• Développeur : Monolith Soft
  • Editeur : Nintendo
  • Site Web : PAL
  • Version testée : Wii U
  • Classification :
    Sigle âge 12 ans et plus
    Francaise : 04/12/2015
    Americaine : 04/12/2015
    Japonaise : 19/04/2015
  • Exclusivitée
  • PEGI :
    Violence : jeu contenant des scènes de violentesGrossièreté de langage : jeu contenant des expressions vulgaires

Xenoblade Chronicles X

Rédigée par

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En 2054, deux races d’aliens (ou xénoformes selon le jeu) se livrent une guerre sans merci. Ce fait qui semble anodin est important pour l’humanité puisque la bataille se déroule dans l’orbite de la Terre. Conscients du danger qu’un tel affrontement représente pour la survie de leur race, les Terriens construisent des arches spatiales afin d’évacuer une infime partie de la population et éviter ainsi l’extinction. Une idée qui n’est pas si bête puisque la Terre explose peu de temps après le décollage des vaisseaux. Les xénos ne s’arrêtent pas là puisqu’ils détruisent également la majorité des arches. Xenoblade Chronicles X suit les aventures de la Grande Blanche, une arche qui a décollé des États-Unis avant d’errer pendant deux ans dans l’espace. Le voyage prend fin lorsque les xénos responsables de la fin du monde parviennent à rattraper et à attaquer la Grande Blanche qui s’écrase sur la planète Mira. Le but du jeu est donc à la fois de faire survivre l’humanité et d’explorer Mira. Comme vous l’aurez remarqué si vous avez joué à Xenoblade Chronicles, pas de Shulk, Fiora, Monado ou Bionis. Il ne s’agit pas d’une suite classique, le “Chronicles” du titre n’est présent qu’en Occident puisqu’au Japon le jeu se nomme XenobladeX (prononcez “XenobladeCross”).

Premier contact

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Les combats se lancent sans transition.

Les premières heures sur cet épisode Wii U sont assez déroutantes. Tout commence par la création de son personnage qui propose de nombreuses options mais limite les choix avec son système de modèles. Le jeu propose 14 modèles hommes et 14 modèles femmes et il faut donc trouver le modèle qui nous plaît (ou nous dérange le moins) et espérer qu’il ait accès aux coupes de cheveux qui nous plaisent (ou nous dérangent le moins). Monolith a pensé aux fans de l’épisode précédent puisqu’il est possible de créer Shulk et Fiora avec leurs voix originales. Enfin seulement si vous avez joué avec les voix américaines puisque comme le remake 3DS, X ne propose plus les voix japonaises ce qui fera crier de nombreux fans de RPG. La voix du personnage contrôlé par le joueur a bénéficié d’un très grand soin puisque ce sont au total 14 doubleurs de premier plan qui sont à disposition (leurs noms étant même affichés dans le menu de sélection). Mais là-aussi, on déchante très vite puisque notre personnage est muet en dehors de quelques phrases en combat du type “Couvrez-moi !” ou “J’ai mal !”. Le choix du mutisme est d’autant plus énervant que le jeu nous demande en permanence notre avis. Concernant les choix de dialogues, oubliez le travail effectué par Bioware ou Telltale sur la mise en image de cet exercice. Ici, la cinématique est mise en pause, l’écran s’assombrit et un menu basique apparaît ce qui donne un arrière-goût moyenâgeux à l’ensemble. L’autre choc du début est la musique. Gros point fort de Xenoblade premier du nom, elle a été confiée cette fois-ci à Hiroyuki Sawano, le très populaire compositeur des animés L’Attaque des Titans et Kill la Kill qui s’essaye à la musique de jeu (en dehors d’un seul jeu mobile). Son style énergique est une fois de plus présent et il propose tous les styles dont la pop, le rock, le rap, la funk, le classique, les balades et le beat-box. La majorité des musiques du jeu sont chantées et si certaines sont magnifiques, le sentiment provoqué par d’autres serait plus proche de la gêne mais il y a au moins de tout et pour tout le monde.

Le personnage créé n’a qu’un rôle de spectateur dans toute cette aventure.

