Cinq ans et demi. C’est le temps qu’il aura fallu attendre après Grand Theft Auto IV pour profiter d’un nouvel épisode canonique de la fameuse saga de Rockstar. Entre-temps, on a eu droit à des spin-offs avec The Lost and Damned et The Ballad of Gay Tony, mais il faut dire qu’on avait hâte d’avoir du tout neuf. Grand Theft Auto V nous ramène dans la région de San Andreas, un Los Angeles fictif là où Rockstar nous avait déjà conté l’histoire de CJ dans GTA San Andreas sur PlayStation 2.
Un jeu mature à (presque) tout point de vue
On va crever l’abcès tout de suite : Grand Theft Auto V est un jeu violent, certes, mais c’est surtout un jeu pour adultes. Le système de classification PEGI c’est pas pour les chiens ! Alors si quelqu’un ose nous dire que GTA a perverti son gamin de 9 ans, on lui pète le genou avec une clé à molette, on lui arrache les dents une par une et on lui électrocute les tétons ! C’est clair ? Ah au fait, tous ces sévices sont présents dans une scène du jeu…
Comme nous le disions, GTA V est violent mais c’est surtout une caricature de la société contemporaine. Ajoutez à cela de l’humour souvent trash, des phrases assassines sur la condition de l’homme moderne, le tout baigné dans une ambiance digne d’un film de gangsters hollywoodien et vous obtenez un jeu vidéo mature. Car comprenons-nous bien, GTA n’est pas une question de violence, c’est une question de maturité.
Dans Grand Theft Auto V, les scénaristes de Rockstar continuent d’évoluer, sans pour autant atteindre la perfection. Le quatrième épisode nous contait l’histoire d’un émigré soviétique à la recherche du rêve américain. Un synopsis classique mais permettant de passer en revue tous les travers de la société américaine. GTA IV n’était pas parfait, il y avait notamment des phases de jeu un peu molles. Pour ce cinquième épisode, Rockstar a donc modifié certains éléments du gameplay. Par exemple, il est beaucoup plus facile de gagner de l’argent. De même, lorsqu’un personnage meurt ou se fait arrêter, il ne perd pas ses armes. Si votre barre de vie est basse, elle remonte vite à la moitié de sa charge. Enfin, les missions disposent de nombreux points de contrôle. Tous ces éléments ont pour effet de rendre le jeu plus facile, peut-être même un peu trop. Mais cela permet également d’enlever la frustration lorsqu’on doit refaire une mission. Plus besoin de traverser la map pour revenir au début de la mission, on recommence au checkpoint. La progression est dynamisée et le joueur encore plus immergé.
La plus grande nouveauté scénaristique de ce GTA V, c’est qu’il y a trois personnages principaux. Ce n’est pas une révolution mais cela a un fort impact sur le jeu tout entier, dynamisant la mise en scène et offrant de nouvelles situations jouables. Surtout, proposer trois personnages aux physiques et caractères très différents permet de mieux accrocher les joueurs qui pourront ainsi s’identifier au moins à l’un de leurs avatars.
Des personnages clichés…
La clairvoyance affichée pour le dynamisme du gameplay ne s’applique pas vraiment sur les personnages, trop clichés.
Franklin vit dans le quartier pauvre de la ville. Il tente de s’en sortir tant bien que mal en réalisant des deals foireux et en volant quelques voitures. Cependant, il est intelligent et a envie d’accéder à un meilleur niveau de vie. Bref, le héros classique de GTA. Il devient alors le protégé de Michael, qui va lui ouvrir les portes du grand banditisme. Michael, c’est le braqueur doué qui a raccroché pour protéger sa famille qui ne se prive pourtant pas de lui en faire voir de toutes les couleurs. Du coup, frustration, colère, tout ça. Dix ans auparavant, Michael était allié à Trevor, un mec complètement cinglé qui cache bien des traumatismes derrière sa grande violence. Il crèche dans une caravane pourrie paumée au milieu du désert dans un quartier rempli de camés, de tordus, voire très souvent les deux à la fois.
