Zelda : l’influence de Link’s Awakening sur Ocarina of TimeCapsule Temporelle

Rédigé par Jérémie LEGER

ZELDA : L’INFLUENCE DE LINK’S AWAKENING SUR OCARINA OF TIME

Sorti cinq ans avant sur Game Boy, il était évident que Link’s Awakening allait inspirer l’épisode suivant de la légende de Zelda, le monument de la Nintendo 64, Ocarina of Time.

On a tous un Zelda préféré. Pour les joueurs nés à la fin des années 80 / début 90, il y a de fortes chances pour que leur opus du cœur soit Ocarina of Time. Sorti sur Nintendo 64 le 21 novembre 1998 au Japon, le 23 en Amérique du Nord et le 11 décembre chez nous en Europe, le cinquième épisode de la série de jeux d’action / aventure de Nintendo dont le héros est Link est celui qui a fait rentrer Zelda dans l’ère moderne de la 3D. Rétrospectivement, cet épisode culte a tellement marqué les esprits qu’il est encore aujourd’hui cité parmi les meilleurs jeux vidéo de tous les temps.

Impossible de le nier, ce Zelda a incontestablement marqué l’histoire du jeu vidéo, au même titre que Breath of The Wild a été un « game changer » à sa sortie en 2017. Pour autant, n’oublions pas qu’un monument de la culture, aussi culte soit-il, n’est rien sans toutes les œuvres qui l’ont précédée. Or, s’il est évident que Zelda 1, Zelda 2: The Adventure of Link et Zelda 3: A Link to The Past ont posé les bases de ce qu’allait devenir le Royaume d’Hyrule en 3D, Link’s Awakening, l’épisode gameboy sorti cinq ans avant en 1993 a lui aussi joué un rôle clef dans le chef-d’oeuvre qu’allait devenir OOT. Et ce bien plus que vous pouvez l’imaginer.

Les directions prises dans Link’s Awakening ont effectivement élargi le champ des possibilités de la série Zelda. Eiji Aonuma a lui-même qualifié l’épisode gameboy comme étant « décisif pour la série ». Dans le guide ultime du jeu publié par le magazine britannique Eurogamer, il précise bel et bien que si ce jeu n’était pas arrivé après A Link to the Past et Link’s Awakening, Ocarina of Time aurait été bien différent. Pour ce qui est de l’épisode Gameboy, il le désigne en 2004 comme le jeu isométrique Zelda de la quintessence. Cinq en plus tard, en 2009, le Guinness Book des records le liste comme l’un des jeux les plus influents pour la postérité. Il est temps de comprendre pourquoi.

PAS D’OCARINA SANS LINK’S AWAKENING

Que vous ayez joué à l’original en 1993 ou au remake sorti en 2019 sur Nintendo Switch, vous avez forcément été marqué par la magie de Link’s Awakening et son aventure mystérieuse sur l’Île de Cocolint. Et bien croyez-le où non, ce fut aussi le cas de l’emblématique producteur de la saga Zelda, Eiji Aonuma. En effet, Ocarina of Time étant le premier jeu sur lequel il a travaillé, il ne faisait donc pas partie de l’équipe de développement de l’épisode précédent Link’s Awakening. Par conséquent, il a vécu l’aventure sur les traces du Poisson-Rêve comme un simple joueur. Forcément donc qu’il n’allait pas se priver de s’inspirer de cette expérience pour donner vie à OOT. C’est justement ce qu’il expliquait en 2019 dans les colonnes du magazine EDGE à l’occasion de la sortie du remake sur Switch.

Quand j’ai commencé à travailler sur Ocarina of Time, c’était la première fois pour la plupart d’entre nous que nous devions travailler sur un jeu tout en 3D, et c’était un vrai challenge. Nous ne savions pas ce qui était bien. Nous ne savions pas qu’elle était la bonne réponse [façon de faire]. Mais j’avais toujours en tête la vision des donjons et du gameplay de Link’s Awakening. Je ne l’ai jamais dit à personne en particulier, mais j’avais toujours cela à l’esprit, et j’ai essayé de transposer le feeling que j’avais eu en jouant à Link’s Awakening dans un monde en 3D.

Toujours dans cette interview, Aonuma étaye son argumentation en citant pour exemple des éléments concrets. Il explique notamment que l’idée du saut automatisé d’Ocarina of Time lui est directement venu de la plume, cet objet incontournable et indispensable que le joueur débloque dès le premier donjon de Link’s Awakening. Évidemment, d’autres aspects amorcés dans Zelda 4 ont été repris, amélioré et transposé dans OOT. C’est le cas par exemple du système d’échanges d’items, inauguré dans l’épisode gameboy et repris dans le premier épisode 64, puis poussé à son paroxysme dans sa suite Majora’s Mask. Enfin, c’est aussi Zelda LA qui inaugure l’emblématique mini-jeu de la pèche qui sera présent dans bien des épisodes de la série.

Aussi, n’avez-vous jamais trouvé étrange que Link, en n’étant jamais sorti de sa forêt Kokiri dans Zelda 64, sache déjà jouer d’un instrument aussi complexe que l’Ocarina ? La réponse à cette énigme est toute trouvée puisqu’en réalité, il en jouait déjà sur l’Île de Cocolint. Et oui, interpréter des mélodies sur un Ocarina et faire de la musique une mécanique centrale du gameplay, c’est une convention une nouvelle fois mise en place par Link’s Awakening.

Au-delà du gameplay, on trouve aussi certains personnages présents dans Ocarina of Time qui sont directement inspirés de ceux de l’épisode Gameboy. Parmi les plus évidents, il y a bien sûr le hibou. Souvenez-vous de cet oiseau rencontré en tout début de jeu : c’est en quelque sorte le guide spirituel de Link durant son aventure sur Cocolint. Sans en dire plus sur son rôle dans l’intrigue pour ceux qui n’auraient pas encore fait le jeu, il est évident que ce dernier a inspiré le bien nommé (et souvent détesté car bien trop bavard) Kaepora Gaebora, le hibou d’Ocarina of Time sillonnant les Terres d’Hyrule. Il n’est évidemment pas le seul puisqu’en mettant en parallèle les deux jeux, impossible de ne pas voir de similitudes entre le duo de Link’s Awakening, Marine et Tarkin et celui d’Ocarina of Time, Malon et Talon.

Malon et Talon dans Ocarina of Time

Marine dans Link’s Awakening

Tarkin dans Link’s Awakening

Le Hibou dans Link’s Awakening

Kaepora Gaebora dans Ocarina of Time

Avec tous ces éléments en tête, il est désormais plus facile de comprendre le lien fort qui existe entre ces deux jeux. Les développeurs n’ont d’ailleurs pas manqué d’y faire référence dans le remake de Link’s Awakening via un subtil easter egg. Vous voyez les donjons, ces épreuves exclusives à la version Switch pensées pour prolonger la durée de vie une fois le l’histoire principale terminée ? Ils sont accessibles via la maison d’Igor, celui-là même qui tenait le rôle de fossoyeur au Village Cocorico dans Ocarina of Time. Le pont est fait, la boucle est bouclée, CQFD.