Votre personnage et ses alliés font partie du BLADE. Il s’agit de l’organisation en charge de l’exploration de Mira et de la défense des habitants de New Los Angeles, une ville créée avec les restes du vaisseau. Le contraste entre les civils et les membres du BLADE est assez frappant. Pendant que les uns se battent pour garder les monstres loin de la ville, les autres se font bronzer au bord de la piscine en s’inquiétant de l’état de la mode. Xenoblade X est d’ailleurs très loin de la formule très classique du genre puisqu’il ne propose pas une énième quête initiatique mais pose plutôt des questions. L’une des premières phrases d’Elma votre supérieure concerne d’ailleurs la question de l’intégration à un nouvel environnement qui doit se faire selon elle le plus en douceur possible. La faune devrait uniquement être combattue en cas de légitime défense. Un beau constat détruit au bazooka par l’un des premiers personnages que vous croisez qui vous indique que pour s’entraîner, il faut viser les plus petites créatures qui ne se défendent pas. On parle également de la notion d’humanité et de ce que l’on est prêt à perdre pour la protéger. Les positions qui s’opposent dans le jeu sont tellement caricaturales qu’on en vient même à se demander si les deux extrêmes ne seraient pas présentés afin de forcer les joueurs à se forger leur propre opinion. Au cours du jeu, d’autres races de xénos rejoignent New L.A. et c’est le vivre ensemble qui domine de nombreuses quêtes. Pour certains humains, une race de xénoformes ayant détruit la Terre, il leur semble impossible de s’allier avec d’autres. Meurtres, exploitations, propagations de rumeurs et de théories de conspiration, le jeu résonne particulièrement avec la vie réelle en ce moment.

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La Team Tatsu avec le Commandant Vandham et sa fameuse moustache.

Que l’on juge matures ou non les réflexions du jeu, il n’y a en revanche pas la moindre hésitation en ce qui concerne les personnages. Le personnage créé n’a qu’un rôle de spectateur dans toute cette aventure, il sort de nulle part mais cela ne sera jamais adressé dans le jeu. Pire encore, dès le boss de fin battu, il disparaît simplement de la conclusion. Cela passerait beaucoup mieux si le reste du casting était charismatique ce qui n’est pas le cas. Si le joueur gère une équipe de quatre personnages, les missions scénarisées exigent toujours d’avoir à la fois le protagoniste, sa chef Elma et la très jeune Lin. Le dernier personnage est donc soit une partie importante de la mission en cours, soit un spectateur muet. Ainsi, chacun se résume à un cliché et une exploration de son passé qui est très souvent la perte d’un proche suite à la destruction de la Terre (les maths sont formelles, quand 9,98 milliards de personnes meurent, il y a de très fortes chances que vous connaissiez quelqu’un parmi elles). Outre la platitude, la palme de l’insupportabilité revient à Lin et au petit nopon Tatsu avec la blague du “on va te manger” qui revient toutes les 30 secondes, ce qui fait beaucoup dans un jeu qui se fait en plusieurs centaines d’heures. Les modèles des personnages paraissent tout aussi datés, en ce qui concerne les humains en tout cas. Ces derniers sont faits avec le même générateur utilisé pour la création du protagoniste, les designs ne sont donc pas très recherchés et le système de modèles s’avère être une nouvelle fois un problème puisqu’à moins d’y aller à fond dans le ridicule, il est peu probable qu’aucun autre personnage ne ressemble fortement au vôtre. Si on y ajoute la synchro labiale catastrophique des cinématiques qui gâche toute immersion et les chanteurs de la bande-son qui se font souvent plus entendre que les dialogues lors des cinématiques, le jeu ne fait rien pour nous attacher aux héros, même dans son scénario. La version française a tout de même le bon goût d’inclure gratuitement les personnages DLC même s’il n’est pas certain qu’ils auraient tenté qui que ce soit à la base.

Les Arts et les manières

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Si le QTE reste le même, son timing change pour plus d’énervement.

