• Développeur : Tomasz Wacławek
  • Editeur : Devolver Digital
  • Site Web : PAL
  • Version testée : PC
  • Classification :
    Francaise : 30/06/2015
    Americaine : 30/06/2015
    Japonaise : nc/nc/nc
  • Exclusivitée
  • PEGI :

RONIN

Rédigée par

Si vous avez la chance de ne pas être un rédacteur aux commandes d’un rédac’ chef drogué aux pépitos, lorsqu’on vous posera la fatidique question « Hey, c’est bien ton jeu gros ? », vous pourrez répondre avec toute la simplicité du monde « Oui, c’est sympa » ou, au contraire, que vous auriez préféré être séquestré 20 ans dans un grenier plutôt que de vous infliger ça. Du coup, lorsqu’il m’arrivait de rager sur Skype entre amis sur RONIN, ceux-ci ont bien vite fait de me demander « Mais, il est bien ton jeu-là ? Gros ? ». Et c’est avec toute la nonchalance du monde qu’ils se voyaient octroyer un simple « Tu liras ma critique ». Car oui, je suis un rédacteur aux commandes d’un chef drogué aux pépitos. Gros.

RONIN - Key Art

Kill Boss Vol. 1

Un Ronin est un samouraï ayant perdu son maître ou son honneur.

Un Ronin est un samouraï ayant perdu son maître ou son honneur.

Malgré tout, et sous leurs demandes insistantes, il m’arrivait de lâcher que RONIN était « cool ». Déjà parce que c’est édité par Devolver Digital et que ces gens ont le nez pour dégoter des petites perles politiquement incorrectes (mais pas que), ensuite parce que j’aime Kill Bill. L’histoire d’une femme à qui on a bousillé la vie et qui décide d’en bousiller une centaine d’autres en retour, sabre en main, ça m’plaît plutôt. Et RONIN est pile là-dedans.

Malheureusement, si Tarantino a consacré un diptyque entier pour nous raconter l’histoire de son héroïne, Tomasz Wacławek aka M. Le Développeur s’est contenté d’une vingtaine de lignes éparpillées ici et là au cours du jeu et d’un comic de 25 pages uniquement disponible dans l’édition spéciale du jeu. C’est léger. Très léger. A tel point qu’une certaine frustration peut naître chez les joueurs.

Mais de cette frustration naît aussi le désir de voir un beau jour un RONIN 2 apparaître dans nos recommandations Steam, tant on se laisse prendre au jeu malgré ses nombreux défauts, autant dans le fond que dans la forme.

Mieux vaut RONIN que deux tu l’auras

Pirater des ordinateurs sera un objectif récurrent de RONIN.

Pirater des ordinateurs sera un objectif récurrent de RONIN.

Car RONIN fourmille de bonnes idées, même si la plupart sont reprises de Gunpoint, un autre jeu indé disponible depuis Juin 2013 sur l’internet. Ça tombe bien pour vous, pour moi, pour nous, je n’y ai pas joué et la découverte d’un nouveau gameplay s’est donc fait sans heurt. Il s’agit donc d’un jeu d’action / infiltration en 2D vu de côté où les sauts ne se feront pas en temps réel. Entendez par là que par une simple orientation du stick droit (ou d’un clic de votre souris), vous pourrez arrêter le temps et décider de l’orientation de votre saut et de l’endroit précis où vous atterrirez. Vous pourrez également interrompre le saut et jeter un grappin sur un plafond ou un mur pour, au choix, s’élever dans les cieux ou passer au travers des vitres après avoir pris de l’élan.

Une pause bienvenue entre deux autres jeux, qui ne cherche pas vraiment à nous tenir la jambe.

C'est ce qui s'appelle "passer sous le nez" de quelqu'un.

C’est ce qui s’appelle « passer sous le nez » de quelqu’un.

Il faudra donc, lors des phases d’infiltration, bien repérer les passages non surveillés et se frayer un chemin en évitant à tout prix les zones de lumière. Les gardes, les civils dites-vous ? Ranafout’. Ceux-ci sont encore plus aveugles que si on leur avait crevé les yeux. Du moins tant que vous êtes dans le noir. Un simple bout d’orteil dans l’éclairage d’un lampadaire et c’est l’alarme qui se déclenchera. Cela en devient tellement absurde que si la tête du PNJ se trouve dans l’ombre et le reste de son corps dans la lumière, il ne vous verra pas, rendant ainsi les passages nécessitant de la discrétion sinon inintéressants, le plus souvent frustrants. Sans oublier le level design qui vous induira en erreur en vous proposant plusieurs chemins possibles tout en en rendant qu’un seul véritablement viable. En fait, le seul véritable intérêt réside dans la possibilité de supprimer les ennemis excentrés afin de faciliter par la suite le combat contre le reste de vos adversaires.

L'arbre des compétences n'est pas très fourni mais reste efficace.

L’arbre des compétences n’est pas très fourni mais reste efficace.

