Le lancement complètement râté de la PS3Capsule Temporelle

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LE LANCEMENT COMPLÈTEMENT RÂTÉ DE LA PS3


Après le lancement stratosphérique de la PS2, Sony a complètement foiré celui de sa Playstation 3, et particulièrement en France. Flashback.

Après le succès planétaire et inégalé de la Playstation 2, Sony joue gros : ils devront faire mieux avec la PS3. Le défi est de taille et la pression d’autant plus importante que le constructeur japonais a désormais un nouveau concurrent dans la course à la puissance. En effet, Microsoft a rejoint la bataille du hardware et sa Xbox s’est finalement imposée comme la machine la plus puissante de la génération précédente.

Pour reprendre la place de numéro 1 sur le marché du gaming, l’ambition de Ken Kutaragi, le président de Sony à l’époque est claire : il veut proposer la console la plus puissante technologiquement jamais conçueet ce quoi qu’il en coûte. Sur le papier, ça fait rêver, mais dans les faits, rien ne va se passer comme prévu.

 

Ken Kutaragi présente fièrement la PS3

UN DÉVELOPPEMENT TROP AMBITIEUX

Pour mener à bien son projet, il va doter sa console d’un nouveau microprocesseur baptisé Cell. Ce bijou de technologie sera l’élément clé de cette nouvelle console et est le fruit d’une alliance de savoir-faire entre IBM, Toshiba et Sony.  Et même s’il offre un potentiel de puissance encore jamais vu dans le jeu vidéo, son architecture complexe va poser de nombreux problèmes : d’une part, son coût de production est extrêmement cher (230$ l’unité tout de même) et d’autre part, il sera un calvaire à maîtriser pour les développeurs.

Résultat, à l’E3 2006, lors de la conférence Sony, alors que la presse et les joueurs du monde entier attendent la PS3 au tournant, sa présentation sera un véritable fiasco. Pour faire simple, aucun jeu majeur n’est annoncé, le peu de titre déjà présenté vont subir un downgrade criant et la démonstration de la fonction gyroscope de la nouvelle manette Dual Shock 3 va tourner au vinaigre. La manette, parlons en justement…

Comme chacun sait, la manette est très importante pour l’image d’une console. Habitué à nous sortir des masterclass depuis la PS1, Sony va complètement rater le virage avec la PS3. Tout d’abord, ils vont présenter une manette en forme de boomerang, avant de faire machine arrière face aux observateurs du milieu plutôt circonspects. Comprenant que leur pad sera difficile à prendre en main, les ingénieurs de Sony vont faire machine arrière et revenir à un modèle proche de leur manette précédente. Un aveu d’échec pour la société japonaise, d’autant plus que cette Sixaxis (du nom de la technologie de reconnaissance de mouvement présente dans la manette), n’aura même plus de fonction vibration.

 

La fameuse manette boomerang, futuriste, mais impossible à tenir en mains

 

 

Le « Sixaxis » controller, la vraie manette de la PS3

 

De plus, la conception du processeur Cell a coûté tellement d’argent en recherche et développement qu’en fin de course, les promesses technologiques de la PS3 vont être finalement revues à la baisse. A sa sortie, la console n’a plus qu’un port HDMI au lieu de 2, un port Ethernet et quatre ports USB. C’est la douche froide, mais heureusement, elle conserve son lecteur Blue Ray, l’aspect multimédia étant primordial pour Sony depuis la PS2.

Malgré une confiance ébranlée faute à des promesses non tenues, Sony maintient le cap et assure à ses acheteurs que sa nouvelle console sera un « must have » pour les amateurs de technologie et de jeu vidéo. Ils affirment même que leur console joue dans la même cour que certains PC parmi plus puissants de l’époque. C’est peut-être vrai, mais une telle puissance couplée à des coûts de production exorbitants a un prix. Et c’est réellement ce prix qui a sabordé le lancement de la PS3.

