De la Poésie et des Jeux Vidéo #02 – Flow, flOw et FlowerVoxel Libre

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De la poésie et des jeux vidéo #02 : FLOW, FLOW ET FLOWER


Dans la suite du précédent article sur la poésie et les jeux vidéo, parlons maintenant des jeux suivants du studio thagamecompagny avec, notamment le concept du « flow », repensé par Jenova Chen et mis en scène dans ces jeux.

 

flOw

Jenova Chen continue ces études. Il écrit alors une thèse sur « le flow ». Il s’agit  d’un vieux concept bien connu dans le monde vidéoludique qui représente l’état de concentration optimum du joueur. Il procure alors un sentiment de réussite et de bonheur. Le joueur ne voit plus le temps passer. Pour maintenir le Flow la difficulté des jeux doit être très bien dosée (ni trop dur car cela procure du stress ni trop facile, car c’est alors l’ennui).

 

Schéma théorique de la construction en 3 actes.

 

Jenova Chen étudie l’ajustement dynamique de la difficulté (DDA). Le jeu doit pouvoir s’adapter aux compétences du joueur qui lui, doit évoluer à son rythme. Pour illustrer sa thèse il réalise un petit jeu flash « flOw ».

 

Schémas du « Flow » selon l’étude de Jenova Chen

 

Dans son jeu, le joueur contrôle un micro-organisme marin qui peut grandir en dévorant les autres créatures. Il n’y a jamais de game over et le joueur fixe lui-même la difficulté. Il reste en effet libre d’ignorer ou non les ennemis s’il les juge trop forts pour lui.

Une fois ses études terminées, Jenova Chen fonde avec Kellee Santiago la société thatgamecompagny (sans les majuscules) et signe un partenariat avec Sony. Le jeune studio s’installe dans les locaux du quartier général de Sony aux États-Unis. L’entreprise refonde complétement le jeu web « flOw » en une nouvelle monture commerciale graphiquement beaucoup plus aboutie qui sort en 2007. Le jeu s’imprègne de la beauté de la profondeur des abysses. Le joueur est bercé par les mouvements lents et gracieux de l’eau, le tout est renforcé par une bande son relaxante et zen.

 

Autre image du jeu flOw

 

Dans tout le soir un seul bruit
celui de la chute
des blanches fleurs de camélia.
(Haïku de Takakuwa Rankô)

 

Flower

Le développement du jeu s’est étalé sur 2 ans.  Les 18 premiers mois ont été entièrement dédiés à la recherche du concept. Avant de se lancer dans la production, le studio commence toujours par se prononcer sur les émotions et les sentiments qu’il veut développer chez le joueur. C’est une démarche complétement atypique.

Flower sort en 2007. Le jeu démarre dans un appartement d’une banlieue grisâtre et terne. Seul élément de couleur une plante posée sur le rebord de la fenêtre sur le point d’éclore. Le joueur clique dessus et le jeu commence. Il se met à rêver d’une vaste plaine où ondulent des brins d’herbe à perte de vue. Le joueur incarne le vent. Il fait voyager une pétale de fleur qui à son passage fait éclore les autres fleurs et renaître la nature. Pour souffler, il suffit juste d’incliner la manette dans la direction souhaitée et la brise du joueur dirige la longue farandole multicolore de pétales. Après 6 niveaux, le joueur ramènera enfin la couleur et la nature jusqu’à sa banlieue. Il se dégage du jeu une sensation de vol et de liberté.

Comme pour « flOw « , il est impossible de rater un niveau ou de perdre. Si jamais le joueur percute un élément dangereux il est simplement repoussé en arrière. Ceci rend le jeu très accessible aux néophytes et aux enfants. Le jeu peut se terminer en 3 heures, il n’est donc pas trop chronophage. Ce jeu ne refroidit donc pas non plus les personnes actives (ayant peu de temps à consacrer à ce loisir). Nous noterons aussi la présence de quelques éoliennes (là pour perturber le vent). Jenova Chen se défend, cependant, de ne pas vouloir véhiculer un message écologique ou politique. Il en a donc volontairement diminué le nombre. Le studio veut juste transmettre des émotions.

 

 

Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir.
(Confucius)

Après ce deuxième article, nous vous invitons à continuer le voyage ICI pour la suite !

[Cette série de trois articles est une libre réécriture autorisée d’un texte publié par les Poètes en Berry sur leur blog. Culture Games les remercie pour ce partage : Blog des Poètes en Berry]