Eye of the ti-gorn
Passé le temps de chargement nécessaire pour accéder au menu principal, on se rend immédiatement compte que la comparaison entre Musicverse et les logiciels Korg s’arrête au clavier de piano présent sur l’écran, le synthétiseur proposé là n’offrant que les plus basiques des options. On retrouve donc, hormis l’évident clavier de piano, une option de pitch (permettant de faire varier la note pressée d’un ton plus haut ou plus bas), de quantification (permettant de caler automatiquement les notes jouées sur le rythme) et… rien d’autre en matière de modification de son ! Même l’immuable touche de modulation présente sur le plus basique des claviers destinés au grand public brille par son absence sur un tableau de bord bien peu fourni.
Les sons proposés, quant à eux, sont d’une qualité rappelant les plus grandes heures d’une Sound Blaster des années 90′ à bout de souffle. La catégorie “Basic” permet de profiter de synthèses d’instruments analogiques (guitare, piano, accordéon, …) tandis que la bien-nommée “Rétro” permet aux Klaus Schulze en herbe de faire joujou avec quelques simples sons synthétiques. Couplée à ceux-ci, on retrouve une banque de 14 rythmes à lancer en tant que trame sonore pour votre improvisation au stylet, et qui pourront être joués dans la gamme de votre choix, modifiable dynamiquement par simple mouvement du stick analogique ou de la croix directionnelle.
Une fois votre palette sonore choisie, le logiciel vous offre la possibilité d’enregistrer votre œuvre, de la sauvegarder sur carte SD au format AAC et de la partager ensuite sur divers réseaux sociaux (Miiverse, bien sûr, mais aussi Twitter ou Facebook) via une interface lourde, dont le blâme revient toutefois à la console et non au logiciel. Rien de bien extraordinaire à l’époque ou la moindre poussée d’acné est prétexte à un tweet déchirant, mais on saluera cependant l’initiative, qui prend d’autant plus de sens dans un logiciel de création assistée.
Ristou-touyoutou
Car, oui, soyons clairs, Musicverse est avant tout un logiciel de création musicale et n’a rien d’un jeu. Non que soit un mauvais point, loin de là, mais il convient néanmoins de le préciser pour éviter les éventuels désappointements qui pourraient être déclenchés par un achat trop impulsif. L’absence de déception n’étant toutefois pas garantie, même en connaissance de cause. Musicverse, sous ses airs d’apprenti logiciel de création, n’offre que peu de possibilités d’expression, la faute en partie à une console à l’écran tactile trop archaïque pour autoriser le toucher multiple et permettre ainsi de jouer plusieurs notes à la fois.
La production d’Abylight n’en est toutefois pas moins dénuée de défauts inhérentsau logiciel, à commencer par une localisation absolument dramatique. Traductions littérales ahurissantes (“scales” traduit par “échelle” au lieu de “gamme”…) et fautes bien visibles (“Nouveau session”) seront en effet de la partie, accompagnées par, cerise sur le gâteau, un menu option aux titres en anglais (lequel comporte parfois quelques erreurs étonnantes, telles que ce magnifique “Save sesion” ayant fait jaillir des larmes de sang de l’œil droit de votre serviteur).
Outre ces défauts de présentation, il convient en priorité de signaler le contenu famélique de ce logiciel. À l’instar du clavier en plastique que l’on voit parfois traîner dans le coin d’une chambre d’adolescent, sous un poster de Ray Manzarek, sa banque de sons et ses sonorités pouet-pouet ne réjouiront sans doute que l’amateur nostalgique de l’épique thème du manoir de Resident Evil: Director’s Cut. Et si l’interface du clavier en elle-même n’a à rougir d’aucune faute grave, ce n’est malheureusement pas le cas de la prise en main lors de l’enregistrement de votre magnum opus, pouvant en effet être rapidement écrasé sans possibilité de récupération à la suite d’un clic malheureux.
O-Drizzt Osbourne
Malgré son bas prix, Musicverse n’a malheureusement pas les moyens de son ambition pourtant modérée. Et si l’impossibilité de presser deux touches à la fois sur l’écran tactile est effectivement à imputer à la console en elle-même, le logiciel n’offre cependant aucun autre intérêt que celui de jouer le thème du Petit Bonhomme en Mousse une fois ou deux avant que votre partenaire/parent/voisin ne jette votre console par la fenêtre (aucune 3DS n’a été blessée au cours de la rédaction de cette critique, n’ayez crainte). Bas prix et basse qualité, Musicverse est à la variante virtuelle des Korg cités en introduction ce qu’un Casio de supermarché est à leur équivalent réel, la possibilité d’entraîner son agilité digitale sur un clavier en moins.
L'avis général
- La possibilité de partager et récupérer des morceaux
- L’accessibilité des options via les boutons de la console
- C’est rigolo…
- … 10 minutes
- Le contenu trop léger
- La qualité des sons proposés
- La localisation honteuse