Double Fine Productions
Des débuts prometteurs
Double Fine Productions a été créé par Tim Schafer suite à son départ de Lucas Arts après plus de dix ans de service. Cette société de développement a été au départ composée d’anciens de l’équipe de conception de Grim Fandango et de quelques nouvelles têtes.
La première création et première réussite est Psychonauts, un jeu de plates-formes sorti en 2005, un véritable voyage dans l’esprit et la folie. Edité par Majesco, il a dans un premier temps été disponible sur Playstation 2, Xbox et PC. Fort de son succès, il est deux ans plus tard porté sur Xbox 360 et a même le droit à une version Linux en 2012. L’oeuvre a reçu plusieurs prix et récompenses comme le meilleur jeu par le Game Critics Awards.
En 2009 sur Playstation 3 et Xbox 360, et seulement en 2013 sur PC, sort Brütal Legend, un titre aventure encore une fois mais plus tourné Beat-them-all. Le héros est doublé par Jack Black et se retrouve projeté dans l’univers du Heavy Metal. Le jeu a été édité par Electronics Arts après une bataille judiciaire et des échanges rudes entre Tim Schafer et Activision dont les relations étaient tumultueuses.
Le tournant du dématérialisé
Depuis l’année 2010, la société s’est tournée davantage sur le dématérialisé avec des plateformes de jeux comme le Playstation Network et le Xbox Live Arcade. Un pari réussi puisqu’avec ces supports, les développeurs ont créé de nombreux petits jeux à bas prix et qui ont trouvé leur public, comme Costume Quest, Stacking ou encore The Cave, en 2013, qui avait séduit pour sa bande son et ses graphismes cartoon décalés. Le dernier en date (début 2014) est Broken Age, un point’n click enchanteur qui s’est aventuré sur les plateformes mobiles.
Des solutions créatives
Pour remédier aux périodes un peu creuses entre deux gros titres et coups durs comme les ventes décevantes de Brütal Legend, Tim Schafer et son équipe instaure en conséquence dans la société un système participatif et créatif avec des game jams internes médiatisés. Nommé l’Amnesia Fortnight dès sa première édition en 2007, l’évènement permet aux joueurs de choisir et suivre leurs concepts de jeu préférés. En recevant des fonds grâce à cette méthode, Double Fine Productions a pu réaliser plusieurs projets comme 5, rue Sésame : Il était un monstre, Iron Brigade, Costume Quest, Stacking, etc. En 2014, l’un des prototypes ne manquait pas d’audace en reprenant l’univers de la série Adventure Time. Une partie du financement a été utilisée pour une série documentaire sur les deux semaines de la session, qui peut être visualisée sur YouTube. Celle-ci avait pour but de faire comprendre et valoir le processus de création d’un jeu avec les doutes, les choix auxquels peut être confrontée une équipe. Les Amnesia Fortnight sont très bien organisées. Les fonds sont récoltés sur plusieurs plateformes de crowfunding comme Kickstarter ou encore Steam Early Access. C’est aussi pour Tim Schafer un défi de taille que de passer d’une équipe d’une soixantaine de personnes ayant l’habitude de travailler ensemble sur un seul gros projet, à une équipe plus souple avec une capacité d’adaptation certaine pour gérer quatre petits projets en même temps. Un bon compromis pour développer créativité, financements et relations avec les joueurs.
Tim Schafer
Tim Schafer, c’est aussi une personnalité à la tête de la société. Il a imposé sa philosophie du travail contre le licenciement post-production qui pour lui est une insulte faite à tous ceux qui ont participé à la création du jeu. Il n’est pourtant pas rare de voir des équipes se dissoudre dans les studios de développement une fois la commercialisation du jeu effectuée. D’après Schafer, la loyauté et l’esprit d’équipe sont primordiaux. Les membres d’une équipe doivent rester soudés et prendre le temps pour se relancer sur un projet ensemble. Un modèle pour certains, une naïveté et erreur pour d’autres qui accusent cette posture d’être responsable de l’échec de Brütal Legend.
Les créations de Double Fine Productions ont leur propre ambiance et univers à la fois très enfantin, loufoque et parfois glauque. La créativité n’a de cesse de relancer l’équipe de Schafer et ce même dans les périodes les plus délicates.