Kutaragi Ken

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Ken Kutaragi est l’ancien Président Directeur Général de la division consacrée aux jeux vidéo de Sony : Sony Computer Entertainment. Reconnu comme étant le père de la PlayStation, son talent et son impétuosité ont marqué l’histoire du jeu vidéo en termes de révolution technique.

Des débuts prometteurs

Depuis son plus jeune âge, Ken Kutaragi connaît une vraie passion pour le bricolage. Il se plaisait à démonter toute sorte d’objet pour en comprendre les mécanismes. C’est donc tout naturellement qu’il se tourne vers des études en électronique à l’Université d’électro-communication de Chofu, de la préfecture de Tokyo. En parallèle, il travaille pour l’entreprise familiale, une usine d’impression. Cela ne l’empêche pas, au contraire, d’être un bon élève et de décrocher son diplôme.

Une fois celui-ci en poche, il rejoint en 1975 Sony en tant que chercheur, séduit par l’image d’une entreprise qui encourage la créativité. Rapidement, il acquiert la réputation d’être un ingénieur innovant en participant à des projets avant-gardistes comme les écrans à cristaux liquides et les appareils photo numériques.

Vers l’innovation

Kutaragi se rend vite compte que le jeu vidéo a un réel potentiel, alors que Sony ne s’y était jusque là pas intéressé, méfiant suite à la crise qui frappait de plein fouet le secteur. Afin d’assouvir sa curiosité et sûr d’avoir trouvé là un avenir prometteur, il se tourne secrètement vers Nintendo. Il conçoit ainsi la puce sonore SPC700 pour la SNES. Si ses supérieurs chez Sony sont scandalisés de l’apprendre, il reçoit cependant le soutien du PDG Norio Ohga qu’il persuade de le laisser poursuivre tout en gardant sa place dans la société. Sony propose alors un partenariat avec Nintendo pour le développement d’un lecteur CD-Rom pour la Super Nintendo. La suite n’est que retour en arrière et trahison… Quoi qu’il en soit, le PDG aura eu raison d’encourager Kutaragi car à sa sortie en 1994, la première console de Sony, la PlayStation, rencontre un succès immédiat. Elle devient la plus populaire de sa génération et en 1997, son créateur est nommé PDG de Sony Computer Entertainment. Cette branche devient la plus rentable de la société.

La Playstation 2 présentée en 2000 confirme sa place de leader des consoles de salon. Kutaragi devient alors un des hommes les plus influents dans le domaine des jeux vidéo et ne nie pas son rôle crucial quant à cette réussite affirmant même que SCE fait toute la puissance de Sony. Tout lui souriait ; en 2000 il accède au Conseil de la société mère, il est ensuite promu Vice-Président Adjoint, Directeur des opérations globales de Sony puis Vice-Président en 2003, année charnière de redressement de la société. En 2002, il reçoit même le prix du meilleur directeur par BusinessWeek.

Entre rêve et désillusion

Grâce au succès de la PlayStation, Kutaragi avait le projet de proposer une machine où seraient stockés jeux, musiques, vidéos, boutiques en ligne et autres services multimédia, le tout dans un environnement de haut débit. Le résultat fut dans un premier temps la PlayStation Portable sortie en 2004. Le père de la PlayStation garde toujours en tête cette idée de convergence numérique avec la PlayStation 3 qui correspond d’après lui à l’aboutissement, le résultat tant espéré de ses recherches.

Parallèlement et depuis 2007, il est à l’origine de la création d’un studio de développement Cellius dont il est aujourd’hui toujours le PDG. Cette société appartient à l’éditeur Namco-Bandai et au groupe Sony. Cette activité est centrée sur le processeur Cell, utilisé pour développer les jeux de PS3.

Alors qu’il semblait destiné à devenir le grand Patron de Sony, il est remplacé en 2006 au poste de PDG de SCE par Kaz Hirai, actuellement à la tête de Sony. Quelques mois plus tard, son départ à la retraite est annoncé mais il prend alors le rôle de Président d’honneur à la SCEI. En 2011, Sony a affirmé qu’il avait démissionné de son poste, bien qu’il reste un conseiller pour la société.

Il a souvent été reproché à Ken Kutaragi d’être arrogant. Pour le lancement de la Xbox 360, il n’avait parlé que d’une « Xbox 1.5 », ne considérant pas Microsoft comme un concurrent sérieux. Il n’a pas non plus arrangé la communication autour de la PSP et de la PS3 en niant les critiques et présentant ses créations comme un acquis. Cependant, Ken Kutaragi aura beaucoup apporté à Sony et au jeu vidéo en général, tant par ses idées novatrices que par sa passion. Très éloigné de l’image de l’homme d’affaire japonais aux standards conservateurs, il n’a pas hésité à taper du poing sur la table pour imposer ses opinions.