E3


E3 : LA GRANDE MESSE DU JEU VIDÉO
L’E3 (soit l’Electronic Entertainment Expo) organisé par l’Entertainment Software Association (ESA) chaque année à Los Angeles, a acquis, tant auprès des médias que pour le grand public, le statut de plus grand salon dédié au gaming. Retour sur ce « haut-lieu » du jeu vidéo.
UNE VOLONTE DE S’EMANCIPER …
Pour devenir le salon le plus reconnu de l’industrie, il lui aura fallu tout d’abord… être le premier ! Inauguré en 1995, il est né après que le constat de l’absence d’événement de l’envergure d’un CES (soit le Consumer Electronics Show salon dédié à la high-tech) ait été fait. Ce salon intégrait d’ailleurs un espace dédié aux jeux vidéo, mais trop restreint selon l’ESA, que l’on peut considérer comme l’équivalent américain de notre S.E.L.L (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs).
C’est donc suite à une initiative inédite mais cependant légitime que l’univers du gaming s’est offert sa propre vitrine. Pour ce faire, ils investissent le Los Angeles Convention Center, centre de convention – comme son nom l’indique – qui sera, 4 ans plus tard, le voisin du le Staples Center, futur plus grand amphithéâtre de Californie et qui accueillera les rencontres NBA des Los Angeles Lakers et des Clippers de Los Angeles. Un environnement propice pour tirer vers le haut un loisir en quête de grandeur. De la même manière que la High-tech avec son CES qui se déroule dans son lieu attitré (au Las Vegas Convention Center), le jeu vidéo a donc enfin droit annuellement à son propre événement et environnement (sauf en 1997 pour Atlanta et 2007 pour Santa Monica).
… AVEC LA FERME INTENTION DE S’IMPOSER
Les acteurs du secteur seront très vite au rendez-vous et ce dès sa première édition en 1995 avec environ 50 000 visiteurs présents. Un nombre qui restera d’ailleurs dans la moyenne des éditions suivantes. Autre indicateur témoignant de l’importance de l’événement : Sony, nouveau venu sur le marché, dévoilera pour l’occasion sa première Playstation. Inspirés par cette première réussite, les organisateurs tentent d’exporter le salon au Japon mais l’abandon de SEGA et d’autres éditeurs majeurs du pays du soleil levant sonne le glas de cette idée (un peu trop ?) audacieuse.
Cette première édition de 1995 fera donc des émules et l’E3 sera le théâtre de moults annonces : Nintendo qui dévoile en 1996 la Nintendo 64, Metal Gear Solid ou Half Life en 1997, Silent Hill et Max Payne en 1998… C’est d’ailleurs durant cette même année que sont intronisés les « Game Critics Awards » qui récompensent les meilleurs jeux du salon par catégories. Cette dernière démontre à elle seule l’importance du salon, carrefour où se confrontent toute les œuvres de l’industrie.
UN PARCOURS SEMÉ D’EMBUCHES
Les années se suivent et le succès ne se dément pas jusqu’en 2007 où l’élan de l’E3 est stoppé suite à la décision de restructurer le salon. La raison ? l’E3 est victime de son succès et des éditeurs souhaitent réaliser leurs propres évènements pour raison budgétaire (tout en profitant en parallèle de l’exposition médiatique du salon). Pour éviter cette fuite d’éditeurs, l’ESA propose une nouvelle formule nommée à l’occasion « E3 Media & Business Summit » qui présente des différences à plusieurs niveaux :
- Emplacement dans différents hôtels proches l’un de l’autres
- Chaque éditeur a un lieu qui lui est réservé
- Les présentations se font sous la forme d’une conférence de presse
- Une salle en commun avec la participation de tous les éditeurs reste présente
Le nombre de visiteurs chute par conséquent et descend à 10 000 (contre 60 000 en 2006).
Rebelote en 2008 avec la même formule mais qui fera cependant son retour au Los Angeles Convention Center avec cette fois-ci un seul hall. Finalement, cette déclinaison de l’édition précédente ne rencontre pas le succès escompté non plus et l’organisateur prend la décision de revenir au modèle de 2006 suite à la pression des exposants et de la presse qui se montrent insatisfaits.

Une déclinaison de l’E3 très éphémère….
Le salon poursuit son petit bonhomme de chemin année après année en surfant sur le succès retrouvé avec cependant cette épée de damoclès au dessus de la tête : l’ESA n’a pas résolu ce problème d’investissement auprès des éditeurs. D’autant plus, que le salon doit faire face à des initiatives déjà prises par d’autres constructeurs tels que Nintendo avec son Nintendo Direct (qui s’est offert le luxe d’annoncer lui même la New Nintendo 3DS, ce qui aurait été impossible il y a quelques années).
