• Développeur : Criterion Games
  • Editeur : Electronic Arts
  • Site Web : PAL
  • Version testée :
  • Classification :
    Sigle âge 7 ans et plus
    Francaise : 31/10/2012
    Americaine : 30/10/2012
    Japonaise : nc/nc/nc
  • Exclusivitée
  • PEGI :
    Violence : jeu contenant des scènes de violentesOnline Game

Need for Speed Most Wanted

Rédigée par

 

Criterion, tu m’as fait du mal. Cela fait presque cinq ans que j’attendais une suite à Burnout Paradise, tu sais, ce jeu que je me suis surpris à tant aimer critiquer à sa sortie. Pourquoi donc ? Parce que j’ai eu du mal à concevoir qu’un titre à priori supérieur sur le papier à ses épisodes antérieurs pouvait se révéler au final tellement moins fun qu’eux, bien que sortis deux, trois, voire quatre ans auparavant. Pourtant j’ai appris à l’apprécier, open-world, déformations des carrosseries super bien branlées, défis à foison, intégration du multi vraiment « next-gen », les virées entre potes à faire des 360 degrés vrillés sur la plage, takedown verticaux … Oui c’est vrai tu avais sucré le mode crash au passage, Burnout Dominator et Takedown sont à mille lieux plus amusants que Paradise, mais ton nouveau bébé restait quand même cool, tu m’as fait comprendre qu’investir dans une console HD n’était finalement pas si débile que ça.

Et puis, cinq ans sans jeu de caisses arcade du niveau de ton Burnout Paradise, cela laisse des traces. C’est vrai, il y a bien eu les Motorstorm, qui étaient vraiment bien fichus quoique très peu comparables, ou encore les Project Gotham Racing, dans un registre plus réaliste … mais quand même, aucun de ceux-là ne m’ont vissé à mon siège le couteau entre les dents, accroché à contresens au parechoc d’un illustre inconnu à l’autre bout du monde, prêt à l’envoyer se latter les dents dans le poids-lourd arrivant droit face à nous.

Comment ? Ce n’est pas un Burnout que tu as développé cette année ? Oui, bien évidemment, les Burnout sont supposés être les références en terme de courses urbaines funs, speeds, et bourrines. Pardon ? C’est un Need for Speed ? Sans vraie progression dans l’obtention des caisses, ni vrai tunning ? Mais avec un sérieux air de réchauffé ? Criterion, tu n’aurais pas tenté de te foutre de ma tronche cette année encore, pas hasard ?

I’m in need of Need for Speed !

Je n’ai pratiquement pas mentionné la série des Need for Speed dans ces premiers paragraphes, ce n’est ni par originalité, ni par désir de partir à contre-courant, mais parce qu’au final ce reboot de Most Wanted, un des meilleurs épisodes de la série, n’a que très peu de rapport avec la licence chère à Electronic Arts. On y retrouve toutefois un open-world, la liste des dix pilotes « Most Wanted » que vous devrez mettre sur le carreau pour devenir le number one, et … c’est tout ? Tout ceci ne constitue pas pour autant un défaut, Criterion a annoncé très tôt la couleur, il ne s’agit pas ici d’une véritable suite au jeu sorti en 2005, mais bien d’un véritable reboot comme c’est à la mode depuis quelques années pour masquer le manque de créativité des studios de développement. Clairement, ce Need for Speed lorgne du côté de Burnout Paradise, pour grossir le trait on pourrait même avouer que Most Wanted est ce qu’aurait pu être Paradise si ses voitures avaient été en intégralité sous licence. Et autant dire qu’à ce niveau-là il y a d’ailleurs du beau monde : Nissan GT-R 2012, Lamborghini Aventador, Caterham, Audi R8 … ou des véhicules un peu plus rares dans les jeux du genre, comme la Ford F150 ou encore la confidentielle Marussia B2. Au total, près d’une quarantaine de modèles seront présents pour vous permettre d’arpenter en toute liberté les rue de Fairhaven, théâtre de cette sauterie générale.