 

LE PRIX AU CENTRE DES DEBATS

Habitué à proposer une gamme tarifaire défiant toute concurrence, Sony n’a pas d’autres choix que de vendre la bête à 499€ pour sa version 20GB et 599€ pour une mémoire de 60GB. A titre de comparaison, la PS1, une révolution technologique en son temps coûtait « seulement » 299€. Comme si cela ne suffisait pas, la console va subir de multiples reports dus à des retards de production de certains composants. Oubliez également une sortie mondiale simultanée : la console arrivera finalement le 11 novembre 2006 au Japon, le 17 aux Etats-Unis et enfin le 23 mars 2007 en Europe.

 

La PS3 dans sa version finale et connue de tous

 

Pour rappel, la Xbox 360 de Microsoft, un autre monstre de puissance, est déjà sortie depuis novembre 2005. Elle est bien ancrée dans les foyers avec plus de 11 millions de consoles écoulées et coûte déjà 200€ de moins. Sans oublier qu’à côté, Nintendo fait sa révolution avec une Wii à 250€ pendant que le PC s’impose définitivement comme une machine de jeux. Avec tous ces facteurs cumulés, il aurait fallu un miracle pour que Sony réussisse son lancement.

Au premier abord, on aurait pu croire puisque contre toute attente, la PS3 va connaître un succès honorable à son arrivée dans les rayons au pays du soleil levant et chez l’Oncle Sam. En revanche, pour l’Europe et plus spécialement la France, c’est une autre paire de manche.

 

LANCEMENT CATASTROPHIQUE EN FRANCE

Vous vous souvenez des images surréalistes du lancement de la PS2 au Virgin Mégastore des Champs-Elysées ? Et bien pour la PS3, on en était loin. Sony avait pourtant vu les choses en grand en organisant un événement démesuré au pied de la Tour EIffel. Au menu ? Un magasin Fnac monté spécialement pour l’occasion, une projection de film en Blue Ray en extérieur et 1000 consoles de jeux disponibles immédiatement à la vente.

Malheureusement pour eux, les joueurs ne seront pas au rendez-vous et seuls trente PS3 seront écoulées ce soir-là.  Certains cadres de chez Sony auraient pu faire preuve de mauvaise foi en affirmant que le froid de ce soir dans la capitale française avait dissuadé les acheteurs de se déplacer… Sauf qu’on le sait, c’est surtout le prix de la machine qui a refroidi les ardeurs. Ailleurs dans Paris, d’après le reportage de jeuxvideo.fr réalisé à l’époque, seules quatre personnes ont fait la queue à la Fnac des Champs-Elysées pour acheter la console. On est loin des cohues qu’il y a pu avoir au Japon, aux US ou encore en Angleterre.

Comble de l‘humiliation pour Sony, à une époque ou la guerre des consoles et la concurrence faisait rage dans le JV, Microsoft a jugé bon de s’inviter à la « fête » pour faire un gros pied de nez à son adversaire direct. Sans pitié, les cadres de Xbox France n’ont pas hésité à faire passer un bateau-mouche aux couleurs et à la gloire de la 360, sous les regards dépités et déconfits des officiels de la marque bleue. Clairement, c’était une autre époque.

 

Quand la Xbox et Microsoft s’invitent à la fête organisée par Sony

 

Malgré cette soirée cauchemardesque pour Sony, il se vendra tout de même 78 000 consoles sur tout l’Hexagone durant son premier week-end de commercialisation. Un score tout à fait honorable tant les choses partaient mal pour la PS3. Malgré tout, elle restera l’un des plus gros échecs de l’Histoire de Sony. Pour illustrer la débâcle, il suffit de regarder les chiffres de ventes de la Xbox et de la PS3 sur toute la durée de la septième génération de consoles : pendant six ans, de 2006 à 2012,  c‘est bien la console verte qui est restée devant sa rivale bleue (sans parler de la Wii qui a seule dans son coin a complètement survolé la concurrence). Quand on sait que lors de la génération suivante, la PS4 a écrasé la Xbox One, on aurait presque du mal à le croire, mais ça, c’est une autre histoire…