X-COM needs you, sans assurance vie de préférenceTroll

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Il était une époque où le moindre jeu moche était un bijou d’originalité. Entendons-nous bien, là où un jeu actuel se contente de mettre à l’arrière de son boitier « Des graphismes somptueux » et « Un système de jeu novateur », avant, beaucoup de titres avaient beaucoup de choses à dire !
Et pas besoin de dix ans de développement et de trois DVD double couche pour avoir du contenu ou un gameplay pointu et exigeant. Non, aujourd’hui je vais vous parler d’un jeu sur disquette, le précurseur de la série X-COM qui survie encore de nos jours via un remake réussi. Cet ancêtre se nomme :

UFO : Enemy unknown.

Un concept inédit

Car oui ami lecteur, ce jeu propose un scénario incroyable, novateur, qui est devenu une véritable référence depuis sa sortie et que je vous laisse admirer dans cette insoutenable séquence d’introduction, garantie sans clichés des années 80 !

Bon j’ai peut-être un peu menti en disant qu’il n’y avait aucun cliché, il doit bien y en avoir un ou deux qui trainent si on enlève les tenues moulantes, les références aux comics et aux mangas, la coupe de Guile de Street Fighter 2, l’apparence des aliens, la forme de la soucoupe volante, le bruit des lasers et du téléporteur, l’alerte rouge, la musique, l’arrivée des héros et la ville en 3D fils de fer sur un écran de PC.
Alors certes, le jeu possède un gameplay incroyable, certes l’IGN l’a classé (à raison) 1er dans son top des meilleurs jeux vidéo de tous les temps, mais malgré tout… je ne sais pas, il y a peut-être quelques boulettes qui me chiffonnent. Trois fois rien hein, sans doute un ou deux personnages ou quelques détails.

Le bon, la brute et le gluant

Tiens justement, parlons des personnages. Nous avons les soldats qui ne méritent rien de mieux que des noms génériques au vu de leur durée de vie. En ce qui me concerne, ils ont eu droit à « Kleenex », « préservatif » et autres noms se rapportant à des objets jetables après leur premier usage. Car c’est à peu près ce qui se passera pour vos soldats qui mourront à la moindre attaque malgré la présence d’une barre de vie et d’un nombre parfois conséquent de points de vies (et d’une armure, mais c’est sûrement un détail).

Cet homme a sauvé le monde trois fois !

Cet homme a sauvé le monde trois fois !

Ensuite, nous avons les scientifiques, chargés d’effectuer des recherches sur les technologies aliens, indispensables pour se battre avec autre chose que l’équipement de base. Il y a aussi les ingénieurs, chargés de fabriquer TOUT ce qui n’est pas équipement de base. Comme ces deux catégories de personnages restent planqués à la base, vous pouvez vous y attacher et leur donner un nom. Certes ce sont des planqués, mais ils bossent 24h/24, 7j/7 et ne sont pas à usage unique.

Pfiou, devant tant d’idées pour les défenseurs de la race humaine, on est en droit d’attendre un déluge d’originalité chez les aliens, et c’est réussi :

Ce mélange de ridicule et de cliché a de facto empêché le jeu de figurer dans la catégorie horreur.

Mais contrairement à Rambo, absent car ça n’était pas sa guerre, il y a des gens qui se battent dans ce jeu, qui meurent, qui souffrent, et qui vont vous donner des leçons d’héroïsme et de sacrifice.

None shall pass !

La moindre bataille dans X-Com est un grand moment de stress pour tout joueur. Et ce pour pleins de raisons :

Ah bah justement, je vais vous parler de l’ergonomie. Il y a une foultitude de choses à faire et à prendre en compte, beaucoup d’actions possibles et l’interface va vous aider à… ne pas réussir ou même penser à les exécuter !

Outre la multitude de boutons, de données chiffrées à foison qui demandent de connaitre le système de jeu jusqu’à ses tréfonds pour les exploiter et une gestion (trop) fine de l’équipement de chaque personnage, l’ergonomie d’une autre époque (excusable, le jeu est d’une autre époque) nous ramène à un des fondamentaux du tour par tour : la lenteur.

Joueur lambda en pleine partie

Joueur lambda en pleine partie

Rapide mise en bouche : se déplacer utilise un certain nombre de points d’actions (PA) selon la distance, tirer aussi (coût variable selon le type de tir), se tourner dans une autre direction consomme 1 PA, et changer de position également (debout, accroupi et allongé, pour jouer sur la précision adverse et celle de votre bouc émissaire). Et ce n’est pas fini ! Recharger également, mais attention, car il est important de comprendre que selon l’emplacement du chargeur dans l’équipement du personnage (ceinture, sac à dos, poches), le coût en PA sera différent. Donc le moindre tour vous demandera de calculer au PA prêt, ce qui est possible pour votre personnage, et bien que cela soit plus simple au fur et à mesure de l’expérience de jeu… c’est tellement long qu’on a plus envie de faire la moindre mission au sol.

