SonicMascotte de SEGA
SONICLa mascotte bleue
Sonic le hérisson est la mascotte de SEGA depuis 1991, à l’instar de Mario pour Nintendo. Tout comme le plombier, le hérisson était à l’origine cantonné aux jeux de plates-formes. Cependant, suite au succès du personnage et de ses jeux, il se verra initié à d’autres styles, tels que le flipper, le combat, la course, etc. Avec plus de 140 millions de jeux vendus, Sonic fait partie des figures les plus emblématiques du Jeu Vidéo.
MEGA DRIVE : LA GENÈSE DE SONIC
Tout le monde le sait, Sonic a été créé pour contrer Nintendo et son Mario. En revanche, beaucoup ignorent que le hérisson apparaît pour la première fois en avril 1991 dans un jeu de course nommé Rad Mobile sur borne d’arcade. La future mascotte de SEGA y est accrochée sur le rétroviseur de la voiture pilotée par le joueur.
Peu avant cela, un concours au sein de l’entreprise fut organisé pour imaginer le concurrent de Mario. En effet, la mascotte d’alors de SEGA, Alex Kidd, n’arrivait pas à rivaliser avec la popularité inégalable de Mario. L’arrivée de la Mega Drive était donc l’occasion de se doter d’une mascotte digne de ce nom. Un loup, un chien, un lapin et un homme ressemblant à Theodore Roosevelt en pyjama furent proposés… Dans un premier temps, c’est le lapin qui fut retenu. Les oreilles de l’animal devaient alors permettre au joueur d’agripper des objets puis de les lancer sur les ennemis. Finalement, en raison de la vitesse élevée du jeu, ce gameplay n’était pas réalisable. Le personnage devait pouvoir éliminer ses ennemis sans objet. Yuji Naka et Naoto Oshima proposèrent donc de faire de Sonic un hérisson, ses piquants pouvant ainsi servir d’armes lorsqu’il est roulé en boule. Les premiers dessins de Sonic sont en réalité un mélange de Mickey Mouse (pour les yeux) et de Félix le chat. On observe que Sonic arbore la même couleur bleue que le logo de SEGA, un signe fort pour montrer qu’il est la mascotte de la société. Quant à l’homme en pyjama, il deviendra néanmoins connu sous le nom de Dr. Robotnik.
C’est donc en 1991 sur Mega Drive (et quelques mois plus tard sur Game Gear et Master System) que Sonic démarre officiellement ses aventures face au Dr. Robotnik, ce fameux scientifique dont le but est de transformer les animaux en robots et de capturer les émeraudes du chaos. Le jeu fait sensation et s’offre la une de plusieurs magazines de l’époque. Normal : non seulement celui-ci se voulait riche, innovant, beau et aussi bon qu’un Mario, mais surtout, il mettait en avant les capacités de la Mega Drive (scrolling différentiel, défilement hyper-rapide, rotation d’écran lors des niveaux bonus, effets en images de synthèse, etc…). De plus, bien qu’il soit un héros comme Mario, Sonic en est tout à fait le contraire. Jeune (il est censé avoir 15 ans), rapide, moderne, le hérisson est l’incarnation de l’image de SEGA, une société cool et irrévérencieuse, tandis que Nintendo est plus familiale.
SEGA, C’EST PLUS FORT QUE TOI !
Un an plus tard, SEGA remet le couvert avec le second épisode sur Mega Drive (une version différente voit le jour sur Game Gear et Master System). Malgré l’utilisation d’une recette identique, ce deuxième opus surprend. Il s’avère plus beau, plus rapide et surtout plus nerveux grâce à une toute nouvelle commande : le spindash. C’est aussi dans cet épisode que Miles « Tails » Prower, l’ami de toujours de Sonic, apparaît pour la première fois. On peut d’ailleurs le contrôler en jeu avec la seconde manette pour aider Sonic ou alors pour le défier grâce au mode 2 joueurs en écran splitté.
Les quelques joueurs ayant eu la chance de posséder un Mega-CD virent débarquer en 1993 Sonic CD. Grâce au format CD, le jeu proposait en guise d’introduction un véritable dessin animé mettant en scène le hérisson bleu. Ce n’est pas tout : le format permettait aussi d’avoir des musiques symphoniques de très haute qualité (à préciser d’ailleurs que les bandes sons nord-américaine et japonaise/euro sont différentes). Même si beaucoup de nostalgiques considèrent ce jeu comme mythique, il n’est pas exempt de défauts pour autant. Ses niveaux en formes géométriques, l’animation de Sonic provenant du premier épisode, les boss ridicules et enfin, les voyages dans le temps déplaisent aux joueurs. C’est dans cet épisode qu’apparaissent pour la première fois Amy Rose et Metal Sonic.
Beaucoup d’autres choses arrivent en 1993 : Sonic sponsorise l’équipe F1 Williams-Renault dont le pilote Alain Prost remportera le championnat ; un scientifique découvre un nouveau gène avec des pics similaires à ceux du hérisson qu’il nommera Sonic the Hedgehog ; le cartoon Adventures of Sonic The Hedgehog est lancé aux États-Unis. Bref, la totale. Mais revenons quelques instants sur la Formule 1 pour observer l’équipement des pilotes de l’écurie Williams-Renault. En effet, Alain Prost et Damon Hill disposaient d’une tenue bleue foncée, de gants blancs et de chaussures rouges. Ils ressemblaient ainsi à Sonic, le symbole de la vitesse en cette année 1993 ! Encore plus fort, la 11 avril 1993 a lieu le Grand Prix automobile d’Europe sur le circuit de Donington Park en Angleterre. C’est SEGA qui sponsorise la compétition. Tout le circuit est alors décoré avec des panneaux publicitaires et un énorme ballon aux couleurs de Sonic. C’est Ayrton Senna qui remporta la course avec sa voiture McLaren-Ford. Les deux pilotes de Williams-Renault, Hill et Prost, ont terminé respectivement aux deuxième et troisième places. Lors de la remise du trophée, Senna soulève une magnifique statuette de Sonic.