Concernant la ville en elle-même, les environnements sont véritablement variés, ce qui est un point essentiel pour un jeu du genre ; et même si on doit encore une fois composer avec les traditionnels centre-villes, ports, entrepôts, routes de campagne … il est agréable de constater que les développeurs ont fait un véritable effort pour associer une identité visuelle convaincante à la zone de jeu. Le cycle jour/nuit est par ailleurs géré, parfaitement même, et il contribue à l’esthétique particulière du titre avec des panoramas urbains vraiment magnifiques de nuit, où les rues sont seulement éclairées par la lueur des enseignes. Cela permet de faire un petit crochet par la partie technique du titre : vraiment joli et plutôt bien fichu, seul un léger aliasing viendra perturber la fête, mais rien de bien grave sur console. Les modélisations sont en revanche d’excellente facture, et si l’on n’atteint pas le niveau d’un Forza Motorsport 4, ou même d’un Horizon qui sort à peu près en même temps, cela reste dans le haut du panier des productions actuelles. De ce point de vue, un vrai progrès a été réalisé depuis Paradise, bien évidemment cinq ans après cela parait plus que légitime.

Schizophrénie et coupes budgétaires

Le soucis de Need for Speed Most Wanted, c’est qu’à tous les autres niveaux, à chaque élément de jeu, de gameplay, il me parait être une régression par rapport à ce que proposait Burnout Paradise, et c’est là la véritable problématique : pourquoi s’encombrer d’un jeu proposé à 70€ alors que sa quasi-copie carbone, supérieure sur bien des points, ne doit en coûter aujourd’hui qu’une petite dizaine ? Alors d’accord, le système de progression du jeu n’est pas absolument identique. Dans Need for Speed Most Wanted les voitures ne se débloquent pas au fur et à mesure de votre avancée, elles ne s’achètent pas non plus. Il suffit de les croiser dans une rue, ou sur un parking, d’appuyer sur une touche et..hop… le transfert est fait : me voilà dans mon nouveau bolide ! Pour les retrouver, point de garage à l’horizon mon bon monsieur, il suffit d’accéder au menu Easydrive via une pression sur une touche directionnelle et je serai alors en capacité de rejoindre la voiture, soit instantanément, soit en suivant l’itinéraire inscrit sur le GPS. Seules celles des boss, les dix Most Wanted, que vous pourrez affronter en améliorant votre classement Speed Point via des victoires en courses, dérapages, jumps, runs avec la police, etc … seront déblocables après les avoir battus. Contrairement à Paradise, il est possible de « tuner » un tant soit peu son bolide : remporter une course donne la possibilité de débloquer des améliorations et de les installer via Easydrive, toujours lui. Nitro, style de pneus, châssis … la liste est longue mais pas forcément variée puisque ce seront à peu de choses près les mêmes améliorations pour chacunes de vos voitures. Notez que ces modifications n’auront pas d’impact visuel sur votre véhicule, là où l’opus de 2005 proposait ce détail. Dommage …

Mis à part ces deux différences, le reste est sensiblement identique. Sélection de la course via le menu Easydrive, et vous êtes partis pour un des différents défis proposés pour votre voiture. Course d’un point A à un point B, tours de circuits urbains, course radar … la liste n’est pas bien longue. Encore plus problématique, le nombre de parcours différents doit s’élever à une dizaine, qui seront répétés inlassablement quel que soit la voiture que vous piloterez. Au bout de quelques heures de jeu le sentiment de lassitude devient de plus en plus présent. Burnout Paradise, toujours lui, disposait de beaucoup plus de défis, surtout : ils étaient plus variés. Il proposait bien plus de courses aussi, puisque ici la grosse soixantaine d’événements se boucleront en à peine six à sept heures, et ce ne sont pas les désormais classiques défonçages de grilles ou de panneaux qui viendront bouleverser ce constat.

