RaymanEx-mascotte d'Ubisoft

La description détaillée ci-dessous peut comporter du spoil.

RAYMANlui il a le bras long


Rayman est le protagoniste de la série du même nom, créée par Michel Ancel et débutée en 1995. Icône emblématique d’Ubisoft, dont il a été la mascotte et de la culture vidéoludique, ce petit blond désuni n’hésite pas à jouer des pieds, poings et même cheveux pour secourir la Croisée des Rêves.

LES ORIGINES DE RAYMAN

Michel Ancel en personne.

Michel Ancel en personne.

Michel Ancel, concepteur de jeux vidéo français, retrouve en 1992 un croquis qu’il avait réalisé des années auparavant. Ce dernier l’inspire et il commence alors à travailler sur un personnage. Le projet, présenté à Ubisoft, est accepté et le développement du premier Rayman débute. Au départ, ce dernier ne rassemble qu’une petite équipe, mais celle-ci s’étoffe au fil de la création du jeu pour finalement en faire un projet d’envergure. Rayman est ainsi né en 1995 au travers du jeu éponyme, premier opus d’une série devenue un classique du jeu vidéo. Le jeu a d’abord été conçu pour la Jaguar mais sortira finalement sur PlayStation et PC la même année.

Rayman devait être dans la toute première version du scénario un personnage électronique créé par un certain professeur Hendrix. Le neveu de ce dernier, un jeune garçon de 10 ans, se retrouvait alors propulsé dans ce monde virtuel suite à un accident. Réincarné dans le corps de notre héros, il devait alors parcourir plusieurs mondes symbolisant les différents composant d’un ordinateur, comme le monde de la musique correspondant à la carte son. Il possédait d’ores et déjà plusieurs pouvoirs, dont ses poings et boules d’énergies, ainsi que la possibilité de se déplacer sur des montures et des véhicules. L’antagoniste ultime, alors prénommé le Virus, changeait de forme durant son affrontement avec Rayman. Si le scénario ne fut pas conservé, l’univers enchanteur et les créatures colorées inspirèrent très grandement le jeu final, qui conserve même certains détails tel que le ciel chromatique, ainsi que certaines créatures comme le mosquito.

LE BLONDINET QUI NE POUVAIT PAS JOUER AUX GROS BRAS

Concept de Rayman avant son démembrement.

Concept de Rayman avant son démembrement.

Un personnage évoluant dans un univers si typé bande dessinée ne pouvait qu’être inspiré de cartoons ! M. Ancel, dans le guide officiel de Rayman 2, cite le travail de Tex Avery comme inspiration, mais également ses lectures d’enfance sur les civilisations, comme la Russie, la Chine ou encore les Celtes. Le nom du personnage vient lui du logiciel de conception alors utilisé par Michel Ancel, « ray-tracing ». Rayman a effectivement été initialement conçu en 3D, même si on le privera finalement d’une dimension pour faire du premier Rayman un jeu de plates-formes 2D.

Le design de Rayman est plutôt singulier. En effet, il n’a aucun membre, soit ni bras, ni jambe, ni cou ! Si ceux-ci étaient présents lors des premiers prototypes, ils ont rapidement été supprimés afin de faciliter l’animation du personnage, de lui donner un aspect amusant et de fluidifier le jeu. Michel Ancel a en outre avoué fin 2013, lors de la Master Class à la Cité des Sciences et de l’Industrie, que le démembrement de son personnage était également dû à son incapacité à le dessiner et à l’animer correctement avec tous ses membres. Le même procédé a été réutilisé pour plusieurs autres personnages, notamment la quasi-totalité de ceux du premier opus. D’autres en l’occurrence n’ont pu hériter de cette caractéristique que partiellement, comme Globox, qui a des bras et un cou mais pas de jambes.

Rayman armé d'un pouvoir alternatif dans Rayman 3.

Rayman armé d’un pouvoir alternatif dans Rayman 3.

En plus d’être particulièrement réussi, le design de Rayman participe à la mécanique du jeu de la série, ses principaux pouvoirs utilisant sa morphologie particulière. Il se bat principalement en projetant ses poings ou en jetant des boules d’énergie. Ses déplacements sont très fluidifiés par son absence de jambes et il peut planer, voire voler grâce à ses cheveux qui prennent alors le rôle de pales d’hélicoptère. Ces mécanismes se retrouvent à la fois dans les jeux 2D et dans les jeux 3D de la série. C’est d’ailleurs une des forces de la licence que d’avoir réussi son passage à la 3D avec brio, alors que nombre d’autres licences tombaient sur les nombreux écueils que l’ajout d’une dimension disséminait. La mécanique de jeu dynamique du Rayman originel a en effet su être portée et même enrichie avec l’arrivée de Rayman 2, et sa maniabilité ainsi que sa précision ont été sublimées dans Hoodlum Havoc, le troisième opus.

RAYMAN NE PREND JAMAIS SES JAMBES A SON COU

Polokus. Après l'avoir vu on comprend mieux le pourquoi du comment.

Polokus. Après l’avoir vu on comprend mieux le pourquoi du comment.