1994, année de la sortie de deux épisodes magistraux sur Mega Drive : Sonic 3 et Sonic & Knuckles. Les jeux peuvent être combinés en insérant la cartouche de Sonic 3 dans celle de Sonic & Knuckles, permettant de terminer complètement l’aventure. Notons également que la cartouche de Sonic 2 peut elle aussi être insérée dans celle de Sonic & Knuckles, le joueur peut ainsi refaire la deuxième aventure de Sonic mais cette fois en dirigeant Knuckles. Une bonne idée qui malheureusement ne sera jamais renouvelée.
UN DESTIN LIÉ À CELUI DE SEGA
Après avoir fait presque jeu égal avec Nintendo durant la génération Mega Drive / Super Nintendo, SEGA connait de grosses difficulté avec la Saturn qui se retrouve face à la PlayStation de Sony. La nouvelle machine de SEGA n’accueille même pas un épisode exclusif de Sonic, puisque seuls Sonic 3D Blast (portage du jeu Mega Drive avec quelques bonus) et Sonic Jam (compilation réunissant Sonic 1, 2, 3 et Sonic & Knuckles) sortent sur Saturn. La machine aurait pourtant dû accueillir Sonic X-treme, mais le projet n’aboutira jamais…
Il faudra attendre la génération de consoles suivante pour voir apparaître un tout nouveau Sonic, en 3D qui plus est. Sonic Adventure débarque dans les jours suivant la sortie de la Dreamcast à la fin de l’année 1998. Un deuxième épisode, sobrement nommé Sonic Adventure 2, arrivera en 2001 sur le même support. C’est dans ces deux épisodes que Sonic et ses acolytes parlent pour la première fois et que le scénario influe réellement sur le déroulement du jeu. Ces éléments seront repris dans les jeux Sonic qui suivront.
Après l’échec de la Dreamcast, SEGA abandonne son métier de constructeur et se concentre sur le développement et l’édition de jeux vidéo. Sonic reste l’emblème de la marque, mais il doit migrer vers les consoles d’autres constructeurs dès l’année 2004. On le retrouve ainsi sur des consoles Nintendo (à partir du GameCube et du Game Boy Advance jusqu’à aujourd’hui), Microsoft (depuis la Xbox) ou encore Sony (depuis la PS2). C’est à partir de cette époque que la licence Sonic commence à perdre de sa superbe avec des jeux rarement à la hauteur. Malgré quelques bonnes surprises comme Sonic Generations ou Sonic Colors, qui retrouvent un gameplay rapide et nerveux tout en s’adaptant aux consoles dernières générations, le public est à présent frileux face aux nouvelles aventures du hérisson. Par exemple, Sonic Boom : L’Ascension de Lyric et Sonic Boom : Le Cristal Brisé, sortis respectivement sur Wii U et Nintendo 3DS, ne se sont vendus au cumul qu’à 490 000 exemplaires en l’espace de trois mois ! Des chiffres de vente faméliques, déjà annoncés par les faibles ventes d’un Sonic Lost World pourtant très honorable (710 000 unités vendues au cumul sur Wii U et 3DS).
UN PERSONNAGE MAINTES FOIS RELOOKÉ
Lorsqu’il apparaît pour la première fois sur nos consoles, Sonic est un petit hérisson bleu possédant un regard espiègle et un petit ventre bedonnant. Plutôt court sur pattes, il n’a pas le physique d’un sprinter, bien qu’il soit très rapide, et c’est justement cela qui le rend si attachant.
Au fil du temps, SEGA décidera de changer son aspect pour s’adapter aux nouvelles modes de design. C’est ainsi que dès Sonic Adventure sur Dreamcast en 1998, le hérisson changera de look pour paraître bien plus agressif. Il est redessiné par Yuji Uekawa, avec des jambes allongées, un corps moins rond et des piquants plus tombants. Cette tendance à rendre Sonic filiforme continue à s’exercer jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs, c’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le public semble abandonner Sonic.
Enfin, les années passant, l’espièglerie du héros semble s’être transformée en prétention. Lorsqu’il est entouré de ses amis, il se comporte comme un petit chef de bande. Au final, le héros semble n’être plus qu’un meneur de cour d’école. Bref, la mascotte de toute une génération de joueurs est aujourd’hui bien mal en point. Les raisons sont multiples :
- Un enchaînement de jeux mauvais ou pas assez présents dans les publicités, voire les deux à la fois.
- Une évolution du design pas très inspirée.
- Les difficultés à faire évoluer un concept conçu en 1991 pour des jeux rapides en 2D.
- Les difficultés de SEGA depuis la Saturn et la Dreamcast, qui l’obligeront à cesser son activité de constructeur et donc à renoncer à la course au leader du Jeu Vidéo.
Toutefois, Sonic peut garder espoir puisqu’il reste un des personnages les plus populaires du jeu vidéo. Il représente à lui tout seul l’insolence de SEGA face au géant Nintendo durant la première moitié des années 1990, époque où la guerre des consoles était la plus savoureuse.