PEGI : le système d’évaluation européen des jeux vidéoCapsule Technique

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PEGI : LE SYSTÈME D’ÉVALUATION EUROPÉEN DES JEUX VIDÉO


Connu et superbement ignoré par la plupart des initiés IG, le système PEGI est pourtant souvent apprécié par les parents, pour le sérieux de ses critères et son caractère intuitif ; une force qui fait aussi sa faiblesse.

 

DANS LA LIGNÉE DE LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE

Schéma de classement par âge en fonction du contenu et pictogrammes – source : pédagojeux.fr

Dans un monde ancien, où chaque territoire avait son propre système de classification, et donc ses propres critères, la distribution du jeu vidéo était sujette à de nombreux conflits et écueils. C’est alors qu’en Europe, à l’aube du printemps 2003, l’ISFE (Interactive Software Federation of Europe) a fondé le PEGI (Pan-European Game Information), un système de classification des jeux vidéo par âge, selon leur contenu, contaminant ainsi l’industrie jeu-vidéoludique avec le TV Parent Guidelines (1996), en l’approfondissant. Le système est aujourd’hui reconnu, ainsi qu’utilisé, dans plus de trente-cinq pays européens et d’ailleurs (jusqu’en Israël et au Québec), et soutenu par les grands industriels du milieu comme Sony, Microsoft ou encore Nintendo, comme par la Commission Européenne. Il est actuellement basé pour part à Bruxelles, où le VSC (Video Standard Council) et le VRS (Video Rating System) s’occupent concrètement de la classification des jeux de 12 à 18 ans, en partenariat avec le NICAM (Netherlands Institute for the Classification of Audio-visual Media), qui traite les jeux de 3 à 7 ans.

 

 

 

UN SYSTÈME QUI SE VEUT LE PLUS OBJECTIF 

Chaque jeu connaît aujourd’hui deux étapes lorsqu’il passe dans les bureaux de PEGI : les fabricants envoient des maquettes des productions en cours et des contenus additionnels, à partir desquelles sont remplis des formulaires aux questions très précises. Ainsi, un jeu où les cadavres disparaissent miraculeusement et/ou avec des scènes à caractère sexuel ne montrant pas les parties génitales sera classé 16+, là où un jeu dont les cadavres sont persistants et/ou dont les scènes à caractère sexuel montrent les parties génitales des personnages sera classé 18+. Pour aider les employés PEGI, les fabricants envoient parfois spécifiquement les scènes sensibles d’un jeu. Avec cela, les employés remplissent un formulaire, qui sera ensuite utilisé pour vérifier le produit final, avant sa sortie, lors du test de la version définitive.

 

PEGI EN ACCORD AVEC SON TEMPS

Pictogramme « Achats Intégrés » – source : jeuxonline.info

En France, un jeu ne peut sortir sans avoir été vérifié par PEGI. Le système est composé de cinq catégories d’âge et de huit descripteurs de contenu, représentés sur l’image ci-contre, et dont les significations sont détaillées sur le site internet officiel. Aussi, depuis l’automne 2018, les jeux vidéo doivent afficher le logo « achats intégrés » lorsqu’ils comportent cette option. Cette obligation va de pair avec une volonté de prévention de la part de PEGI envers les parents, afin qu’ils soient avertis et qu’ils apprennent à contrôler les achats intégrés que les plateformes de jeux permettent à leurs enfants d’utiliser. L’entreprise suit en effet de près les évolutions technologiques du marché, par exemple en intégrant dans ses tests les jeux en réalité virtuelle, qui conduisent à l’évolution de la classification sur des critères plus spécifiques.

 

D’UNE PROCÉDURE RÉGIONALE VERS UNE PROCÉDURE  GLOBALE

Schéma de la procédure IARC – source : www.globalrating.com

Autre innovation, le système PEGI a co-fondé, en 2013, l’IARC (International Age Rating Coalition), une coopération globale des organismes de classification des jeux vidéo, pour les jeux téléchargeables numériquement, via les magasins en ligne (Nintendo eShop, Google Play Store, par exemple), qui a pour but de poser les bases d’une unification des classifications et des pictogrammes utilisés non plus en Europe, mais dans le monde entier. L’intérêt de ce système parallèle est double : veiller sur le vivier très vivace des jeux mobiles et digitaux, et faire un premier pas vers une procédure de classification au niveau global.