Outre les personnages, le pilier du RPG c’est le combat et une fois de plus, Xenoblade X ne fait pas dans le classique. Le système utilisé est celui de l’épisode Wii avec quelques ajouts. Il s’agit de combats beaucoup plus proches de ceux d’un MMORPG que d’un RPG japonais. Le tout se déroule en temps réel et se base sur les combos, les timings et les placements. Chaque personnage possède une arme à distance et une arme corps-à-corps avec lesquelles il peut faire des auto-attaques. Pour le reste, il y a des techniques spéciales (appelées Arts) qui peuvent infliger des dégâts, handicaper l’ennemi ou soutenir les alliés. Certaines utilisent les Points Techniques, équivalent de la mana dans le jeu mais toutes reposent sur un système de temps de recharge avec une efficacité renforcée si on attend un second tour de cadran avant de les utiliser. Le jeu utilise également des Cris de guerre qui permettent à l’équipe de travailler ensemble. Selon le déroulement du combat, l’un des personnages va demander d’utiliser un type d’Arts précis. Si l’ordre est suivi, le personnage et celui qui l’a écouté améliorent leur relation et récupèrent de la vie (c’est d’ailleurs le principal moyen de se soigner). Des QTE apparaissent également à certains moments pour accorder des bonus supplémentaires en cas de réussite. Ils agissent sur le moral des combattants, enchaîner les bons timings permet d’augmenter leur fréquence d’apparition et ainsi de prendre l’avantage tandis que rater plusieurs fois peut réellement rendre un combat plus difficile qu’il ne devrait l’être. Il faut également surveiller les placements car les dégâts de certaines attaques en dépendent. Les affrontements reposent beaucoup plus sur la concentration que sur la stratégie puisque le joueur se contente de faire ce qu’on lui demande mais le rythme effréné rend l’exercice satisfaisant même s’il penche sérieusement du côté de l’action.

Selon Tetsuya Takahashi le créateur, il faudrait environ 300 heures pour faire le tour du titre.

Le joueur a principalement de l’influence sur sa création puisqu’elle est la seule à pouvoir changer de classe. Atteindre le niveau 10 de la classe de base permet d’en débloquer trois autres qui en débloquent deux chacune qui ont elles-mêmes une version améliorée. Les choix ne sont pas importants puisque le niveau maximal de chacune des 16 spécialités s’atteint très vite, il est donc fortement recommandé de changer régulièrement. Si le joueur ne contrôle pas les autres personnages, il peut tout de même leur donner des indications sur la stratégie à adopter via un menu qui une fois ouvert est une gêne réelle. Un problème qui aurait pu être facilement évité s’il était présent sur le GamePad à la place du logo du jeu qui l’occupe pour éviter l’écran noir. C’est finalement hors des combats que le GamePad est le plus utile puisqu’il affiche la carte avec l’emplacement des sondes. L’exploration de Mira se fait grâce à un réseau de sondes nommé FrontierNAV. Il faut donc trouver les emplacements et installer les sondes pour bénéficier du voyage rapide dans la zone. Si cette fonction pourtant vitale dans un monde aussi grand ne suffit pas, le système récolte automatiquement du Miranium, un métal précieux largement demandé mais aussi des crédits et des matériaux. Différents modèles de sondes sont disponibles pour faire varier les taux de chaque mais aussi pour améliorer les capacités de combat. Toute cette gestion se fait sur l’écran tactile et savoir placer les différents types pour optimiser les effets et créer des combos se révèle être un aspect non négligeable de l’expérience en devenant un mini-jeu à part entière. Si les activités sur Mira ne manquent pas, il faut aussi compter avec les trésors à récupérer sur le terrain selon le niveau de ses capacités en mécanique, biologie et archéologie, sans oublier le bestiaire et l’encyclopédie à compléter. Monolith n’étant plus à une collection près, le jeu bénéficie également de trophées similaires à ceux que l’on connaît sur les consoles Sony ou Microsoft, la principale différence est que Xenoblade X possède plus de 700 succès à débloquer.

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Le FrontierNAV, votre meilleur allié vers la fin du jeu.

