• Développeur : Insomniac Games
  • Editeur : Sony Interactive Entertainment
  • Site Web : PAL
  • Version testée :
  • Classification :
    Sigle âge 7 ans et plus
    Francaise : 11/06/2021
    Americaine : 11/06/2021
    Japonaise : 11/06/2021
  • Exclusivitée
  • PEGI :

Ratchet and Clank : Rift Apart

Rédigée par


CRITIQUE

RATCHET AND CLANK: RIFT APART


[NOTE] Critique réalisée à partir d’une version presse.

 

Le 11 juin 2021 est désormais une date charnière pour la PS5, qui voit la sortie de sa première exclusivité grand public avec Ratchet and Clank : Rift Apart. Le jeu représente aussi pour Insomniac Games et Sony l’aboutissement de leur collaboration historique (voilà presque vingt ans que le studio et la firme nippone travaillent de concert), qui s’est finalement concrétisé par le rachat du studio par Sony Interactive Entertainment en 2019. Brian Horton, directeur créatif chez Insomniac Games, compare cet achat par une « entrée dans la famille ». Devenue une licence emblématique de la PlayStation, le nouveau Ratchet and Clank ne pouvait se permettre de rater son rendez-vous avec la nouvelle génération de consoles. La pression était donc à son comble pour les développeurs, d’autant plus que les attentes étaient immenses depuis l’annonce du jeu le 11 juin 2020. Je ne laisserai pas le suspens vous envahir en étant clair avec vous : Ratchet and Clank : Rift Apart est une réussite, mais qu’attendre d’autre de la part d’Insomniac Games, qui ne livre que des hits mémorables depuis quelques années ? Cependant, l’aventure du duo mythique sur PS5 est-elle la claque technique attendue ? Penchons-nous sur la question en embarquant dans ce chaos interdimensionnel…

Une aventure inédite format « nouvelle génération »

La nouvelle aventure de notre Lombax préféré voit l’introduction d’une nouvelle Lombax, Rivet, double dimensionnel du héros, mais cela n’en fait pas sa jumelle ! Son apparition dans les différents trailers avait entraîné une hype immense, aujourd’hui totalement justifiée. Je vous laisserai le soin de découvrir cette nouvelle Lombax effrontée par vous-même, tant le personnage est attachant, et surtout différent de Ratchet.

En effet, il n’est pas question de livrer les détails de l’histoire du jeu et encore moins de spoiler celle-ci. Cependant, il convient d’en décrire les grandes lignes afin d’évoquer le jeu de façon pertinente, puisque scénario et gameplay sont ici intimement liés, l’un justifiant l’autre, et vice-versa. Il convient aussi de saluer l’ingéniosité des développeurs qui ont réussi à faire de ce nouvel opus une aventure parfaitement faisable et compréhensible sans avoir joué aux autres épisodes de la série, tout en garantissant bon nombre de références pour les plus connaisseurs d’entre nous, le tout de manière tantôt subtile, tantôt évidente.

Après des années d’attente, nous retrouvons le duo le plus emblématique de la galaxie.

L’aventure commence à Mégalopolis, où Ratchet et Clank sont célébrés pour leur héroïsme, même si de leurs propres aveux, « cela fait bien longtemps qu’ils n’ont pas sauvé l’univers ». Apparaît durant cette fête le Dr. Nefarious, antagoniste récurrent de la série, qui revient une fois de plus pour imposer son règne. Il subtilise le Dimensionnateur fraichement reconstruit par Clank et offert à Ratchet, pour qu’il puisse retrouver les Lombax, l’utilise sans en connaître le fonctionnement et provoque un cataclysme dimensionnel. Nos deux héros poursuivent l’assaillant, se retrouvent entraînés dans une nouvelle dimension, puis sont séparés. Pas de bol pour eux, cette dimension est celle où Nefarious règne en maître complet…

 

Bien que le scénario n’est pas censé être la force principale du jeu, il faut admettre que celui-ci reste efficace, et même intéressant pour tous les publics. Comme énoncé plus haut, la trame part d’un postulat simple, mais les développeurs ont su sublimer les possibilités qu’elle offrait, notamment grâce au fameux SSD de la PS5, qui est parfaitement exploité. Les passages dans les failles dimensionnelles (qui vous transporte donc dans une autre dimension) se font sans le moindre temps de chargement ! En plus de garantir une fluidité sans accroc, cette mécanique provoque toujours un effet de stupéfaction, tant c’est une chose inédite pour les consoles de salon.

