• Développeur : Koei Tecmo
  • Editeur : Nintendo
  • Site Web : PAL
  • Version testée : Wii U
  • Classification :
    Sigle âge 18 ans et plus
    Francaise : 30/10/2015
    Americaine : 22/10/2015
    Japonaise : 27/09/2014
  • Exclusivitée
  • PEGI :
    Violence : jeu contenant des scènes de violentes

Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires

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Un classique de l’épouvante

La série Project Zero trouve ses origines sur PlayStation 2 il y a de cela une quinzaine d’années. Ici pas de combats musclés face à une horde de zombies ; elle est davantage reconnue pour sa maîtrise de l’horreur version japonaise avec un accent mis sur la survie, les forêts obscures, les fantômes riant aux éclats et autres clichés perturbants. Quatre épisodes classiques se sont succédé aux côtés de quelques spin-off et depuis celui sur Wii, le développeur Koei Tecmo semble avoir lié sa licence à l’éditeur Nintendo. Et pour cause, le Wii U GamePad semblait avec ce cinquième opus être la manette idéale pour la Camera Obscura, unique alliée face aux esprits. La Prêtresse des Eaux Noires fait son entrée en Europe pour Halloween, avec la version d’essai sur l’eShop permettant de tester le prologue et les deux premiers chapitres avant d’acheter les suivants, et uniquement en version limitée en boutique : un exemplaire dans un emballage classique, un SteelBook, un art book, quatre photographies d’esprits ainsi qu’un poster double face.

Les personnages jouables : Yuri, Ren et Miu.

Les personnages jouables : Yuri, Ren et Miu.

Ce nouvel épisode de Project Zero propose de suivre l’histoire de trois personnages, découpée en une quinzaine de chapitres : Miu à la recherche de sa mère portée disparue et héroïne du premier opus, Yuri aux pouvoirs psychiques prise sous l’aile de l’enquêtrice Hisoka, et un homme nommé Ren Hojo habité par de sinistres rêves et accompagné d’une assistante androgyne Riu. Ces trois profils sont liés d’une manière ou d’une autre au Mont Hikami, un lieu hanté dont une partie anciennement touristique a été ensevelie et l’autre simplement oubliée. Quoi qu’il en soit, la montagne attire aujourd’hui de nombreuses personnes désirant mettre fin à leurs jours mais aussi les curieux en quête d’expériences paranormales. Mais il faut remonter à beaucoup plus loin pour comprendre en quoi le Mont Hikami est à la fois si attractif et dangereux. Pour faire simple, une phrase : des prêtresses enfermées et écrasées dans des boîtes entourées d’eau accompagnées de noces funèbres et de sacrifices. Les prêtresses absorbent les secrets et douleurs de ceux qui doivent retourner à l’eau autrement dit mourir, afin d’obtenir le sommeil éternel jusqu’à dissolution du corps. Si vous avez le malheur de croiser leur regard, ne serait-ce que sur une photo funéraire… Il vous sera impossible d’échapper à la montagne : les femmes deviendront prêtresses, les hommes seront mariés à ces dernières, c’est monnaie courante.

Les entrées des prêtresses, toujours remarquées.

Les entrées des prêtresses, toujours remarquées.

L’introduction du jeu nous plante le décor de façon… substantielle : « C’est une histoire terrifiante surnaturelle ». Car, si des fois vous ne l’auriez pas compris, sachez que le titre regroupe tous les clichés possibles des scenarii d’horreur que nous pouvons trouver dans n’importe quel média abordant le genre de l’épouvante. Nous trouvons bien entendu une forêt sombre, des poupées aux sourires figés, des maisons de bois abandonnées, une brume épaisse, un téléviseur qui s’allume tout seul, de vieilles VHS, quelques jump scare et un train fantôme. Autant de banalités dans le monde de l’horreur, notamment japonais, qui pourtant fonctionnent toujours aussi bien. Si vous n’êtes pas friand de ce vocabulaire-là, passez votre chemin, qu’on se le dise !

Un jeu d’ambiance avant tout

Viens faire un câââlin !

Viens faire un câââlin !

