Super Smash Bros. 3DS

Après quelques années d’attente, nous avons enfin entre les mains le nouveau Smash Bros qui marque également l’apparition de la série de « party-combat » sur console portable. Voici nos premières impressions après quelques dizaines d’heures de jeu, sans spoil bien entendu puisque le jeu ne sera disponible que dans une semaine. Autant vous prévenir directement, vous lirez ici l’avis d’un fan de la série qui même s’il a fait de la compétition sur les épisodes précédents, n’a jamais dit non à une partie à 4 avec des objets. 

Une nouvelle philosophie adaptée au support

Smash 3DS se base sur la rejouabilité. Les parties sont plus courtes pour ne pas écœurer et chacune d’entre elles récompense grassement.

Il y a plusieurs embranchements dans le mode classique

Quand on lance le jeu pour la première fois, c’est la déception. Outre les nouveaux personnages qu’on connaissait déjà, quelques modes manquants donnent un goût amer au titre. Dans le processus de création de cet épisode, on a perdu les « Events » (matches avec des conditions de réussites) et les « Break The Targets » (où le joueur doit briser 10 cibles dans des parcours spéciaux, le plus rapidement possible). Les modes qui ont survécu sont beaucoup plus courts ce qui n’aide vraiment pas la situation tout comme le fait de débloquer les personnages et les stages cachés en une poignée d’heures seulement. Cependant, plus on passe de temps sur le jeu, plus on comprend. Limité par le support, Masahiro Sakurai, le créateur de la série, ne cherche pas à augmenter la durée de vie avec des modes, il utilise plutôt la rejouabilité. Les parties sont plus courtes pour ne pas nous écœurer, chacune d’entre elles nous récompense grassement ce qui nous donne envie de rejouer et la Puissance Smash nous donne envie de faire mieux. Mieux encore, le mode « Classique », l’équivalent du mode « Arcade » dans les autres jeux de combat, nous laisse le choix des adversaires à chaque combat pour nous laisser la possibilité de varier un peu les ennemis et les stages ainsi que d’éviter parfois les personnages et les terrains qu’on déteste particulièrement ou qui nous désavantageraient trop.

La vraie magie de cet épisode est la Puissance Smash. Que ce soit le mode solo ou la coopération locale, vous aurez une Puissance Smash globale pour le mode et une par personnage dans ce mode. Bien évidemment, il y a toujours les scores mais ils représentent désormais quelque chose de concret. Quand vous obtenez X points dans le mode Classique avec Luigi, le score s’affiche désormais en grand sur l’écran de sélection des personnages, le rendant nettement plus difficile à ignorer. De plus, comme il vient avec un classement inversé (la Puissance Smash vous indique le nombre de joueurs qui ont fait moins bien que vous), il signifie enfin quelque chose. Quand on obtient une puissance Smash de 200.000 alors qu’on a l’habitude d’avoir 400.000, ça nous dérange un peu, on constate qu’on vient de faire une contre-performance. Quand, au contraire, on obtient un 700.000 au lieu du 400.000 habituel, on est réellement fier de soi, on a la preuve qu’on vient de se surpasser.

L’aventure Smash paraît déroutante au début mais devient très vite excellente à jouer.

Une des épreuves finales de l’aventure Smash : la course

Le cœur de cet épisode, l’« aventure Smash », paraît déroutante au début. Pensée spécialement avec l’idée que chaque participant a son propre écran, 4 personnages sont lancés dans une arène géante où ils devront affronter des ennemis aléatoires tout en explorant pour trouver des bonus qui améliorent leurs statistiques en vue d’une épreuve finale. Pour nous aider, il est possible et fortement conseillé, de s’équiper d’accessoires qui sont des pouvoirs que l’on active sur l’écran tactile. Dans les premières parties, on n’a pas forcément des accessoires utiles (quand on en a), on ne sait pas où aller, on ne sait pas quoi faire. Après un premier essai, malgré la victoire, on se dit « plus jamais ». Heureusement, le jeu vous demande de redonner une chance à ce mode qui demande tout de même quelques parties pour devenir réellement agréable encore plus quand on fait l’effort de mettre les mains dans le menu des accessoires. Après cette période, vous aurez quand même parfois envie de balancer votre console par la fenêtre en voyant s’afficher « Course » pour le combat final alors que vous avez le très lent Ike avec seulement 200 de bonus en vitesse contre Little Mac, Fox et Sonic qui ont entre 800 et 1000 de vitesse supplémentaire. L’autre nouveauté est le mode « Bombe Smash ». Inspiré d’Angry Birds, il vous demande de frapper une bombe avec votre personnage pour l’envoyer faire le plus de dégâts possibles sur une structure qui contient des cibles. Là encore, on vous demande un petit temps d’adaptation, surtout quand on a l’habitude du « Home Run Smash » qui vous fait attendre la fin du décompte pour lancer le sac de sable alors qu’ici il faut lancer bien avant le 0 si on apprécie être loin des bombes quand elles explosent.

10 secondes pour tout faire sauter !

