SEGASociété mère de Sonic le Hérisson

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Accusée d’être trop en avance sur son temps, SEGA a connu des rebondissements et des changements de statut qui auront fini par lui porter préjudice, malgré une présence de 50 ans au sein du marché du divertissement.

La forme originelle de cette entreprise voit le jour en 1940 à Hawai : James Humpert, Irvin Bromberg et Martin Bromley lancent Service Games, une société de construction de machines à sous pour les bases militaires américaines situées au Japon lors de la Seconde Guerre Mondiale. En 1951, les bureaux de l’entreprise déménagent au Japon puis est rachetée en 1954 par David Rosen qui la fusionne sa société, Rosen Enterprises, une firme d’export d’art. La fusion donne alors naissance à SEGA (abréviation de SErvice GAmes) telle qu’on la connait aujourd’hui.

Periscope est le premier jeu à sortir des usines de SEGA dans les années 1960. Il s’agit d’un jeu arcade de guerre navale en noir et blanc qui connaît un franc succès au Japon et aux États-Unis. Fort de cette réussite, SEGA décide de conquérir le marché des consoles de salon avec la SG-1000 puis la SG-1000 II. Entre-temps, David Rosen cède son poste de président à Hayao Nakayama qui investit dans la cellule Recherche et Développement mettant ainsi un point d’honneur à fournir des jeux en avance sur leur temps.

Grâce à ce changement de président, SEGA lance des produits technologiquement très aboutis comme l’Astron Belt (la première console pouvant lire des séquences cinématiques sur un CD) et sa petite sœur, la SEGA Master System, qui sort au Japon en 1983, le même jour que la NES. Bien que la marque ait réussi à se frayer un chemin dans le cœur des joueurs et des critiques, le succès n’est pas au rendez-vous. Non seulement la machine fait les frais de la crise du Jeu Vidéo de 1983 à grands coups de restructurations mais elle se heurte aussi à la concurrence brutale de sa rivale de l’époque.

Lorsque sort la SEGA Megadrive (rétro-compatible Master System), la console de Nintendo est toujours bien présente dans les chaumières. Même si la Megadrive bénéficie d’un bien meilleur rendu audio et visuel grâce à son architecture 16 bits, la firme estime qu’il est temps de changer de stratégie. La marque se veut hype et oriente ainsi sa communication vers un public plus adulte à grand coup de slogans percutants. Le célèbre « Genesis (le nom américain de la Megadrive) do what Nintendon’t » est représentatif de la guerre ouverte entre Nintendo et SEGA dans la fin des années 1980. SEGA enfonce le clou et enchaîne les partenariats avec les sportifs célèbres en produisant des jeux à leur nom, une première à l’époque. La firme fait aussi le choix de baisser son prix, stratégie dorénavant couramment utilisée. La NES, obsolète, accuse alors le coup et s’éteint en 1991 au sein d’un marché mondial dominé par SEGA. Le début des années 1990 est aussi très rentable pour sa branche arcade puisque Virtua Fighter et Daytona USA (dont les graphismes en 3D représentent une première pour l’époque) rencontrent un franc succès.

Par la suite et avec l’apparition de la Super Nintendo et de la PlayStation, la firme enchaîne les faux pas. Elle se lance sur le marché des consoles portables avec la Game Gear en 1990 et la Nomad en 1995, en réponse au Game Boy. Deux fois plus coûteuse que cette dernière et très gourmande en énergie, la Game Gear n’aura que très peu entaché l’hégémonie de Nintendo dans le secteur. SEGA inonde aussi le marché d’accessoires pour sa Megadrive avec le 32x (qui permettait de faire de la Megadrive une console 32 bits) et le Mega-CD (améliorant la qualité audio et visuelle). Cependant, ces accessoires ne rencontrent pas le succès escompté.

La SEGA Saturn est la première des consoles appartenant à la 5ème génération à voir le jour puisqu’elle sort en 1994. Ce n’est cependant pas grâce à cette avancée ni aux jeux de qualité sortis sur ce support (Street Fighter, Virtua Cop, …) qu’elle réussit à s’implanter durablement. Son architecture rendant les jeux fastidieux à développer et la concurrence imposée par la peu coûteuse PlayStation de Sony ont plongé SEGA dans un retard que la machine suivante, la Dreamcast, n’a pu rattraper lors de sa sortie en 1998.

Bien que cette dernière bénéficie d’avantages certains (première console 128 bits avec connectivité à Internet et ludothèque de qualité), la Dreamcast s’est inclinée devant la PlayStation 2, réputée plus puissante et surtout bénéficiant de l’image de marque PlayStation. A partir de 2001 SEGA arrête de produire la Dreamcast et se retire du marché du hardware pour se consacrer uniquement au software. Cependant, la firme a su profiter des contre-coups qu’une fin aussi prématurée peut provoquer. La Dreamcast, jouissant d’une certaine communauté d’éditeurs et de joueurs underground, a été recommercialisée aux Etats-Unis par ThinkGeek avec des packs incluant des homebrews.

Aujourd’hui, la firme continue de produire des jeux en tant qu’éditeur tiers mais la plupart des licences à succès de la grande époque vivent encore aujourd’hui. On trouve même un mélange des univers SEGA et Nintendo dans Mario et Sonic aux Jeux Olympiques, chose impensable dans les années 1990. Enfin, SEGA continue à diriger, de près ou de loin, des projets plus ambitieux comme Bayonetta ou encore Resonance of Fate.