The Binding of Isaac est un jeu sorti le 28 Septembre 2011 (dôté de l’extension Wrath of the Lamb le 28 Mai 2012 – Version testée) sur PC et développé par la Team Meat (auteur de l’excellent Super Meat Boy). A l’instar de son prédécesseur qui lorgnait sur Super Mario, The Binding of Isaac est un hommage à une autre légende : The Legend of Zelda, premier du nom.
En effet, on a affaire ici à une sorte de Dungeon Crawler 2D en vue du dessus dont la difficulté, elle aussi, rappelle les jeux d’antan.
Alors, ce Binding of Isaac ne fait-il que recycler un concept déjà prémâché et prédigéré depuis une vingtaine d’années ou avons-nous devant nous un véritable jeu indépendant incluant tout ce qu’il faut d’originalité et de nouveauté ? A en voir par le pedigree de ce cher Edmund McMillen (fondateur de la Team Meat), on peut déjà avoir une petite idée sur la question.
Le domaine de Dieu est dans la cave
Isaac est un petit garçon, tout ce qu’il y a de plus normal et sa mère, quoique scotchée jour et nuit devant des programmes religieux à la télé, est une mère souriante et bienveillante. Mais un jour, celle-ci entend Dieu qui lui dit que son fils, Isaac, est en proie au mal et qu’il faut absolument l’en éloigner. Notre Maman ne se fait pas attendre et voilà que notre jeune garçon est enfermé nu dans sa chambre avec pour seuls jouets du papier et des crayons. Pourtant, notre Père qui est aux cieux n’a pas l’air satisfait et reprend contact avec notre maternelle.
Cette fois il est clair, Isaac est possédé par le Malin et il doit être sacrifié pour son propre bien mais aussi que notre mère prouve sa foi éternelle envers son Seigneur. Et alors que vous étiez tranquillement en train de dessiner dans votre chambre, voilà que surgit votre mère armée d’un couteau de cuisine, bien décidée à en finir avec vous pour accomplir la volonté divine. Heureusement, Isaac réussit à s’échapper de peu en se faufilant dans une trappe cachée sous un tapis et pénètre dans la cave de sa maison, là où commence votre aventure.Tout ceci s’inspire évidemment de l’épisode biblique où Abraham doit sacrifier son fils Isaac pour prouver sa foi envers Dieu. Ce choix de référence peu courant dans le jeu vidéo (et qu’on retrouve notamment dans l’étrange El Shaddai : Ascension of the Metatron) est la première chose qui nous indique que The Binding of Isaac est bien plus qu’un simple jeu et qu’il ne fait pas que puiser une partie de son GamePlay dans les classiques du genre. Celui-ci est d’ailleurs très simple sur le papier : les touches ZQSD pour diriger le personnage, les flèches directionnelles pour tirer les projectiles, vos larmes, dans 4 directions, Shift pour déposer une bombe et la barre d’espace pour utiliser votre objet spécial. Pourtant, cette simplicité renferme un challenge réservé aux plus persévérants des joueurs, et ce, pour plusieurs raisons.
Une descente aux Enfers
Chaque partie constitue une nouvelle descente pour Isaac dans les profondeurs de sa cave. Celle-ci est divisée en plusieurs étages (The Basement, The Caves, The Catacombs, et bien d’autres) eux-mêmes divisés en deux « blocs ». Plus vous descendez et plus le donjon sera grand et rempli de créatures mortelles. Mais le réel point fort de The Binding of Isaac est sa génération aléatoire des niveaux.
Jamais les salles ne seront disposées de la même manière, avec les mêmes bonus ou les mêmes boss, ainsi, chaque partie est différente. L’autre élément qui participe à ce hasard sont les power-up. Chaque « bloc » est constitué, au minimum, d’une salle de boss, d’un magasin et d’une salle au trésor. Les deux dernières nécessitent une clé pour y avoir accès mais ne pas pénétrer dans la salle au trésor est souvent synonyme de suicide. En effet, vous pourrez y obtenir un objet parmi plus d’une centaine dont l’effet est plus que variable : cœur supplémentaire, vitesse augmentée, larmes téléguidées, familier ou encore un objet qui se recharge après utilisation. Généralement puissant, il peut vous permettre de tuer tous les ennemis dans une salle, ou encore de vous soigner, mais il peut arriver que son effet soit dérisoire comme par exemple l’objet intitulé « The Poop » dont je laisse l’honneur aux anglophones d’imaginer son utilité.L’air de rien, ce qui peut paraître pour un bonus, est aussi une source de difficulté supplémentaire dans The Binding of Isaac. Comme vous avez dû le comprendre, vous ne serez pas pris par la main, et ce parti pris est totalement assumé, ainsi, les effets des objets que vous ramasserez ne seront pour ainsi dire jamais expliqués et il vous faudra tous les retenir pour éviter qu’ils ne se retournent contre vous. Il faut également ajouter à ça les consommables comme les cartes ou les pilules : les premières peuvent vous téléporter ou encore faire apparaître une machine à sous tandis que les secondes augmentent ou diminuent vos stats, de manière aléatoire. En effet, à chaque partie, là où l’effet d’une carte est fixe, celui de la pilule change. Si durant une première descente, la pilule bleu augmente votre vitesse, que vous mourrez et que vous en recommencez une seconde, cette même pilule bleue pourrait vous blesser.
