vie.
L’existence d’un cycle temporel ainsi que la gestion des conditions climatiques accroît encore plus le sentiment d’immersion.
En effet, la nuit tombée, les habitants rentreront chez eux pour aller se coucher, ou bien iront à la taverne pour boire et discuter entre eux, avant de regagner leurs demeures.
De la même manière, par temps de pluie, les rues seront bien moins fréquentées.
Sans pour autant atteindre le niveau de crédibilité et de précision observé dans les deux épisodes de la série Shenmue sur Dreamcast, cette amélioration non négligeable participe à rendre le jeu moins austère et beaucoup plus vivant que l’était Morrowind, et c’est incontestablement un excellent point.


Attaquons cependant le gros morceau du titre, à savoir les phases d’exploration et de résolution des quêtes.
Une fois que vous disposerez d’une mission à accomplir, le prochain lieu où vous devrez vous rendre apparaîtra sur la carte située dans votre inventaire.
Puisque l’occasion se présente, abordons plus précisément le sujet relatif à l’interface mise à votre disposition.
Le menu est très simple d’utilisation et parfaitement adapté à l’emploi du pad, tant sur Xbox 360 que sur Playstation 3, ce qui avait d’ailleurs fait grincer les dents des PCistes lors de la sortie du jeu.
Organisé en onglets relatifs aux différentes sortes d’objets (armes, protections, ouvrages …), votre inventaire met à portée de gâchette tous les éléments dont vous disposez, et force est de constater que le tout est extrêmement agréable à parcourir.
Accessible par la touche rond, ou B sur 360, il permettra également de consulter les sorts et les parchemins dont vous disposez, les caractéristiques de votre personnage ainsi que de vous repérer à l’aide de la carte de Cyrodiil.
Notons cependant que le cadre dans lequel elle se situe semble bien petit compte-tenu de la grandeur à afficher et que le scrolling nécessaire pour atteindre la zone voulue peut parfois se montrer quelque peu fastidieux, rien de bien grave toutefois.

Pour vaincre les forces du mal et refermer les portes d’Oblivion, dont le design n’est pas sans rappeler un certain œil du Mordor présent dans la trilogie de Peter Jackson, notre héros pourra se battre en utilisant diverses armes et armures qu’il aura achetées ou bien subtilisées.
Il pourra également les enchanter en utilisant de nombreux parchemins, leur utilisation sera cependant limitée, bien évidemment.
De nombreux sorts sont également mis à disposition mais leur apprentissage sera régulé par la classe que vous aurez choisie en début de partie.
Notons toutefois qu’il sera possible d’en apprendre en achetant des parchemins dans les échoppes appropriées ou en devenant un fidèle serviteur de la guilde des mages (différentes guildes étant présentes dans le jeu et proposant de nombreuses quêtes afin de progresser en leur sein).
Les diverses capacités de votre personnages, dont celles inhérentes à votre classes, dîtes « majeures« , sont très importantes.
En effet, les améliorer jusqu’à un certain stade vous permet de grimper de niveau ; ainsi, il n’y a aucune utilité à enchaîner stupidement les combats pour faire du level-up.
De manière plus claire, si votre personnage est un voleur, vous devrez vous entraîner à subtiliser des objets dans le dos des divers PNJ, ou à marcher silencieusement dans l’ombre pour surprendre vos cibles.
Pour faire progresser votre personnage, Oblivion requiert donc que vous fassiez des actions réfléchies, en accord avec la philosophie de jeu proposée par la classe choisie.
Par défaut, le soft n’étant pas des plus simples, proposant des contrées grouillantes de dangers (des brigands pouvant tenter de vous détrousser lorsque la nuit gagne Cyrodiil, par exemple) ainsi que des donjons habités par de nombreux monstres, et ce sur plusieurs étages, la progression de votre personnage devient donc rapidement un élément central.
L’intelligence artificielle est globalement assez bonne, en dépit de certains problème de pathfinding, il suffit par exemple qu’un brigand vous attaque sous les yeux d’un garde pour que ce dernier vienne vous aider, sympathique.

