Zelda Breath of the Void, la démo de luxe !Troll


Avant j’étais comme vous, je trouvais que payer 60€ un Gran Turismo 5 Prologue ou un Metal Gear Solid V Ground Zeroes, c’était du vol, mais depuis on a eu droit à la Rolls des démos jouables, le nec plus ultra des démos marketées à l’extrême : Zelda Breath of the Wild. Petit tour d’horizon de ce produit commercial qui mérite sans nul doute le titre de Démo du Siècle (et non pas simplement DOTY comme le disent les critiques).
Un premier manque de taille
La démo commence très tôt à montrer à quel point elle est loin d’un jeu abouti : le personnage central n’a toujours pas été intégré à l’histoire. En effet, il n’a aucune expression faciale du début à la fin du jeu et ne possède encore aucun dialogue.
Zelda est touchante, poignante même. Ça prend aux tripes. Le personnage de Zelda est incontestablement mis en avant, et tant que la version finale du jeu ne sera pas sortie, la démo mérite vraiment de s’appeler Zelda. Au vu de la performance capture de Link qui doit être effectuée par Orlando Bloom ou Edward Pattinson pour être aussi lisse et inutile, l’aspect temporaire de ces vidéos saute aux yeux.
Ce choix est assez malin finalement, car il permet à Nintendo de pouvoir totalement modifier son scénario et la manière de l’interpréter en rajoutant simplement les interventions de Link. Ainsi, même si le jeu se retrouve être très proche de la démo, le ressenti émotionnel peut être radicalement différent.
Tous les souvenirs présentent ainsi parfaitement les autres prodiges, qui sont bien travaillés, émouvants, attachants et redoutablement présents ! Le vide abyssal que représente Link est difficile à louper en l’état, et n’est sûrement pas là par hasard.
Tout nouveau, et déjà tout réchauffé
Petit bémol tout de même, la démo ne nous montre que des mécaniques déjà vues dans d’autres jeux, et réduites en terme d‘utilisation pour réduire la difficulté globale de la démo.
Ainsi, les correspondances avec d’autres noms du monde vidéo ludique sont frappantes.
- Aimant = Gravity Gun limité
- Plateforme de glace = Castlevania Lord of Shadows 2, geler l’eau permettait d’en faire des plateformes
- Créatures divines et jauge d’endurance = Shadow of the Colossus
- Paravoile = Prehistorik Man (Super Nes); ou la série des Just Cause
- Open World = tellement de jeux… Mais la surface de jeu n’est pas énorme dans cette démo, les limitations techniques de la machine l’empêchant d’arriver au niveau d’un ordinateur d’il y a 20 ans pour atteindre la surface de jeu de Daggerfall, un des plus vieux jeux reconnus comme Open World. Courage Nintendo, un peu plus de 20 ans de retard technologique à combler, c’est encore possible.
- Dévoiler la carte en activant des tours = Assassin’s Creed. Au passage j’ajouterais que récupérer un des mécanismes les plus inintéressants et chiants de la série n’était peut être pas un si bon choix.
Bref, pas mal de choses sont déjà connues, et, malgré une intégration plutôt réussie de ces mécaniques dans le même jeu, l’originalité n’est pas là. Mais même si Breath of the Wild n’a rien d’original, le jeu final n’étant toujours pas sorti, nous pouvons encore être surpris.
Personnellement je suis sûr que le grappin trouvera sa place dans un jeu Open World, comme l’a prouvé Just Cause, surtout couplé avec la paravoile !
Une démo encore bien visible
Car oui, difficile de ne pas voir que le scénario n’est pas la seule chose à moitié faite. Tous les éléments du jeu sont également loin d’être finalisés, le tout est donc complètement incohérent.
Le syndrome autistique de Link ayant déjà été abordé, on va continuer dans ses situations d’handicaps, car pour l’instant, notre Héro ne souffre pas de simples troubles psychologiques mais également de troubles moteur/physique. Ce qui tend à gâcher le présupposé sentiment de liberté que le jeu doit nous offrir tant Link est incohérent dans ses prouesses physiques. Lorsque l’on est en combat, on peut sauter, esquiver et frapper à l’infini, Link peut également jogger à l’infini, comme dans une pub mangerbouger.com, mais ne peut sprinter que sur 40 malheureux mètres, nager 25 mètres et se noyer lamentablement en oubliant de faire la planche et grimper sur une distance à peu près aussi ridicule.
Bizarre de créer un personnage à la fois athlète et moins endurant que l’inoubliable petit camarade de classe avec un embonpoint certain que personne ne veut ou presque dans son équipe en cours d’EPS.
