Apparu pour la première fois lors de la Gamescom 2013, Murasaki Baby a tout de suite attisé la curiosité de bon nombre de joueurs et de journalistes, de par son identité visuelle très forte bien que rappelant immanquablement l’univers burtonien. De plus, une exclu Vita mettant à profit les capacités tactiles et gyroscopiques de la console, c’est suffisamment rare pour ne pas passer inaperçu.
Un peu plus d’un an plus tard, le jeu débarque sur le PS Store de la portable de Sony, pour vous proposer une virée qui ne manquera pas de vous enchanter, à défaut de marquer les esprits.
Prendre un enfant par la main
Vous dirigez donc cette petite fille à la fois adorable et hideuse, dont la bouche se trouve au dessus des yeux, et qui balade en permanence un ballon violet en forme de coeur, qui fait office d’unique point de vie. S’il éclate ou si elle le lâche et qu’il flotte trop longtemps dans les airs, vous perdez et retournez au dernier checkpoint. L’objectif du jeu apparaît clairement dès le début de l’aventure, il faut l’aider à retrouver sa mère, et pour ce faire vous devrez tenir la petite par la main et la faire avancer à travers plusieurs niveaux, dans lesquels vous rencontrerez d’autres enfants qui vous aideront ou que vous aiderez.
À l’exception d’un unique passage, l’intégralité du jeu se fait sans les sticks ni les boutons, vous touchez l’écran pour attraper la main de la gamine et la faire avancer, et pour faire bouger le ballon quand c’est nécessaire. Et vous touchez le pavé tactile arrière pour modifier le décor en fond, ce qui influe directement sur le gameplay.
Les hauts et les bas du tout tactile
Le tactile arrière est utilisé à la perfection, en faisant glisser le doigt dessus vous passez d’un fond à l’autre, et en tapotant vous déclenchez son effet. En fonction de chacun il est par exemple possible de faire tomber la pluie, de faire apparaitre des plates-formes, ou encore de distraire temporairement un personnage que vous croiserez plusieurs fois et qui vous rappellera fortement un autre jeu.
Le constat est un peu moins reluisant pour l’écran tactile, et ce pour deux raisons. Tout d’abord il arrive que la reconnaissance soit un peu hasardeuse, il faudra parfois vous y prendre à plusieurs reprises afin de saisir sa petite main. On retrouve également ce problème avec le ballon, qu’il faudra régulièrement déplacer afin d’éviter des ronces ou des projectiles assez originaux. Le voir s’échapper de votre doigt sans raison pour foncer directement sur un élément coupant du décor, ou ne pas réussir à l’attraper assez vite, sera chaque fois synonyme de frustration, créant de la difficulté là où il ne devrait pas y en avoir.
L’autre souci lié à l’écran tactile est la lisibilité, lorsqu’il faut faire avancer la petite fille tout en tenant son ballon, vous vous retrouvez avec deux doigts sur l’écran et vous ne voyez plus grand chose.
Quand le glauque se fait mignon
L’univers de Murasaki Baby parlera forcément aux fans du réalisateur des Noces Funèbres, qui aiment les mondes dans lesquels l’émerveillement peut être suscité par tout ce qui est ordinairement repoussant. Du personnage principal aux éléments du décor, en passant par les autres enfants, la direction artistique du jeu est extrêmement soignée, le rendu crayonné des graphismes est du meilleur effet, associé à l’utilisation mesurée des couleurs, pour un univers vraiment unique.
La bande son n’est pas en reste, alternant entre bruits de fond et notes de piano ou de boîte à musique, qui collent parfaitement avec ce qui se passe à l’écran. Le générique de fin, composé par le génial Akira Yamaoka (qui a composé les bandes originales des premiers Silent Hill), clôture parfaitement l’aventure, mais alors que vous l’écouterez avec le sourire aux lèvres, un petit arrière-goût d’inachevé se fera de plus en plus présent.
Des idées et des bonnes intentions
Premier constat lorsqu’on finit le jeu : deux heures maximum ont suffi pour arriver au dénouement. On a un peu le sentiment d’avoir survolé ce qui aurait pu être une aventure bien plus complète, les idées ne paraissent pas assez exploitées, alors que le jeu n’en manquent pas et propose de jolies trouvailles. Les possibilités offertes par les changements de décor en arrière-plan auraient elles aussi pu être bien plus grandes, et les plus audacieuses n’interviennent que tardivement ou ponctuellement, chaque niveau du jeu ayant ses propres arrière-plans qui ne sont pas disponibles dans les autres. Votre matière grise ne sera pas mise à mal par les quelques phases demandant un peu de réflexion, en revanche il faudra compter sur votre dextérité pour certains passages au cours desquels il faut jongler entre plusieurs fonds tout en faisant avancer la fillette.
La relation entre le joueur et cette dernière n’est d’ailleurs pas aussi forte que l’on aurait pu l’espérer, bien que tout soit fait pour qu’on la trouve attachante. Mais difficile de vraiment créer un lien en si peu de temps, malgré certaines attitudes indéniablement mignonnes, comme lorsqu’elle trépigne avant chaque saut, puisqu’elle adore visiblement bondir par dessus des trous. Alors même qu’il n’y a aucun dialogue dans le jeu, l’envie de l’aider à avancer et de préserver son ballon à tout prix se font rapidement sentir, mais les soucis de gameplay évoqués plus haut auront parfois raison de votre instinct protecteur. L’émotion que la fin du jeu cherche à provoquer est quand même là, on ressent bien un petit quelque chose, mais tous les joueurs ne se sentiront pas réellement touchés.
Malgré ses petits défauts d’ergonomie et sa durée de vie maigrichonne, Murasaki Baby reste un jeu très agréable à parcourir, qui vous emmène sans mal dans son univers joliment dérangé. Dommage simplement qu’il n’aille pas plus loin dans ses idées, et que les passages un peu difficiles soient surtout dus à des imprécisions de gameplay. À l’image de son personnage principal, le jeu aurait probablement eu besoin d’être un peu tiré par la main afin d’atteindre son véritable objectif.
L'avis général
- Petit prix...
- Direction artistique très soignée
- L'exploitation des spécificités de la Vita
- ... Pour petite durée de vie
- La reconnaissance tactile pas toujours parfaite
Murasaki Baby fait partie de ces jeux sans grande prétention qui suscitent malgré tout une attente assez forte avant leur sortie, et on ne peut s'empêcher de ressentir une petite déception une fois le titre terminé. Ses qualités en font cependant un voyage qui mérite quand même le détour, ne serait-ce que pour la beauté morbide des paysages, ses personnages atypiques et l'utilisation du tactile arrière.