Au-delà des stéréotypes du genre, l’atmosphère reste le point fort du jeu. Et lorsque ce dernier est lancé pour la première fois, c’est l’esprit old school qui saute aux yeux. L’écran-titre comprend un effet travelling qui nous rappelle les bons vieux jeux de shoot sur bornes d’arcade. Une seule envie : sortir le pistolet -ici le GamePad- et aligner quelques zombies. La police d’écriture ainsi que les sons des menus participent également à cette ambiance. Un peu moins fun, nous retrouvons les petits temps de chargement entre certaines scènes et changements de lieu. La bande son ne comprend pas réellement de musiques mais des sons ambiants étouffés venus tout droit d’outre-tombe ou de radio brouillée, un certain héritage Silent Hill. Ajoutés à cela, certains filtres et effets viennent amplifier notre angoisse. C’est le cas par exemple lorsque le personnage souhaite ramasser un objet et qu’il est nécessaire de rester appuyé sur une touche, tout cela au ralenti et avec un son des plus inquiétants sous-entendant une possibilité d’être surpris par… quelque chose. Le kitsch extrême de l’horreur.

Il n’est pas question de se balader avec la moindre arme mais de porter une Camera Obscura, un vieil appareil photo qui a l’avantage de détecter ce qui ne peut être vu à l’œil nu et faire disparaître les fantômes les plus agressifs. Autrement dit, vous êtes démunis et ne jouerez pas les gros bras lors des affrontements d’autant plus que parfois, seule la fuite vous sauvera. Cette sensation de vulnérabilité n’a pas de quoi rassurer dans un cadre aussi étouffant, à l’image d’un huis clos. 

Oui, il s'agit bien de Ayane de Dead or Alive.

Oui, il s’agit bien d’Ayane de Dead or Alive.

Les personnages, bien que tous très semblables, bénéficient de la patte du studio de développement Koei Tecmo. Les visages très lisses rappellent ceux de poupées de porcelaine ainsi que les jeux vidéo japonais d’une autre époque. Même si l’un des personnages principaux est un homme, le nombre de jolies jeunes filles explose. L’éditeur étant notamment connu pour la série Dead or Alive, difficile de passer à côté de la touche sexy. Cependant dans cette version OCCIDENTALE (j’insiste) de Project Zero, n’y voyez aucune trace de vulgarité ou de quelconque abus. Les vêtements de base sont certes courts mais stylisés, les poitrines sont parfois (très) généreuses mais ce n’est pas systématique et la vue de petites culottes se fait très rare si ce n’est quasi inexistant. Libre à vous de craquer ou pas pour les costumes à débloquer beaucoup plus suggestifs et made in Nintendo pour certains et qui pour le coup ne sont à tester qu’une fois le jeu terminé, simple question d’immersion… Les effets de texture sont très travaillés, notamment lorsque les personnages ont les vêtements mouillés, ce qui est le cas pour la moitié du jeu. Ces quelques points participent à cette ambiance de jeu d’horreur nippon assumée et sublimée par un développeur reconnaissable au premier coup d’œil. Si le jeu reprend beaucoup d’aspects et de mécaniques appartenant au passé, les graphismes sont eux au goût du jour et le rendu ne peut être que salué.

Le GamePad : une fausse bonne idée ?

Vous l’aurez compris, vos seules amies sont la Camera Obscura et votre capacité psychométrique au déchiffrage des ombres. En suivant ces dernières, il est possible de tracer une personne disparue et visualiser certains de ses souvenirs. Quant à la Camera Obscura plus précisément, elle englobe une minuscule composante custom puisque vous avez la possibilité d’améliorer la rapidité de recharge ou encore la puissance de vos objectifs et films grâce aux points récoltés lors de la prise de clichés intéressants. Le jeu demande l’utilisation exclusive du GamePad ce qui, à priori, À PRIORI, relève d’une idée somme toute logique et qui s’y prête parfaitement. Pour trouver des objets cachés ou reproduire des photographies, ça va, rien de bien compliqué. Il suffit de trouver le lieu, cibler et choisir le bon angle, même si ce dernier point peut être un poil chatouilleux.

Ha, la magie du Wii U GamePad...

