Pourquoi Hideo Kojima a quitté Konami ?Capsule Temporelle
POURQUOI HIDEO KOJIMA A QUITTE KONAMI ?
Dans les colonnes de Culture Games, on vous a déjà raconté l’histoire de P.T., la démo légendaire de Silent Hills. Dans les grandes lignes, cette dernière a profondément marqué l’histoire du jeu vidéo, avant que son jeu final, censé rebooter et redonner ses lettres de noblesses à une saga culte du survival horror, ne soit brutalement annulé par Konami. Pour comprendre les dessous de cet acte manqué, il est indispensable de se poser pour répondre à une autre question centrale : pourquoi Hideo Kojima a quitté Konami ?
Tout d’abord, un peu de contexte pour y voir plus clair : en 2008, en parallèle de la sortie de Metal Gear Solid IV, Hideo Kojima et son studio Kojima Productions travaillent sur la conception d’un nouveau moteur de jeu au sein des équipes de Konami. Ce moteur baptisé Fox Engine est pitché comme étant le « meilleur moteur de jeu du monde », à raison qu’il serait suffisamment versatile pour s’adapter à toutes les typologies de jeux. Si le discours d’intention est suffisamment prometteur pour convaincre Konami de financer le projet, celui-ci a un coût, un sacré coût qui ne manquera pas de peser dans les caisses de l’éditeur. Ajoutez à cela qu’en parallèle, le créateur japonais travaille aussi sur Metal Gear Solid V: The Phantom Pain, dont le budget est aujourd’hui estimé à 100 millions d’euros, et vous comprendrez pourquoi Konami va devoir prendre des décisions radicales.
MGS V tourne sous Fox Engine.
VERS LA RUPTURE DÉFINITIVE
Sept ans plus tard, en 2015, Metal Gear Solid V sort enfin et la balance des paiements de Konami se retrouve dans le rouge. C’est donc dans l’optique de rééquilibrer tout ça que le studio se verra contraint d’annuler Silent Hills (et sa démo interactive P.T. avec donc), mais aussi un autre jeu nommé Enders Project, le nom de code donné au troisième opus de la saga Zone of the Enders). On ne le sait pas encore, mais ce coup de couteau brutal dans le dos des joueurs est en réalité l’acte final du divorce acté d’Hideo Kojima et Konami.
Vous l’aurez compris, entre le papa de Metal Gear, qui de son côté souhaite réaliser des productions ambitieuses et toujours plus coûteuses (à l’aide de son moteur Fox Engine) et Konami qui traverse une passe financière difficile, cela ne peut plus fonctionner. Encore plus quand on sait qu’à cette période, l’éditeur commence déjà à réduire le budget des gros blockbusters de Kojima, simplement parce qu’il préfère jouer la sécurité en se concentrant sur le développement de jeux mobile.
Mais ce n’est pas tout puisque les désaccords entre les deux vont également se retrouver sur le plan de la communication. En effet, alors que l’éditeur se la joue plutôt discret dans ses prises de parole publique, son créateur star lui, préfère enchaîner les interviews et multiplier les déclarations grandiloquentes dans la presse au sujet des projets en cours chez Konami. Forcément, en interne, ça passe mal, tant les propos de Kojima dans la presse mettent une pression immense sur ses supérieurs et les équipes de développement.
C’en est définitivement trop pour les deux parties : d’un côté Kojima ne compte pas refréner ses ambitions créatives et n’a aucunement l’intention de compromettre sa vision de ce que doit être un jeu vidéo. De l’autre, Konami en a plus qu’assez que le créateur joue les électrons libres et bafoue toujours plus les recommandations de la société en matière de com. Forcément donc, ce qui devait arriver arriva : Konami a d’abord muselé les prises de parole de Kojmia avant de se séparer définitivement de lui après près de 30 ans de bons et loyaux services.
KOJIMA PRODUCTIONS POURSUIT SA ROUTE EN INDÉPENDANT
Loin de vouloir se laisser abattre, le fantasque Japonais ne tardera pas à se remettre en selle en émancipant pour de bon son studio, Kojima Productions, alors filiale de Konami depuis sa création en 2005, de la houlette de l’éditeur. Une fois cela fait, c’est à partir du 16 décembre 2015 qu’Hideo Kojima a pris son envol, à la tête de son propre studio nouvellement indépendant.
Composé aujourd’hui de plus d’une centaine de personnes, Kojima Productions a depuis continué de porter la vision vidéoludique avant-gardiste de son créateur. Si l’annulation de P.T. et Silent Hills a laissé un grand vide dans le cœur des joueurs, Kojima a rapidement su les reconquérir en donnant vie à de nouvelles œuvres majeures comme Death Stranding et sa suite, Death Stranding 2: On The Beach, dont la sortie est prévue pour le 14 juin 2025.
Après quoi, ce bon vieil Hideo ne compte pas se reposer sur ses lauriers puisque arriverons ensuite deux de ses prochaines œuvres à venir, les mystérieux projets OD et Physint. Le premier est un futur jeu d’horreur publié par Xbox , tandis que le second, édité par Sony, marquera le retour de Kojima dans le genre « action-espionnage ». Ce style dont le créateur s’est fait maître et qui a déjà fait les beaux jours de la saga Metal Gear.