GLaDOSAntagoniste de la saga Portal
GLADOS
Le DOS qui vous veut du mal
GLaDOS, pour Genetic Lifeform and Disk Operating System, est une intelligence artificielle créée par Aperture Science que l’on retrouve dans Portal et Portal 2. Son rôle y est prépondérant, passant d’antagoniste à alliée forcée, en accompagnant toujours les aventures du joueur à grands coups de cynisme bien senti.
UNE INTELLIGENCE PAS SI ARTIFICIELLE
Dans l’univers du jeu, la première apparition de GLaDOS date de 1982, sous le numéro de version 1.09. Alors assignée à la surveillance des sujets de test, l’intelligence artificielle est débranchée par Cave Johnson, le fondateur d’Aperture Science, pour cause de tendances meurtrières. Cependant, le projet n’est pas totalement abandonné, et Cave prévoit de remettre le système en service après y avoir téléchargé son esprit.
En 1986, la construction de la nouvelle GLaDOS commence, avec pour but d’accélérer les recherches du projet Portal, portant sur la téléportation, afin de permettre à Aperture de devancer son concurrent, Black Mesa. Après 10 ans de tests et un prototype détruit, est créé le Système d’Exploitation de Disque (Disk Operating System), un programme au fonctionnement basique. C’est par la suite que commencent les recherches sur la Forme de Vie Génétique (Genetical Lifeform), avec pour but de transférer la personnalité de Cave Johnson dans le système informatique. Malheureusement, ce dernier meurt avant la fin des recherches, et, suivant ses instructions post-mortem, son assistante Caroline est désignée pour prendre sa suite.
On ignore si Caroline est volontaire ou si on lui a forcé la main, mais elle est bien transférée dans le système, donnant naissance à la GLaDOS telle que nous la connaissons en 1997. La part humaine du système est censée à la fois augmenter ses capacités et stabiliser les défaillances comportementales relevées dans les versions précédentes.
UNE MACHINE PERVERSE ET DIABOLIQUE
La nouvelle GLaDOS, qui n’a gardé aucun souvenir de son passé en tant qu’humaine, se révèle au moins aussi dangereuse que les précédentes, montrant rapidement des signes de psychopathie. Un système de surveillance dédié, l’Aperture Science Red Phone, est mit en place aux abords de la Chambre de GLaDOS.
En 1998, diverses tentatives de mise en service sont effectuées par les techniciens d’Aperture, qui se soldent toutes par un échec, GLaDOS tentant moins d’une picoseconde après son éveil d’assassiner ces hommes. Des processeurs de moralité sont donc mis au point par les scientifiques dans le but de contenir ces pulsions meurtrières, mais la plupart finissent stockés dans les entrepôts de l’entreprise, sans que l’on ne sache si ils se sont révélés inefficaces ou si GLaDOS a réussi à s’en séparer. L’un de ces processeurs mis au placard est Weathley, un des personnages principaux de Portal 2.
GLaDOS finit par annoncer qu’elle n’a plus envie de tuer. Elle annonce alors aux scientifiques qu’elle souhaite travailler sur la conscience en s’aidant de chats et de boîtes, et que la seule chose qui lui manque est « juste un peu de neurotoxine ». Les scientifiques accédent à sa requête, ne pensant qu’à l’avancée de la science. Lors du « Aperture Bring Your Daughter to Work Day » (Emmenez votre fille à une journée de travail), GLaDOS, qui a atteint sa version finale, bloque toutes les issues en quelques picosecondes et déverse de la neurotoxine dans le complexe. Les survivants lui ajoutent un processeur de moralité l’empêchant d’user à nouveau de neurotoxine, mais ne stoppent pas complètement les tendances meurtrières de l’IA.
Si l’agressivité dont peut faire preuve GLaDOS n’est déjà plus à démontrer, cet épisode marque un tournant important dans le comportement et la personnalité de GLaDOS, puisqu’on lui trouve une malice (prétendre vouloir travailler avec des boîtes et des chats), une patience et une perversité inédites.
Par la suite, GLaDOS réduit les survivants du complexe à l’état de cobayes destinés à réaliser des séries interminables de tests pour dépasser Black Mesa dans la course à la technologie de téléportation. Finalement, elle perd cette dernière, et les incidents se produisant à Black Mesa, relatés dans Half-Life, la détournent de son objectif premier. Laissant les employés dépérir, leur nombre diminue rapidement, jusqu’à ce que le dernier employé en vie, Rattman, un scientifique schizophrène auteur des nombreux messages cachés dans les jeux, place Chell, un sujet de test recalé à cause de sa combativité et sa volonté à survivre, en tête de liste des prochains sujets à tester. GLaDOS redémarre finalement les salles de test et réveille Chell.
L’HUMOUR NOIR ET LE SYNTHÉTIQUE AU SERVICE DE LA NARRATION
Les principaux traits de caractère de GLaDOS sont ce qui fait d’elle un personnage si apprécié des joueurs. Un très grand nombre de ses répliques sont devenues cultes, et ce personnage dénué de scrupules, prêt à tous les mensonges et à toutes les fourberies pour parvenir à ses fins a grandement participé au succès de la série Portal. Pour preuve, GLaDOS ne devait être qu’une voix automatisée parmi de nombreuses autres, présente seulement dans les toutes premières chambres de test. Mais, après des retours très positifs de la part des premiers testeurs, il est décidé de ne garder que cette voix pour l’ensemble du jeu.
