• Développeur : Most Wanted Entertainment
  • Editeur : Anuman Interactive
  • Site Web : PAL
  • Version testée : 3DS
  • Classification :
    Sigle âge 3 ans et plus
    Francaise : 19/06/2015
    Americaine : 11/08/2015
    Japonaise : nc/nc/nc
  • Existe aussi sur PC, Mac, iOS, Android
  • PEGI :

Garfield Kart

Rédigée par

Parfois, la réalité nous présente des phénomènes très étranges que nos cortex cérébraux ne parviendront jamais à analyser proprement. Que ce soit les illusions d’optique, des morceaux de bravoure contorsionnistes ou des trajectoires d’avions en papiers défiant toute physique, nous avons tendance à nommer ces événements « les bugs dans la matrice » depuis la trilogie des Wachowski. Je parle de ces petits moments au ralenti qui nous font demander s’il s’agit bien de la vraie vie ou s’il s’agit d’un cauchemar né d’une micro-sieste impromptue. La production de Garfield Kart fait partie de ces séquences suspendues dans l’espace-temps et je ne parle pas du jeu en lui-même qui avec ses nombreux ralentissements et bugs correspond lui-aussi totalement à la phrase précédente.

Des choix plus que douteux

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En voyant cet artwork, on se dit que c’est pas magnifique mais vu le prix ça passe, grossière erreur…

Garfield Kart est comme son nom l’indique un jeu de Kart utilisant la licence Garfield édité sous le label Kids’ mania, le magazine du début des années 2000 qui était ma bible étant enfant et qui rend ce jeu encore plus traumatisant (imaginez par exemple un logo Joystick à la place pour comprendre le choc qu’a enduré mon enfance). Ce label sert aux productions d’Anuman destinées aux enfants de « 0 à 7 ans », Anuman Interactive qui publie ce jeu avec la collaboration de Ravenscourt, filiale de Deep Silver qui appartient elle-même à Koch Media. Non, avec autant de sociétés et de filiales, vous ne vous êtes pas subitement perdus dans un article dénonçant un circuit financier de blanchiment de fraude fiscale mais bien dans une critique de Garfield Kart. Le jeu est quant à lui un portage 3DS réalisé par Most Wanted Entertainment d’un jeu d’Artefacts Studio sorti en 2013. Tout ça pour dire que ce jeu n’est pas l’acte d’un individu isolé mais que pas moins de sept équipes ont eu le jeu entre les mains sans jamais dire « Vraiment les gars ? Vous êtes sûrs ? ».

Commençons avec la licence, pourquoi Garfield ? Le jeu étant destiné aux tous petits, je dois avouer que j’ai très rarement vu des bambins dans la rue avec des t-shirts « I Hate Mondays ». Avec son prix relativement bas, le titre cible surtout les adultes un peu paumés, les oncles et les grands-parents qui vous offraient toujours des figurines louches et particulièrement génériques (« Quoi tu es fan de Batman ? Voici un Cowboy qui ressemble vaguement à John Wayne. »). Là on aura « Tu voulais Mario qui fait du Kart sur 3DS, ben c’est Garfield qui fait du kart sur 3DS, il est très bien Garfield ». D’ailleurs, autant le dire immédiatement, mes connaissances sur l’univers de Jim Davies se limitent au chat orange, son amour des lasagnes, sa haine des lundis, Jon l’humain et Odie le chien idiot. Impossible pour moi de vous dire à quel point le jeu est donc fidèle à l’œuvre originale.

Enfin bon, jouer avec ses amis a-t-il déjà été un des aspects essentiels de Mario Kart ? Non, ça se saurait.

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Voila la vraie tête du jeu.

Il faut saluer le choix du jeu de kart qui est le genre officiel du « on voulait se faire de l’argent facile sur le dos d’une licence mais sans avoir à faire d’efforts » comme en témoigne la longue liste de jeux dont fait également partie Crazy Frog Racer. Mais le vrai courage de cette version se trouve dans son support. Garfield Kart est sorti en 2013 sur iOS, Android, PC et Mac et la suite Garfield Kart Fast & Furry est déjà disponible gratuitement depuis février. Il y a donc plusieurs groupes de professionnels qui se sont dit « Hé on a un clone de Mario Kart qui marche très moyen sur smartphones ! Et si on le sortait sur une console qui a déjà un Mario Kart ? ». Pire encore, si cette version coûte entre 4 et 15 fois plus cher que les autres, de nombreux modes ont fait leur disparition. Ainsi finis les items à trouver pendant les courses, plus de tutoriel, il faudra se contenter de textes, plus de missions journalières mais surtout plus de modes multijoueurs, que ce soit en local ou en ligne. Les anciennes versions permettent de faire des parties entre les utilisateurs iOS, Android, PC et Mac, le portage ne gère même pas la possibilité de faire des parties entre deux 3DS. Enfin bon, jouer avec ses amis a-t-il déjà été un des aspects essentiels de Mario Kart ? Non, ça se saurait.

