InfogramesSociété d'édition française
Infogrames fait partie des rares sociétés françaises a avoir acquis une notoriété sur la scène vidéoludique internationale. Son activité première était l’édition mais elle a souvent développé et distribué des jeux, tous supports confondus.
Créée en juin 1983 par Bruno Bonnell et Christophe Sapet dans une ancienne usine textile, la société devait s’appeler à l’origine Zboub Système. L’histoire raconte qu’après avoir repris leurs esprits, ils se sont dit qu’il existait peut-être un nom de société plus transparent et utilisèrent une machine qui produisait des noms aléatoires. C’est ainsi que fut créée Infogrames, qui n’est autre qu’un mot-valise des termes « informatique » et « programme ». A mesure que la société s’agrandit, elle adopte différents patronymes tels qu’Infogrames Inc., Infogrames Entertainement SA (IESA) et aujourd’hui Atari.
C’est donc depuis leurs bureaux dans la chemiserie de Lyon que voit le jour leur premier jeu : Autoroute. Pour l’anecdote, la Fnac de Lyon a été leur premier distributeur en achetant les deux cents premiers exemplaires. Dès la première année de son existence, Infogrames se fait connaître avec des jeux comme Alpha 7, Dédale et Intra qui lui octroyèrent le prix de la création d’entreprise décerné par la Banque Populaire. A partir de ce moment et jusqu’à à la fin des années 1990, la société opère une percée auprès du grand public grâce à des titres licenciés de bandes dessinées franco-belges d’une qualité relative mais d’une difficulté certaine (Tintin, Asterix, Lucky Luke). La notoriété de la société au sein du marché du divertissement prend une toute autre ampleur grâce à Alone in the Dark. Le jeu est inspiré des nouvelles d’H.P. Lovecraft et introduit pour la première fois des personnages jouables en polygone et des séquences d’animation interpolées (qui réduisent la mémoire utilisée en s’adaptant à la puissance de la machine). Sorti à l’époque sous DOS et adapté depuis sur différentes plateformes, il est considéré aujourd’hui comme le prédécesseur le plus marquant des jeux de survival horror. Enfin, Infogrames a aussi édité des jeux salués par la critique et le public comme V-Rally.
Alors qu’en 1996 la société a acquis une notoriété certaine à l’international ainsi qu’une force de frappe financière impressionnante, elle est soudain prise de fièvre acheteuse. En plus de racheter quelques uns de ses concurrents comme OziSoft ou Gremlin Interactive, elle a dans l’idée d’opérer une main mise sur l’ensemble la chaîne de production vidéoludique de l’époque. Elle acquiert entre autre Accolade, GT Interactive et Atari (en devenant actionnaire majoritaire de sa société mère, Hasbro Interactive). A la suite de cette acquisition, la société se renomme Infogrames Interactive Inc. puis finira par adopter en 2003 le nom d’Atari pour mieux profiter de la réputation d’une des marques les plus marquantes du jeu vidéo. Ce changement de nom marquera la fin de l’utilisation du nom Infogrames.
En tout, Infogrames a déboursé plus de 500 millions d’euros pour acquérir plus d’une vingtaine d’entreprises. La success story prend fin à partir de 2000, année durant laquelle Infogrames enchaîne les déboires financiers et ce malgré ses aspects de grande multinationale. Même si elle voit son chiffre d’affaire augmenter de quelques centaines de milliers d’euros, ses acquisitions précédentes ne se sont pas révélées assez rentables. Infogrames voit ainsi son taux d’endettement atteindre des sommets (passant de 55 millions à 600 millions de dollars entre 1999 et 2003), entraînant une baisse significative de sa rentabilité et de la valeur de son action en bourse.
Il est intéressant de remarquer que certains communiqués de presse de 2003 attribuaient une excellente santé financière à Infogrames, dans un mouvement orchestré pour ne pas affoler les actionnaires. Bruno Bonnell abandonne le navire Atari en avril 2007 après 24 années de bons et loyaux services, ce qui provoqua d’ailleurs une envolée éphémère de sa valeur en bourse. Voyant son chiffre d’affaire stagner durant la première décennie du troisième millénaire à cause du peu de jeux qu’elle édite, elle est obligée de revendre près d’une quinzaine de sociétés. Le 21 janvier 2013, Atari dépose le bilan.