Boutons A, B, X, Y #1 – Pourquoi les boutons de nos manettes s’appellent A, B, X et Y ?Capsule Technique
A, B, X, Y #01 : L’HISTOIRE DES BOUTONS A, B, Y et X
On poursuit notre série sur les boutons de nos manettes avec la question du quatuor emblématique A,B,X,Y. D’où vient-il ?
Pendant que les fans de Playstation ne jurent que par les quatre fantastiques Rond, Croix, Carré et Triangle, ceux de Nintendo et Microsoft n’ont d’yeux que pour les sacro-saint A,B,Y et X. Ces quatre boutons alphabétiques ont beau être l’évidence même pour tout joueur de Switch ou de Xbox en 2023, il n’en a pas toujours été ainsi. Une convention, aussi ancienne soit-elle ne s’est jamais imposée d’elle-même et il a fallu que des ingénieurs réfléchissent dessus.
L’AVENEMENT DES BOUTONS A ET B
Aux balbutiements du jeu vidéo à la fin des années 70, les boutons des consoles ne sont même pas encore nommés. A vrai dire, les premières machines à porter cette petite révolution seront l’Intellevision de Mattel en 1979 et la Vectrex sortie 1982. Chacune d’elle identifiera ses touches avec des caractères numériques. Le monde aurait pu pleinement s’épanouir dans l’ère des chiffres, mais un outsider en a décidé autrement.
Et 1 et 2 et 3 et 4 !
Ah, cette bonne vielle manette télécommande de l’Intellévision !
On parle bien sûr de Nintendo, cette célèbre entreprise de jouets reconvertie dans la construction de consoles de jeu. Avec la sortie de sa première Famicom le 15 juillet 1883, la firme nippone a changé les règles du jeu en imposant sa vision des manettes avec les boutons A et B. Il n’y a effectivement rien de plus compréhensible que de prendre les deux premières lettres de l’alphabet, mais encore fallait-il y penser !
Fort du succès de la console et sans doute déçus de ne pas avoir eu l’idée plus tôt, les autres constructeurs ne tarderont pas à leur emboîter le pas, histoire de ne pas déstabiliser les habitudes du public. Sur le marché, seul SEGA préférera rester sur 1 et 2 avec sa Master System tandis que la PC Engine de NEC optera pour des chiffres romains I et II. Dans une volonté de différenciation face à la concurrence sans doute.
La Master System sait compter jusqu’à deux
La Famicom un peu moins !
LES BOUTONS X ET Y A LA RESCOUSSE
Sachez-le, les boutons X et Y sont arrivés pour la première fois avec la génération 16 bits. A la sortie de la Super Nes en 1990, Nintendo décide en effet d’ajouter deux boutons supplémentaires à ses pads pour répondre aux nouvelles possibilités de gameplay offertes par la technologie de plus en plus puissantes des hardwares. Fort bien, admettons, mais alors pourquoi X et Y plutôt que la suite logique C et D ?
La première raison à cela semble évidente : Big N souhaitait prendre à contre-pied la logique de SEGA qui avec sa Megadrive abandonnait finalement les boutons numériques de la Master System pour embrasser à leur tour pour une classification alphabétique. Ainsi, plutôt que de poursuivre l’alphabet dans l’ordre comme l’a fait la firme du hérisson bleu avec son troisième bouton C, Nintendo a préféré utiliser X et Y.
La manette SNES haute en couleurs préfère les lettres
La Mégadrive passe à l’alphabet
Selon l’ouvrage « Joypads ! Le design des manettes », de Laurent Bolli & Nicolas Nova publié aux éditions « Les moutons électriques », l’hypothèse la plus communément admise concernant ce choix serait que Nintendo, ne sachant pas jusqu’où iraient les ajouts de boutons sur leurs futurs contrôleurs, aurait décidé de prendre des lettres suffisamment éloignées les unes des autres. Cela dans le but de pouvoir aisément nommer d’hypothétiques nouveaux boutons dans cet intervalle.
Depuis, il n’y en a pas vraiment eu, mais même si ça avait été le cas, pourquoi ne pas avoir choisi Y et Z ? Malheureusement, il n’existe pas de réponse officielle à cette question. On peut néanmoins aisément supposer que ce choix a été fait pour que les boutons se retiennent facilement, grâce aux conventions mathématiques desquelles ils s’inspirent. (X abscisse et Y ordonnée) Une logique d’autant plus implacable que Nintendo finira par utiliser le Z (la profondeur parmi les axes linéaires) à partir de sa manette Gamecube.
La suite de l’histoire, vous la connaissez : la formule ABYX a porté ses fruits et tous les constructeurs ont fini par se réapproprier cette dénomination. Bien que Nintendo en soit l’instigateur historique, c’est bel et bien Microsoft avec ses manettes de référence qui finira par imposer ce modèle comme un standard vidéoludique, une convention quasi-inébranlable.
Les joycons, fidèle à la tradition Nintendo
La manette Xbox; la référence actuelle
- Sources & crédits
- Pourquoi les boutons de nos manettes s’appellent ABXY ? - par Raphaël P. Pivetta - Ni Geek Ni Nerd (janvier 2018)
- Joypads ! Le design des manettes - par Laurent Bolli & Nicolas Nova - Les éditions « Les moutons électriques »