Si GLaDOS apparaît initialement comme sympathique lors du réveil de Chell – lui promettant par ailleurs un gâteau en cas de réussite de la batterie de tests, elle dévoile rapidement sa véritable nature. Ses commentaires étranges et sinistres, et même parfois simplement méchants, comme lorsqu’elle tente de blesser Chell en blaguant sur son poids, s’accentuent sans arrêt, augmentant l’intensité en parallèle de la dangerosité des salles de test. Aimant prouver sa supériorité, GLaDOS s’étonne plusieurs fois de la capacité de Chell à réussir des défis qui semblaient perdus d’avance.
L’utilisation d’un programme de synthèse vocale (ou TTS pour les plus anglophones) pour la création de la voix de GLaDOS, tient sa source de deux causes. La première est que Erik Wolpaw, scénariste de jeux vidéo, a travaillé sur Psychonauts par le passé, et il a eu recours à ce genre de logiciel pour contrer le manque de personnel auquel il faisait face. Lors du développement du premier Portal, les équipes manquent de temps pour ajouter des personnages interagissant avec le joueur, ce qui fait alors cruellement défaut au jeu. Erik Wolpaw décide alors de réutiliser la synthèse vocale afin de créer un personnage qui serait toujours présent aux côtés du joueur par le biais d’une voix et d’un texte. La deuxième raison qui a motivé l’utilisation d’un tel procédé est le fun apporté par les voix synthétiques. En effet, il est beaucoup plus simple d’imiter une machine lorsque la voix de celle-ci est gérée par une machine.
GLaDOS a bien entendu énormément profité de cette voix et de ce ton si particuliers, qui au-delà même du texte qu’elle sert au joueur, rendent le personnage détaché et antipathique. Combiné à une qualité d’écriture mettant en scène un humour noir tranchant et constant, GLaDOS possède, malgré sa qualité de machine, une véritable personnalité, qui la rend parfois même touchante.
LES FAIBLESSES D’UNE I.A. TOUTE PUISSANTE
Malgré son apparente assurance et sa dérision perpétuelle, GLaDOS, de par son intelligence et sa moitié humaine, possède des faiblesses qui transparaissent ponctuellement, soit lorsqu’une situation lui échappe, soit suite à une série d’événements bouleversants.
La première d’entre elles est la nécessité qu’elle ressent de tout contrôler. Dans le Centre d’enrichissement personnel, GLaDOS a en effet la main sur tout ce qui se passe, du moins tant que ses sujets restent dans les salles adéquates. Ainsi, GLaDOS est de plus en plus agacée à mesure que Chell franchit des salles conçues pour être extrêmement difficiles. Une fois toutes ces salles de test terminées, GLaDOS tente d’incinérer Chell vivante, la narguant au passage, en déclarant que tous les équipements du Centre sont conçus pour résister à des températures maximales de 4000 kelvins, sauf elle. Mais Chell, reconnue pour sa pugnacité, ne se laisse pas intimider. Elle réussit à s’enfuir grâce au générateur de portails et se place hors de portée de GLaDOS. Cette dernière, ne sachant que faire, tente par tous les moyens de ramener Chell. Commençant par la féliciter pour avoir soi-disant réussi le dernier test, elle demande à Chell de ne pas bouger afin qu’un robot d’escorte vienne la chercher pour la mener à une fête où sa récompense, le fameux gâteau, l’attend. Voyant que son stratagème ne prend pas, elle s’énerve, insulte Chell, la menace et déploie des tourelles afin de l’arrêter.
Une seconde faiblesse est découverte lorsque GLaDOS est convertie en batterie pomme de terre par Weathley. Transformée et rejetée, elle est récupérée par un corbeau qui l’apporte dans son nid, avant que Chell ne la retrouve et ne la sauve en la branchant sur son générateur de portails. Cette expérience déclenche chez GLaDOS une véritable phobie des oiseaux. De plus, le fait d’être sauvée par Chell, et celui d’entendre plus tard la voix de Caroline change profondément GLaDOS. Ayant maintenant conscience de la part humaine en elle, elle fait preuve de plus d’empathie, et va même jusqu’à sauver Chell lorsque celle-ci est aspirée sur la Lune en même temps que Weathley. Elle libére par la suite Chell, s’étant rendue compte que la rivale qu’elle a toujours pris pour une terrible ennemie est en réalité ce qui se rapproche le plus pour elle d’une amie. Elle ne laisse pas tomber les tests pour autant, mais préfère les mener avec des robots, moins imprévisibles que les humains.
GLaDOS n’est pas un vilain classique et unilatéral. Si son caractère singulier, son agressivité et sa nature qui l’oppose en tout à l’homme en font un ennemi tout trouvé, elle est en fait une âme prisonnière de son corps mécanique, en souffrance perpétuelle et prête à se remettre en question, comme le prouve la fin de Portal 2. Devant cette créature atypique qui nous amuse par sa méchanceté, on finit par éprouver de l’empathie et même de la sympathie.