Comme il s’est fait attendre ce DOOM (4) ! 8 ans de développement et de galère à recommencer encore et encore pour enfin atteindre cette sensation old-school si plaisante. Il était donc légitime d’être des plus inquiet quant à la qualité finale du titre, surtout après une bêta multijoueur fermée loin d’être convaincante. Cela dit, plonger à nouveau en enfer est sacrément tentant.
Plaisir solitaire
À peine lancé, le jeu donne déjà le ton : une tête explosée à mains nues, du metal et du sang, pas de doute on est bien chez DOOM ! Cette impression délicieusement rétro qui s’installe dès les premières minutes rassure et nous met dans le bain. Ici il n’est pas question de couloir, mais bel et bien de niveaux ouverts comme on en faisait dans les années 90. Ces niveaux vous demanderont de réaliser certains objectifs bien précis pour déverrouiller d’autres zones, d’autres objectifs, puis enfin en venir à bout et passer au niveau suivant. Il peut s’agir de vider la zone de monstres, récupérer un artefact ou encore d’activer des mécanismes. Évidemment, vous n’êtes pas seul sur Mars (comme ce bon vieux Matt Damon) puisque vous êtes accompagné de tout un tas de joyeux démons prêts à vous arracher le cœur et vous éclater la tête avec votre propre bras, préalablement extrait de votre corps. Niveau ambiance, on retrouve ce côté horrifique et glauque, sans tomber dans le piège « DOOM 3 » du « c’est tout noir donc ça fait peur ».
Les niveaux sont découpés en deux parties distinctes. D’un côté, les zones dédiées à l’exploration et à la chasse aux secrets (pas dénuées d’ennemis, loin de là), et de l’autre des zones vastes mais fermées correspondant à des arènes. Dans ces dernières, il vous faudra tuer tous les démons qui apparaîtront par vagues successives avant de pouvoir avancer. La chasse aux secrets assistée juste comme il faut est particulièrement grisante, si bien qu’on refuse souvent de terminer un niveau sans avoir absolument tout trouvé. Parfois aussi bien cachés qu’un mouton dans des toilettes, certains secrets requièrent un œil de lynx et beaucoup de détermination pour être débusqués. C’est aussi par les secrets que le fan service se fait le plus présent. On récupère notamment des petites figurines du Doomguy (déclenchant un jingle tout plein de nostalgie), mais les plus gros clins d’œil sont ces zones secrètes (vraiment difficile à trouver pour la plupart) entièrement faites avec les textures de DOOM 1 et 2. Trouver ces zones débloque d’ailleurs des niveaux entiers des anciens épisodes dans le menu !
Si DOOM est old school, il n’oublie pas pour autant que nous sommes en 2016. Un système d’évolution des armes et du personnage est présent. Chacune des armes dispose de deux tirs secondaires appelés « mods » qu’il faudra débloquer dans un premier temps, puis que l’on pourra (drastiquement) améliorer grâce à des jetons que l’on obtient en combattant et en explorant les niveaux. Les mods disposent chacun de deux à quatre améliorations, le palier final lui ne s’achète pas, mais se débloque en remplissant un défi (par exemple, réaliser tant de headshots avec ce mod). Un système intelligent qui encourage à swapper armes et mods pour atteindre le 100% symbolique. Malheureusement, si la campagne profite dans un premier temps du côté jouissif du jeu, le dernier tiers de cette dernière laisse un arrière-goût assez amer. Le titre finit par tourner en rond (malgré l’apparition de boss plutôt sympathiques). Le dernier niveau en est le meilleur exemple, se contentant de reprendre ce que l’on a déjà vu et de le condenser en trois grosses arènes, avant un boss final particulièrement fade, qui est de très loin le moins réussi de tous, un comble. Côté rejouabilité on en prend un grand coup, mais les plus acharnés trouveront leur bonheur dans les modes de difficultés supplémentaires et dans l’évolution de leur équipement.
Une tête explosée à mains nues, du metal et du sang, pas de doute on est bien chez DOOM !
