L’art du réarrangement musical par le Neko Light Orchestra Voxel Libre

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L’ART DU REARRANGEMENT MUSICAL PAR LE NEKO LIGHT ORCHESTRA


Plongez dans les mondes de l’imaginaire et redécouvrez les musiques de vos films, séries et jeux vidéo favoris grâce au Neko Light Orchestra.

Des premières mélodies 8bits aux plus grandes compositions symphoniques de l’ère moderne du gaming, la musique a toujours été un élément central de la création vidéoludique. D’abord pensés comme de simples vecteurs d’immersion supplémentaires pour le joueur, certains thèmes de jeux vidéo sont devenus cultes au point de pleinement intégrer notre culture populaire. La preuve, il vous suffit de murmurer les premières notes des thèmes de Mario, Zelda, Tetris ou Pac Man pour que n’importe qui les reconnaissent. De nos jours, la musique a pris une place telle dans le coeur des gamers qu’il n’est pas rare de voir des artistes, groupes et orchestres du monde entier reprendre les OST de nos licences préférées. C’est notamment le cas du Neko Light Orchestra, une joyeuse troupe originaire de Toulouse qui depuis 2011, s’est fait spécialiste des réarrangements rock / mélodique issus des cultures geeks et de l’imaginaire.

 

Nicolas Chaccour aka Nico Neko, le pianiste et fondateur du groupe Neko Light Orchestra (Crédit photo : MICHEL VIALA)

 

LE NEKO LIGHT ORCHESTRA PROPOSE DES CONCERTS UNIQUES…

Leur histoire commence en 2011, lorsque le Toulouse Game Show sollicite Nicolas Chaccour, un musicien local féru d’univers geeks et fantastiques, pour animer une activité lors du salon. L’idée ? Former un groupe éphémère avec quelques autres artistes de son entourage et proposer au public une sorte de blind test musical axé sur toutes ces cultures de l’imaginaire. Évidemment, le concept cartonne et très vite, l’artiste comprend qu’il ne peut s’arrêter en si bon chemin.

Le groupe s’est pérennisé et a même eu droit à son premier concert au cinéma en 2013. À l’honneur ? Les musiques de Joe Hisaishi, le compositeur des films d’Hayao Miyazaki lors de l’avant-première de son dernier film Le vent se lève. Là encore, le public en redemande et un second concert voit le jour l’année suivante, consacré au Seigneur des Anneaux cette fois-ci et joué pour la sortie du dernier film Le Hobbit. Au fil des années, la troupe s’est professionnalisée et propose aujourd’hui pas moins de dix concerts « tribute » différents, allant des films de Miyazaki à Harry Potter, en passant par Game of Thrones, Final Fantasy, Zelda, la série Dr. Who et les films de Quentin Tarantino. « Cela fait 12 ans maintenant que notre groupe a été créé, et 6 ans qu’il se produit dans des grandes salles, se félicite le fondateur, producteur et pianiste du groupe Nico Neko. Je constate une belle évolution de l’offre de ces concerts depuis 10 ans, tant au niveau officiel que dans les tributes non-officiels comme les nôtres et ça fait plaisir ! ».

Mais contrairement à ce que laisse entendre le nom du groupe, le Neko Light Orchestra n’est pas un orchestre à proprement parler, mais plutôt comme ils aiment si bien le dire eux-mêmes, « un groupe de rock qui se prend pour un orchestre ». Entendez par là que cette troupe de 20 musiciens professionnels se compose d’abord d’une base rock, puis d’une section plus mélodique. L’ADN rock est portée par deux guitaristes, deux bassistes et deux batteurs et le côté orchestre est assurée par un piano, une harpe, des percussions, des chœurs, un quatuor avec flûte, violoncelle, alto et violon ainsi qu’une section cuivre avec une trompette, un tuba, un euphonium et un saxophone.

 

 

Ensemble, tout ce beau monde ne se contente donc pas de simplement reprendre nos thèmes musicaux préférés, mais s’emploie bien de les réarranger « à la Neko » : « Notre credo, c’est toujours partir du principe de s’amuser avec nos instruments, peu importe la contrainte, assure le pianiste du groupe. Par exemple, la musique du Seigneur des Anneaux qui est basée sur un orchestre symphonique ne propose donc aucun piano. Du coup nous, ce que nous allons faire, c’est justement essayer d’en mettre plein ! Transformer complètement un morceau en changeant carrément les accords, c’est un pur plaisir ! Ça déstabilise l’auditeur et fait monter la pression avant que les vrais accords n’arrivent et qu’il se retrouve en terrain connu ».

Evidemment, réarranger des musiques de films et de jeux vidéo avec « seulement » une palette instruments spécifiques ce n’est pas toujours une mince affaire, comme le souligne l’artiste toulousain : « Les arrangements les plus compliqués sont ceux pour lesquels on fait le choix de sortir des versions originales pour leur donner une nouvelle identité. C’est particulièrement vrai pour les morceaux de Final Fantasy qui à partir du VII ont été composés et enregistrés avec orchestre symphonique, mais aussi pour les thèmes mythiques des premiers Zelda qui sont en 8 bits. Dans les deux cas, ces bases sont assez éloignées de nos instruments rocks mélodiques et c’est un vrai challenge pour nous de les adapter ».

