Réitérations de jeu #05 – Le demakeCapsule Technique

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Réitérations de jeu #05 : LE DEMAKE


Dans notre série, «  Rééditions de jeux  », on vous a déjà parlé des portages, remasters, remakes et autres reboots. Mais qu’en est-il du demake  ?

Ce style de jeux vidéo est moins connu que les autres, mais demeure un véritable trésor pour les retro-gamers. Pour faire simple, le demake, c’est l’inverse d’un remake, autrement dit, l’art de coder à l’envers. Dans la pratique, il s’agit d’adapter un jeu sur une plateforme plus ancienne que celle sur laquelle il est sorti initialement. Le lifting retro concerne généralement les graphismes, la technique, mais aussi la musique.

 

LE DEMAKE : UN SHOOT DE NOSTALGIE

La démarche artistique du demake est un hommage aux pionniers du jeu vidéo. Elle s’adresse avant tout aux joueurs nostalgiques qui chercheraient à ressentir des sensations similaires à celles offertes par leurs jeux et consoles d’enfance. Après tout, qui d’entre nous n’a jamais rêvé de revivre sa première fois avec une manette dans les mains ou sa découverte d’un univers pixélisé ?

Connaissant la tendance des éditeurs à toujours vouloir titiller notre corde sensible, on pourrait alors penser qu’ils s’en donneraient à cœur joie. Et bien que nenni  ! A l’inverse, force est d’admettre que la pratique du demake n’est presque jamais entreprise par les studios professionnels de jeux vidéo. En effet, dans une industrie toujours plus axée sur la révolution technologique et graphique, il est bien plus rentable pour un studio de s’adonner à la production massive de portages, remasters et autres remakes pour surfer sur la nostalgie des joueurs.

 

Super Smash Bros Brawl en version 16 bits ? On dit oui !

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Entre parenthèses, il arrive parfois des jeux rétros soient intégrés dans un plus gros titre. On pense notamment à Life is Strange  : True Colors, qui permet de jouer à volonté à des classiques de l’Arcade comme Arkanoïd entre autres. Alors oui, ce ne sont pas des demakes à proprement parler, mais des surprises suffisamment plaisantes pour être mentionnées.

Ces exceptions soulignées, il est vrai que dans l’écrasante majorité des cas, les demakes sont l’œuvre de développeurs indépendants et passionnés qui ont à cœur de rendre hommage à leurs jeux préféré. Par ailleurs, il peut aussi arriver qu’un demake soit créé pour calmer la gronde des joueurs, comme ce fut le cas pour The Curse of Monkey Island. On s’en souvient : l’orientation cartoon du 3ème opus de la série culte de point ‘n click n’était pas aux goûts des joueurs. Il n’en fallut pas plus pour que certains acharnés se penchent sur l’élaboration d’une nouvelle version reprenant les graphismes des premiers épisodes.

La pratique du demake s’est démocratisée grâce aux éditeurs de mods, parfois si complet qu’ils permettent de créer de nouveaux jeux sur des structures existantes. L’éditeur de DOOM ou encore le logiciel bac à sable Dreams de Media Molecule en sont de parfaits exemples.

 

 

En outre, il est amusant de constater qu’à l’heure où les limitations techniques sont de plus en plus minimes grâce à la puissance toujours plus importante des machines, les développeurs de demake s’imposent eux-mêmes des entraves volontaires. Au même titre que certains joueurs se frottent à différents challenges pour compliquer ou diversifier leur expérience de jeux, certains devs de demakes se plaisent à programmer sous contraintes  : en se cantonnant aux caractéristiques techniques du support sur lequel ils développent, en bridant la résolution de leur jeu ou en limitant le nombre d’octets disponibles par exemple.

 

JOUER A UN DEMAKE

S’ils existent de nombreux demake, peu sont réellement jouables en intégralité ou en version démo. La réalité, c’est que beaucoup d’entre eux n’existent qu’au travers des trailers ou des screenshots. Pourquoi  ? Simplement parce que la loi interdit à quiconque d’exploiter une licence pour laquelle il n’aurait pas les droits. Sachant cela, ils sont peu parmi ces petits génies de la programmation à se risquer de sortir des jeux complets en demake, par peur de se faire striker ou pire, faire l’objet de poursuites judiciaires par les studios détenteurs des droits des licences en question.

C’est notamment ce qui est arrivé à WinterDrake, ce développeur amateur qui avait réussi la prouesse de demaker The Legend of Zelda : Breath of The Wild en version NES. Le projet fut jouable pendant quelque temps avant que les avocats de Nintendo ne le fassent complètement interdire. Une décision aussi malheureuse que compréhensible. En définitive, même si nous n’aurons sans doute jamais le plaisir de parcourir tous ces demake manette en main, ils ont au moins le mérite de nous faire rêver, osons même le dire: rétro-rêver.

 

Parce que les exemples sont souvent plus parlants que les discours, voici quelques demakes :