Groovy
Mais est-ce véritablement une raison suffisante pour bouder son plaisir ? Quel autre FPS a su nous faire ressentir des sensations aussi jouissives récemment ? La vitesse d’exécution est affolante. On saute, on change d’arme et de mod, on récupère des power-up pour tout éclater encore plus vite, le tout sans une seule seconde de répit. Le joueur devient une véritable machine à charcuter du démon, allant toujours plus vite dans ses mouvements et ses réflexes pour un résultat particulièrement badass. Malgré la routine qui s’installe rapidement, les affrontements ne manquent jamais de nous satisfaire. La progression du level design des arènes et la courbe de difficulté bien maîtrisée permettent d’en profiter de la plus belle des manières. L’inquiétude autour d’un potentiel cassage de rythme de l’avalanche de finishers est rapidement balayée par la très vaste variété de ces derniers. De plus, il devient rapidement possible de les accélérer pour un résultat toujours plus brutal et jouissif.
La bande-son aussi déchire. Metal à souhait, elle n’hésite pas à reprendre certains thèmes cultes de la série. Une franche réussite. L’ADN de DOOM reposant en grande partie sur son côté hard rock, c’est une preuve supplémentaire de l’aptitude des développeurs à conserver l’essence de la série. Quant au scénario, il n’est ni vraiment intéressant, ni vraiment développé. Un problème ? Pas du tout puisque toute personne dotée de bon sens ne cherchera pas dans DOOM un scénario élaboré mais se réjouira de voir le héros foutre en l’air tout ce qui permet de faire avancer l’histoire, ignorant les ordres qui lui sont donnés de la plus simple des manières : à grand coups dans la tronche. Et puis le titre est sacrément beau (ici joué sur PC), et profite d’une fluidité exemplaire.
Je travaille seul
Que reste-t-il une fois la campagne terminée ? Tout d’abord un mode multijoueur qui fait pâle figure à côté du solo. La preview réalisée sur la bêta multijoueur est toujours d’actualité tant les problèmes sont exactement les mêmes : les armes n’offrent aucun feeling, les maps et modes de jeux sont peu inspirés, l’ensemble assez déséquilibré, et l’ambiance ultra austère sans musique et avec un annonceur qui pourrait faire la voix-off de Dora l’exploratrice n’aident pas vraiment à se plonger dedans. C’est aussi dans ce mode que l’on voit les limites du old school. Ici pas d’armes à ramasser, mais des équipements choisis en amont que l’on peut changer à chaque respawn. Plus proche de Call of Duty que de Quake.
Heureusement, on se console avec le SnapMap. Outil de création surpuissant intégré au jeu, il permet de créer des maps et des modes de jeux dans les moindres détails. Le tout est accompagné d’une excellente série de tutoriels pour apprendre tranquillement les bases de l’outil. Les créations vont des petites maps simples, au MOBA avec système de leveling intégré (impressionnant en terme de profondeur). On sait que la saga DOOM a été maintenue en vie par une communauté de fans très active. Les développeurs semblent donc vouloir les récompenser avec cet outil déjà très utilisé. On peut espérer tout un tas de nouvelles expériences autour de DOOM grâce à lui. Et le meilleur dans cette histoire, c’est que c’est entièrement gratuit, et souvent de bien meilleure qualité que le mode multijoueur.
Bref, DOOM est une excellente surprise. Sa capacité à réunir le meilleur du old school et du contemporain rend l’expérience aussi surprenante qu’agréable. On pouvait craindre de ne pas retrouver ce qui a toujours fait le cœur de la série, avec un titre peut-être un peu trop aseptisé. Si c’est clairement le cas en multijoueur, le solo répond de la meilleure des manières aux joueurs les plus sceptiques. Impossible de ne pas prendre son pied en massacrant des nuées infinies de démons avec un arsenal surpuissant. Plus dense qu’il n’y paraît, DOOM s’offre même le luxe de proposer des phases d’exploration bourrées de secrets et n’oublie jamais de brosser les fans dans le sens du poil. Un retour par la grande porte, mais si le roi veut vraiment reprendre son trône, il devra faire bien mieux la prochaine fois et ne pas tomber dans la facilité.
L'avis général
- Plus badass tu meurs
- Campagne solo fantastique...
- Ce sentiment de toute-puissance
- Le SnapMap
- DU METAAAAAL
- Multi de boiteux
- ...même si ça s'essoufle