Ha, la magie du Wii U GamePad…

Pour les affrontements, le jeu demande de la rapidité et de l’adresse : cibler et verrouiller l’esprit pour le désintégrer, choisir le bon moment pour les coups fatals et alterner entre les différents films et objectifs tout en évitant les attaques. Autant vous dire qu’avec le GamePad, il est impératif de maintenir son self-control… Particulièrement quand il faut anéantir une poignée d’enfants turbulents la nuit au milieu de la forêt. Le gyroscope est à bannir, quitte à perdre de la rapidité dans les mouvements et sentir toute la lourdeur du GamePad : c’est toujours moins frustrant que de faire face, tristement, aux limites qu’offre la configuration de base. D’autant plus qu’il faut jongler entre la prise de vue de l’appareil et les déplacements des personnages. Les déplacements des personnages ? Parlons-en : rigides, lents et parfois même gênés par le deuxième personnage qui vous accompagne -pour rien- et qui reste planté devant vous, même si vous êtes en pleine attaque.

La mort ou… l’ennui

"Je crois qu'il se passe quelque chose d'étrange." Mais nan, mais nan.

« Je crois qu’il se passe quelque chose d’étrange. » Mais nan, mais nan.

L’apprentissage se fait progressivement et rapidement puisque les éléments, bien qu’intégrés petit à petit pour une bonne maîtrise, ne sont pas très nombreux. C’est bien là le problème, c’est facile à comprendre mais fastidieux dans la prise en main jusqu’à devenir rédhibitoire pour certains. L’action, l’affrontement, ne sont pas ce qui prédomine dans ce jeu d’horreur. En suivant ces histoires, nous avons plus l’impression d’assister, à demi-passif (ou demi-actif, tout dépend de votre degré de tolérance) au destin des personnages. C’est donc de façon très linéaire que le jeu avance jusqu’à être, il faut l’avouer, complètement dirigiste. Vous auriez bien envie d’aller voir ce petit chemin là à droite, mais grand dieu non. Vous allez devoir suivre encore et encore cette ombre de personne perdue. Et si vous avez l’audace de tenter l’exploration coûte que coûte, vous serez rappelé à l’ordre. Comme les personnages sont amenés à revenir toujours aux mêmes endroits pour ensuite aller un peu plus loin, la répétition accentue cette impression de captivité et disons-le… d’ennui mortel. Un personnage s’élance dans la montagne pour retrouver une personne disparue mais finalement, suite au succès du chapitre, il faut y retourner, parfois successivement avec le même personnage alors que celui-ci vient de fuir en hâte les lieux… D’un autre côté, cela sert l’histoire : absorbé par la montagne et ses prêtresses, il est impossible désormais d’y échapper. Dommage pour les joueurs, heu, personnages.

"Naaan, n'y retourne pas ! PAS ENCOOORE !"

« Naaan, n’y retourne pas ! PAS ENCOOORE ! »

Tout au long de l’aventure, vous serez amené à lire de très, très nombreuses notes et autres journaux à propos des mystères qui entourent le Mont Hikami et les ressentis de chacun des personnages. Si cela peut s’avérer intéressant pour l’enquête, il faut savoir que les informations pertinentes se font très avares face aux innombrables répétitions et à la traduction parfois surprenante. Au final, les notes sont lues de plus en plus rapidement jusqu’à ne plus l’être du tout. Les personnages manquent eux aussi cruellement d’intérêt. Non attachants avec les mêmes expressions et des comportements quasi identiques, il faut admettre que nous avons là une belle brochette de mannequins sans âme… C’est le comble.

Même si l’histoire tient la route et que l’ambiance reste une belle réussite, la rigidité du gameplay et le manque d’intérêt autour de l’univers font de Project Zero : La Prêtresse des Eaux Noires, un dispensable de la ludothèque Wii U. Seuls les plus patients et amoureux de la série pourront y trouver leur compte.

L'avis général

  • Le design made in Tecmo
  • L'ambiance digne d'un film d'horreur sauce japonaise
  • Le choix entre voix anglaises et japonaises
  • Le gameplay lent et rigide
  • La progression linéaire et répétitive
  • Des personnages livides

Connue sous le nom de Zero au Japon, son pays d'origine, et Fatal Frame aux États-Unis, la série Project Zero s'offre un cinquième opus sur Nintendo Wii U. Si le GamePad semblait propice à l'utilisation de la Camera Obscura, seule arme du jeu, son utilisation reste maladroite et ne révolutionne en rien la saga. Un bon épisode pour ceux qui ont suivi les précédents, bien qu'en rien original, une ambiance plus que convaincante mais qui se retrouve vite entachée par l'ennui provoqué par la redondance et la jouabilité.