Selon Tetsuya Takahashi le créateur, il faudrait environ 300 heures pour faire le tour du titre, ce que je veux bien croire puisque après 156 heures de jeu j’en étais à 40% d’exploration. Bien entendu, les missions sont le cœur du jeu et si aucune d’entre elles ne se démarque par son originalité, il y a tout de même assez de types différents pour combattre la lassitude. Les missions principales constituent les chapitres du scénario et correspondent à ce que l’on attend de ce type de jeu. La bonne idée est en revanche de ne pas limiter leur accès selon le niveau des personnages mais selon des conditions que ce soit l’accomplissement de quêtes secondaires ou bien le taux d’exploration de tel ou tel continent. Le dosage est suffisamment intelligent pour forcer ceux qui voudraient avancer l’histoire un peu trop vite à prendre un peu de temps pour découvrir d’autres facettes du jeu sans pour autant se mettre en travers du chemin. Le type de missions secondaires le plus important est la mission d’entente, c’est lors de ces dernières que l’on apprend à connaître les personnages. Le niveau est ici important tout comme l’entente avec l’individu en question. Réussir des missions avec eux, obéir à leurs ordres lors des combats mais aussi choisir les réponses qu’ils ont envie d’entendre lors des scènes de dialogue, permet de renforcer le lien avec les autres personnages et d’accéder aux quêtes plus personnelles durant lesquelles ils se confieront au trio habituel. Les quêtes normales sont également scénarisées et s’obtiennent en se promenant à New L.A. ou plus rarement sur le terrain. Il existe aussi des missions dites de base qui se récupèrent devant la caserne du BLADE. Le tout permet de compléter son sociogramme, qui comme son nom le laisse deviner, est une base de données des personnages mais aussi de leurs relations.

Veni, vidi, vici

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Bizarrement, aller titiller la créature à l’horizon n’est pas une très bonne idée.

Après le choc de la découverte, on passe par plusieurs états. Au début, on se sent minuscule. Toujours au niveau 1, passer entre les jambes de créatures niveau 80 qui auraient parfaitement leur place dans Shadow of the Colossus est un risque de crise cardiaque. Le monde est également gigantesque, selon les créateurs, la surface explorable de Mira fait près de 400 kilomètres carrés, le tout divisé en cinq continents. Le monde est d’ailleurs très bien pensé et le parcourir ne sera pas une promenade de santé. Il s’agit d’un monde très dangereux et ce n’est pas parce que vous vous trouvez dans une zone à votre niveau que vous serez tranquille. Les monstres capables de vous tuer en un seul coup sont partout (même parfois cachés pour mieux vous sauter dessus). Entre eux et les autres qui vivent leur vie en train de manger, boire, jouer, le monde de Xenoblade Chronicles X est véritablement vivant. Ce constat est d’ailleurs renforcé par le cycle jour/nuit et la météo qui influencent à la fois les créatures croisées, les combats (étrangement les pluies de lave font des dégâts) mais aussi la visibilité et il n’est pas rare de devoir se replier à cause d’une tempête de neige qui devient l’occasion pour le moindre monstre de vous avoir par surprise. Pour compléter le tableau, il y a les trésors et les ressources à récupérer, les sondes à installer, les montagnes à grimper et les cavernes à explorer. Le titre est une leçon de level-design et les centaines d’heures passées à le visiter sont un bonheur (attention, ce fait risque d’être contredit dans quelques paragraphes). Si les outils censés nous aider à trouver notre chemin ne sont pas toujours au point (le GPS) ou pertinent (le drone), le niveau et la disposition des créatures constituent le guide le plus utile du jeu. En réalité, si l’aspect bac à sable qu’on retrouve dans les GTA n’est pas là, on passe facilement des dizaines d’heures à se perdre dans le décor sans que cela soit un point négatif puisque les éléments à récupérer récompensent largement cette curiosité tout comme l’XP des monstres quand ils ne vous tuent pas avant même d’apparaître à l’écran.

Voir le monde que l’on a passé des heures à explorer rétrécir de façon aussi fluide sous nos pieds est une expérience magique.

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Le conseil de la maison : sur les Skells, les Faux sont vos amies.

