Troll du Mois #11 (Final) : That’s all, folksTroll
Un petit dernier pour la route…
Voilà, après un full circle accompli, un dernier wololo pour les lecteurs du TDM. :) Cette petite année, riche en diatribes de toutes sortes, en syntaxes compliquées, en bondieuseries diverses et variées, en tlnr, en vocabulaire abscons et en blagues tout aussi sibyllines m’aura permis de me défouler sur un sujet qui me tient à cœur : les jeux vidéo. L’expression « qui aime bien châtie bien » était tout à fait appropriée pour cette chronique, néanmoins même si l’amour est toujours là elle doit prendre fin, périssant en même temps que la version 2 de Culture Games (oui, une version 3 devrait voir le jour bientôt, je balance un pavé dans la mare pour voir si vous suivez). En effet, des projets d’ordre professionnels méritent que je me focalise entièrement sur eux et n’étant pas du genre multitâche, je préfère cesser quelque chose qui pourrait devenir une obligation plus qu’un plaisir. Je remercie Ristou et Gorn de m’avoir sollicité pour animer cette rubrique – dont le ton était approprié pour un oldfag comme moi – ainsi que pour leurs encouragements. Mes remerciements vont également à toute l’équipe du site pour leur sympathie. J’ai conscience que cette rubrique était assez merdique (pas de fausse modestie, c’est vraiment ce que je pense et avec le sourire !), néanmoins si quelques lecteurs parmi le petit nombre qui m’a lu ont pu en tirer quelque chose, un rire, de nouvelles connaissances ou une volonté réflexive, je considérerais l’objectif comme accompli.
Un petit coup de 7zip ?
A des fins de synthèse et de clarté, résumons les axes principaux évoqués dans cette chronique.
Dans le premier article, j’ai parlé du trolling, qui peut être bien utilisé si son but premier est de vouloir aider son prochain. J’ai ensuite parlé du jeu vidéo qui est dans une phase descendante à cause de sa démocratisation et donc de sa commercialisation exponentielle. Par suite, j’ai accusé comme problème principal le rapport au jeu vidéo qui est distordu: on le comprend avant tout comme un média pour se détendre alors que ce devrait être en premier lieu un média servant à mieux se comprendre soi-même (Comme tout en ce monde d’ailleurs). Enfin, j’ai postulé le fait que la seule chose qui peut changer cette descente aux enfers, c’est donc un changement de mentalité chez le joueur.
Après avoir posé les bases, dans le second article j’ai parlé des erreurs à ne pas commettre dans son appréciation vidéo-ludique. Le bon jeu n’est pas forcément celui qu’on croit. On doit cultiver son sens critique personnel, augmenter son intuition artistique et intellectuelle. Faire confiance aux autres et aux journalistes pour se faire une opinion est une erreur : il faut peser ces mots, chacun conviendra de cette vérité mais peu l’appliquerons réellement (La preuve par les chiffres des ventes). Ensuite, j’ai évoqué le fait que toute tentative de créer un jeu grand public aboutit forcément sur un échec vidéo-ludique. Il faut faire attention aux fausses innovations, à ceux qui vous prennent dans le sens du poil : la véritable innovation est la reformulation, l’approfondissement ou le développement des archétypes éternels de l’imagination Humaine, non pas la création de « nouveauté ». « Games you lose are those you win » (Absolute epic lyrics cet album en passant…)
Le troisième article était un article spécial. Dans le quatrième, j’ai parlé de ce qu’on doit rechercher dans un jeu. Mon opinion était tout d’abord qu’on apprend guère sans s’amuser d’où l’utilité du jeu vidéo et qu’ensuite, en testant un jeu, tout avis personnel n’a pas plus de valeur qu’un avis tentant d’être objectif: ce qui fait un bon jeu, c’est sa capacité à transformer celui qui joue, pour le meilleur. Toute remise en question sincère aboutit nécessairement sur ce besoin intérieur.
Le cinquième article étant aussi un article spécial, j’enchaine sur le sixième où j’ai parlé d’un autre miroir aux alouettes qui semble avoir les critères dont j’ai parlé dans l’article trois : les jeux indé, qui ne sont qu’une bouée de sauvetage. Certes ils s’approchent de ce qu’il faut pour faire un bon jeu du fait de leur nature mais ils ne changent rien au problème fondamental du secteur qui est un problème Humain et non pas un problème technique ou économique qui ne sont que des conséquences de causes plus profondes. Ensuite j’ai évoqué les productions amateurs communautaires qui elles, s’approchent beaucoup plus de l’idéal recherché. J’ai fini sur le fait que les jeux indé sont en fait l’annonciation d’un destin plus tragique encore pour le secteur.
Dans l’article sept, j’ai ensuite parlé du mouvement qu’il fallait observer pour s’améliorer dans la compréhension du jeu vidéo. L’identification projective est la clef pour se transformer avec le jeu vidéo et savoir trier le bon grain de l’ivraie dans ce domaine. Comme le monde est l’image de ce que nous sommes, le jeu vidéo peut donc changer le monde. Reste à savoir en faire un bon usage, l’identification restant une technique et non pas un début ou une fin en soi. J’ai ensuite temporisé mon propos en ce sens que le jeu vidéo est un jeune média et on ne peut pas lui réclamer autant qu’on attendrait d’un livre par exemple. Il comporte néanmoins des avantages techniques indéniables.Dans l’article huit, j’ai parlé des conséquences de ce mouvement, une recherche sincère du mieux dans le domaine vidéo-ludique permet de décrypter les apparences et de savoir révéler ce qu’elles contiennent. On peut alors discerner le vrai du faux, les manipulations et ne plus donner d’attention à ceux qui ne le méritent pas. Enfin, j’ai évoqué l’éducation des masses à une pensée plus subtile, qui est la condition du changement de mentalité dans le secteur. En ce sens, la communication et l’échange est le premier pas.