Une réelle évolution de la série

Concernant le système de personnalisation, il ne va pas révolutionner le jeu mais il reste intéressant. Il ne le déséquilibre pas, il est très bien pensé dans ce sens. Pour les équipements, chaque choix aura ses conséquences, le prix à payer pour améliorer une statistique est bien réel. Il est possible d’équiper votre personnage de 3 objets qui vont agir sur son attaque, sa défense et sa vitesse, chaque objet vous demandant de baisser une statistique en améliorant une autre. La meilleure chose à faire est donc de chercher les bonus. Un objet peut avoir une capacité spéciale, comme par exemple augmenter le temps de charge des attaques Smash pour en contrepartie augmenter leurs dégâts ou bien multiplier par 1,5 les dégâts des attaques aériennes. Le casse-tête est d’avoir ces bonus en pénalisant le moins possible les statistiques du personnage. Pour les attaques alternatives, c’est la même chose. Chaque attaque spéciale, qui se fait en appuyant sur B et une direction (ou sans direction) possède 2 variations qu’il faudra trouver au hasard de vos parties. Il n’y a pas de meilleure version de l’attaque, juste une qui vous arrange plus. Ça s’est dans la théorie, dans la pratique, qui voudrait un « Falcon Punch » qu’on doit charger encore plus longtemps (c’est un exemple symbolique, cette version-là n’est pas dans le jeu mais elle reste représentative de certaines possibilités proposées).

Avec plus de 600 trophées, les amateurs de collection vont se gaver !

Si vous aimez les collections, ça sera votre jeu. Ne serait-ce qu’avec les trophées, les attaques alternatives et les accessoires de l’« Aventure Smash », il y a entre 1000 et 1500 items à trouver, items auxquels s’ajoutent les équipements. Sakurai a laissé tomber le côté pédagogique des trophées. Vous pouvez oublier les informations sur les apparitions, désormais place à l’humour. Si le personnage ou l’élément est représenté sur le trophée, il est impossible de connaître sa provenance si la description ne la cite pas. Les descriptions vous donnent plutôt des conseils et se moquent même des joueurs qui ne connaîtraient pas tel ou tel personnage, hésitant rarement à briser le quatrième mur, ce qui n’étonne pas quand on sait que ces textes ont été écrits par Akihiro Toda qui a participé à l’écriture des textes de la série Mother.

Cela reste du Smash Bros classique, toujours un jeu de combat qui vire au n’importe quoi à 4, toujours pas de barre de vie et toujours se besoin de jeter ses adversaires hors de l’écran. Inutile de vous mentir, le passage à la 3DS quand on a joué aux 3 épisodes précédents au pad Gamecube est plus que déroutant. Heureusement, il est possible de changer les fonctions des boutons pour retrouver à peu près ses bonnes vieilles habitudes. Personnellement, nous avons attribué le saut au bouton A, B pour les attaques normales et Y pour les attaques spéciales. Nous avons également inversé L et R pour faire les choppes à droite. Pour ceux qui ne sont pas formatés à la manette Gamecube, la configuration de base devrait leur plaire mais les autres auront réellement besoin de remettre les fonctions à leur place habituelle. Après quelques parties d’adaptation, tout semble naturel même si occasionnellement le stick ne rend pas l’effet escompté, certaines maladresses sont arrivées, comme par exemple lancer un B Haut au lieu d’un B Côté de façon inexpliquée puisque le stick est bien à droite.

Les personnages contrôlés par l’ordinateur ont visiblement profité de la pause entre les 2 épisodes pour s’entraîner

Même s’ils se côtoient, ils sont sans pitié…

Au niveau du moteur du jeu, pour les plus pointus en Smashologie, sachez qu’il est inutile de comparer avec les épisodes précédents. Si le jeu n’atteint pas les sommets de Melee en termes de vitesse, il reste quand même plus agréable que Brawl. Toute la différence se fait avec de nouveaux mécanismes. Melee avait apportés de nombreux éléments à la série, Brawl avait déconstruit une partie de ce travail et cet épisode change simplement les codes ce qui est une vraie bouffée d’air frais. En matière d’items, sachez qu’on a encore passé un cap en matière de dangerosité puisque les objets capables de vous tuer au moindre contact ce sont multipliés. Les personnages contrôlés par l’ordinateur ont visiblement profité de la pause entre les 2 épisodes pour s’entraîner puisque sans être ridiculement forts, les actions qui nécessitent un timing sont toujours réalisées à la perfection. Touchés par ce phénomène, on retrouve les contres, les boucliers et même les techs, ces moments où on appuie sur la touche de Bouclier juste avant de toucher une paroi pour annuler la quantité de mouvements (momentum pour les amateurs d’anglicisme) de l’attaque qui nous a fait faire coucou à ladite paroi et ainsi ne pas rebondir et mourir.