A moins d’aimer remplir votre déclaration d’impôts ou de prendre un plaisir fou à réaliser la comptabilité d’une entreprise et d’être excité par un bilan financier, les combats d’X-Com vont être pour vous une véritable purge (ceci est un médicament, consultez votre médecin avant toute partie).

Mais vous allez être condamné à être un héros, et à vous coltiner toutes ces batailles vous-même, car il n’y a pas de procédure automatique, d’auto-battle ou autre. Vous allez devoir devenir une machine, un périphérique du jeu, car ce n’est plus vous qui décidez si vous allez prendre du plaisir à jouer, mais lui qui vous ordonne de participer à une bataille !

Une guerre à l’échelle planétaire

Mais faire la guerre pour sauver la planète, ça doit être hautement stratégique non ? C’est un enchaînement toujours similaire : on envoie un chasseur abattre un ovni en vol, et ensuite des troupes au sol s’occupent des aliens survivants. Sinon, pour rajouter un peu d’originalité les aliens peuvent aussi attaquer des villes au sol que l’on va défendre.

Pas de missiles sol-air, pas d’escadrons de chasseurs pour intercepter un OVNI (on n’a droit qu’aux fameux groupes de 1 dont l’efficacité n’est plus à prouver), on arrive à avoir des tanks et des overtanks pour le sol, mais aucun appui d’artillerie, pas un seul hélico, aucun sniper capable de réduire en pulpe le moindre alien hostile, pas de véhicules de transport de troupes, et vraiment AUCUNE trace d’un quelconque élément naval.

Cette guerre n’a aucune envergure, à tel point que les armées des différents pays du monde ne font rien, ne sont même pas sur le moindre théâtre d’opération, tout comme les forces de l’ordre. On se croirait presque dans Cowboys & envahisseurs tant les combats sont réduits à « des duels d’hommes ». Parce qu’en plus, nos soldats d’élites commencent avec un équipement totalement pourrie mais à la portée de n’importe quel pays :

Les aliens par contre commencent aux fusils et grenades à plasma qui sont quasiment les meilleurs équipements du jeu. Oui, seul le poids du nombre compte au vu de la différence technologique, et n’envoyer qu’un groupe de volontaires désignés d’offices et ne pas déployer l’armée régulière… c’est un peu optimiste.
Mais à quoi sert donc X-COM bordel s’il ne peut pas faire la guerre correctement et sauver le monde ?

X-COM Inc

Donc ok, on a un groupe réduit de soldats qui combat à la place d’armées régulières, mais bon, X-COM doit bien avoir des gros moyens que les autres n’ont pas pour combattre les aliens non ?

Pour être protégé, chaque pays du monde donne une cotisation à X-COM, qui s’arrête si le pays subit trop d’incursions aliens, car le pays négocie avec les aliens et accepte leur domination (sans combattre). Le petit détail amusant est la somme que paie chaque pays pour être protégé. Le plus gros montant vient des US et s’avère être un gigantesque, un énorme 800 000$. Même pas un pot de vin digne de ce nom, je suis sûr que les mafias du coin sont mieux soudoyées !

Aucune armée mobilisée, des fonds ridicules versés pour sauver notre planète, une guerre qui fait moins de 1000 morts dans vos rangs, même en étant particulièrement mauvais. On voit de suite que les enjeux sont colossaux, et c’est une lourde charge que chaque joueur porte sur ses épaules (si vous avez un chat, ou un enfant en bas âge, sinon aucun risque).

Mais ça n’est pas tout. Non contente d’être une organisation insignifiante, X-COM bénéficie de l’exclusivité pour l’utilisation du moindre matériel alien et sur les recherches associées. Et comme toute bonne institution qui a besoin d’argent vous n’allez bien évidement pas redistribuer ces technologies.

Tout ce travail qui s'accumule chez X-COM...

Tout ce travail qui s’accumule chez X-COM…

Il est beaucoup plus juteux de garder l’exclusivité de fabrication et de les vendre sur le marché noir pour faire rentrer du cash. J’ai été très déçu de voir que le jeu ne permettait pas de coter X-COM en bourse, mais le remake de 2012 nous oblige à répondre aux désidératas d’obscurs décisionnaires donc je considère que cette lacune est comblée.
Au final, les brevets détenus par X-COM en arrivent à empêcher le monde de pouvoir se défendre efficacement, car aucun autre pays ne peux créer d’armes aliens, de vaisseaux, ou même aller dans l’espace pour détruire la base alien sur Mars qui coordonne l’invasion de la terre (là encore personne n’a penser à lancer une fusée avec quelques tonnes de têtes nucléaires…).