Input lag

Je n’ai pas retrouvé ce sentiment de « fun » que procurait Paradise, cette prise en main nerveuse, légère. Ici les voitures m’ont semblé globalement très pataudes, et bien que quelques paramètres soient pris en compte pour modifier le comportement des véhicules, comme le dénivelé ou les changements de surface, la physique globale du titre m’a semblé limitée. Je n’ai jamais vraiment réussi à faire un 180 degrés frein à main parfait, ou me taper une trajectoire fluide et précise dans une courbe un peu serrée, pas parce que le maniement était très exigent, ou pointu, mais parce qu’il y avait une sorte de lourdeur illogique dans l’inertie des voitures, comme une latence vraiment désagréable dans la prise en compte des commandes. Seuls les moments où la police s’est invitée à la fête ont réussi à injecter la dose d’adrénaline que l’on est en droit d’attendre d’un Need for Speed, et surtout d’un titre de Criterion. Particulièrement tenace, elle n’hésitera pas à mettre en place des barrages pour tenter de stopper les fuyards, ou des herses pour crever les pneus. Il sera possible de les réparer dans des garages, à l’image de ceux de Paradise, car pour le coup le comportement de la voiture, et sa vitesse, seront salement affectés si vous décidez de rouler directement sur les jantes. Pour semer la maréchaussée, il faudra sortir de sa zone de recherche puis s’immobiliser pour tenter de se fondre dans la masse, un système pompé sur Grand Theft Auto IV, mais qui marche vraiment bien.

Les courses en elles-mêmes sont globalement assez intenses, avec une IA adaptative, comprenez par là qu’elle ralentira si vous êtes largué et vice-versa. Intenses, mais pas autant que celles d’un Burnout Paradise … Halte-là me diront certains, c’est NFS et pas Burnout, donc c’est moins bourrin. NON ! Most Wanted est bourrin, les concurrents sont agressifs et ne peuvent pas passer à côté de vous sans vous mettre un coup d’aile au moins une fois sur deux, mais étrangement les contacts sont beaucoup, beaucoup, moins bien gérés que dans le dernier bébé de la série phare de Criterion. Il est question de pouvoir mettre des « Takedown », comme dans Burnout, mais ceux-ci sont mous, des fois ça marche, des fois non. Des fois on nous touche à peine et on part dans le décor, d’autres les ennemis paraissent faits d’acier trempé tant leur bolide semble imperturbable face à nos coups de boutoirs. Je n’arrive pas à comprendre comment en cinq ans Most Wanted parvient à nous proposer une telle régression. Il est probable que Criterion n’ait pas réussi à assumer le côté bourrin du titre, mais vos adversaires, eux, le sont bel et bien. On a donc un jeu de boucher, mais la sensation de ne pas pouvoir lutter à armes égales avec l’IA. C’est très frustrant manette en main. D’autant plus que tant sur console de salon que sur portable, le trafic ne viendra qu’à de rares reprises vous barrer la route. Ce n’est pas une ville morte mais Paradise avait une circulation plus dense. Cela paraîtra probablement comme étant un défaut important pour certains, mais dans les faits je n’ai jamais été gêné par le manque de voitures m’arrivant à contresens, ou me coupant la route à l’entrée d’un carrefour. Pour tout dire, malgré ça, je me suis tout de même fréquemment crashé, mais bien évidemment rien à voir niveau difficulté avec ce que peut proposer un Burnout Dominator, par exemple.

T’as pas d’amis ? Prends un curly !

Ce qui sauve le titre selon moi du naufrage c’est l’intégration omniprésente du multijoueur. A chaque croisement, chaque carrefour, vous pourrez comparer vos temps, l’avancement de vos défis, les résultats des courses avec chacun de vos amis possédant le jeu. Les alertes Autolog viendront vous signifier si de nouveaux événements sont disponibles pour améliorer et battre les temps de vos adversaires connectés. Très clairement, c’est la force du titre, c’est ce qui booste considérablement sa durée de vie. Il est concrètement possible de passer une heure sans toucher à la progression solo, juste en vous mesurant aux performances des personnes de votre liste d’amis. Et ça ne concerne que la partie « passive » du multi, puisqu’il sera possible de s’affronter jusqu’à 8 sur internet dans l’intégralité de la ville. L’hôte choisira les courses, créera sa playlist de défis, et vous voilà partis pour de nombreuses minutes de bonheur. Tout cela est varié en plus, défis de jump, dérapages, « king of the hill » … du très bon boulot. Mais pour terminer j’ajouterai que Paradise proposait déjà pratiquement tout ça, début 2008. Seule déception, l’absence des flics en multi. A prévoir pour un DLC ?