Le ratage de la réalisation

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Si seulement il était possible d’éviter l’item ultime qu’est la barrière d’aliens…

Si on oublie le multijoueur et le fun, le reste des classiques du plombier sont présents. Il est possible de faire les courses dans les catégories 50, 100 et 150cc, en grand prix ou en contre-la-montre. Le système de dérapages donnant un turbo est également de la partie, les connaisseurs de la série d’origine auront en revanche plus de mal avec les objets et il faudra un certain temps d’adaptation pour savoir quelles sont les conséquences de tel ou tel item. Certains tiennent de la logique tirée par les cheveux. Mario consomme des champignons, Garfield des lasagnes donc les lasagnes donnent un boost. Par contre, il faut surtout éviter les diamants qui sont des bombes si les fans de Garfield apprécieront le clin d’oeil au running gag, les autres se poseront beaucoup de questions. La carapace bleue est remplacée par trois soucoupes volantes qui se mettent en travers du chemin pour bloquer les deux tiers du passage du premier, idée qui serait plus efficace si les fameux vaisseaux se mettaient quelques mètres devant le leader et non à un demi-tour d’avance. Tout n’est pas à jeter au niveau des items avec par exemple la baguette magique qui permet d’inverser les positions entre la victime et le lanceur du sort.

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Regardez bien la ligne jaune, c’est pas permis de faire ça.

Dans son concept, Garfield Kart n’est pas un mauvais jeu mais il aurait mérité qu’au moins une personne y joue avant sa commercialisation. Si les décors sont moins vides que ce à quoi on pourrait s’attendre, le jeu souffre de ralentissements conséquents mais également très fréquents suivis d’accélérations tout autant inexpliqués. Ces phénomènes ne sont même pas liés à l’action trop intense puisqu’ils arrivent toujours dans les mêmes portions de circuits même en mode Contre-la-montre sans adversaires ou objets. Graphiquement, le jeu est tout aussi calamiteux puisqu’il mériterait d’être l’image d’illustration de la notion de crénelage dans le dictionnaire, et cela sans compter sur la 3D qui augmente cet effet sans pour autant apporter d’impression de profondeur. La texture de la route se charge à un mètre du kart pour remplacer une autre texture provisoire qui apparaît elle-même deux mètres avant le kart à la place de la texture faite pour être affichée sur les grandes distances.

Un nid à problèmes

Après quelques heures, on a envie de forcer ce jeu à marcher nu dans la rue tandis qu'on le suit en criant en boucle "Honte !"

Après quelques heures, on a envie de forcer ce jeu à marcher nu dans la rue tandis qu’on le suit en criant en boucle « Honte ! »

En parlant de la route, autant aborder ce qui est le gros problème du jeu. Dire qu’on ne ressent pas la route serait mentir car on a l’impression que le véhicule et le terrain ne sont même pas sur le même plan d’existence. Il semble impossible de rater un virage vu que la moindre inclinaison du stick permet de traverser la majorité de la largeur de la route en un instant. Prendre un obstacle relève de l’exploit vu leur rareté et la maniabilité des karts. Résultat, rien ne gêne le pilote qui n’est pas freiné par les sorties de route. Les créateurs des circuits ont pris le soin de mettre des parties en sable, terre, boue placées dans des endroits stratégiques comme les raccourcis mais sans la moindre conséquence, il faut juste rouler. Ainsi, avoir mis des virages plus techniques est très gentil mais si on peut foncer tout droit, cela n’a aucun intérêt. Le tout est d’autant plus risible en l’air puisqu’il est possible de prendre un tremplin n’importe comment, tourner comme on veut en l’air pour se remettre sur le circuit et même commencer le dérapage du prochain virage avant de retomber.

