Dragon Quest : la légende de l’absentéisme scolaire au JaponCapsule Temporelle
DRAGON QUEST : LA LEGENDE DE L’ABSENTEISME SCOLAIRE AU JAPON
Si dans le reste du monde Dragon Quest est une série peu connue (notamment jusqu’au milieu des années 2000), au Japon elle provoque un véritable engouement à tel point que Enix (maintenant Square Enix), à chaque nouvel épisode, ne fait quasiment aucune promotion du jeu et ne distille que de maigres informations montrant de ce fait l’impact extraordinaire qu’engendre simplement le nom de cette licence ; certains sociologues du jeu vidéo ont même mentionné Dragon Quest comme faisant partie d’un phénomène de société tant par le succès phénoménal de cette licence, chaque jeu se vendant à plusieurs millions d’exemplaires, que par sa polémique. Polémique qui en 1988 a fait beaucoup parler d’elle suite à l’absentéisme scolaire massif à la sortie du troisième épisode, Doragon Kuesuto Surī Soshite Densetsu he (dans la langue de Molière : Dragon Quest III : et la légende fut…)
La série des Dragon Quest a débuté en 1986 grâce à l’illustre concepteur Yuji Horii, scénariste, producteur et game designer de la série mais aussi superviseur de l’excellent Chrono Trigger sorti en 1995. Toutefois, si la série connait un grand succès c’est non seulement par la présence de Yuji Horii, qui s’inspira notamment du premier RPG occidental et pionnier du genre Wyzardry pour créer sa propre série, mais aussi et avant tout par deux autres personnes, le character designer Akira Toriyama, le créateur du manga Dragon Ball Z, et de Kōichi Sugiyama, le compositeur attitré de la licence. C’est donc avec ce trio que la série a su, au fil des années, devenir l’une des licences les plus rentables et les plus magnifiées du jeu vidéo.
Les épisodes de Dragon Quest ont vu le jour aux Etats-Unis à partir de 1989 sur NES mais pour des histoires de copyright, la série est rebaptisée Dragon Warriors et certains passages sont renommés (personnages et symboles) voire censurés et ce en grande partie à cause des thèmes religieux étroitement liés à la série. En Europe, la série des Dragon Quest n’a pas eu le même impact qu’au Japon non pas à cause d’une différence de goût en matière de jeu vidéo (les gamers japonais sont friands de concepts assez particuliers) mais tout simplement car la série n’a jamais été adaptée aux consoles du vieux continent. Il a fallut attendre le huitième épisode de la série, baptisé Dragon Quest VIII L’odyssée du Roi Maudit, pour que les gamers européens puissent goûter à cette licence en 2006 sur PS2. Notons à ce sujet, que la série Dragon Quest est basée sur des trilogies, en tout cas pour les six premiers épisodes : la légende Roto comprenant les épisodes Dragon Quest I, II et III et la légende du Tenku no Shiro, les Dragon Quest IV, V et VI même si pour Yuji Horii cette seconde trilogie n’a pas lieu d’être…
Vous l’aurez donc compris, Dragon Quest de part son arrivée très tardive sur le sol européen n’a pas connu cet engouement que connait cette licence au pays du soleil levant. Mais si cette série est adulée voire sacralisée au Japon, c’est aussi dû à la vive polémique qu’elle a suscitée. En effet, le gouvernement japonais a du employer les grands moyens pour faire face au succès grandissant de Dragon Quest. Nous sommes donc en 1988, date de la sortie de Dragon Quest III : Doragon Kuesuto Surī Soshite Densetsu he qui clôture la trilogie de la légende Roto. Les gamers, qui attendent impatiemment la conclusion de la trilogie, se sont logiquement rués vers les magasins.
Or, Doragon Kuesuto Surī Soshite Densetsu he a débarqué en pleine semaine alors que les collégiens et lycéens étaient à l’école. Un absentéisme scolaire massif s’est donc produit le jour de la sortie du troisième volet de la licence des Dragon Quest. Encore plus édifiant, les entreprises ont elles aussi enregistré un absentéisme record de leurs employés.
Le gouvernement japonais prônant la tolérance zéro au sujet de l’absentéisme scolaire, aurait décidé de voter une loi interdisant la sortie des jeux Dragon Quest en semaine au Japon. Ceci étant, Il ne s’agit que d’une légende urbaine, le gouvernement japonais n’ayant jamais émis de telle loi.
La réalité est tout autre puisque c’est à l’initiative de Enix que la sortie des épisodes Dragon Quest débarquent par la suite en week-end ou durant les vacances scolaires. Il n’y a donc jamais eu de contraintes gouvernementales.
Cette légende urbaine a participé à l’engouement de Dragon Quest III, faisant de lui l’un des plus importants phénomènes de société de l’histoire du jeu vidéo.