Marcus

 

Marcus, journaliste, animateur et dinosaure du jeu vidéo français


Sans Marcus, beaucoup d’entre nous n’auraient sans doute pas connu la passion du jeu vidéo. Ou du moins pas de la même façon.

Tout le monde connait Dorothée, la chanteuse, actrice et animatrice emblématique des émissions jeunesse Récré A2 et le Club Dorothée dans les années 80-90. Celle-là même qui a servi de seconde maman/nounou à toute une génération biberonnée aux dessins animés, notamment japonais. Eh bien Marcus, Marc Lacombe de son vrai nom, c’est pareil, mais en mec et pour le jeu vidéo ! Pour la simple et bonne raison que malgré son niveau de jeu moyen et ses gros doigts, le bonhomme a servi de guide à toute une jeunesse ayant grandi avec une manette dans les mains.

L’AMOUR DU JEU AVANT TOUT

Il aurait pu (et voulu) naître avec une manette entre les mains, mais quand le petit Marc ouvre les yeux en 1966 à Montrouge, le jeu vidéo n’existait malheureusement pas encore. Pour autant, le gamin est dès son plus jeune âge initié aux joies du jeu, qu’il s’agisse de jouets (faits-mains ou non), de jeux de société ou même des premiers jeux électroniques. Avec une telle éducation, c’est tout naturellement qu’il finit par croiser la route du jeu vidéo. D’abord en arcade au jardin d’Acclimatation de Paris, puis rapidement ensuite à la maison.

Comme beaucoup de gamers de la Playhistoire, sa première « console de salon » fut Pong, auquel il jouait en famille avec ses parents et sa sœur. Il n’en fallut pas plus pour lui inoculer le virus du jeu vidéo. C’est aussi en grandissant que notre ami Marcus découvre les prémisses du cinéma fantastique et de science-fiction, avec notamment Star Wars, Indiana Jones, Retour vers le Futur et plus tard, Jurassic Park… Des univers imaginaires qui ne le quitteront plus jamais et ne manqueront pas de forger son éternelle personnalité aduléscente.

Marcus McFly ! (Photo : Xavier Boguencshultz Driss Studio)

Mais revenons-en aux jeux vidéo, car la grande force de Marcus, c’est d’être né au bon moment. En tout cas à la date parfaite pour voir de ses propres yeux toute l’évolution du jeu vidéo. De la magie des salles d’arcade et des premières consoles de salon jusqu’à l’ère moderne du gaming en passant par les grandes évolutions technologiques du secteur, le monsieur a tout vu et tout vécu. Et avec une telle passion qui l’anime dès ses premiers points d’XP décrochés dans la vue, il était évident que son avenir se tracerait tout en pixels.

MARCUS EN REDAC

D’abord jeune lecteur de magazines spécialisés comme Hebdogiciel et Tilt, il passe ensuite rapidement de l’autre côté du papier en devenant pigiste, puis journaliste, pour la plupart des premiers magazines français de jeu vidéo. Micro News pour commencer en 1989 (et sa fameuse rubrique Doc Amigo vs. Prof ST), puis Tilt après son service militaire, en 1991. Il intègre ensuite Console+, un nouveau mag lancé par la rédaction de Tilt. C’est d’ailleurs dans ces colonnes qu’il crée, entre autres, The Killer, avec son confrère Laurent de France. On parle là d’un personnage de type serial killer habillé d’un masque de hockey dont le but était de défoncer les mauvais jeux à coups de machette et de tronçonneuse. Ceux qui lisaient le mag à l’époque s’en souviennent forcément.

En 1993, à la fermeture de Tilt, Marcus rebondit dans plusieurs autres magazines, dont Joystick, le légendaire Player One et PC Player. Dès années plus tard, il mettra aussi sa plume au service des magazines Playguide et Gaming, mais bien avant ça, Marcus va d’abord s’ouvrir à une toute autre expérience médiatique : parler de jeux vidéo à la télévision, et notamment sur Game One.

Marcus débarque sur Game One ! (Crédit : Game One)

VISAGE LA CHAÎNE GAME ONE

Quand on connait son passif de clown télévisuel, il peut être difficile d’imaginer que Marcus est un grand timide. C’est pourtant vrai !  Écrire dans des magazines était alors le moyen idéal pour lui de parler de sa passion en toute discrétion et sans être vraiment sous le feu des projecteurs. Seulement voilà, quand on lui propose de participer à la création de la première chaîne de télévision centrée sur le jeu vidéo du monde, il ne peut évidemment pas se résoudre à refuser.

Surtout qu’avant Game One, Marcus a déjà eu quelques expériences télévisuelles, en travaillant notamment pour l’émission Micro Kids sur FR3, parallèlement à ses années passées chez Tilt.  Ainsi, après avoir opéré dans l’ombre sur l’émission CyberFlash sur Canal+ et du service C:, il prend part à la création de Game One en 1998, la chaîne qui va lui permettre de réellement écrire son nom en lettres d’or dans la grande histoire des médias jeux vidéo.