Vers l’infini et au-delà

On vient donc de constater que UFO : enemy unknown est donc un jeu de guerre ne regroupant que 40 protagonistes dans ses batailles les plus sanglantes, ou l’on dirige une armée de soldats sacrifiés au bénéfice de brevets empêchant la Terre de bénéficier de la technologie Alien. Le jeu se termine sur une bataille dans la base martienne où la vaillante chair à canon meurt dans l’explosion du complexe tandis qu’un signal de détresse est envoyé sur Terre.

Une suite verra-t-elle le jour ? Oui ! X-COM : terror from the deep nous invite à de palpitant combats sous-marins où l’on combat des hommes homards à coup de pistolet harpons… Et je ne parle même pas des interventions mondiales ultra-rapides en sous-marins ! Car oui, les bases d’X-COM étant cette fois sous-marines (alors qu’on ne pouvait construire que sur terre dans le 1er opus et qu’on nous informe dans l’historique qu’on réactive dans l’urgence une base d’X-COM qui se retrouve sous l’eau. On devait sûrement déjà parler du réchauffement climatique à l’époque), pour aller sauver une ville attaquée par les aliens qui sortent des profondeurs, rien ne vaut un sous-marin, tellement plus rapide qu’un transporteur aérien….

X-COM 3 avait pourtant tout pour séduire.

X-COM 3 avait pourtant tout pour séduire.

Enfin bon, ils construisent un gros sous-marin pour aller détruire la base sous-marine qui n’est autre qu’un vaisseau alien qui attend depuis des milliers d’années. Et la base en explosant libère un nuage de gaz toxique tuant toute vie dans le golfe du Mexique et polluant à mort l’atmosphère. Monsanto signe-t-il donc la fin de l’humanité ? Non car deux suites différentes, mais se déroulant au même moment dans la timeline, voient le jour. X-COM 3 nous place dans la première ville sous cloche pour survivre à l’atmosphère polluée : Méga Primus. Afin de se renouveler un peu, les aliens se téléportent dans la ville et doivent être arrêtés par X-COM qui ne manquera pas d’envoyer voitures et motos de patrouilles avec leurs officiers d’élites. En fait oui, on joue le rôle de la police car on doit également s’occuper de gangs et de sectes.

Je regrette un peu de ne pas pouvoir mettre des amendes sans raison pour arrondir les fins de mois et améliorer la sécurité de la ville mais bon, on se contentera de vendre des armes aliens à la populace, c’est quand même vachement plus éthique quoi, merde !

Et enfin, le dernier épisode de la série originale : X-COM interceptor. La technologie alien a tout de même un petit défaut : sa source d’énergie est un cristal n’existant pas sur Terre, baptisé Elerium 115. Certes la guerre permet de créer des stocks mais aucun stock n’est infini. Donc maintenant que l’exploration spatiale est ouverte avec des moteurs qui permettent de passer en hyperespace (démerdez-vous pour avoir une idée de la distance que cela permet de parcourir), l’objectif est désormais d’aller prospecter l’espace chercher des filons, tels les pionniers de la conquête de l’ouest avec l’or. 

Et alors là attention, gros changement. Fini les combats au sol long et technique avec des suicidaires surarmés, là on est aux commandes de son chasseur spatial, car l’on passe désormais à de la simulation spatiale ! C’est quand même plus cool que des fusils harpons et des flics comme suite non ? Bon ok on continue à devoir protéger des entreprises qui nous filent des sous, ok on doit encore vendre de l’armement high tech à des gens (mais cette fois ça nous retombe sur la gueule sous forme de pirates qui utilisent notre matos), mais bon, c’est sûrement pour la bonne cause non ? En plus c’est clairement une autre échelle, il y a des bases spatiales, des chasseurs spatiaux et… c’est tout. Pas de croiseurs, de vaisseaux gigantesques… Non, que des bases et des chasseurs, avec au maximum des affrontements de 30/35 vaisseaux. Encore une fois, l’échelle est digne de ce que ferait un enfant dans sa chambre avec des Lego.

Je vous merde et je rentre à ma maison

C'est tout ce qu'il manquait à X-COM

C’est tout ce qu’il manquait à X-COM

Vous savez quoi ? Je vous déteste, je voulais vous parler d’un jeu génial qui a posé de solides fondations pour les jeux tactiques, un gameplay tellement fouillé qu’on s’y perd, un contenu de fou, une évolution géopolitique du monde en fonction de la situation…
Mais une échelle encore plus petite qu’une partie à 1000 point de Warhammer battle ou 40000, et même à encore plus petite échelle que Starcraft, c’est dire ! Je n’ai plus que des images de haricots volants entourés de frisbees volants avec une musique tirée de nanarland en tête.

M’en va plutôt profiter de combats réalistes et stratégiques pour sauver la Terre sur Earth Defense Force pour me requinquer tiens. Et je pourrai même retourner ma veste en commandant un glorieux et tout puissant empire Alien dans Destroy all humans. Si avec ça le genre reste cliché et ne se renouvelle pas, je sais pas ce qu’il vous faut !