Les personnages principaux de GTA ont toujours été des clichés. Cependant, ils bénéficiaient d’une véritable profondeur au contact des personnages secondaires qui étaient encore plus caricaturaux (par exemple Brucie Kibbutz). Mais dans GTA V, on ne trouve pas de personnage secondaire fort. Il y a des psychopathes, des débiles, des mégalomanes, des ripoux, bref la galerie de personnages habituels. Mais on n’en retiendra aucun.
C’est la relation entre les trois personnages principaux qui va leur fournir un peu plus de profondeur, juste un peu plus. En gros, Franklin a un pote gonflant, une ex petite amie qui va se marier et une tante envahissante. Super, on s’en fout. On s’en fout parce que Rockstar n’a pas su nous communiquer ce que ressent vraiment Franklin.
Michael tourne en rond avec sa rage incontrôlable et son envie de retrouver sa famille. Sauf que sa famille est chiante. Sa femme est hystérique et couche avec son coach de yoga, son fils est un incapable et sa fille ne pense qu’à devenir célèbre par tous les moyens. Du coup on ne comprend pas comment Michael peut aimer sa famille. Au final, Trevor est le seul personnage un peu attachant. Violent, imprévisible et pas très amoureux de l’hygiène, il semble pourtant être parfois plus humain que tous ses congénères. Cependant, ses va-et-vient entre violence et lucidité empêchent le joueur de s’attacher plus à lui. Au moins on se marre bien en le voyant couler un bronze derrière une poubelle ou se réveiller en slip au milieu de la rue même si ces singeries systématiques semblent cacher un manque scénaristique.
Enfin, la progression des trois héros n’est pas assez conséquente pour se dire à la fin du jeu qu’on a vécu une aventure incroyable et que les personnages ont évolué. Michael est déjà blindé et Trevor restera un sale type vivant dans une caravane délabrée même avec trente millions de dollars sur son compte en banque. Franklin quant à lui obtient une villa de luxe très rapidement. Et à la fin, rien n’a changé. On se débarrasse des gens gênants mais on n’a jamais vraiment eu l’impression qu’ils étaient dangereux.
… et une narration à la sauce blockbuster
Le point culminant de GTA IV, pour beaucoup de joueurs, était la mission de braquage de banque, fortement inspirée des films Heat et Point Break. Rockstar le sait et a donc logiquement inclut plus de missions de ce type dans GTA V. Malheureusement, les braquages se comptent sur les doigts d’une main. On apprécie tout de même la possibilité de choisir ses hommes de main (braqueur, pilote, etc.) et d’aborder ces phases de jeu de deux manières : la manière forte avec gros flingues et explosions ; ou la manière douce en mode infiltration. Dans les deux cas, on ressent l’excitation du casse. Mention spéciale tout de même pour le braquage qui se finit en destruction de véhicules de police à coups de minigun, un vrai défouloir.
Pour GTA V, Rockstar a donc pris le parti de l’action. C’est divertissant mais narrativement cela constitue un pas en arrière. Là où GTA San Andreas pouvait nous émouvoir dès la première cinématique en montrant CJ pleurer sa mère, là où Read Dead Redemption offrait des personnages attachants et profonds comme Bonnie McFarlane (rappelons qu’un personnage féminin bien écrit est un fait rare dans le Jeu Vidéo), GTA V ne propose qu’une galerie de personnages trop excités ou pas assez et aux motivations peu convaincantes.
Comprenons-nous bien, on ne s’ennuie jamais dans GTA V. Malgré des personnages pas assez exploités, Rockstar parvient tout de même à donner du rythme à son jeu, notamment grâce aux fréquents changements de personnage, aux missions variées et toutes divertissantes, mais aussi grâce à la disparition du système des « trois îles » puisqu’on a accès à toute la ville dès le début du jeu. De plus, on apprécie de ne plus être obligé de jouer aux fléchettes ou d’aller dans un bar avec un autre personnage juste pour discuter. C’est toujours possible, mais on peut très bien s’en passer pour avancer dans l’histoire et c’est tant mieux !
Et techniquement ?