Afin que l’événement suscite toujours un engouement, il est décidé en 2017 d’ouvrir le salon au grand public avec 15 000 billets mis en vente. Bien que cette initiative soit salutaire, l’attention portée sur le salon est moindre puisque que d’autres conventions dans le gaming accueillant du public lui volent la vedette (Paris Games Week, Gamescom, Tokyo Game Show…). Le retrait de Sony en 2019 abonde dans le sens de la perte d’influence du salon et de l’envie des éditeurs de s’émanciper à travers leurs propres évènements.
Cependant le tableau ci-dessous pourrait à lui seul minimiser ces « difficultés » en démontrant que le nombre de visiteurs professionnels sur ces dernières années était plus élevé qu’à ses débuts pourtant fringants :
EDITION DE LA PGW |
SURFACE D’EXPOSITION |
NOMBRE DE VISITEURS PROFESSIONNELS |
NOMBRE DE VISITEURS GRAND PUBLIC |
---|---|---|---|
1995 |
65 000 m² |
38 000 |
– |
1999 |
67 000 m² |
40 000 |
– |
2002 |
67 000 m² |
60 000 |
– |
2003 |
67 000 m² |
60 000 |
– |
2004 |
67 000 m² |
60 000 |
– |
2005 |
50 120 m² |
70 000 |
– |
2006 |
57 000 m² |
60 000 |
– |
2007 (E3 Media & Business Summit) |
42 000 m² |
4 000 |
– |
2008 (E3 Media & Business Summit) |
3 258 m² |
5 000 |
– |
2009 |
67 000 m² |
41 000 |
– |
2010 |
67 000 m² |
45 600 |
– |
2011 |
67 000 m² |
46 800 |
– |
2012 |
67 000 m² |
45 700 |
– |
2013 |
67 000 m² |
48 200 |
– |
2014 |
67 000 m² |
48 900 |
– |
2015 |
NC |
47 000 |
5 000 |
2016 |
NC |
50 300 |
20 000 |
2017 |
NC |
68 400 |
15 000 |
2018 |
NC |
69 200 |
15 000 |
2019 |
NC |
66 100 |
NC |
Au tour peut-être de la crise sanitaire liée au Covid-19 – qui aura eu raison du monde de l’événementiel (avec notamment l’annulation de l’édition 2020) – de mettre définitivement un terme à cet événement ? Rien n’est moins sûr…
2021, ANNEE DU RENOUVEAU ?
Bien bousculé par la concurrence et les états d’âme de certains éditeurs, puis mis à l’arrêt pour cause de pandémie, l’E3 est loin de baisser les armes en cette année 2021 avec l’officialisation il y a quelques semaines d’un E3 2021 qui aura lieu du samedi 12 juin au mardi 15 juin. Contexte sanitaire oblige, cette édition sera à 100% virtuelle.
Bien que la configuration soit inédite et aux antipodes de ce qui fait l’essence de ce salon, les organisateurs ne manquent pas d’ambition :
- L’événement sera totalement gratuit pour tous les participants (contrairement aux rumeurs)
- La participation d’éditeurs reconnus tels que Nintendo, Xbox, Capcom, Konami, Ubisoft, Take-Two Interactive, Warner Bros. Games, Koch Media et « d’autres sont à venir » (Square Enix a confirmé sa présence)
- Selon le site l’officiel, l’E3 2021 proposera des « conférences de presse en direct ainsi qu’un stream vidéo long de quatre jours. »
Par ailleurs, Ubisoft est le premier a avoir dégainé en officialisant la date de sa conférence :
Announcing the next #UbiForward 🔥 Part of #E32021
👉 https://t.co/wadfUzS9PM pic.twitter.com/YrE3o6NHyB
— Ubisoft (@Ubisoft) April 15, 2021
Le PDG de XBOX, Phil Spencer avait quant à lui fait part de sa satisfaction suite à l’officialisation de cette édition 2021 :
Glad to see the game industry coming together again in June for a digital E3. This and other summer events are proof that our industry is strongest when we work together. Looking forward to sharing what we have in store this summer.
— Phil Spencer (@XboxP3) April 6, 2021
« Heureux de voir l’industrie du jeu vidéo se réunir à nouveau en juin pour un E3 numérique. Cet événement et d’autres événements estivaux sont la preuve que notre industrie est la plus forte lorsque nous travaillons ensemble. Au plaisir de partager ce que nous avons en réserve cet été. »
Un témoignage en quelque sorte de l’aura qu’aurait l’E3 malgré ses déboires ?