Avec Rayman est né tout un univers et sa mythologie. Façonnée par Polokus, alias l’Esprit du Monde, la Croisée des Rêves est, comme son nom l’indique, modelée suivant les songes de son créateur. Également à l’origine de toutes les créatures — sauf bien sûr les Lums, petites boules d’énergie pure ayant donné naissance à Polokus lui-même —, il perdit le contrôle de sa Création à cause de terribles Cauchemars. Ceux-ci peuplèrent la Croisée des Rêves de monstres et d’êtres maléfiques, qui entreprirent bien évidemment de la mettre à sac.

C’est dans ce contexte de destruction que les fées se réunirent afin de créer un champion dont la destinée serait de sauver le monde, rien que ça. Une partie des Lums nécessaires à la « fabrication » de Rayman furent cependant perdus en cours de route à cause de l’attaque de poulets-zombies, et ce dernier n’eut donc pas le privilège de se voir octroyer des membres. Le premier grand ennemi de Rayman fut le puissant sorcier Mr Dark, qui cherchait à briser l’équilibre du monde afin de le plonger dans le chaos. Une fois ce dernier vaincu, Rayman sera adulé de tous et deviendra le protecteur officiel de la Croisée. Il n’hésitera jamais à se mettre en danger afin d’accomplir son devoir, sans pour autant perdre son humour ou négliger la coiffure de ses impeccables mèches blondes !

SE FAIRE POSER UN LAPIN PAR UN LAPIN

La fièvre du samedi soir.

La fièvre du samedi soir.

La série des Rayman est plutôt étoffée avec une quinzaine de titres sortis à ce jour. Cependant, plusieurs de ceux-ci sont des portages de Rayman et de Rayman 2, comme Rayman et Rayman 2 Forever sur Game Boy Color, ou encore des rééditions HD de Rayman 3. La licence a également accouché de plusieurs jeux dérivés, prenant place dans la Croisée des Rêves mais s’éloignant du concept initial, comme Rayman Rush, un jeu d’action / course sorti au début des années 2000. Le plus grand tournant de la licence sera l’apparition des Lapins crétins sur Wii dans Rayman contre les lapins crétins.

Ce qui ne devait être qu’un jeu dérivé de la série initiale se verra offrir deux suites directes. Plein de ressources, les Lapins devinrent les nouvelles mascottes d’Ubisoft, délogeant un Rayman alors en poste depuis une dizaine d’années. S’en suivirent une ribambelle de jeux à l’effigie des léporidés, ne brillant malheureusement pas tous par leurs qualités. Six ans après le dernier véritable Rayman, Ubisoft se décide à remettre sur le devant de la scène son héros de jadis. Naquit alors le jeu Rayman Origins, un fidèle retour aux sources de la franchise avec un jeu de plates-formes en 2D amusant, coloré et dynamique. Puis il s’ensuivit en 2013 Rayman Legends, Ubisoft et Michel Ancel renouent avec leurs adorateurs de la première heure et se voient acclamés par la presse et les joueurs.

LE RAYONNEMENT DE RAYMAN

De bons et vieux amis.

De bons et vieux amis.

Rayman n’est pas qu’un personnage joyeux et insouciant, c’est aussi et surtout un représentant du secteur vidéoludique. Les premiers Rayman ont effectivement marqué toute une génération de joueurs, qui prirent un plaisir alors quasi-inédit à parcourir un monde coloré et enfantin aux commandes de ce héros déjanté. Arrivé bien après Mario et quelques années après Sonic, il a, malgré la puissance de ces deux icônes japonaises, su se faire une place de choix en tant que porte-étendard du jeu vidéo. Le premier jeu de la licence a en effet été très bien reçu en occident et la série est restée première en termes de ventes pour Ubisoft jusqu’au milieu des années 2000. Maintenant largement détrônée suite à sa mise au placard provisoire, elle tient néanmoins une place honorable dans le classement des licences Ubisoft les plus vendues. Avec leurs 25 millions d’unités distribuées, les Rayman se classent sixièmes derrière les Assassin’s Creed, nouvelles vaches à lait de l’éditeur, les Just Dance et les séries scénarisées par Tom Clancy : Splinter Cell, Rainbow Six et Ghost Recon. On pourra noter la performance des Lapins crétins, nettement en deçà de celle de Rayman avec un total de 14 millions de jeux écoulés à ce jour.

Concept art de Rayman premier du nom.

La gaieté et la joie de vivre en une image.

En plus de son rôle de mascotte pour Ubisoft mais aussi pour tout le jeu vidéo, Rayman a contribué à valoriser la French touch aujourd’hui reconnue mondialement. Il est également devenu un messager de l’UNICEF, au travers d’une série de vidéos illustrant la nécessité de protéger les droits de l’enfant, dans lesquelles il sauve un bébé Globox martyrisé par un Lapin crétin. Il est également apparu dans plusieurs autres licences d’Ubisoft, dont Tonic Trouble, développé par Michel Ancel entre Rayman et Raman 2. Ce dernier, grâce à son personnage charismatique et à la série le mettant en scène, s’est composé un fan club conséquent qui s’est également vu renforcé par la sortie de Beyond Good and Evil en 2003, autre jeu acclamé par la critique qui contribua à faire de Michel Ancel une icône du jeu vidéo français.