Si vous surfez un petit peu sur les internets, vous avez peut-être pu constater l’apparition du nom « Undertale » un peu partout. Que ce soit sur Youtube au travers de covers toutes plus bonnes les unes que les autres ou sous formes de critiques dithyrambiques, ce petit RPG indé a su se faire un nom en très peu de temps, d’abord avec un Kickstarter récoltant 50.000$ sur les 5.000$ demandés, et faire l’unanimité auprès des joueurs et ce dès sa sortie en Septembre (contrairement à un certain Fallout 4). Difficile donc en ces périodes de fêtes, et surtout de soldes Steam de résister à l’appel émis par Toby Fox. Car loin de ces mastodontes de la communication que sont les Call of Duty et autres Star Wars, Undertale a su profité du meilleur moyen de se faire connaître en conservant son intégrité : le bouche à oreille.
Undyne ensemble ce soir ?
C’est là le premier fait d’arme d’Undertale : donner envie d’y jouer sans rien en savoir. Bon pas rien de rien non plus, avant de me jeter à l’eau, je savais que je devais m’attendre à un RPG rétro doté d’une OST de grande qualité. Contrat rempli dès les premières minutes : quelques images défilent pour nous replacer dans le contexte sur fond de bip-bip en 8 bits qui forment une mélodie somme toute sympathique. Pour résumer, une guerre opposant les humains et les monstres fut rage il y a plusieurs années, résultant sur le bannissement des monstres dans les sous-sols de la Terre pendant que les êtres humains se la couleraient douce à la surface, protégés par une barrière magique empêchant les monstres de se faire la malle. Mais la légende raconte également qu’un autre passage existe au sommet du Mont Ebott et que toutes les personnes qui s’y sont aventurées n’en sont jamais revenues. Évidemment, votre avatar, dont on sait uniquement qu’il s’agit d’un enfant, va escalader ladite montagne et tomber dans ledit passage.
On passe le plus clair de son temps le sourire aux lèvres.
Premier constat : notre personnage pue l’anti-charisme. Il n’est pas beau et n’affiche aucune expression faciale. Niveau immersion, ça commence mal. On pourra se rassurer en interprétant comme on le souhaite son sexe. Mais tel un Cloud Strife des grands jours, nous nous réveillons au milieu d’un parterre de fleurs alors que l’une d’entre elles nous explique que l’on vient de tomber dans le monde des monstres et qu’on en ressortira jamais. Et encore moins vivant.
Elle s’est tue Toriel
Néanmoins, si la quasi-totalité de la faune locale veut notre mort (de manière plus ou moins consciente), on nous expliquera très rapidement que la violence n’est pas la réponse à tout. En termes de gameplay, cela va se présenter sous la forme de différentes actions lors des combats au tour par tour. Le sempiternel bouton « Fight » vous permettra de bourrer votre adversaire en cliquant au bon moment pour aligner une barre au milieu de l’écran, tandis que le bouton « Act » vous offrira la possibilité de dialoguer avec l’ennemi, ou encore de lui faire des blagues et parfois même de le caresser. « Undertale! The RPG where you don’t have to destroy anyone. » peut on lire sur la page du jeu sur Steam. Car si vous entrez les bonnes actions au bon moment, il vous sera offert la possibilité d’épargner votre ennemi. On comprendra rapidement que notre manière d’aborder les combats conditionnera la fin obtenue après environ 8h.
Difficile de rester de marbre face à ce que veut nous conter Toby Fox.
Évidemment, ne pas attaquer les monstres ne les empêchera pas pour autant de se faire plaisir sur vous. Lors de ces phases où vous subirez l’assaut ennemi, vous prendrez alors le contrôle d’un petit cœur (représentant votre âme) et devrez éviter les projectiles adverses, à la manière de n’importe quel Shmup’. Si cela peut paraître très rudimentaire aux premiers abords, chaque ennemi possède son propre pattern et les boss nous proposeront de nouvelles manières de jouer. Par exemple, au lieu de ne faire qu’éviter les boulettes, vous pourrez riposter en tirant à votre tour des lasers comme dans n’importe quel Shoot’em Up spatial. De la même façon un autre nous demandera de bloquer les attaques en orientant un bouclier.
Et contrairement à notre héros/héroïne, le bestiaire fait preuve d’une originalité sans faille. Que ce soit dans leur design ou encore dans leurs descriptions, on passe le plus clair de son temps le sourire aux lèvres ne serait-ce qu’à la vue des jeux de mots absurdes qui font office de noms aux monstres.
Comic Sans mauvais jeux de mots
Car Undertale est un régal au niveau de l’écriture. L’humour abonde dans tous les sens tout en nous offrant une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres et ayant chacun leur propres raisons (plus ou moins dramatiques) de se battre. Qui plus est l’univers est ultra cohérent, nous amenant à traverser des plaines enneigées et autres usines high tech. Et c’est surtout cet aspect qui fait d’Undertale un titre à part. Si chaque joueur possède évidemment sa propre sensibilité, difficile de rester de marbre face à ce que veut nous conter Toby Fox. Si les sources d’inspirations ne lui manquent évidemment pas, la série Mother en tête, je n’ai pu m’empêcher de ressentir la même chose que lorsque j’ai joué à To The Moon, jeu d’aventure narratif indépendant, ou après avoir terminé des mangas de Watanabe, particulièrement Cowboy Bebop et Zankyou no Terror. Un mélange étrange de sentiment d’accomplissement et de mélancolie.
Enfin, ce qui rend également cette aventure inoubliable (c’est également le cas des œuvres sus-citées), c’est indubitablement la bande son qui est sans nul doute une des meilleures que je n’ai jamais entendu. C’est simple, il n’y a rien à jeter. Empruntant tantôt un style ultra rétro, tantôt jazzy et même carrément electro par moment, Toby Fox a réussi le pari fou de mélanger les styles tout en conservant sa patte. Et Dieu que ça fonctionne. Mention spéciale aux thèmes de boss qui, à l’instar des premiers Paper Mario, sont uniques à chaque combat, façonnant encore un peu plus la personnalité des différents protagonistes.
Undertale est sans conteste une œuvre complète réussissant tout ce qu’il a voulu entreprendre, le sublimant parfois, laissant très certainement une marque dans le cœur de nombreux joueurs. Pour autant, et même si j’écouterai pendant encore plusieurs mois, si ce n’est plusieurs années l’OST, Undertale restera cette petite douceur, cette boîte de bonbons trouvée un peu par hasard au fond du placard de chez mamie qu’on déguste caché sous la couette un soir de Noël. Le genre de souvenir qu’on se remémore, esquissant un sourire, en surprenant une larme au coin de notre œil, regrettant de ne plus pouvoir revivre ce moment-là en particulier. Mais il faut savoir avancer et se créer de nouveaux souvenirs avec peut-être, qui sait, un prochain projet de M. Fox ?
L'avis général
- L'écriture des personnages, des dialogues, l'humour... tout !
- C'est mignon...
- La bande son fabuleuse qui décrit à elle seule l'environnement et les personnages rencontrés.
- Le Gameplay simple, efficace et offrant un certain challenge.
- Une bonne rejouabilité grâce aux différentes fins et aux méthodes pour y arriver.
- ...malheureusement réservé à un public anglophone.
- ...mais pas franchement joli (surtout notre avatar).
- Pas de succès pour pavaner !