En ce qui concerne l’article neuf, j’ai juste parlé du dernier écueil qui peut rester même si on fait un effort louable : en un mot, le fait d’être un fanboy c’est naze. Faut savoir faire mourir ce qui est devenu pourri plutôt que de tenter de le faire survivre sous sa forme actuelle.
Et enfin, dans le dixième, j’ai donné l’exemple d’un genre sous-estimé qui mérite plus d’attention. La sexualité est l’un d’eux, on brasse beaucoup de vent à ce sujet dans notre société alors que tout reste à faire. J’ai fini sur le fait qu’en plus de penser, il faut créer, s’investir. C’est en se regroupant et en œuvrant qu’on peut impacter le secteur. Les développeurs et éditeurs se conformerons à ce que les gens consomment.
Beaucoup d’autres petites choses plus ou moins importantes n’ont pas été évoquées, mais elles ne sont pas en lien direct avec le jeu vidéo. Si ce n’est que j’ai cru réussir à faire comprendre en filigrane que c’est en faisant preuve si je puis dire, de métadisciplinarité dans son savoir et ses sentiments que l’on peut tirer une substantifique moelle de quelque chose et en l’occurrence ici du jeu vidéo. A première vue, seules les connaissances des mythes, légendes, voir symboles peuvent nous être utiles. En dernière analyse, n’importe quel savoir tant qu’il est utilisé au sein d’une synthèse global peut nous aider à mieux comprendre notre environnement et nous-mêmes. Ceci dit, on sera plus perspicace, mais aussi plus exigeant. A vous de voir si vous lisez pour la philosophie ou pour le glorious gaming. A noter que j’ai subi deux censures sur des blagues communautaires, pfff pas drôle : oui votre troll n’était pas aussi trollant qu’il l’aurait voulu. :D Enfin, il y a pléthore de mèmes, de films, de jeux et autres joyeusetés diverses et variées que j’aurais voulu montrer, mais je suis persuadé que vous saurez vous débrouiller seuls.
Le mot de la fin
Oui, internet et les jeux vidéo sont en plein cancer. Anéantis par l’arrivée de ces nouveaux consommateurs qui pourrissent tout. A quoi bon parler de mèmes, de jeux récents, si c’est pour ne faire que jouer le jeu de la plèbe ? Il n’y a plus aucun fun ni aucune gloire, tout ce qui devient grand public est dénoyauté de sa substance. C’est à la mode d’être geek, à la mode d’être fan de mangas ou de jeux vidéo, notre passion est tellement cool, c’était bien obligatoire d’en arriver là. Lao Tseu disait que si on voulait suivre la vérité, il fallait faire tout le contraire de ce que font la majorité des gens. N’est-il pas le moment de penser le jeu vidéo différemment ? De s’éloigner de ce mouvement de foule et de transformer le secteur en se transformant nous-mêmes ? En combinant compétence, entraide et surtout désir d’augmenter sa culture, son émotivité vis-à-vis du média, de le considérer avec un peu de plus de sacralité ? J’espère y avoir contribué à mon faible niveau au travers de cette chronique, que j’aurais donné envie aux lecteurs qui n’y songeaient pas de s’y intéresser, que j’ai donné de l’espoir à ceux qui y songeaient déjà en leur montrant qu’ils ne sont pas seuls. Il n’y a pas de fautifs, les producteurs ne font que s’adapter à nous, l’effort doit venir de chacun tout en gardant confiance dans l’avenir. Car malgré les apparences, je suis certain que d’ici quelques années, on retrouvera un âge d’or du jeu vidéo. D’ailleurs, si on est attentif, il y a des bons jeux qui sortent parfois et si on sait fouiller, on peut toujours trouver des choses sympa. Mais ça suppose d’aller sur des sites moins connus et plus spécialisés, comme pour toute connaissance, on doit aller dans des endroits inconnus pour trouver des perles oubliées et être d’autant plus exigeant et prudent maintenant que les gamers du dimanche y ont accès. Autant profiter de cette période de déliquescence pour faire en sorte que cet âge d’or soit aussi puissant que possible le moment venu et peut-être que parmi ces joueurs du dimanche, il y aura les vrais gamers de demain.
Dans ce domaine comme dans les autres, tout est en analogie : c’est un être vivant qui respire. Si aujourd’hui le grand public le dévore, demain il renaîtra de ses cendres encore plus fort. Peut-être ne sera-t-il plus au goût de tous et que certaines personnes qui le fréquentaient jusque là seront sacrifiées sur l’autel de son évolution, peut-être que d’ici là, certains d’entre vous trouverons d’autres centres d’intérêts qui les comblerons mieux, c’est tout ce que je vous souhaite. Internet est mort, vive Internet, les jeux vidéo sont morts, vive les jeux vidéo. ;)