Peut-on révolutionner le genre du runner ?
Sorti discrètement avant Noël, le jeu Geki Yaba Runner Deluxe permet aux utilisateurs de Nintendo 3DS de s’essayer au genre du runner, si populaire sur smartphones. À l’heure où le marché est saturé, ce jeu mettant en scène un gnome peut-il se faire un nom ? Plus ou moins.
Un level design fade qui ne raconte rien
Difficile de développer une histoire lorsqu’on décide de créer un jeu type runner. Comment développer des personnages et une intrigue lorsque la condition sine qua non consiste à faire courir droit devant (de profil ou de dos) notre personnage principal. Si l’arrivée récente de Mario dans ce genre prisé des joueurs nomades réutilise les ficelles appréciées des joueurs nostalgiques, d’autres utilisent le genre pour valoriser certains aspects via un level design ingénieux.
Canabalt par exemple se racontait à travers son décor et son choix de la monochromie, nous plongeant dans un univers futuriste que l’on imagine dystopique; Jetpack Joyride misait lui davantage sur la profusion d’éléments pour nous faire ressentir une réelle adrénaline et un dépassement de soi. Que propose au fond Geki ? Peu de choses au niveau de son level design.
En effet, on découvre des sprites assez interchangeables d’un niveau à l’autre, puisant dans les lieux communs (pour ne pas dire clichés) de l’univers du conte. Un château fort, une forêt maléfique et c’est à peu près tout.
Mais un scénario qui tente (parfois) l’originalité
Si Geki est fainéant dans son level design, il tente néanmoins d’apporter un peu de folie dans son scénario. Il s’agit une fois encore de sauver une princesse, clin d’oeil au Mario originel, sauf que notre personnage principal est un gnome et qu’il doit également…collecter des chaussettes. Un écart qui nous sort du schéma classique en allant regarder du côté de South Park, je ne peux m’empêcher de penser aux nains voleurs de slips.
Quelques cinématiques à base d’images fixes viennent parfois nous narrer les mésaventures de notre gnome, mais ces dernières demeurent bien trop rares pour captiver l’audience. Elles arrivent de temps en temps, mais ne rythment pas nos parties et ne créent pas réellement d’attente.
Un gameplay simple et efficace
Au fond, si le jeu déçoit dans sa capacité à raconter, même dans les limites du genre, quelque chose au joueur, il fait le travail lorsqu’il s’agit de nous donner ce que l’on attend d’un tel produit : du challenge et de l’addiction. En effet, le jeu propose 130 niveaux et le tout est très prenant.
Si les mécaniques se complexifient petit à petit, on gère par exemple un parachute, la vitesse de notre retombée, un pouvoir pour détruire ce qui nous bloque, etc., globalement le gameplay se restreint à appuyer sur A. Le reste n’est qu’une question de rapidité et de coordination oeil-main.
Le plus difficile pour le développeur s’engouffrant dans un tel créneau est de réussir à nous passionner sans nous frustrer. Mission plus ou moins réussie. En effet, les checkpoints sont nombreux et permettent de rapidement retenter sa chance. Le respawn de notre personnage est également très rapide et vient tarir notre frustration, car oui parfois il faudra 30 essais ou plus pour réussir un niveau.
Le joueur doit collecter un certain nombre de chaussettes pour accéder au niveau suivant. Évidemment, un système de score et médailles vient féliciter les plus endurants tentant de collecter toutes les chaussettes du niveau. Alors où est le problème ? Probablement dans le fait que certains niveaux sont très complexes, même pour atteindre le score minimum. Autre souci, le jeu propose d’utiliser une pièce pour passer un niveau or on ne peut passer qu’un niveau. Il faut terminer le passage où l’on bloquait pour récupérer sa pièce et squeezer un énième level difficile.
Bref, si Geki Yabba Runner est un jeu prenant et bien fait, il n’en reste pas moins paresseux dans son level design et surtout un brin frustrant dans sa gestion de la difficulté. Les plus acharnés aimeront, les autres pesteront un peu.
L'avis général
- Un réel challenge
- La demi-originalité de l’histoire
- 130 niveaux au total, de quoi faire
- Level design paresseux
- Une difficulté pas toujours bien gérée