Mais les Skells sont la plus importante partie du jeu. Le jeu retarde au maximum l’obtention de ces méchas pour une raison tout à fait logique. La première phase à pieds est très agréable et en dehors de certaines hauteurs inatteignables, le manque de véhicule ne gêne en rien l’exploration de Mira et ne se fait ressentir qu’à cause de l’impatience provoquée par la communication autour du jeu. Cependant, dès les premières minutes à bord d’un Skell, l’idée même de s’en séparer à certains moments devient insupportable. Outre la classe absolue de l’utilisation de méchas, la puissance qu’ils apportent frôle le ridicule puisqu’au lieu de peiner contre des ennemis qui ont deux ou trois niveaux de plus que nous, on devient capable d’anéantir des monstres en un seul coup alors qu’ils ont 15 niveaux de plus. Si leur gameplay de combat est identique à ceux des personnages à pieds, la principale différence se fait au niveaux des Arts. Les personnages appartiennent à des classes construites selon une certaine logique que ce soit proche du tank, de l’assassin, du sniper ou autres. Les arts des Skells dépendent des armes équipées. Il est donc de la responsabilité du joueur de trouver des armes aux types d’Arts variés afin de pouvoir permettre la fluidité des combos même si la solution de prendre des armes à la puissance démesurée pour battre n’importe qui avant même qu’il s’aperçoive de votre présence est également viable. À l’image des Transformers, les méchas peuvent devenir des voitures à la moindre pression sur le stick gauche, fonction dont la vitesse est bienvenue mais avec une maniabilité si calamiteuse qu’on ose seulement l’activer en cas de ligne droite à perte de vue à condition que la route soit très large. Le principal problème des robots géants est au final, les petits changements de caméra. Autant le dire, la caméra est le point faible de la jouabilité et changer les options ne réussit au mieux qu’à la rendre moins énervante. Elle doit tout le temps être gérée par le joueur, ses mouvements sont lents, sa moindre initiative est plus gênante qu’autre chose et viser les points faibles des ennemis est un enfer. Ceci arrive en temps normal mais l’arrivée des Skells parvient à compliquer le tout puisqu’elle n’adapte pas toujours sa distance lors de l’embarquement dans les machines. On se retrouve donc souvent avec l’écran couvert par le dos du robot ou au contraire, avec son personnage qui semble avoir la taille d’un nain de jardin. Lors des combats, on passe également de façon aléatoire à la vue cockpit ce qui freeze la console (idéal pour un gameplay basé sur le rythme) et ne permet plus de bouger (idéal pour un gameplay basé sur le positionnement).

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La sphère transparente est la solution trouvée pour montrer l’intérieur des Skells.

La dernière phase est celle de l’obtention du module de vol qui apporte un sentiment de liberté incroyable. Il s’agit de l’une des premières promesses du jeu en arrivant à New L.A. et un jour, Lin sera capable de faire voler les Skells. Si le gameplay de vol n’a rien de grisant (une gâchette pour s’élever, une autre pour descendre), le premier essai reste une véritable claque. Dans un premier temps, la prouesse est technique, le jeu ayant la bonne idée de vous faire décoller depuis un hangar au fin fond de la ville. Sans le moindre chargement, on sort du hangar puis de New L.A sans passer par les deux portes habituelles. Le jeu n’a d’ailleurs de chargements qu’à trois occasions, lors des téléportations, des cinématiques et pour l’accès à la base (ce qui s’explique sûrement par sa personnalisation de déco). Voir le monde que l’on a passé des heures à explorer rétrécir de façon aussi fluide sous nos pieds est une expérience magique mais qui demande de nouveaux sacrifices. Les Skells fonctionnent avec du carburant et leur consommation explose avec l’ajout du module de vol. Sans carburant plus de vol ou d’attaques et il faut donc remplir les réservoir grâce au Miranium ou à l’explosion d’appendices. Les créatures affrontées possèdent des appendices qui sont à la fois des points faibles mais aussi des armes qui leur permettent d’attaquer. S’attaquer en priorité à ces parties de leur corps permet à la fois d’améliorer le rythme du combat, limiter leurs actions et prolonger l’utilisation de ses méchas; tout ceci est donc non négligeable. L’autre obstacle des Skells est leur prix. L’achat des armatures coûte un bras et si l’assurance couvre les réparations des machines des autres personnages et les premières casses du vôtre, devoir payer à chaque fois les trois quarts du prix de base fait très mal. Surtout que cela retarde l’achat des modèles plus puissants qui se débloquent en fonction de votre niveau et de celui des différentes sociétés d’armement qui monte selon l’utilisation de leurs produits et du Miranium que vous daignez leur confier.