Ce passage dans une nouvelle dimension est aussi l’occasion d’introduire de nouveaux personnages : Rivet et Kit notamment, qui sont respectivement les doubles dimensionnels de Ratchet et Clank. La formation de nouveaux duos au cours de l’aventure est l’occasion pour les joueurs de découvrir nos héros sous un autre angle, de les voir face à leurs peurs, leurs regrets et leurs remords. D’ailleurs, il faut saluer la narration et l’écriture des dialogues. Tout en ayant conscience que les évènements que nous vivons dans le jeu sont dramatiques, l’aventure reste légère grâce à des dialogues (et monologues…) à l’humour bien dosé : une qualité qui est présente depuis le tout premier opus, mais qui se perfectionne progressivement depuis, à l’image de nombre d’aspects du jeu que nous allons voir. Cet ensemble étant assuré par une VF irréprochable due à un casting de marque (Philippe Peythieu et Barbara Tissier étant les plus connus), le titre fait figure de film d’animation interactif qui n’a rien à envier aux productions Disney ou Pixar. D’année en année, la frontière se brouille de plus en plus…

Ratchet and Clank : Rift Apart ou le jeu vitrine de la PS5

Le nouvel opus de Ratchet and Clank a une envergure particulière puisqu’il endosse le rôle de vitrine technique pour la nouvelle console de Sony, preuve de la confiance placée par la firme japonaise en les développeurs d’Insomniac Games. Nous l’avons déjà évoqué, l’utilisation du SSD, qui a tant fait couler d’encre lorsqu’il a été évoqué dans la presse, a été largement sollicitée au sein du jeu. Cette nouveauté n’a pas eu la simple tâche d’améliorer les temps de chargement, mais aussi de développer le gameplay autour de ses capacités. La DualSense est elle aussi exploitée au maximum, tout y est. Les gâchettes adaptatives sont utilisées pour varier la puissance de feu de certaines armes, ou pour tirer de différentes façons. Quant aux capacités sensorielles de la manette, celles-ci réagissent de manière plus ou moins soutenue selon la secousse ou l’explosion qui se produit à proximité du personnage. Manette en mains, l’immersion est garantie, tant les effets sont maîtrisés.

Aperçu du rendu graphique in-game. Insomniac Games a su profiter des potentialités de la PS5 pour sublimer son univers.

Cette immersion est renforcée par un rendu graphique aux petits oignons qui appuie cette idée de film d’animation interactif. Les textures sont nettes et détaillées, peu importe le mode graphique que vous choisissez pour jouer. Ayant testé les trois modes pour ce test, je conseille de jouer en mode « RT performance » qui est le meilleur compromis entre fluidité et qualité : il offre 60fps et l’utilisation du ray tracing, contrairement au mode performance classique. Si vous détenez une PS5, il serait dommage de se priver de cette nouveauté. Étant un jeu de plateforme (même s’il tend à emprunter quelques codes RPG), Ratchet and Clank : Rift Apart se prête selon moi bien plus à la fluidité qu’offrent les 60fps plutôt qu’au mode « fidélité » downgradé à 30fps. Mais rassurez-vous, peu importe le mode graphique que vous choisirez, ne vous y trompez pas : ce jeu est simplement sublime. La comparaison aux grands studios d’animation est à nouveau de mise quand on évoque l’animation des personnages : rien ne semble mécanique, tous les mouvements des héros sont d’un naturel époustouflant, et un soin particulier a été apporté aux animations entre l’impact des balles,  des bombes et des ennemis, qui réagissent différemment selon leur nature. Le souci du détail est poussé jusqu’à son paroxysme lorsque l’on observe attentivement le monde qui nous entoure et les interactions qui y sont possibles. Le résultat est que le monde semble plus vivant que jamais.