Sur Game One, Marcus a certes animé la Game Zone avec El Didou et Juliette, mais vous serez tous d’accord pour dire que l’émission qui l’a réellement fait connaître, c’est bien sûr Level One, qu’il a lui-même créée. Le concept ? Montrer le premier niveau d’un jeu (et parfois un peu plus) en nous montrant ses qualités et ses défauts dans les conditions du direct. Le tout avec son visage incrusté dans le jeu, histoire qu’il puisse s’adresser directement au spectateur, comme si ce dernier était assis à côté de lui sur son canapé en train de le regarder jouer. Vous l’aurez compris, avec cette émission, Marcus est devenu sans le savoir le pionnier du let’s play moderne. Qu’on se le dise, c’est grâce à Level One que Marcus a pu démontrer toute sa sympathie à travers l’écran, à ceux qui le regardaient d’abord, mais aussi aux innombrables invités avec qui il a eu l’honneur de jouer dans Level One.

Level One avec Marcus… C’est la nostalgie ! (Crédit : La télé de Jean-Pat)

Sur Game One, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce qu’en 2002, Infogrames décide de racheter la chaîne pour en devenir l’unique actionnaire. Peu à peu, le groupe va commencer à exercer une pression sur l’équipe éditoriale, en lui imposant de favoriser ses jeux sur Game One. Bien entendu, cette incursion ne va pas plaire à Marcus, lui qui a toujours fait en sorte d’être honnête envers son public. Il va donc faire jouer sa clause de conscience et prendre la lourde décision de démissionner.

Après le départ d’Infogrames, il reviendra finalement sur la chaîne en 2007 pour animer Rétro Game One, une nouvelle émission qui, comme son nom l’indique, donnera la part belle à la nostalgie du rétrogaming. Dans le même temps, il prendra part à plusieurs autres programmes de Game One, dont Le Débat, Marcus vs. Julien Tellouck ou encore Team G1, une émission menée par ce même Julien et pour laquelle il officie encore aujourd’hui en tant que chroniqueur aux côtés de Kayane, Newtiteuf, Norman Chatrier (Gen1us), Anh Phan, Sora, Thomas Grelier ou encore Kythis. Depuis 2019, Marcus a même repris les manettes de Level One, et teste chaque semaine un nouveau jeu en direct (le mercredi) ou en différé sur un jeu surprise (souvent le jeudi), pour le plus grand plaisir des fans de la première heure.

NOUVEAU DÉPART

Mais revenons en à 2002, quand Marcus quitte le navire de Game One. S’il a le droit au chômage, heureusement pour lui, la sympathie qu’il a su cultiver durant des années dans le milieu va rapidement lui permettre de rouvrir les portes de l’emploi. Ainsi, dès 2003, il va rejoindre les rangs de Micromania pendant dix ans pour y tourner des séquences intitulées « Coup de cœur de Marcus ». Des vidéos promotionnelles qui seront ensuite diffusées dans les boutiques de la chaîne Micromania et sur les DVD officiels du revendeur. Il a également animé au Micromania Game Show, l’ancêtre de la Paris Games Week en public, des présentations de jeux sur le modèle de Level One.

La première vidéo de Marcus pour Micromania.

Il n’abandonnera pas pour autant la télévision puisque pendant cette période, Marcus va en effet intégrer l’équipe de Fun Player, sur Fun TV, pour observer les réactions sur le chat et pour réaliser un test « sans filet » (sa spécialité) en fin d’émission. Marcus tourne aussi quelques pilotes pour la télévision (Game 13 pour 13ᵉ rue par exemple) et même un projet pour une nouvelle chaîne de télévision : Playstation TV, qui n’a jamais vu le jour faute d’investisseur. Il signait également quelques chroniques ça et là dans Club Majipoor (émission culturelle sur France 5) ou sur I-Télé.

Il écumera par ailleurs de nombreux plateaux télé pour défendre le jeu vidéo à tout prix et le dédiaboliser face à ses détracteurs. Entre autres, il a participé à diverses émissions grand public sur des chaînes hertziennes telles que J’y vais… j’y vais pas ?L’Arène de FranceE=M6[10], Capital ou encore Les Maternelles sur France 5. Mais son plus gros rebond télévisuel aura lieu en juin 2007, en parallèle de son retour chez Game One.

NOLIFE STORY

C’est bel et bien à cette période qu’il rejoindra les équipes de NoLife, une chaîne thématique 100 % geek et culture japonaise créée grâce à l’émergence de Free sur le marché télévisuel. Sur cette nouvelle chaîne, il animera de nouveau sa propre émission, Chez Marcus, qui se paye le luxe de faire évoluer le concept déjà novateur de Level One.

En effet, à une époque où l’animateur aux gros doigts ne pouvait que se contenter de nous donner l’illusion de jouer à côté de lui sur son canapé, il nous invite cette fois directement chez lui, dans sa propre gaming room pour tester les jeux. Une approche intimiste de la télévision qui ne fera que renforcer sa sympathie auprès des téléspectateurs, ses ptizamis comme il aime à les appeler.