MMO Offline

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En même temps dans de tels décors, passer des heures n’est pas toujours une punition.

Si Xenoblade Chronicles X partage beaucoup de ses qualités avec les MMORPG, il en possède également les défauts. Si comme dit précédemment, se balader dans Mira est un plaisir, la moindre quête de récolte peut rapidement user les nerfs. Le monde est rempli de cristaux bleus qui sont en fait des matériaux aléatoires. Ainsi chaque zone a une liste d’objets qu’elle peut fournir et les objets ont eux-mêmes un ratio d’apparition. De nombreuses quêtes demandent de récolter un certain nombre de tel ou tel item avec pour seul indice le continent où il se situe. On passe donc facilement des heures à tourner en rond dans l’espoir de voir s’afficher le message de l’objet de quête trouvé avec le risque bonus de passer au bon endroit mais avec la malchance qu’il soit trop rare pour avoir le premier qui incite à persister ici. À la défense du jeu, ces objets ne sont pas uniquement proposés au moment de la quête donc il arrive tout de même souvent d’avoir déjà les objets en nombre suffisant en acceptant la quête, on peut même le savoir avant de l’accepter ce qui fait gagner un temps fou mais ne rattrape quand même pas celui des autres recherches. La situation est la même avec les monstres, si la quête demande explicitement de les tuer, leur position sera indiquée sur la carte et ils auront un point d’exclamation vert au dessus d’eux. S’il faut récupérer un objet précis sur leur cadavre, plus de position ou de ponctuation divine, il faudra tourner et espérer que l’objet apparaisse avant d’avoir massacré des dizaines de créatures qui n’avaient probablement rien demandé.

Si le jeu en coopération à quatre est possible via Internet, il ne faut cependant pas imaginer que l’on peut visiter Mira avec ses amis.

Outre le taux de drop, c’est la présence des autres qui donne cette impression d’avoir affaire à un jeu en ligne hors ligne. Aucun joueur ne se balade sur votre carte mais il y a tout de même des escouades. À chaque lancement de partie, Xenoblade X propose le choix entre les Escouades de l’arche de vie, les Escouades d’invasion et les Escouades des amis. Lorsque vous jouez, vous faites partie d’une Escouade de 32 joueurs. L’option arche de vie présentée comme le solo ne se différencie de l’invasion que par la communication plus limitée entre les joueurs et l’impossibilité d’accéder au menu des missions de groupe. La dernière option sert à faire partie de la même Escouade que tel ou tel contact. En jeu, des missions d’Escouade apparaissent régulièrement pour vous demander d’abattre une certaine quantité de monstres, chaque monstre de la liste abattu par l’un des 32 joueurs rapporte des tickets permettant d’obtenir des matériaux disponibles uniquement sur les créatures en temps normal. La liste doit être complétée dans les 45 minutes. L’autre effet de cette collaboration avec les autres est l’apparition régulière de leurs avatars sur la carte. Il est possible de remplacer temporairement les membres de son équipe par les personnages d’autres joueurs mais tout cela relève de l’anecdotique vu que l’on a déjà bien du mal à utiliser tout le monde. En revanche, quand on parcourt la jungle pendant des heures puis que l’on nage des kilomètres pour rejoindre une île minuscule, être accueilli par KeViNdu57 et son “lOlz twt:@kevinbg57” amoindrit la magie du sentiment d’exploration et la possibilité de cacher le message ne change rien.

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Difficile de faire la différence entre les personnages jouables, les passants et les avatars des autres joueurs.

