Ce rêve bleu
Le titre du jeu, Nights of Azure, pourrait laisser présager une histoire onirique et mignonne, mais en réalité il n’en est rien, puisque le bleu en question est en fait le sang du Nightlord (Seigneur de la nuit, pour les plus anglophobes), qui s’est répandu sur la Terre lorsqu’il fut vaincu pour la première fois. Ce sang a la particularité de transformer en monstre tout ce qu’il touche, humains, animaux, et même végétaux. Comme tout bon seigneur démon qui se respecte, ce cher Nightlord ne se laisse pas tuer mais est simplement scellé dans sa dimension démoniaque, et cherche par tous les moyens à instaurer une nuit éternelle afin de se débarrasser de l’Humanité.
C’est là qu’intervient une organisation religieuse secrète baptisée Curia, dont votre personnage Arnice fait partie. Cette dernière est une combattante à leur service qui doit protéger et accompagner Lilysse, prêtresse destinée à devenir la sacrifiée décennale qui permet au sceau de se maintenir. Bien évidemment, tout le scénario repose sur le sens du devoir de Lilysse et sur sa relation avec Arnice qui n’entend pas laisser sa meilleure amie mourir. L’éternel thème : doit-on sacrifier une personne pour sauver toutes les autres ? Leur relation va d’ailleurs un peu plus loin puisque leurs sentiments se révèlent vite être plus qu’amicaux, l’histoire lorgne en effet du côté du yuri, terme japonais utilisé lorsqu’une oeuvre de fiction contient une romance entre personnages féminins.
Ce thème peu abordé dans les jeux vidéo aurait pu être intéressant s’il n’était pas uniquement synonyme de saynètes assez creuses desquelles ne se dégage aucune émotion. De plus, les deux protagonistes sont très stéréotypés et assez caricaturaux, et la platitude des dialogues -intégralement en anglais- n’aide vraiment pas à se sentir concerné par leur relation.
Parmi les autres personnages principaux, on trouve Llyod et Alucard, les trublions de service, dont les perpétuelles querelles auront vite fait de vous agacer plutôt que de vous faire rire. Le jeu est ainsi parsemé de touches d’humour mais ne parvient pas à trouver de bon équilibre entre légèreté et sérieux. L’idée est louable mais au final voir Lilysse jouer à la serveuse maladroite ou Alucard faire des blagues sur le fait que de toute façon tout le monde va mourir, ne sert pas vraiment l’histoire.
Madame est servie
Bien qu’il s’agisse techniquement d’un action-RPG, on pourrait presque qualifier Nights of Azure de musou (les jeux comme Dynasty Warriors ou Dragon Quest Heroes) allégé, car vous devez y massacrer des centaines d’ennemis assez génériques qui passent la plupart du temps à vous regarder en attendant de se faire tuer. Pourquoi allégé ? Car contrairement aux musou où vous faites face à des dizaines d’ennemis à la fois, ici ils sont le plus souvent en petits groupes. Il est possible que vous y trouviez votre compte, surtout si pour vous simplicité rime avec efficacité, mais même avec les petites subtilités que l’on va voir plus bas, la monotonie s’installe vite. Sans demander une difficulté à la Dark Souls, on aurait apprécié que les monstres soient plus actifs et représentent au moins une menace pour ne pas avoir l’impression de juste matraquer les boutons d’attaque sans réfléchir. Seules exceptions à ce constat : quelques gros ennemis ainsi que la seconde moitié des boss, surtout les derniers du jeu qui vous donneront clairement du fil à retordre et contre lesquels vous subirez probablement votre première défaite.