Sur Nolife, le tonton Marcus participera à de nombreux autres projets plus fous les uns que les autres. On pense d’abord à la série Nerdz, dans laquelle il apparaît en tant que guest dans le double épisode de mi-saison de la saison 1. Il se présente sous les traits de Marius, le petit ami de Caroline, féru de tunning et ancien accro aux jeux vidéo.

Macus vous souhaite la bienvenue chez lui !

On le retrouve également dans les épisodes 11 et 12 de la saison 3 de Noob dans son propre rôle, où il critique le jeu fictif de la série, Horizon 2.0, pour son émission Chez Marcus. Une inception geek en somme ! Sur NoLife, il incarne aussi le Docteur Gang dans Flander’s Company, sans oublier Manuelo, un joueur de Portal 2 dans l’épisode 3 du Golden Show. Après plus de dix ans de bons et loyaux services et surtout de geekerie sur Nolife, la chaîne va finalement s’éteindre, faute de financements, en 2018.

À LA TÉLÉ, MAIS PAS QUE !

Au milieu des années 2000, Marcus prend également le train du jeu vidéo sur Internet en rejoignant l’équipe du site JeuxActu. C’est avec eux qu’il anime « Marcus a dit », une émission dans laquelle il traite avec humour l’actualité des jeux vidéo et de la culture geek. Occasionnellement, il s’emploie même à proposer du journalisme de terrain via des reportages en immersion dans des boutiques geek, certains studios ou même les plus grands salons de jeux vidéo au monde comme l’E3 et le Tokyo Game Show. En bon cinéphile qu’il est, Marcus élargit ensuite le concept au 7ᵉ Art avec une rubrique dérivée pour le site FilmsActu et baptisée « Marcus a vu ».

Chez JeuxActu, Marcus va ensuite proposer une nouvelle émission pour le web nommée Super Marcus World. Avec ce concept, l’animateur se fait plaisir puisqu’il y présente tout simplement son immense collection de jouets au travers des petites capsules vidéo thématiques. C’est d’ailleurs durant cette émission qu’il a révélé l’existence de l’Intrépide, un super-héros qu’il a dessiné pendant son enfance et qui a depuis eu droit à une suite en comics sur deux tomes. « La plus belle chose qui lui soit arrivée dans sa vie », selon ses propres dires.

Marcus présente l’Intrépide chez JeuxActu.

Dans un autre style, il signe aussi quelques épisodes de La Tête dans le pion, une émission produite par JeuxActu et Ankama axée sur les jeux de société.

Pour le reste de ses projets notables, Marcus a notamment fait un caméo dans une vidéo du Joueur du Grenier consacrée aux jeux vidéo adaptés de comics. Il incarne également le Dr Doyobi dans les deux versions (2012 et 2017) du sentai belge SaturdayMan où il se double lui-même en post-production.

Et puisqu’on parle de doublage, en 2017, il apparaît justement dans le court-métrage On s’est fait doubler !, dans lequel il joue un personnage parodiant l’agent Fox Mulder de la série X-Files : Aux frontières du réel. Sa voix est doublée par le comédien Georges Caudron, la voix française de David Duchovny. En revanche, c’est sa vraie voix qu’on entend dans l’épisode 11 de la saison 11 des Simpson, dans la foule en liesse qui s’exclame à la suite des miracles perpétrés par Bart dans une église. Si ça ce n’est pas la consécration pour cet animateur fan absolu et revendiqué de la série culte de Matt Goening.

C’est finalement en 2018 que Marcus lance sa chaine Twitch, sur laquelle il est en live tous les jeudis soir à 21 h 30. Au menu, Chez Marcus Live, l’aboutissement suprême de Level One puisqu’en plus de se filmer en train de jouer à un jeu chez lui, il a désormais les réactions de ses viewers en direct.   À d’autres créneaux plus aléatoires, l’ambassadeur de la « grosdoigtitude » propose également de temps en temps des lives dans les coulisses de Level One.

Marcus en live sur Twitch, c’est le jeudi à partir de 21h30 !

Dans les années 2010, il a également écrit et préfacé de nombreux livres, dont sa propre histoire du jeu vidéo en deux volets,  Nos jeux vidéo des années 1970-1990/1990-2000. Il est aussi l’auteur de Pixelmania : 50 projets pour réinventer les jeux vidéo, un ouvrage que nous vous avons déjà présenté dans les colonnes de Cultures Games.

Piouf… Vous trouvez cette fiche personnalité bien trop longue ? Eh bien ce n’est rien comparé à la taille de la biographie officielle de Marcus. Celle publiée aux éditions Pix’n Love que j’ai eu le plaisir d’écrire en collaboration directe avec lui. Si vous voulez tout savoir sur l’animateur et journaliste préféré des geeks, je ne peux que vous conseiller de vous la procurer, histoire de vous prendre au passage une bonne grosse bouffée de nostalgie ! Elle s’appelle Payé pour jouer !, un slogan catchy à souhait et qui résume parfaitement la vie de notre tonton gamer préféré !