Le jeu affiche également les messages Miiverse et les trophées obtenus par les autres joueurs (là aussi à désactiver dans les options) ce qui au final laisse un peu sur la faim au niveau du multijoueur réel. Si le jeu en coopération à quatre est possible via Internet, il ne faut cependant pas imaginer que l’on peut visiter Mira avec ses amis. Les autres joueurs n’interviennent physiquement que lors des missions sélectionnables au sein de la base. Ces dernières se débloquent lorsque l’on réussit les missions d’Escouade. Lors de ces sessions, le joueur est téléporté avec les autres vers une zone de Mira entourée d’un mur invisible. Ensemble, ils peuvent affronter des vagues d’ennemis, des boss ou autres objectifs très classiques dont le principal intérêt est les récompenses offertes à la fin. Sympathique à essayer avec ses amis mais également jouable avec les personnages de son équipe, le tout reste donc très anecdotique et ne parvient jamais réellement à cacher la frustration de ne pas pouvoir circuler librement en groupe. En outre, l’aspect MMO de Xenoblade Chronicles X est renforcé par l’absence de pause. Seule la visite de sous-menus permet de suspendre le jeu et il n’est donc pas rare de se faire surprendre par un boss qui circule sur la carte alors que l’on cherchait simplement un élément du menu ou un point de téléportation sur le GamePad. Lors des combats, il faudra compter sur le bouton Home pour respirer un peu. Comme dans tout bon jeu du genre, le jeu est soumis à la règle du temps de réapparition relatif. Après un combat, si vous ne voulez pas combattre de nouveau cet ennemi, il reviendra sur la carte (et vous-même) en quelques secondes. Si au contraire, vous avez besoin d’enchaîner les combats contre cette créature spécifique, sa fréquence d’apparition semblera interminable. Certains passages font même appel à l’infiltration afin d’éviter des monstres trop forts dans la nature de Mira ou trop nombreux dans les bases ennemies. Pour finir, si le jeu peut également être utilisé avec une Manette Pro Wii U, l’affichage de la carte sur le GamePad est tout de même une option difficile à éviter.

Parler de Xenoblade Chronicles X n’est pas chose simple. Ce jeu ne connaît pas le juste milieu et le très bon côtoie le très mauvais, à l’image notamment de sa musique parfois géniale, parfois à la limite du supportable, de ses humains aussi horriblement modélisés que les autres créatures sont bien faites. Ainsi, les joueurs seront probablement divisés par les choix de Monolith Software qui parvient à innover tout en restant très proche de l’épisode précédent. Le titre est effet un JRPG qui tente de reprendre également les codes du RPG occidental, tout en étant un jeu sur la culture américaine fait par des Japonais. Le mélange a de quoi surprendre mais il vaut le détour ne serait-ce que par curiosité. Après tout, il s’approche autant de la perfection qu’il s’en éloigne, c’est parce que Monolith ose tenter des choses ce qui permet au jeu d’avoir à la fois des qualités uniques mais aussi des défauts. X rivalise parfaitement avec les autres mastodontes de 2015 que sont The Witcher 3 et Fallout 4. Si cette critique semble déjà très longue, elle ne fait que gratter la surface du jeu. L’exploration et les méchas sont plus que suffisants pour faire pencher la balance vers le très positif et de toute façon, pourquoi se priver d’un excellent titre sur une console au catalogue aussi maigre, surtout quand il s’agit pour l’instant du premier RPG exclusif sur Wii U ?

Jeu dématérialisé et images fournies par l’éditeur

L'avis général

  • Le monde gigantesque
  • Les centaines de quêtes
  • Les Skells
  • Le paradis du 100%
  • Les thèmes matures
  • Les personnages peu charismatiques
  • Les fonctions sociales superflues
  • La caméra
  • Certaines musiques
Dire que Xenoblade Chronicles X est attendu est un euphémisme. Xenoblade Chronicles avait bénéficié du soutien très insistant des joueurs occidentaux pour une sortie hors du Japon via l'Operation Rainfall. Depuis le jeu est devenu un succès bénéficiant même d'une adaptation sur 3DS et l'apparition de son héros Shulk dans le dernier Smash Bros. Pour autant la confiance en MonolithSoft et sa capacité à créer des RPG est très grande avec des jeux tels que les autres Xeno ou Baten Kaitos, entre autres séries et collaborations avec Nintendo. De son côté, la Wii U a bien besoin d'un titre d'une aussi grande envergure, et si Xenoblade Chronicles X n'est pas une suite directe du jeu 3DS/Wii, la magie opère réellement dans ce monde aux proportions gargantuesques.