Sur Culture Games, nous préférons parler d’un jeu en nous focalisant sur le ressenti et non sur la technique pure. Mais la technique est un point important dans la saga Grand Theft Auto. Chaque épisode repousse les limites techniques des machines qui l’accueillent. Depuis le challenge du premier épisode sur PS1 et PC qui proposait une ville vivante, GTA a bien évolué. Ce cinquième épisode remplit largement la galette et ça se voit à l’écran. Dès la première ballade, San Andreas frappe par sa luminosité. Par rapport à GTA IV, les immeubles sont moins gris, moins béton et la ville n’a plus l’air plongée dans un brouillard permanent (même si on perçoit encore du brouillard au loin). Par contre, les textures peinent régulièrement à s’afficher, notamment lors des virées rapides en voiture – précisons que la critique a été réalisée à partir de la version PSN.
La map terrestre est relativement grande, sans être gigantesque. L’espace maritime quant à lui est énorme. Les fonds marins sont très détaillés et il n’est pas rare de tomber sur des épaves. Cependant, l’énorme espace occupé par la mer n’est quasiment d’aucune utilité. Dommage de fournir autant d’efforts pour des espaces sans intérêt.
Les cinématiques quant à elle sont parfaitement réalisée. On passe des phases de jeu aux cinématiques sans même s’en rendre compte et graphiquement, GTA V assure méchamment pour un jeu d’une telle densité.
La tracklist des radios étant une question de goût, nous ne la commenterons pas si ce n’est pour dire que le rock et le métal sont très mal représentés. La véritable remarque concernant ce point, c’est qu’il n’est toujours pas possible d’importer les chansons présentes sur notre console, alors qu’on peut le faire sur PC depuis bon nombre de GTA… Sinon les doublages et les musiques créées pour le jeu sont impeccables.
Enfin, les temps de chargement sont quasiment inexistants, un pur bonheur. On a tout de même plusieurs gigaoctets de données installées sur la console et un gros temps de chargement en début de partie.
GTA Online, le monde magique des temps de chargement infinis
Les temps de chargement ont beau être transparents dans le mode Solo, dans GTA Online c’est une vraie plaie. Après une connexion au mode Online très fastidieuse, il faut encore subir entre chaque mission online des temps de chargement longs, mais longs… LONGS… LOOOOONGS !!!
En parlant des missions, celles-ci sont loin d’égaler celles du mode Histoire, tant en termes de rythme que d’intérêt. Un personnage secondaire du mode Solo vous donne une mission à faire de temps en temps, histoire d’instaurer un semblant de scénario pas du tout concluant car trop sporadique. De plus, la coopération n’est jamais vraiment bien respectée par les joueurs, à moins de jouer avec un ami ou de tomber sur quelqu’un qui joue de la même manière que vous, ce qui est rare. D’autres évènements peuvent être déclenchés, comme des matchs à mort par équipe ou des courses, le tout contre d’autres joueurs. Malheureusement ces missions ne sont pas très passionnantes car redondantes et trop courtes pour un temps de chargement trop long (mais loooongs…).
Les utilisateurs des premiers jours ont également eu quelques mauvaises surprises. En effet, les premières semaines étaient le théâtre de serveurs à la ramasse et de sauvegardes altérées. Nous avons notamment eu la mauvaise surprise de voir que notre personnage avait changé entre deux parties. Heureusement, Rockstar a corrigé le problème assez rapidement.
Bref, GTA Online a beau proposer beaucoup plus de choses que le mode multijoueur de GTA IV, il n’en est pas moins ennuyeux.
Quel avenir pour Grand Theft Auto ?
GTA V constitue une nouvelle pierre à l’édifice de la saga. Pas exempt de défauts, il n’en est pas moins extrêmement divertissant et rythmé. A vrai dire, c’est le GTA le plus jouissif en terme d’action. Pourtant, même si Rockstar fait preuve d’expérience et de maturité de ce côté, le parti pris de l’action se fait au détriment de la psychologie des personnages, ce qui pourra en décevoir certains. Peut-être que la prochaine génération de consoles sera l’occasion de réunir les qualités de cet opus et des personnages moins manichéens.
D’ici là, il y a de grandes chances pour que nous ayons droit à des add-ons ou des spin-offs. Peut-être bien que Vespucci Beach sera le théâtre d’un remake de Point Break à la sauce GTA. En tout cas, le décor s’y prête bien. Et pour le coup, on n’en voudra pas à Rockstar de se focaliser sur l’action.
Point sur le PC
De nombreux mois plus tard. La version PC atteint finalement nos machines, résolues à pousser dans ses derniers retranchements le dernier né de Rockstar. Petit récapitulatif.