cet épisode redonne leurs lettres de noblesses à la quasi-totalité des anciens

Concernant les personnages qui frisent la cinquantaine, on retrouve les vétérans avec plaisir tandis que les nouveaux apportent réellement de la fraîcheur. Je mets au défi quiconque qui apprécie la série de ne pas trouver au moins 2 ou 3 personnages à jouer dans cette version. Si Brawl a massacré certains vétérans, cet épisode redonne leurs lettres de noblesses à la quasi-totalité des anciens. On ne peut cependant pas s’empêcher de regretter certains choix au niveau des départs et des clones. Le point faible vient plutôt de la sélection de la trentaine de terrains. La version 3DS ne partage pas ses terrains avec la version Wii U, il était donc impossible de créer 70 nouveaux terrains en une seule fois. La solution adoptée est l’utilisation d’anciens stages de Melee ou de Brawl. Ce qui en soi n’est pas nouveau mais devient plus problématique quand il sert à dédouaner l’équipe de ne pas assez représenter certaines séries au niveau des nouveaux terrains quand d’autres en ont plusieurs. Le jeu peut également souffrir, aux yeux des joueurs plus sérieux, d’un manque de stages neutres comme on les appelle qui sont des terrains plus calmes et plus réduits pour se concentrer sur les personnages en eux-mêmes. Certes, chaque terrain a dorénavant une version Destination Finale qui propose une version plate et sans plateformes de l’environnement, correspondant au cliché du joueur de Melee qui ne joue qu’en 1 contre 1, Fox contre Falco, sans objet sur Destination Finale.

Stage en mode Destination Finale

Visuellement autant aller vite, c’est magnifique et c’est fluide. Même sur une 3DS normale, le jeu est très lisible à quelques exceptions près (quand la caméra est à la distance maximale et que plusieurs personnages s’entassent au même endroit). On ne peut donc pas vous conseiller d’investir dans une 3DS XL si vous avez déjà une 3DS, surtout si vous n’avez pas de Wii U. La 3D n’est pas gênante mais elle ne retournera pas votre cerveau pour autant. Même si elle peut impressionner sur certains stages, les petits moments où vous bougez un peu votre console avec la 3D, qui vont rendre votre écran flou, et la baisse d’autonomie de la console quand la 3D est activée nous pousse à vous conseiller de jouer sans 3D. Petite déception personnelle, une attente réelle de voir les trophées en 3D mais la claque n’est pas là. Encore une fois, si vous avez une 2DS, n’achetez pas un autre modèle juste pour la 3D dans Smash.

La qualité et la quantité des musiques, marque de fabrique de la série, sont une nouvelle fois au rendez-vous avec un système repris de l’épisode Gamecube. Chaque terrain a droit à 2 musiques, une principale et une alternative qui peut être choisie en maintenant R quand on choisit son terrain. Les bruitages sont également un réel plaisir, surtout quand ils se mélangent pour nous aider à réaliser que Mario, Sonic, Mega Man et Pac-Man sont dans un même jeu. On remarque tout de même parfois que les sons des personnages sont un peu limités quand on entend Fox ou Sonic sortir le même cri à chaque coup d’un même combo. Remarque personnelle, étant allergique aux doublages français en général, les voix françaises ont été laissées lors de ce test (on peut changer les voix en changeant la langue de la console, le Japonais n’est pas disponible) et certains personnages ainsi que l’annonceur ont souvent dérangé (« Choulque » pour Shulk et « Darren » pour Daraen). On apprécie tout de même l’option du Sound Test qui nous laisse écouter les musiques du jeu en mettant notre 3DS en veille en se servant de L et R pour passer une musique ou revenir en arrière.

le mode online s’annonce beaucoup mieux réalisé que sur Wii puisqu’il est possible de jouer sans latence

Une interface soignée et épurée dans les menus et dans les combats

L’interface est d’ailleurs très bien pensée (en dehors des quelques occasions où on doit repasser par le menu pour changer de personnage). C’est un réel plaisir, par exemple, à la sélection des personnages d’avoir automatiquement le dernier costume utilisé. Costumes qui au passage sont désormais au nombre de 8 et peuvent changer le personnage comme pour Alph, le héros de Pikmin 3 qui peut remplacer Olimar en étant officiellement Alph, son nom affiché est réellement Alph et l’annonceur comme le public l’appellent réellement Alph. De même pour les personnages qui ont une version avec le sexe opposé comme le Villageois, l’Entraineuse Wii Fit ou Daraen. Sachez que les Miis de votre console peuvent également vous affronter ce qui vous amène parfois à violemment frapper votre propre Mii pouvant provoquer ainsi des visites chez le psy. Pour finir, un petit mot rapide sur le mode online qui s’annonce beaucoup mieux réalisé que sur Wii puisqu’il est possible de jouer sans latence (sous réserve d’avoir une connexion correcte) puisque nous avons pu jouer avec des joueurs européens sans le moindre lag sans avoir la fibre optique. On se réjouit d’ailleurs d’avoir quelques modes en coopération (le mode All-Star qui nous demande d’affronter chaque personnage du jeu et le Smash en Masse qui nous fait dégommer nos Miis) mais qui malheureusement ne se jouent qu’en multi local avec une cartouche par joueur alors qu’un online aurait été le bienvenu.