Soundboard : Top 5 des thèmes mémorables de la saga Final FantasySoundboard
En ce 18 décembre, une saga mythique du jeu vidéo fête son anniversaire. C’est en effet aujourd’hui que Final Fantasy célèbre les 27 ans de la sortie de son tout premier épisode. Si la série a marqué l’histoire du jeu vidéo pour bien des raisons, l’illustre compositeur du jeu, Nobuo Uematsu, et ceux qui lui ont succédé ont su créer de nombreuses mélodies qui raisonnent encore dans la tête des joueurs. C’est pourquoi nous avons décidé de vous présenter un top 5 des thèmes les plus mémorables de la licence. Ce top est purement subjectif et correspond aux avis de plusieurs des membres de l’équipe Culture Games, mais si bien des thèmes auraient pu figurer dans ce classement, il a fallu faire un choix, alors n’hésitez pas à donner votre avis si vous n’êtes pas d’accord avec nous.
N°5 Rose of May (Final Fantasy IX)
Nobuo Uematsu a plusieurs fois affirmé que le travail accompli sur Final Fantasy IX était son préféré, ou en tout cas celui dont il était le plus fier. Peut-être est-ce dû au fait que la bande originale de ce titre soit la dernière qu’il ait composé seul…
Toujours est-il que Rose of May fait partie des plus beaux titres de l’OST de cet épisode IX. Thème principal de Beate, capitaine de la division féminine des armées du royaume d’Alexandrie, il se dégage de ce titre une certaine mélancolie et une impression de doute. Cette mélodie colle donc parfaitement au personnage qu’elle représente, une femme à l’apparence froide et cruelle et à la personnalité complexe qui sait reconnaître ses torts et a la volonté de réparer ceux-ci lorsqu’elle se sait dans l’erreur.
Au travers de la bande originale de cet opus, Uematsu-san opère un retour aux sources avec des thèmes plus épurés que ceux du VII et du VIII. Alors qu’il est associé à un personnage qui n’intervient qu’en tant qu’invité, ce thème tout en piano a malgré tout marqué les esprits par sa simplicité et son efficacité. Il donne l’impression de raconter un personnage torturé par des décisions qui modèleront le futur, décisions qui le plongent dans des états de questionnements, de tristesse et de remise en cause.
Commençant l’aventure comme antagoniste avant de devenir une alliée tentant de racheter ses fautes, Beate s’illustre avec un thème qui, bien qu’arborant une apparente simplicité, a contribué à en faire un personnage attachant et charismatique dont on aimerait percer à jour tous les mystères.
N°4 To Zanarkand (Final Fantasy X)
Final Fantasy X marque un tournant dans l’histoire musicale de la saga, puisque c’est la première fois que d’autres compositeurs que Nobuo Uematsu sont impliqués dans la composition d’une bande sonore de Final Fantasy. La particularité de To Zanarkand est qu’il n’a, à l’origine, pas du tout été composé pour Final Fantasy X. Uematsu-san le destinait au départ à un récital de flutistes. Trouvant au final l’atmosphère du morceau trop solennelle, la mélodie fut mise de côté. C’est quand il a commencé à travailler sur la bande son de FF X que le compositeur s’est rendu compte que le morceau collait plutôt bien à l’ambiance du jeu et qu’il décida de le réutiliser.
Tout comme Rose of May, To Zanarkand est un thème très simple harmoniquement et mélodiquement. Mélancolique, intimiste et nostalgique, ce morceau est lui aussi interprété au piano. Il se construit autour d’un ensemble de relations entre des notes et des accords, elles-mêmes structurées autour d’une note tonique. On appelle ce système le système tonal occidental. Au lieu de créer une tension, les accords qui se répètent ici à intervalles réguliers suggèrent le répit et la tranquillité. Les petits motifs clairs et concis que l’on peut entendre et qui imitent la mélodie d’un récit contribuent à cette sensation de tranquillité et sont facilement mémorisables. Il se dégage toutefois du titre un caractère un peu plaintif, mais il ne manque pas pourtant d’une certaine forme d’espoir.
S’il est le thème d’introduction du jeu, To Zanarkand sera le fil rouge de l’histoire et viendra ponctuer avec une grande justesse certaines cinématiques tout au long de l’aventure. Sorte d’emblème sonore de l’épisode, il donne le ton de l’aventure qui va suivre dès les premières minutes. Ce morceau fait partie des classiques de toute l’histoire musicale de la saga. Il appartient au groupe des mélodies qui ont insufflé une aura à la série et qui ont fait naître chez beaucoup de fans cette impatience qui se fait sentir quand on attend une nouvelle composition du grand Uematsu.
N°3 Aerith’s theme (Final Fantasy VII)
Final Fantasy VII est l’épisode qui a permis à Nobuo Uematsu d’acquérir une renommée internationale. Le jeu est empreint d’une mélancolie profonde qui a nécessairement déteint sur la bande son. L’arrivée de la série sur CD a permis au compositeur d’aborder son travail autrement. Alors qu’il considérait jusqu’alors que sa musique devait compenser l’austérité graphique des jeux et stimuler l’imagination du joueur, FF VII offrait à Uematsu la possibilité de soutenir musicalement les images et l’histoire du jeu d’une manière différente.
Ainsi, chacun des protagonistes du jeu est représenté par un thème musical, et chacun des motifs est parvenu à cerner à merveille la psychologie de chacun d’eux. C’est le cas du mélancolique et tragique Thème d’Aerith.
Les thèmes associés à des personnages contribuent à l’attachement du joueur pour ceux-ci. La mélodie douce-amère la représentant illustre à la perfection sa pureté et la fraîcheur qu’elle apporte dans le chaos environnant.