Premier aspect sur lequel le jeu excelle et pas des moindres : l’optimisation. On se souvient encore du framerate calamiteux que traînait GTA IV, boulet ayant radicalement freiné le succès du jeu sur la plateforme. Les développeurs l’ont bien compris et ne reproduisent pas cette même erreur. Probablement la source des multiples retards qu’à connu la version, l’optimisation est exemplaire. Les configurations moyennes n’ont pas à rougir face aux version next-gen, tandisque le mode “Ultra” ravira la rétine des plus chanceux. Plus de particules, une profondeur de champ prolongée, un trafic piétons/voitures densifié et bien d’autres paramètres démarquant nettement le PC des versions précèdentes.
les avancées du Online
Avant de commenter l’arrivée du mode braquage. Il est à noter que le Online se joue à 30 par serveur, contre 16 pour les versions PS3, 360. Ce qui est dit dans ce paragraphe s’applique également aux versions PS4, One.
Passons aux braquages. Au nombre de cinq et se jouant à quatre joueurs. Ces missions scénarisées apportent une profondeur non négligeable au vide du multi-joueurs. Cela ne rendra malheureusement pas la voix à nos avatars, toujours parfaitement aphones. Vous lancer dans les braquages vous assurera des heures de contenu de très bonne qualité dans lequel vous devrez, à l’instar du solo, préparer vos coups avec des missions préalables puis passer à l’action. Tout ceci en choisissant votre rôle dans l’équipe, fournissant une dimension supplémentaire de rejouabilité. On regrettera tout de même la difficulté d’effectuer ces missions sans jouer avec des proches. Nécessitant un haut degré de communication, ce contenu n’est pas très adapté à un jeu avec des inconnus. Toutefois, ce point noir est aussi un facteur de qualité si les joueurs communiquent bien. La stratégie d’approche ainsi que les compétences de chacun mènent à de vraies séquences de tension ou la moindre erreur peut coûter cher. Si la rétention des joueurs s’est améliorée sur GTA Online grâce aux braquages et autres objectifs quotidiens, force est de constater que la densité du contenu manque toujours quelque peu, après une quarantaine d’heures, le tour du multi est fait et la lassitude s’installe rapidement.
Fonctions annexes
Au delà du Online, on pourra saluer les possibilités d’enregistrement des séquences de jeu. Chacun peut enregistrer (en vue 1ère ou 3ème personne) tout ce qu’il voit. Le montage peut ensuite être effectué via un outil simple et efficace permettant d’ajouter : musiques, textes, filtres et autres effets de caméra fort sympathiques. Comble du luxe, il est possible de modifier le placement de la caméra dans cet éditeur. Le joueur peut décider librement de placer la caméra dans un angle bien précis et ce jusqu’à 30 mètres autour du personnage.
Enfin, les mods commencent à doucement fleurir sur internet. Baleines volantes et autres mitrailleuses à voitures font leur apparition, assurant au jeu une continuité dans sa fameuse réputation de joyeux foutoir sur PC.
Mode FPS
Le mode première personne, utilisable dans la quasi-totalité des phases de jeu est une alternative viable au mode troisième personne. Toutefois, comme tout mode FPS, il vous incitera davantage a de l’action immédiate, l’arme braquée droit devant (forcément ça donne envie de mettre le monde en feu). On saluera le travail effectué sur la caméra, immersive, il ne s’agit pas d’une fonction au rabais. Sauter de voiture ou d’un avion vous procurera des sensations autrement plus prenantes qu’à la troisième personne. Les développeurs sont allés jusqu’à reprendre certains codes des FPS pour rendre la fonction authentique, à savoir : doubler la vitesse du personnage lors de l’utilisation du mode, par exemple.
Images fournies par l’éditeur
L'avis général
- De l'action sans arrêt
- Pas de temps de chargement (Mode Histoire uniquement)
- Finis les décors en nuances de gris
- Les braquages (bien qu'ils ne soient pas assez nombreux)
- "Et dis-lui qu'on a besoin de chips et de prostituées" - Trevor
- Des personnages pas assez profonds
- Impossible d'importer ses chansons dans une radio
- GTA Online sans intérêt