Qui a tué Rayman ?Voxel Libre


QUI A TUÉ RAYMAN ?
En attendant sa résurrection annoncée, rouvrons ensemble le dossier tragique de la mort de Rayman, la première mascotte d’Ubisoft.
C’est incontestable, en plus d’être le héros de La Croisée des Rêves, Rayman est une véritable icône du jeu vidéo. Au travers des jeux tous plus oniriques et loufoques les uns que les autres, il a su se faire une place dans le cœur de nombreux joueurs. Au point même que nombreux sont ceux à avoir rêvé de le voir rejoindre le roaster XXL de Super Smash Bros Ultimate, en vain.
C’est la désillusion, mais plus de 20 ans après la sortie de Rayman 3, Hoodlum Havoc, le dernier épisode de la saga en 3D, il faut se rendre à l’évidence, Ubisoft a clairement relégué son personnage au rang des mascottes d’antan. Et même si le héros démembré au gros nez a été la vedette du troisième DLC du tactical RPG Mario + The Lapins Crétins: Sparks of Hope, force est d’admettre que son aura n’est plus aussi étincelante.
LE PROJET RAYMAN 4
Nous sommes en 2005 et Rayman 4 est bel et bien en chantier. Et pour la première fois, le jeu n’est pas développé par Ubisoft, mais une entreprise du nom de Phoenix Studio. Malheureusement, comme en témoigne un billet publié sur le blog d’un des développeurs de l’époque, le projet a été avorté après quatre mois de travail. De ce dernier, seuls quelques captures d’écran et concept arts ont été officiellement dévoilés. Cela même si en 2022, le code source du jeu e a leaké, avec un prototype jouable du titre ainsi qu’un éditeur de niveaux.
Cette fuite massive nous a permis d’en apprendre beaucoup sur ce à quoi aurait pu ressembler le titre. Pour le plus grand plaisir des fans, on partait d’emblée sur un jeu de plateforme 3D avec un gameplay dans la continuité de celui de Rayman 3. A ceci près que notre personnage pouvait, à l’instar des obus à pattes et du serpent de l’épisode The Great Escape, chevaucher de nombreuses montures. Selon les dires des développeurs, le jeu comptait aussi poursuivre l’humour trash et irrévérencieux de l’épisode 3, en allant même encore plus loin dans le délire.
Et oui ! Les Lapins Crétins étaient bel et bien prévus pour être les méchants principaux de cette quatrième aventure de Rayman en 3D. Au départ, ils n’étaient pas supposés être aussi crétins, mais plutôt méchants et sanguinaires, comme en témoigne le tout premier trailer de présentation du jeu.
Malheureusement, nous ne verrons jamais la couleur de cette idée originale, même si depuis plusieurs années maintenant, un fan dévoué s’est mis en tête de recréer le plus fidèlement possible ce jeu abandonné. Grâce à son code source déjà, mais aussi aux quelques déclarations officielles faites par des développeurs à son sujet. Son nom ? Rayman Raving Rabbids: Reburrowed. En attendant de découvrir un jour le fruit de son travail passionné, il est temps de refaire le portrait des satanés rongeurs qui, en plus d’emprisonner Rayman, l’ont mis au chômage.
LAPINVASION MORTELLE
Lorsqu’ils découvrent la Wii, Michel Ancel et les équipes d’Ubisoft Montpellier ont une révélation : ils veulent que Rayman Contre les Lapins Crétins soit disponible au lancement de la machine. Pour parvenir à cette fin, ils vont alors avoir l’idée d’en faire un jeu familial, à l’image de la nouvelle console révolutionnaire de Nintendo. Exit donc le genre aventure / plateforme, Rayman 4 sera un party game ! C’est aussi dans la logique de s’adresser à un public plus large que la personnalité des rongeurs a été lissée. C’est décidé, ils ne seront plus tueurs, mais simplement débiles à souhait.
Vous connaissez l’expression « être un chaud lapin » ? Elle s’inspire du faut que ces bestioles sont capables de se reproduire à hauteur de six à dix lapereaux par portée. Et bien c’est exactement ce qui s’est passé chez Ubi avec les Lapins Crétins. Après le carton de l’opus Wii de Rayman Contre les Lapins Crétins qui s’est tout de même écoulé à 1,42 millions d’exemplaires, la machine n’a plus cessé de tourner. En effet, les rongeurs idiots et leur cri bien connu ont eu droit à pas moins de neuf jeux vidéo différents entre 2006 et 2013. Des jeux quelque peu moyens pour la plupart si ce n’est l’épisode La Grosse Aventure sur Wii qui a au moins le mérite de renouveler la formule.