La principale possibilité offerte en combat concerne les servans (sans t), qui sont des monstres ayant rallié votre cause et qui combattent à vos côtés. Avant de partir chasser vous composez votre équipe de quatre servans qui vous accompagnera en mission, sachant que les premiers que vous obtenez, spécialisés en attaque, défense et soin, vous permettront de finir le jeu sans problème. Il est possible de leur donner des directives mais elles restent très limitées et vous vous contenterez principalement de « Attaquez en équipe » ou « Suivez-moi ». Lorsque votre personnage gagne des niveaux, vous pouvez débloquer de nouvelles compétences, et parmi elles la possibilité d’emmener jusqu’à quatre équipes différentes de servans. Vous pouvez alors passer de l’une à l’autre en plein combat avec la touche R2. Plutôt intéressant sur le papier, ce système perd tout son intérêt face à la simplicité du jeu.
Les servans ont une autre utilité, ils déterminent la transformation d’Arnice sous sa forme démoniaque. Une jauge se remplit au fil de vos combats et une fois pleine vous pouvez appuyer sur L2 pour devenir surpuissant pendant quelques secondes. Il y a cinq formes démoniaques possibles, chacune ayant sa spécificité comme l’attaque rapide ou une défense à toute épreuve, et elles se décident en fonction des créatures présentes dans votre équipe. Il faut donc tester plusieurs combinaisons afin d’obtenir la transformation souhaitée.
Dernier point sur les affrontements, vous obtiendrez trois armes supplémentaires au fil du jeu, ce qui permet de varier un peu le gameplay, et en débloquant la compétence adéquate vous pourrez changer d’arme en plein combo, offrant un peu de fantaisie à l’ensemble.
J’aime regarder les filles
Il y a un aspect que l’on peut pardonner lorsque le plaisir de jeu est intact, c’est l’aspect visuel, mais au vu de tout ce qui précède ce paragraphe, Nights of Azure aurait besoin d’un emballage irréprochable, et ce n’est pas le cas. Si la modélisation des personnages en gardant le style manga donne quelque chose d’assez joli, leurs mouvements lors des scènes de dialogues ne sont pas naturels et semblent mécaniques : lorsque Arnice prend Lilysse dans ses bras, elles ressemblent à deux figurines articulées. À noter que le fan service est assez présent à travers les poitrines généreuses des deux protagonistes, qui ballottent au moindre mouvement et sont bien mises en avant, mais on n’atteint pas ce qui se fait dans un Senran Kagura par exemple.
Le reste du jeu est malheureusement assez sommaire. Le très probable manque de budget se fait sentir sur les textures et les décors, qui d’ailleurs se renouvellent assez peu au fil des zones traversées. La caméra est sujette à un choix très discutable, car si l’on peut la faire tourner librement de droite à gauche et inversement, lorsque vous inclinez le stick droit vers le haut ou vers le bas vous devez faire avec les trois positions prédéfinies qui vous sont imposées, et qui ne sont pas forcément les plus confortables ou agréables. Impossible donc de gérer comme on veut la hauteur de la caméra, et on finit par se demander si les développeurs ont modélisé un plafond à l’hôtel qui sert de QG entre les missions.
C’est depuis cet hôtel que sont accessibles les différents menus, pour gérer ses servans, ses points de compétence, dépenser le sang bleu obtenu en combat pour gagner des niveaux, ou encore activer les quêtes annexes qui se limitent à tuer des ennemis spécifiques ou atteindre des endroits précis. On note aussi la présence d’une arène au sous-sol où des défis vous attendent pour gagner des objets plus ou moins rares.
Même si massacrer des monstres par centaines sur des musiques pas forcément désagréables peut être divertissant, on tourne vite en rond dans Nights of Azure, et on est finalement ravi que l’histoire se termine au bout d’une vingtaine d’heures. D’autant que des ennemis retors font leur apparition après avoir le jeu fini une première fois, donnant un aperçu de ce que le gameplay aurait pu donner avec une difficulté mieux calibrée.
L'avis général
- Quelques combats de boss intéressants
- Des artworks à débloquer
- Techniquement daté
- Beaucoup de dialogues inutiles
- Le manque de difficulté rend les combats très monotones