Les premières notes, jouées au piano, sont le reflet de cette pureté de par leur simplicité apparente. Les violons viennent ensuite s’ajouter à la mélodie pour l’amplifier et lui donner un côté majestueux. L’ensemble nous fait nous attacher au personnage de la marchande de fleurs, pour mieux saisir l’ampleur de la scène dramatique qui se joue dans la Cité des Anciens.
L’utilisation de ce thème touche au génie, puisqu’il accompagne non seulement la scène osée de la mort d’Aerith mais aussi le combat contre Jénova qui suit, sans interruption. Cet effet de style, porteur de sens et d’émotion et qui marque encore un peu plus le côté tragique du moment, était très rare à l’époque. Ce morceau a marqué les esprits pour son utilisation audacieuse au moins autant que pour la beauté de la mélodie elle-même.
Encore aujourd’hui, ce thème est l’un des plus repris de toute l’histoire de la saga. La capacité de ce morceau à prendre en otage l’émotion et le coeur des gens en fait sans aucun doute l’un des plus beaux travaux de Nobuo Uematsu.
N°2 Liberi Fatali (Final Fantasy VIII)
Liberi Fatali est le thème qui accompagne la cinématique d’ouverture de Final Fantasy VIII (probablement l’une des plus marquantes de toute l’histoire du jeu vidéo soit dit en passant). C’est une composition pour chorale ayant des sonorités de grand orchestre symphonique qui contient un texte en latin. Ce texte évoque une enfance qui arrive à son terme et la lumière de la vérité qui doit venir éradiquer le mal dans le monde. Musicalement, Nobuo Uematsu fait directement écho dans ce titre à un autre morceau de musique classique composé par Carl Orff. Celui-ci, nommé O Fortuna, est basé sur un poème médiéval latin qui parle aussi du destin et de ses voies sinueuses.
Les deux morceaux sont basés sur une pédale harmonique (une note tenue par dessus laquelle vont venir s’ajouter d’autres accords) qui sert ici à créer de la tension et à installer un climat de suspens. Les cuivres, les percussions, les grandes montées en volume appelées crescendi et les montées mélodiques très rapides jouées aux cordes et aux vents sont introduits tels des éléments musicaux épiques et guerriers. La musique et les images ne font donc qu’un, puisque la cinématique met aux prises Squall et Seifer, deux protagonistes du jeu, au cours d’un duel acharné à la Gunblade. Liberi Fatali illustre à merveille la rivalité entre les deux jeunes hommes.
Les quatre mots « Fithos lusec wecos vinosec » répétés plusieurs fois dans le morceau se retrouvent dans plusieurs autres mélodies du jeu et sont une anagramme de mots anglais : « succession of witches » et « love », littéralement « procession de sorcières » et « amour », deux thèmes largement abordés dans Final Fantasy VIII.
Liberi Fatali est l’essence même de Final Fantasy VIII, le premier contact que le joueur a avec le jeu et l’objet à partir duquel il se fera une première impression. C’est cette introduction et son thème qui plongent directement le joueur dans l’histoire qui s’ouvre sous ses yeux, et Liberi Fatali concentre en son sein toutes les caractéristiques de l’univers fantastique de FF VIII, se présentant comme une magnifique vitrine de l’épopée magique que l’on s’apprête à vivre…
N°1 One-Winged Angel (Final Fantasy VII)
Comment faire autrement que de sacrer n°1 la mélodie d’anthologie associée au grand Sephiroth ? À antagoniste mythique, thème mythique. Tellement mythiques qu’il est difficile de dire qui du personnage ou de son thème est le plus célèbre. Ce qui est sûr, c’est que One-Winged Angel (on vous a précisé qui l’a composé ?…) a marqué au fer rouge tous les joueurs ayant mis la main sur Final Fantasy VII, et que cette mélodie fait aujourd’hui partie des titres cultes et incontournables de l’histoire musicale du jeu vidéo.
On entend ce thème pour la première fois lors du dernier combat du jeu, au moment où l’on affronte Safer Sephiroth, la représentation déifiée de Sephiroth, qui se présente sous la forme d’un ange pourvu d’une aile unique, élément à l’origine du titre du morceau. La mélodie est marquée par l’influence et l’héritage rock dont raffole Uematsu. La présence de vrais choeurs en latin était très impressionnante pour l’époque et les textes étaient déjà inspirés par le travail de Carl Orff.. S’il a des liens évidents avec la musique classique, c’est bien dans la musique rock que One-Winged Angel trouve ses racines. Ses premières notes sont d’ailleurs directement inspirées du Purple Haze de Jimmy Hendrix. N’étant pas un compositeur de musique savante à l’origine, Uematsu-san a décidé d’expérimenter en partant d’une architecture rock à laquelle se mêleraient des instruments d’orchestre. Le résultat parle de lui-même…
Le morceau est très rythmé et très régulier, avec des notes très courtes qui ne laissent pas de répit au joueur durant cet affrontement final et qui imposent le charisme du boss. Les choeurs apportent une dimension religieuse au titre, évocation non dissimulée de la déification de Sephiroth et de sa toute puissance. Différents modes harmoniques sont utilisés pour signifier la complexité du personnage et de son histoire, mais aussi pour illustrer différents sentiments. Ici, la colère (les notes courtes et puissantes), la tristesse (avec les cordes notamment), la folie (utilisation de toutes les notes de façon rapprochée et rupture du rythme en milieu de morceau) et la peur (les dissonances rythmiques et les cordes rappelant celles du film Psycho).
Morceau d’anthologie s’il en est, One-Winged Angel fait partie de ces mélodies qui nous font dire que finalement, le jeu vidéo perdrait beaucoup de sa saveur sans des compositeurs de talent.