Et c’est bien lors de ces phases d’action au tour par tour que RONIN révèle son vrai potentiel. Chaque tour dure une seconde et il faudra alors décider où sauter et quel pouvoir spécial utiliser afin d’éliminer un à un tous les méchants de la zone. Ceux-ci se divisent en plusieurs types, allant du simple garde au samouraï surentrainé. Dans tous les cas, un trait rouge symbolisera la trajectoire que la balle ou l’attaque suivra et il faudra donc faire en sorte de vous rapprocher petit à petit de vos ennemis tout en évitant les tirs adverses qui vous tueront en un coup, mais également en faisant attention que quelqu’un ne déclenche pas l’alarme symbolisée par un compte-à-rebours de 10 secondes -soit, si vous avez bien suivi, 10 tours. En réalité, vous pouvez la laisser retentir, mais il faudra alors dire au revoir à votre point de compétence, récompense donnée si l’on remplit les 3 objectifs secondaires de chaque mission. Il s’agira en fait à chaque fois de tuer tous les ennemis, de ne pas déclencher l’alarme et d’épargner les civils (même s’il n’y en a aucun dans le niveau, eh oui). Vous pourrez ensuite répartir vos points pour obtenir des capacités qui vous serviront à vous téléporter sur un ennemi ou encore à poser un hologramme qui pourra servir de leurre. Ça reste plutôt classique mais efficace et, surtout, ça dynamise encore plus les affrontements.

On peut rester amis, hein ?

Certaines situations sont plus désespérées que d'autres.

Certaines situations sont plus désespérées que d’autres.

Et ils en ont bien besoin les pauvres, de dynamisme. Si, sur le papier, tout roule, dans les faits, la mort devient très vite une plaie à endurer. En effet, en plus de nous octroyer le droit d’admirer pour la millième fois la photo de famille qui sert d’écran de chargement, on réapparaîtra le plus souvent un peu à l’écart du combat, nous forçant ainsi à prendre un ascenseur ou à marcher quelques secondes avant de rentrer de nouveau dans le vif du sujet. Qui plus est, la musique pourtant très sympathique (quoi qu’aurait mérité d’être un poil plus « vénèr’ ») recommencera depuis le début, coupant encore plus l’action. Comme si elle le méritait. Concrètement, RONIN aurait mieux fait de gérer ses Game Over à la manière d’un Hotline Miami, on appuie sur une touche et on est reparti comme en 40.

RONIN est de ces jeux à qui on pardonne la faute, car on sait qu’il s’agit d’un premier essai.

Spider Cochon, Spider Cochon...

Spider Cochon, Spider Cochon…

Et le problème, c’est que ceux-ci ont parfois une sale tendance à s’enchaîner. Civil qui décide de nous repérer et donc, invincible pour qui veut bien faire les choses, saut malencontreux dans un fil électrique ou tout simplement un tir malheureux dans le pied, les raisons ne manquent pas. Mais, parmi celles-ci, vous pourrez trouver quelques fois la mort par bug, la pire de toute. Car si le jeu est d’abord passé par une courte période d’Early Access (qui a très sincèrement réglé déjà pas mal de choses), il pourra encore arriver que votre personnage se téléporte à travers le niveau vous envoyant généralement au décès, voire carrément sous le sol, vous forçant ainsi à recharger le dernier checkpoint. Alors oui, c’est très drôle la première fois, ça l’est moins quand vous retentez le dernier niveau pour la 15e fois et que c’était « Teh Urn » (#TrueStory). Certains pesteront également par l’impossibilité d’escalader un rebord pour atteindre une plateforme (tout du moins dans les phases au tour par tour), ce qui vous forcera à sauter à l’opposé puis à jeter votre grappin plus haut pour finalement atteindre ladite plateforme, si personne ne vous a tiré dans le dos entre temps.

Hara-kiri ?

*Captain here* Cette critique est finie ! *flies away*

*Captain here* Cette critique est finie ! *flies away*

Si vous avez la mémoire pas trop courte, vous devriez vous souvenir que j’ai jugé ce jeu bon tout en haut de la page. Car à l’image du premier film d’un réalisateur, RONIN est de ces jeux à qui on pardonne la faute, car on sait qu’il s’agit d’un premier essai. Pas transcendant, pas mauvais non plus, il s’agit d’un jeu vidéo dans le sens le plus littéral du terme. On s’amuse quand même et, au pire, on ne perd pas grand-chose à lâcher l’affaire, que ce soit pour y revenir plus tard ou pas. RONIN est suffisamment court pour maintenir le joueur en éveil et, surtout, pour le motiver à arriver à la fin malgré ses errances. Une pause bienvenue entre deux autres jeux, qui ne cherche pas vraiment à nous tenir la jambe, que ce soit avec ses huit succès qui sont là « pour dire » ou son New Game + sympa sans plus. Et, peut-être qu’un jour, le joueur lambda reviendra sur cette première expérience de développeur en se disant : « Ouah, c’était CA, le premier jeu de Tomasz Wacławek ? ». Eh oui, c’était ça, et c’était plutôt cool, Gros.

L'avis général

  • Les combats au tour par tour, une idée maîtrisée et originale.
  • L'ambiance générale du jeu (musique, direction artistique, etc.)
  • On veut un RONIN 2 qui corrigerait tous les problèmes de celui-ci !
  • Sans prétention mais ne manque pas d'ambition.
  • Finalement on s'amuse quand même !
  • Quelques bugs bien gênants encore présents.
  • L'IA complètement aux fraises lors des phases d'infiltration.
  • La mort qui punit le rythme général du jeu.
  • On veut en savoir plus sur l'histoire !
  • Quelques soucis d'ergonomies notamment lors des phases d'actions (grappin parfois imprécis, icône trop éloigné, etc.)
Si RONIN n’est pas exempt de défaut, très loin de là, il brille néanmoins par son système de jeu d’action au tour par tour où le saut est une fonction primordiale. Certes, l’absence de développement du scénario pourra se faire sentir, tout comme il vous arrivera de pester contre les quelques bugs qui ont survécu à l’Early Access mais en fin de compte, tout ce qu’on peut souhaiter à RONIN, c’est de passer pour un mauvais jeu si une éventuelle suite voit le jour.