Ayant pu jouer à la version PlayStation Vita, et même la terminer, la conversion est de qualité. Quantitativement, tout est là : des voitures, aux flics, à l’open-world. La différence est d’ordre technique, avec un léger downgrade graphique et un mode multijoueur réduit à quatre. Mais globalement, oui, c’est la PlayStation 3 dans la poche. Je pense que pour la première fois dans l’histoire d’une console portable, des développeurs ont réussi à proposer une expérience de jeu identique à celle que l’on peut avoir sur une console de salon. Même si WipEout 2048 a déjà démontré le potentiel de la dernière de chez Sony, la qualité même du titre faisait que l’on se devait de garder quelques réserves. Ici, même si le trafic est un peu plus léger -ce qui n’était de toutes façons pas une qualité des versions PS360- il est remarquable de constater que l’intégralité du jeu est la même. Surtout, on en retrouve les sensations, ce qui est un tour de force sur un si petit écran. Je peux affirmer que de mon point de vue la Vita réussi là où la PSP a échoué, c’est à dire dans le fait de proposer une véritable alternative portable aux consoles HD, alors que la PSP ne pouvait supporter les concepts les plus ambitieux des titres de la génération précédente. Le portage sur smartphone est quant à lui significativement différent, en environnements fermés et sans open-world, support oblige, le jeu se rapproche d’un Burnout tout à fait classique. Le fun, les takedowns bien gérés, et le trafic dense en moins. Un jeu d’appoint adapté au public à qui il est destiné, mais en aucun cas comparable à la version Vita, qui a, elle, la même ambition que la version de salon et PC.

 

Need for Speed Most Wanted est un bon jeu, réellement, et je ne me fais aucun soucis pour tout acquéreur du titre : pas de soucis mec, tu vas t’amuser dessus. Suivant comment vous vous placez, je ne le conseillerai cependant pas les yeux fermés à tout le monde. Ayant connu le titre précédent de Criterion, pour être honnête, j’ai eu pendant l’intégralité de mes sessions de jeu l’impression de jouer à Burnout Paradise. En moins fun, en moins varié, en moins speed, en moins long … En moins bon, tout simplement. Ça ne saurait être dérangeant si la proximité entre les deux titres n’était si limpide, si évidente, studio de développement mis à part. Tous les mécanismes sont repris, sauf qu’en cinq ans quelque chose s’est envolé, quelque chose comme l’envie de faire un vrai bon jeu, le temps, ou les moyens financiers : seuls les gars de chez Criterion savent réellement ce qui s’est passé durant ce laps de temps. C’est dommage, car là où j’aurais pu jouer à un Burnout Paradise 2.0, j’ai l’impression d’avoir eu face à moi une version 0.5.

 

L'avis général

  • C'est beau !
  • Les voitures et les environnements vraiment variés
  • Le multijoueur très réussi
  • Un copié collé de Burnout Paradise ...
  • ... en moins bon !
  • La durée de vie en solo, forcément
  • Un peu mou du genou au niveau des collisions
  • Une conduite qui manque de fun
Deux reboots de la série en deux ans. Après avoir été à l'origine de la gestation de Hot Pursuit en 2010, qui était au passage excellent, Criterion remet le couvert pour s'attaquer à la licence Most Wanted laissée orpheline depuis 2005. Conservant le principe des dix pilotes à battre pour s'installer sur le siège de numéro 1, cette nouvelle itération intègre toutefois énormément de mécanismes issus de Burnout Paradise, sorti en 2008. Malheureusement, ce dernier, déjà âgé de presque cinq ans, ridiculise son petit frère à quasiment tous les niveaux, en dépit d'un mode multi vraiment bien fichu. Ni vraiment un Burnout, ni un Need for Speed, Most Wanted est loin d'être un mauvais jeu ... mais à choisir, pourquoi ne pas lui préférer son modèle ?