Tous ces effets procurés par ces bonus sont cumulables et changent aussi le skin d’Isaac qui s’en affublera de manière, le plus souvent, étrange et ressembler à un amas démoniaque avec 3 yeux et un sac à main vers la fin du jeu n’est en rien étonnant. Il est bon de noter que le design du jeu est ultra-simpliste mais sait rester très original tant les monstres rencontrés sont étranges, les boss plus gores les uns que les autres et les objets peu communs. Les environnements aussi sont plutôt variés, notamment sur les derniers étages, quoiqu’un chouilla classique (enfer/paradis pour ne nommer que ceux-là) mais le tout colle parfaitement à l’ambiance sonore du titre.Plutôt sombre et glauque dans ses musiques, emplies de bruits de type « fécales » et de cris parfois terrifiant dans le sound design et enfin constituée de riffs agressifs contre les boss, Danny Baranowsky fait encore preuve de talent après avoir œuvré sur Super Meat Boy, même si les musiques de ce dernier restent beaucoup plus marquantes. Malgré tout, et notamment grâce aux graphismes sans prétention, le jeu est très peu gourmand en matière de RAM, devenant presque un jeu flash, même si l’animation a tendance à ralentir quand trop de monstres sont à l’écran, même si cela est un détail comparé aux nombreuses qualités dont le challenge (très) relevé en est un, pour ceux qui en sont à la recherche.
Du Challenge : En veux-tu, en voilà !
Les ennemis, variés et cependant glauques et malsains (zombies, « Elephant Man » cracheurs de mouches, cerveaux rampants…) ne vous laisseront rarement le droit à l’erreur. Le plus souvent, il suffira d’esquiver leurs attaques ou leurs projectiles pour venir à bout de ces monstres, ce qui n’est finalement qu’une affaire de réflexes et d’habitude mais les combats contre les boss réservent un tout autre niveau de difficulté.Ceux-ci, qui sont un peu plus de cinquante se situeront à la fin de chaque « bloc » (soit deux par étage). Les premiers, qui ne nécessiteront qu’un peu de patience et de réflexe seront vite remplacés par des beaucoup plus durs qui demanderont un apprentissage de chacun de leurs mouvements (ou pattern) pour espérer s’en sortir. Bien évidemment, vous serez récompensé en conséquence par un objet, qui n’augmentera pas forcément votre total de cœurs à la manière d’un Zelda pour ne citer que lui. Encore une fois, The Binding of Isaac n’a rien à envier à son grand frère côté durée de vie. Même si beaucoup de joueurs seront vite découragés par la difficulté excessive du soft (qui gagne encore en intensité avec l’extension), le nombre affolant de succès, les 14 fins disponibles, les 7 personnages jouables (6 sont à débloquer) tous bénéficiant de capacités différentes, les 10 challenges, les bonus cachés et j’en passe et des meilleurs, autant dire qu’il va vous falloir du temps pour faire le tour de ce jeu qui, qui plus est, offre grâce à son système de générateur de donjon, une expérience toujours différente à chaque partie. A savoir qu’en moyenne, après avoir pris le coup de main, il vous faudra plus ou moins 1h pour boucler une descente et bien sûr, pas moyen de sauvegarder en plein milieu ! Ce choix, à nouveau issu d’un aspect rétro totalement assumé, peut paraître (trèèèès) frustrant quand on meurt devant le boss final alors qu’il lui restait un pixel de vie et qu’il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer. Là encore, selon le type de joueur que vous êtes, cela pourra paraître comme un avantage ou comme un inconvénient mais, ce qui est sûr, c’est que vous en aurez pour votre argent. Pour un peu moins de 10 euros, les joies de The Binding of Isaac et de son extension s’offrent à vous, sans compter les promotions imbattables de Steam qui le font tomber parfois à un prix inférieur à 3 euros.
The Binding of Isaac est donc une valeur sure pour qui recherche le challenge. Son petit prix et sa jouabilité relativement simple sont des arguments de qualités et son parti pris graphique ne doit en aucun cas vous empêcher de tester cette perle du jeu indépendant qui vous tiendra en haleine de longues heures durant. Alors, munissez-vous de votre courage, préparez vos doigts et pénétrez dans le monde étrange d’Isaac, qui est peut-être un cauchemar pour lui, mais un véritable délice pour qui sait surmonter l’épreuve !
L'avis général
- Le Challenge proposé
- Le Rapport qualité/prix
- La durée de vie
- Le côté rétro
- La difficulté ( parfois ) outrancière