Beau comme un camion

Pour terminer ce passage en revue du jeu, il convient désormais d’aborder sa partie visuelle et artistique, ainsi que d’un point de vue largement plus matérialiste, son bilan technique.
Là où Oblivion impressionne probablement le plus, c’est par sa forte identité esthétique.
Visuellement, et pour un titre de 2006, le jeu en jette toujours autant.
Proposant un immense univers entièrement ouvert et modélisé en 3D temps réel, il met en place une immersion du joueur relativement impressionnante.
S’étendant sur de larges étendues à la composition variée et très crédible (prairies, forêts, montagnes, marais …), Oblivion jouit d’un moteur nous offrant de splendides panoramas ainsi que des effets spéciaux saisissants comme le démontre notamment l’excellente maitrise du High Dynamic Range, bluffant à plus d’un titre.
Les différentes villes de Cyrodiil arborent toutes un style architectural différent, dont les nombreux détails ne cessent d’émerveiller.
La modélisation de complexes bâtiments est tout simplement remarquable, tout comme l’agencement des régions qui nous permettent de jouir d’un absolu sentiment de liberté.
Sentiment qui représente d’ailleurs une énorme qualité mais aussi un défaut puisque les aficionados de RPG japonais pourront ressentir une énorme lassitude devant ce manque de prise en main du joueur, là encore, c’est inhérent au genre.

Tout n’est cependant pas parfait puisque le moteur de ces chers messieurs de chez Bethesda accuse tout de même quelques problèmes techniques.
Particulièrement gourmand de par la distance et le nombre de détails affichés, Oblivion est pénalisé par un framerate des plus chancelants, si un PC de guerre peut faire tourner le tout sans trop de problèmes, il semble cependant que cela soit un peu trop pour la Playstation 3, en dépit d’une meilleure optimisation que sur la machine de Microsoft.
En dépit de chargements ne s’effectuant qu’à l’entrée des zones, le streaming opéré lors des déplacements dans les contrées de Cyrodiil n’empêchera pas de courtes, mais parfois frustrantes, interruptions, entraînant de gros ralentissements.
Des  effets de pop-up parfois très visibles viennent parfois pointer le bout de leur nez, notamment lors des déplacements à cheval dans les prairies.
Notons également une modélisation des visages parfois grossière, bien que légèrement retravaillée sur la mouture PS3. L’installation des classiques mods graphiques sur PC sera dès lors salvatrice.

Au niveau de l’ambiance sonore, c’est un sans-faute, les environnements sont rendus crédibles par des bruitages très convaincants.
Le souffle de votre cheval, le bruit des personnages buvant à la taverne ou encore celui des feuilles se berçant au gré du vent sont extrêmement bien rendus et participent à cette grande immersion.
Plus impressionnant encore, la bande son du jeu est absolument magnifique.
Jeremy Soule, connu depuis son excellent travail sur Total Annihilation en 1997, nous livre ici une œuvre de grande classe, mêlant des thèmes tantôt héroïques, tantôt en proie à un désespoir profond, en total accord avec l’ambiance dantesque du titre de Bethesda Softworks.
Une performance qui fera date et qui prouve une fois de plus l’éclosion d’une nouvelle génération de compositeurs occidentaux dont les portes étendards que sont Jesper Kyd ou encore Harry Gregson-Williams ont littéralement damé le pion aux plus grands maitres japonais de l’exercice.

The Elder Scrolls IV : Oblivion est une incontestable réussite qui fait honneur à ses glorieuses origines. Proposant une aventure hors du commun, un gameplay sublimant celui de son aîné Morrowind tout en le rendant plus accessible et moins austère, ce quatrième opus d’une série mythique est devenu une référence. Certes, le jeu n’est techniquement pas irréprochable, il ne pourra pas non plus plaire à tout le monde de par ses nombreux partis pris, mais il respecte ce que les amateurs du genre en attendaient et c’est bien là l’essentiel. Personne n’ira critiquer un bon FPS de par son surplus d’action, il en va de même pour Oblivion qui respecte indéniablement les codes d’un genre qui était encore trop peu joué sur console il y a quelques années. C’est pourtant bien là l’occasion de s’y mettre, par le biais d’un jeu d’exception.

L'avis général

  • La définition même du terme épique
  • La liberté !
  • Un gameplay plus abordable que par le passé
  • Une grande cohérence visuelle
  • Jérémy Soule, épouse-moi !
  • Des lacunes techniques
  • Des bugs
  • L'interface consolisée
Succéder au monument du jeu de rôle à l'occidentale qu'est le désormais mythique Morrowind ne pouvait être chose facile pour Oblivion, le quatrième opus d’une des séries fétiches de Bethesda. Reprenant cependant les ingrédients qui ont fait le succès de ce premier, cette nouvelle itération de la série des Elder Scrolls se pare au passage de nettes améliorations, et ce sur tous les plans, pour nous proposer une aventure tant dantesque qu'inoubliable. Plus accessible, plus beau, mais pourtant tout aussi profond, Oblivion est resté pendant près de six ans une des références du RPG dé-bridé.