Son équipement n’est pas en reste : là où les armes, boucliers et arcs cassent en une dizaine d’utilisations, les différentes armures sont quant à elles incassables. Link ne peut d’ailleurs stocker que peu d’armes, boucliers et arcs, alors qu’il stocke un nombre presqu’illimité d’aliments, d’ingrédients et de plats. Il est d’ailleurs au passage possible d’améliorer ses armures, mais pas le reste de son équipement, simples consommables dans ce monde où elles sont pourtant indispensables.
Enfin… Elles seraient indispensable dans un univers cohérent mais là encore, ça n’est pas pour cette démo. Pas un personnage ou un PNJ qui ne vend, répare ou améliore une seule pièce d’équipement. Moi qui pensais que dans un monde où le mal a gagné, où ses troupes rôdent partout, la survie imposait d’être capable de se défendre… et bien non, il suffit manifestement de rester heureux pour les tenir à l’écart. Car tous les PNJ de ce jeu sont niais, heureux et bêtes, comme si rien de mal ne se passait en dehors de chez eux et que l’avenir était radieux.
Certains effets ne sont d’ailleurs pas encore totalement implantés : brûler de l’herbe créera un courant d’air chaud, pratique, mais la lave, elle, n’en crée pas. On voit donc que le jeu n’est pas encore finalisé.
Les “Créatures Divines” sont pour l’instant d’une risibilité presque déprimante. Il suffit de quelques flèches pour qu’elles deviennent complètement inoffensives. Et ces flèches, n’importe quel personnage du jeu peut les avoir (d’ailleurs ce sont les PNJs qui en fournissent à notre personnage, c’est dire). Espérons que la version définitive en fasse les combats dantesques que nous sommes en droit d’espérer.
Prévisions scénaristiques
Nintendo nous a laissé des indices pour deviner à quoi ressemblera son scénario final. Si on lit entre les lignes il est en effet assez clair que la timeline des Zelda n’a pas été brisée avec cet opus. Cette démo n’a pas montré le monde réel. Un monde où tout le monde est heureux, où seul Link est armé et va affronter les créatures de Ganon et où les seules choses qui terrifient la population sont les quatres créatures divines sont des indices sûrs !
Rajoutez à cela l’absence complète d’expression et d’interaction de Link pour que tout devienne logique.
Link n’est clairement pas conscient de la réalité et ne perçoit pas le monde tel qu’il est réellement. La population elle cherche à se débarrasser des vestiges de l’ancien royaume d’Hyrule car elle a enfin trouvé la paix.
Link semble donc n’être qu’une marionnette fanatisée, dont une Zelda manipulatrice tire les ficelles pour atteindre un but connu pour l’instant d’elle seule.
Qu’est réellement Ganon dans ce monde ? Zelda est-elle la vraie représentante du mal du monde d’Hyrule depuis les fondements de la série ? Je penche pour un RetCon (continuité rétroactive) dans le plus pur style Marvel. Et c’est ça qui sera la vraie originalité, le vrai changement, la vraie brisure qu’apportera Breath of the Wild (le jeu final hein, pas la démo qui elle n’a apporté qu’un bénéfice financier immédiat).
To be continued ?
La licence se relèvera-t-elle d’un RetCon qui la bouleversera jusqu’aux tréfonds de sa fanbase ?
Pas sûr, le personnage de Samus Aran ne s’est jamais relevé de Metroid : Other M, qui la voit passer d’une femme forte, indépendante et professionnelle, à une femme frustrée par ses hormones, soumises à un bishonen random et terrifiée face à Ridley qu’elle a pourtant déjà pulvérisé au moins 3 fois… petit rappel de cette scène.
La fanbase de Métroid n’a toujours pas digéré, et Nintendo n’a du coup même pas daigné fêter les 25 ans de la franchise, plutôt ingrat de leur part quand on voit que ce RetCon non assumé a détruit l’intégralité de l’univers travaillé dans les opus précédents.
Cette fois-ci, Nintendo semble intégrer ce RetCon comme un élément scénaristique à part entière et peut-être sera-t-il bien fait. On ne peut pas non plus exclure qu’ils réussissent à faire de toute la série quelque chose de plus profond et les amener ainsi au rang de bons jeux si de vrais indices ont étés disséminés depuis tout ce temps.
Que de conjectures en tout cas, la sortie définitive du jeu nous permettra de tirer tout ceci au clair, car ce qui est certain, c’est que la démo est par trop inachevée pour nous permettre d’avoir autre chose que des bouts de gameplay et d’univers disparates à recoller.
Espérons tout de même que la version finale sorte avant Skyrim sur Switch, si jamais le jeu n’est pas à la hauteur des attentes des fans, un concurrent lui fera encore plus de mal. Malgré les 7 ans du titre de Bethesda, il possède plus de contenu et de profondeur que la démo de Breath of the Wild, Nintendo va donc devoir travailler son bébé et sa sortie pour espérer convaincre.