 

 

Du point de vue de la classification, l’IARC emploie, comme le PEGI, un questionnaire, qui réunit cette fois tous les critères que les différentes autorités de classement considèrent comme essentielles, et en incorporant les critères distincts de chaque région/standard. Pour cela, le système utilise des algorithmes uniques pour chaque région.

 

L’OBJECTIF DU SYSTÈME PEGI

De nombreuses critiques ont, depuis 2003, été essuyées par l’entreprise, notamment des critiques faisant part de l’inutilité des critères à empêcher l’achat des jeux vidéo classés 18+ par des mineurs, ou de son manque relatif de reconnaissance dans certains pays, qui continuent à user de systèmes qui leur sont propres, comme l’USK en Allemagne (Unterhaltungssoftware Selbstkontrolle), créé en 1994 – soit avant même le TV Parent Guidelines – et l’ESRB au Canada (Entertainment Software Rating Board), créé en 1994, lui aussi, par l’ESA (Entertainment Software Association), une association de service aux entreprises de l’industrie du jeu vidéo et de l’informatique en général.

Nous ne parlerons pas de toutes les critiques, ce serait inutile, mais l’une d’entre elles nous paraît importante à citer. Elle concerne le marketing involontaire causé par les pictogrammes PEGI, que traite très bien un article ancien, mais qui peut encore trouver de la pertinence, disponible sur le blog www.cyroul.com : « C’est quoi la classification PEGI ? » Il souligne, parmi les faiblesses du système, que le choix des jeux est souvent fait sur des critères esthétiques, et que les pictogrammes PEGI peuvent participer à ce choix. « Contenu violent ? Ok, je prends, ça doit être cool ! ». À présent que les jeux se dématérialisent de plus en plus, la question se pose à nouveau, bien sûr, mais peut-être seulement en des termes différents : entre les bandes-annonces et les images frappantes, donnant des explosions de couleurs et de répliques dignes des plus grands nanars du cinéma, tout est fait pour rendre un jeu accrocheur avant même sa sortie, avant même de l’avoir testé.

Il ne faut cependant pas s’y tromper. L’objectif premier de la classification PEGI n’est pas restrictif, mais informatif, comme le précise les sites de l’ISFE et du PEGI, bien que son évolution ouvre des champs d’action plus larges aux parents. Le but premier est d’informer les parents et de leur permettre, par la connaissance des pictogrammes, de connaître le caractère du contenu d’un jeu d’un seul coup d’œil, et ainsi d’éviter de mettre des jeux inadaptés entre les mains de leurs enfants. Répondant à des préoccupations parentales, le collectif PédaGoJeux s’est lancé dans une entreprise de sensibilisation tant des adultes que des enfants à ce propos, par internet mais aussi dans les salons.

 

Capture d’écran du documentaire de SELL sur le PEGI – illustration du contrôle parental.

DES OUTILS DE CONTRÔLE PARENTAL

Pour tenter de palier à cette faiblesse, le PEGI aide dorénavant à développer des outils de contrôle parental sur les principales plateformes de jeux vidéo (Microsoft, Nintendo, Sony, Android et iOS), détaillées sur le site officiel de l’ISFE. Ces outils, utilisables via les applications mobiles ou les consoles, permettent aux parents/tuteurs de programmer les ordinateurs et les consoles, ou même les téléphones et tablettes, de sorte à limiter le temps de jeu (1 heure, 2 heures, etc) ou à restreindre l’accès à des jeux au-delà d’une certaine limite d’âge (3 ans, 7 ans, etc). Cela permet aussi, à présent, de limiter les dépenses financières pouvant être entraînées par les jeux à achats intégrés.

 

QUELQUES CHIFFRES

PEGI en 2017, c’est 29143 jeux classifiés dont près de 40% classés 3+ (conseillés à partir de 3 ans), et 1978 jeux pour la seule année 2017, dans le système de classification basique. Pour plus d’informations sur PEGI : Site officiel PEGI.