 

 

Pas de soucis cependant, les musiciens du Neko Light Orchestra retombent toujours sur leurs pattes et peuvent toujours compter les uns sur les autres pour faire marcher l’équipe. Il en va de même pour la création de leurs concerts de réinterprétation, tout est une question de synergie : « Monter un show comme le nôtre peut prendre entre trois et six mois de travail en collectif, explique Nicolas. La première étape c’est de définir la set liste entre la direction artistique et la direction musicale et de la soumettre aux musiciens qui connaissent aussi ces univers. Ensuite, il y a la partie écriture des différentes partitions par la direction musicale et quelques musiciens. Puis 2 mois après les répétitions commencent avec tous les musiciens. La préparation est de moins en moins longue à mesure que le groupe accumule de l’expérience, mais je me souviens que nous avons mis un an à préparer le concert Harry Potter, « L’Echo du Petit Sorcier ». À titre de comparaison, notre premier concert Zelda, « Les échos d’Hyrule » a été créé en 17 jours ». Si rendre des hommages musicaux en live aux plus grands compositeurs du 7ème et 10ème art est au coeur même de l’action du Neko Light Orchestra, son savoir-faire ne s’arrête pas là. Loin s’en faut.

 

… ET DES CREATIONS ORIGINALES

Le Neko Light Orchestra aurait pu simplement se contenter de faire des concerts hommages, mais leur amour pour la culture geek et celles de l’imaginaire est si grand qu’ils ont vite cherché à prolonger le plaisir par tous les moyens, et surtout à élargir le champ des possibles. De quelle manière ? En proposant des uchronies musicales pardi !

Une uchronie, kesako ? Au sens historique du terme, il s’agit d’un récit d’événements fictifs façonné à partir d’un point de départ historique réel. Adaptez le terme à la musique revient donc à s’inspirer d’une licence particulière, de s’approprier son univers et de le réécrire en musique à sa sauce comme le précise Nico Neko : « Le concept des Uchronies Musicales nous permet de composer des musiques et des chansons originales et qui s’inscrivent dans des univers déjà existants ».

C’est ainsi que la troupe s’est amusée à composer des partitions inédites en s’inspirant des saga les plus mythiques du cinéma et du jeu vidéo : Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, les fims de Miyazaki, Samurai Champloo, Retour Vers le Futur, Soul Blade, Batman, Game of Thrones, Full Metal Alchemist, L’Attaque des Titans, Kaamelott, Zelda, Kingdom Hearts, Skyrim, Silent Hill, Secret of Mana, World of Warcraft et j’en passe... « On fait d’abord ça pour s’amuser, mais c’est aussi pour nous un bel exercice et une bonne carte de visite pour pouvoir prétendre à de belles compositions de musiques à l’image à l’avenir », appuie le directeur de la société de production Blue Neko.

 

 

S’il est facile de se donner une idée du résultat en écoutant directement les différentes Uchronies Musicales du groupe, vous vous demandez peut-être comment est abordé un tel exercice et surtout quelles sont les différentes étapes de création d’un morceau du genre. Là encore, le leader et fondateur du Neko est là pour répondre aux interrogations : « On a pris l’habitude de solliciter notre communauté pour le choix des univers que nous traitons. Une fois les choix actés après plusieurs votes, les différents musiciens compositeurs du groupe commencent par choisir les licences qui les intéressent le plus pour mener la compo. Certaines uchronies se retrouvent ainsi avec un compositeur principal, tandis que d’autres se font en collaboration. Ensuite le ou les compositeurs travaillent sur une ou plusieurs maquettes qu’ils me proposent et moi, en tant que direction artistique, je veille à la cohérence d’ensemble. Quelques mois plus tard, une fois que les compositions sont validées, les répétitions commencent avec tous les musiciens concernés et encore quelques mois plus tard, on les enregistre enfin en studio. Nos uchronies se font vraiment en harmonie au sein du groupe. On fait appel aux talents, aux instruments, aux écritures musicales et des sensibilités de chacun ».

C’est finalement de cette philosophie créative qu’ont été matérialisés à ce jour deux albums d’Uchronies Musicales du Neko Light Orchestra. Bien sûr, leur savoir-faire seul n’aurait pas suffi à mener ce projet à bien puisque chacun d’eux a bel et bien été financé via des campagnes de crowdfunding et au soutien inconditionnel de la communauté Neko. Et quand bien même les tournées s’enchaînent pour la formation toulousaine, elle ne compte pas s’arrêter là et a bien l’intention d’enchaîner avec un volume 3 à l’avenir. Chaccour prévient cependant : « Aucune date n’a été fixée pour le moment. La seule chose que je peux dire, c’est que nous partirons sur une nouvelle façon de faire, plus collective ». Et ce n’est pas tout puisque le Neko Light Orchestra compte même se lancer dans la création et la composition de bandes originales de films et de jeux vidéo. Tout un programme qui n’a assurément pas fini de nous faire rêver.

 

 

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