L’évolution des pads #05 – La manette sans filCapsule Technique

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L’évolution des pads #05 : LA MANETTE SANS FIL


On poursuit notre série sur l’évolution des Pads avec un type de manette qui a révolutionné le jeu vidéo : le contoler sans fil.

Nous sommes le 15 juillet 1983 lorsque sort au Japon la Famicom, la Nintendo Entertainment System japonaise disons. Quiconque par chez nous a déjà eu la bête dans les mains a sans aucun doute déjà pesté contre ses manettes directement attachées à la console, par des fils très courts qui plus est. Quand bien même les jeunes Japonais jouaient généralement assis par terre en tailleur, cette configuration les obligeait à rester très près de l’écran pour pouvoir jouer convenablement. Si les fils ont rapidement gagné en longueur sur les machines suivantes pour pallier le problème, les constructeurs ont très vite commencé à réfléchir à un moment de nous faire jouer aux jeux vidéo avec des controlers sans fil. Plus vite qu’on ne l’imagine d’ailleurs.

Vous qui pensez que la première manette sans fil était la Dual Shock 2 de Playstation compatible avec la PS2, vous êtes très très loin. Pour la simple et bonne raison qu’aussi incroyable que cela puisse paraître, la première manette sans fil date de 1984 sur Atari 2600. Et oui, on parle bien de cette fameuse console dite « du pauvre », connue pour avoir hébergé certaines des plus grosses bouses vidéoludiques de l’époque, au point d’avoir entraîné le fameux krack de l’industrie du jeu vidéo en 1983. Mais ça, c’est une autre histoire ! Revenons-en plutôt à ce fameux premier controller sans fil.

 

Brochure publicitaire des manettes sans fil Atari pour Atari 2600.

 

ATARI AUX MANETTES… SANS FIL !

Paradoxalement, c’est l’année même de cette première crise mondiale du JV qu’Atari a commercialisé son joystick de commande à distance sans fil, une version rebaptisée d’un autre pad forgé par le constructeur, le Cynex Game Mate 2. Alors qu’Atari commence à les vendre en 1983, leur première apparition remonte même à 1982 puisqu’à l’automne de cette année-là, Cynex (une société basée dans le New Jersey) les vendait déjà de manière indépendante. En témoigne ce flyer publicitaire du revendeur californien G.A.M.E.S partagé par le site Retroist.

Réellement fan de ce concept révolutionnaire, Atari signe alors un contrat d’exclusivité avec Cynex pour que la boîte ne fabrique désormais ces joysticks que pour la machine d’Atari. Ainsi, la société fondée par Nolan Bushnell et Ted Dabney en présente son nouveau pad en janvier 1983 au Winter Consumer Electronics Show de Las Vegas. 

 

Brochure publicitaire de l’enseigne G.A.M.E.S. datée de 1982

 

SYNDRÔME VIRTUAL BOY

Vendu environ 60 dollars à sa sortie en 1983, ce stick d’un nouveau genre était en fait un joystick Atari CX40 en dessous duquel était placé un émetteur radio. Logique, bien que cette spécificité rendait le résultat final très volumineux. Et forcément donc, le bouzin était assez difficile à prendre en main, surtout pour les enfants. Outre cette particularité purement physique, le produit, aussi ambitieux et avant-gardiste fut-il, s’est à l’instar du Virtual Boy, malheureusement vite heurté aux limites technologiques de son époque.

Autre problème né de cette technologie naissante : le lag. En effet, les retours de joueurs de l’époque ayant joué avec cette manette à l’époque déplorent tous un décalage entre le mouvement du stick et sa réception pour la machine, ce qui fatalement, se matérialisait par une latence à l’écran. Ajoutez également à cela que ces pads fonctionnaient avec des piles de 9 volts, leur octroyant ainsi une durée de vie assez courte. Ajoutez à ça le prix exorbitant de ces piles dans les années 80 et vous comprendrez pourquoi les joueurs sont rapidement revenus aux bonnes vieilles manettes filaires.

La leçon à retenir de ces manettes Atari est que si elles répondaient à un besoin réel des joueurs de l’époque, elles étaient (trop) en avance sur leur temps et ne jouissaient malheureusement pas des moyens technologiques nécessaires pour fonctionner correctement. Heureusement, les années ont passé et par la suite, Sony et Nintendo, respectivement avec leurs manettes Dual Shock 2 et Wavebird ont su pour de bon gérer une transition définitive et progressive vers les manettes sans fil. Le sens de l’Histoire a alors naturellement fait son office jusqu’à permettre à nos manettes modernes de s’affranchir définitivement de la contrainte filaire.

D’ailleurs qui sait ? A l’heure où la réalité virtuelle, le metaverse et le full dématérialisé s’impose de plus en plus dans l’industrie du jeu vidéo, peut-être que demain nous n’aurons même plus besoin de manette pour jouer. De votre côté, que pensez-vous de cette perspective d’avenir ?

 

La Wavebird est la manette sans-fil officielle de la GameCube de Nintendo