La recette Ratchet and Clank à son apogée

Nous avons aujourd’hui entre nos mains le meilleur opus de la série, et de loin. Même s’il n’est pas parfait, le jeu est dans son ensemble l’aboutissement de la recette Ratchet and Clank, aujourd’hui sublimée par les perspectives nouvelles qu’offre la nouvelle génération. Ce nouvel opus reprend les codes de la série pour les améliorer et offre un concentré pur et dur de plaisir où la limite n’est que votre imagination. Vous pouvez combiner l’utilisation des armes à votre guise pour réaliser les meilleurs enchaînements ou pour simplement vous jouer de vos ennemis. La variété des armes est comme toujours au rendez-vous, certaines étant complètement déjantées mais divinement létales. Cependant, l’honnêteté me pousse à préciser ici que j’ai trouvé ce « casting » d’armes moins réussi que le Ratchet and Clank paru sur PS4, mais cela est vite oublié grâce à la DualSense qui procure un plaisir à manier les armes, inégalé jusqu’ici. Les phases de jeu avec Clank sont à nouveau de petites énigmes, et l’approche choisie par Insomniac Games pour l’adapter aux nouveaux enjeux du scénario est inédite, mais très amusante. Les développeurs ont su finalement faire peau neuve tout en gardant les codes qui ont fait le succès de la série.

Une nouvelle mécanique de jeu : le grappin dimensionnel. Disponible lors des phases de plateforme, ces failles le sont aussi dans les combats et permettent des déplacements instantanés à travers le décor.

Si la recette ne change pas, quelques petites nouveautés sont à souligner comme l’apparition d’Hoverbottes plus rapides qu’auparavant et du « saut fantôme », un dash qui offre un court laps d’invincibilité. Notre héros est plus mobile qu’il ne l’a jamais été durant toutes ces aventures, le gameplay en ressort plus nerveux et le skillcap plus élargi. La grosse déception sur le gameplay a été pour ma part l’absence de différence entre Rivet et Ratchet, manette en mains : ils disposent tous les deux des mêmes capacités, aucun n’a son originalité propre. Cela est compensé par des phases de jeu uniquement jouables quand on contrôle Ratchet ou Rivet, mais c’est tout. Dommage. Les phases de plateforme et de « parkour » sont réussies voire totalement enivrantes par moments, mais sont parfois trop simplistes. On a trop souvent l’impression d’être constamment pris par la main, voire même que nos actions n’ont que peu d’impact sur certaines phases. Le titre alterne parfois entre phase de jeu jouable et phase de jeu scripté à un rythme effréné et sait parfaitement lier l’adrénaline du gameplay à la contemplation devant les cinématiques. Le meilleur compromis est donc de jouer en mode « Leader rebelle », qui correspond plus ou moins au mode difficile.

Des petits plus qui font la différence

Si ce Ratchet and Clank : Rift Apart est un des meilleurs jeux de l’histoire de son genre, c’est aussi parce qu’il a su s’enrichir dans son contenu et dans ses propositions, en s’adaptant aux joueurs de 2021, qui sont friands de personnalisation et de chasse aux collectables. Ainsi, toutes les planètes du jeu contiennent leurs lots de petits secrets à découvrir via l’exploration, qui a une place importante dans ce nouveau titre. Celle-ci est une composante réussie du jeu puisqu’un soin tout particulier a été apporté à la direction artistique : les planètes sont riches de diversité et de panoramas à couper le souffle. A cela s’ajoute un level-design presque irréprochable qui rend l’exploration intuitive et n’en fait pas un simple prétexte pour allonger artificiellement la durée de vie du jeu.

Parmi ces éléments collectables, on retrouve les classiques Boulons d’Or emblématiques de la série, mais aussi des pièces d’armure ! Celles-ci vous donneront des bonus, que vous les portiez ou non. Insomniac Games fait preuve d’ingéniosité en ajoutant des éléments cosmétiques susceptibles de plaire aux joueurs néophytes, tout en ne dénaturant pas le héros pour les plus puristes. Au passage, j’ai trouvé ces armures tout aussi belles les unes que les autres, elles s’adaptent parfaitement au style Ratchet and Clank et à l’univers de la série. A ces armures s’ajoutent les robots-espions, et les lorbes qui vous permettront de comprendre plus en détail le rôle des Lombax dans l’histoire. Tous ces collectables ont un intérêt et ne sont pas non plus des prétextes pour ajouter de la durée de vie au jeu, car ils ne débloquent pas forcément de trophées.