Mais si seulement ce n’était que les jeux… Car au-delà de tous ces softwares, les Lapins Crétins sont rapidement devenus un produit marketing et publicitaire de premier ordre : publicités, séries télé, goodies, peluches… Ils se sont incrustés partout et sous toutes les formes possibles et imaginables. Comme quoi, la lapinvasion amorcée en 2006 a finalement portée ses fruits et dépassé toutes les espérances. Si d’un point de vue marketing, cette stratégie a relevé du pur génie, côté joueur, c’est l’overdose. Avec le recul, il est vrai qu’Ubisoft a peut-être un peu trop tiré sur la corde.
Et Rayman dans tout ça ? Comme on pouvait s’y attendre, le bougre a progressivement été poussé vers la sortie. S’il était encore le personnage principal du premier jeu et que son nom était toujours à l’affiche dans l’épisode « encore + crétins », à partir de ce second opus le héros à la chevelure hélico ne sera plus que l’ombre de lui-même. En plus de n’être plus qu’un skin jouable, il n’a même plus droit à son propre doublage et le pauvre se retrouve à parler et à beugler comme un lapin crétin. Dans l’épisode 3 The Lapins Cretins Show, son sort est encore pire puisqu’il n’est même plus jouable et son nom apparaît seulement en tout petit sur le logo du jeu. La douleur est grande chez les fans, mais c’est sans surprise qu’à partir de l’épisode suivant, La Grosse Aventure sortie en 2009 que Rayman disparaît complètement.
Triste fin d’un héros iconique qui après avoir vaincu Mister Dark, mis un terme aux agissements de Barbe-Tranchante et son escouade de robots-pirates, puis empêché André le Lums noir de dominer le monde, s’est finalement fait tuer par une armée de lapins débiles et gueulards... Ubi l’a bien fait reprendre du service quelques années plus tard dans les épisodes 2D Origins et Legends, ainsi que dans les jeux mobile Jungle Run, Fiesta Run, Adventures et Mini, il n’empêche que le mal était déjà fait. Mais alors qu’on pensait le héros définitivement mort et enterré, une lueur d’espoir est récemment venue illuminer les yeux larmoyants des fans de Rayman.
LE RETOUR DU HEROS ?
Les multiples prières adressées au grand Polokus n’ont en effet peut-être pas été vaine puisque le 23 octobre dernier, Insider Gaming révélait qu’Ubisoft travaillait sur « un remake de Rayman ». Un projet porté par plusieurs développeurs des équipes précédemment dissoutes de Prince of Persia The Lost Crown, issues des studios Ubisoft Milan et Ubisoft Montpellier.
Ce qui n’était au départ qu’un bruit de couloir a ensuite été confirmé par les équipes d’Ubisoft elles-mêmes : un représentant d’Ubisoft a en effet officialisé tout ça dans les colonnes de Kotaku : « nous sommes ravis de confirmer qu’Ubisoft Montpellier et Ubisoft Milan ont récemment commencé une phase de réflexion autour de la marque Rayman. Le projet en est encore à ses débuts et nous partagerons plus de détails plus tard ».
Il va même plus loin en affirmant que Michel Ancel, créateur historique de la licence aurait un rôle consultatif sur le projet, ce dernier ayant quitté Ubi en 2020, à la suite d’accusations de « leadership et management toxique » au sein de l’entreprise. « En tant que créateur de la marque Rayman, Michel Ancel est consulté pour assurer la cohérence de l’univers », a-t-il déclaré. Mais ce n’est pas tout puisque avant même de faire revenir Rayman sur le devant de la scène dans un jeu vidéo, Ubisoft a également annoncé la sortie prochaine d’un jeu de plateau officiel dédié à sa mascotte historique.
En sachant que la société fait actuellement face à de grosses difficultés financières suite à une succession de mauvais choix stratégiques et éditoriaux, on peut raisonnablement penser que ressusciter Rayman permettrait à l’entreprise de la famille Guillemot de renouer avec sa gloire d’antan en surfant à fond sur la nostalgie des joueurs. Grand bien leur fasse tant que ce futur jeu est bon. Pour le bien du jeu vidéo français, il se doit de l’être. Et il le sera, en tout cas chez Culture Games, on en met notre poing à couper.