Heureusement, la difficulté vient des nombreux bugs. Entre les murs invisibles qui se dressent aléatoirement sur votre chemin et les obstacles que l’on peut traverser. Garfield Kart est une expérience intéressante pour les sens. Parfois, le pilote traverse le sol, parfois il s’envole pour ne plus jamais retoucher la terre ferme, souvent il se téléporte. Il ne faut pas se fier à ses yeux, vous prendrez les pièges qui se trouvent loin de vous mais ceux sur lesquels vous roulez ne vous feront rien. Parfois, le modèle 3D du pilote et de son véhicule se déforme dans les virages de façon tout aussi inexplicable. Il arrive également que les IA s’arrêtent simplement en pleine course, même vos objets peuvent vous attaquer dans ce jeu. En parlant des objets, il est d’ailleurs très énervant de ne pas les entendre arriver ni même les voir quand ils viennent dans le dos. Le problème est le même pour les autres concurrents dont les karts ne font pas le moindre bruit donnant au tout un étrange sentiment de solitude même quand les adversaires sont à l’écran.

L’influence du jeu mobile

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Dans n’importe quel jeu, cliquer sur le circuit suffirait pour lancer la partie, mais pas ici.

La durée de vie est correcte pour ce contenu puisqu’en plus des 16 circuits, le jeu n’est pas avare de récompenses. En plus de devoir débloquer les personnages (enfin quand cela marche, chez moi, le dernier pilote refuse de se débloquer), il est également possible d’obtenir des pièces de customisation pour améliorer son engin, lors des grands prix mais aussi lors des courses contre-la-montre en cas de nouvelle médaille. Les chapeaux influent sur les items et donnent un boost s’ils sont utilisés avec le bon personnage. Le système de boost fonctionne également entre les voitures et les ailerons. Chaque élément est disponible en version bronze, argent et or et il est possible de les obtenir en double, augmentant ainsi considérablement le temps de jeu pour ceux qui sont syllogomanes. Pour finir, il est possible de dépenser les pièces ramassées lors des courses pour obtenir des coups de pouces pour partir en pôle position ou s’assurer que tel item apparaît plus souvent.

L’équipe a laissé la boutique des achats in-app même s’ils sont impossibles dans cette version, preuve ultime qu’ils s’en foutent totalement.

L'écran du bas avec son indicateur de classement judicieusement placé

L’écran du bas avec son indicateur de classement judicieusement placé

L’influence du jeu mobile se sent principalement sur l’interface avec un menu principal qui n’explique rien vu qu’il n’est composé que d’icônes. Les menus sont particulièrement irritants car uniquement tactiles et demandant toujours de confirmer son choix en appuyant sur suivant, là où un autre jeu passerait directement à la suite. D’ailleurs le jeu ne profite d’aucune fonction de la 3DS en dehors de la capture de mouvement permettant, si activée, de faire tourner le véhicule comme les versions smartphones et tablettes le faisaient déjà. En revanche, l’équipe a laissé la boutique des achats in-app même s’ils sont impossibles dans cette version, preuve ultime qu’ils s’en foutent totalement. Outre la musique qui se veut amusante mais qui sonne comme les musiques au clavier Bontempi qu’on entend dans les émissions de chutes de la TNT, terminons avec deux éléments mal pensés que sont la caméra et l’affichage de la position. La caméra est très proche du véhicule et ne change pas d’angle selon la situation ce qui rend le jeu injouable lorsque l’on monte une côte, puisque nous voyons presque le personnage du dessus et non la route qui arrive. La position est quant à elle affichée en bas de l’écran inférieur et par conséquent inaccessible la plupart du temps même s’il s’agit de l’information la plus importante à connaître lors d’une course.

Pour résumer, Culture Games ne peut pas consciemment vous conseiller Garfield Kart. Si dans son idée, la tentative semblait louable cette version n’est au final qu’une démo à 30€ d’une application qui coûte moins de deux euros. Nous préférons largement vous recommander Mario Kart 7 sur la même console ou même la suite gratuite plutôt que ce jeu qui ne semblerait pas si malhonnête s’il était proposé sur l’eShop sous la barre des 5 euros.

Jeu et images fournis par l’éditeur

L'avis général

  • Une personnalisation poussée
  • La baguette magique
  • L'absence de multjoueur
  • Les bugs
  • Le crénelage
  • La musique
  • Le prix
Pas vraiment de suspense au niveau de son contenu, Garfield Kart est un jeu de course utilisant la licence de Jim Davies. Nouvelle tentative de se faire un peu d'argent avec un personnage connu, le jeu ne fait clairement pas d'efforts ou au moins a abandonné en cours du route, si on en juge par la complexité des circuits pourtant non-exploitée par le jeu. Le tout est au final, l'adaptation d'une application mobile vendue 30€ en magasin, histoire d'achever toute idée de sympathie qu'on pourrait avoir.