Un aperçu de l’une des armures disponibles dans le jeu. On voit à droite de l’écran les différents bonus permanents que les armures apportent lorsqu’elles sont débloquées.

Insomniac Games s’est montré généreux en contenus cosmétiques pour cette année. Aux armures s’ajoutent des éléments modifiables comme la couleur de votre marteau ou de votre vaisseau par exemple. On peut également modifier la taille de la tête du héros en « grosse » ou « mini », et les deux aspects fonctionnent très bien ! Vous pouvez aussi troquer votre marteau pour un espadon ou une épée de pirate, et remplacer les boulons collectés par des orbes par exemple. L’ajout le plus pertinent pour ma part a été celui de l’affichage des dégâts, qui procure un aspect arcade au titre. La catégorie « objets à collectionner » du menu amène finalement un côté très « bac à sable » très agréable lorsque que l’on refait le jeu en New Game+ par exemple, où le « sérieux » n’est plus de mise.

Un must have pour sûr, mais pas parfait

Ratchet and Clank : Rift Apart est avec Demon Soul’s le meilleur titre de la nouvelle console de Sony, mais a cet avantage de s’adresser à un public bien plus large. Malgré sa qualité indéniable, il n’est pas exempt de reproches. Bien que son contenu soit plus fourni qu’auparavant, il souffre d’une durée de vie un peu trop courte et d’une certaine redondance dans son bestiaire. A ce propos, le plus gros défaut que j’ai trouvé au titre à été ses mini-boss, qui sont plus ou moins tous les mêmes à quelques différences près. Par chance, la qualité du jeu fait rapidement oublier ces quelques défauts, tant il est exceptionnel dans son gameplay. Cet opus contient aussi son petit lot de bugs, certains étant plus handicapants que d’autres : à titre d’exemple, je n’ai pas pu obtenir tous les Boulons d’Or lors de ma première partie car il était tout bonnement impossible d’en récupérer un…

Pour ma part, je pense que c’est le New Game+ qui sublime Ratchet and Clank : Rift Apart : on accède à la transformation finale de nos armes, on peut les améliorer au maximum, (grâce à un système similaire aux précédents opus mais toujours aussi efficace dans sa construction) ce qui nous fait basculer dans un mode purement « bac à sable » (grâce aussi au menu « objets à collectionner » comme nous l’avons vu). Le traditionnel « mode défi » typique de la série ajoute comme toujours une plus-value et une dimension arcade au titre. Combinez tout cela à la possibilité du mode miroir, à l’ajout « jeu de rôle » pour afficher les dégâts, aux « munitions infinies » et au changement d’aspect de votre personnage par exemple, et l’expérience s’en retrouve complètement rafraîchie. Pour les chasseurs de trophées, le titre en dispose de 47, mais on regrettera une trop grande facilité à les obtenir. Cependant, il faut saluer les développeurs d’Insomniac Games qui n’ont pas cherché à ajouter une durée de vie artificielle au jeu grâce aux trophées, comme on le voit trop souvent de nos jours.

L'avis général

  • Une direction artistique aux petits oignons
  • Un gameplay frénétique adapté aux possibilités qu'offre la PS5
  • Une VF impeccable
  • Un contenu plus riche que lors des précédents opus
  • Un univers qui semble plus vivant que jamais
  • Une durée de vie trop limitée
  • Quelques bugs parfois handicapant
Ratchet and Clank : Rift Apart est un must have de la PS5, même s'il n'est pas exempt de reproches. Cependant, le soin apporté à son gameplay et à son univers par Insomniac Games en fait probablement le meilleur jeu sorti durant cette année 2021. En plus d'être le meilleur opus de la série, cette nouvelle aventure de Ratchet & Clank représente l'aboutissement du genre et la claque technique attendue qui nous fait entrer dans la neuvième génération avec brio.