AkumaMalveillant sans être un méchant, violent sans manquer d'honneur...

La description détaillée ci-dessous peut comporter du spoil.

AKUMAImplacable, mais honorable


Son style de combat est une variante pervertie de celui utilisé par Ryu et Ken

Son style de combat est une variante pervertie de celui utilisé par Ryu et Ken

Akuma (nommé Gouki au Japon) est un maître du combat, de la même école que Ryu et Ken, autres personnages emblématiques de la série Street Fighter. Cherchant à combattre des adversaires toujours plus forts, il se languit de trouver celui qui mettra sa vie en danger et obéit à un code d’honneur strict qui fait qu’il ne tue ni ne combat que des individus qui se considèrent comme des combattants.

Connu dans l’univers de Street Fighter comme le maître suprême de l’art du poing, Akuma parcourt le monde pour trouver des adversaires puissants. Ses immenses capacités de combat font qu’ils ne peut trouver que peu de rivaux réellement capables de lui faire éprouver le frisson qu’il recherche. Présent à la base comme un boss caché que pouvaient affronter les joueurs les plus chevronnés de Super Street Fighter II Turbo, il est, dès ses débuts, un personnage largement plus fort que ses concurrents. On se souviendra d’ailleurs de son entrée fracassante, lorsqu’il assassine froidement et facilement M. Bison, avant d’affronter le joueur.

Il est l’un des antagonistes principaux de Ryu et Ken, puisqu’il a éliminé leur maître en combat singulier. Néanmoins, il n’est pas vraiment un « méchant » au même titre que Gill ou M. Bison, puisque ceux-ci visent la domination du monde et que leurs capacités de combat ne sont qu’un moyen d’arriver à leur fin. Akuma considère ouvertement ces directions de vie comme triviales et ne vit que par et pour le combat. Il n’attaquera donc jamais un individu qui n’est pas un combattant, et pourra même épargner des individus qu’il méprise pour leur faiblesse. Aussi, il montre parfois des signes de compassion au cours de l’histoire de Street Fighter, notamment en interrompant le combat avec Gen, lorsqu’il sent que celui-ci est atteint d’une leucémie et ne peut pas combattre au mieux de son potentiel. Ce trait de personnalité est également repris dans les bandes dessinées de chez Udon Comics, lorsqu’Akuma refuse un combat avec Abel, en lui proposant de revenir lorsqu’il sera assez serein pour que le combat soit équitable.

Malgré ses pouvoirs dépassant largement ceux des autres street fighters (respirer sous l’eau, fendre une montagne ou un météore, submerger une île entière), Akuma est surtout connu pour sa botte secrète : le Shun-Goku-Satsu, technique mystérieuse pouvant tuer quasiment instantanément l’ennemi en mettant la victime face à tous ses démons intérieurs pour qu’ils dévorent son âme (même si certaines versions de l’histoire parlent simplement de points vitaux).

Toujours en quête d’une transcendance de ses capacités humaines (c’est la symbolique du kanji ten – 天 sur sa veste), Akuma n’apprécie aucun des plaisirs de la vie. Son mode de vie, dans le dénuement le plus complet, en fait d’ailleurs foi : dans certaines versions, Akuma a même remplacé ses gants et sa ceinture par des cordages usés.

Souhaitant quitter ce monde en combattant, il cherche à corrompre Ryu, en qui il voit une porte de sortie honorable.

Il a néanmoins quelques rivaux, en termes de puissance :

 

CRÉÉ POUR LES FANS ET (PRESQUE) PAR LES FANS

la phrase qui a engendré Akuma

la phrase qui a engendré Akuma

Sa création vient d’une rumeur qui courait aux États Unis lors de la sortie de la première édition de Street Fighter II : le personnage de Ryu avait pour phrase de victoire « you must defeat Sheng Long to stand a chance ». En fait, la phrase originelle était : « 昇龍拳を破らぬ限り、おまえに勝ち目はない », ce qui se traduirait plutôt par « tu ne peux pas gagner si tu ne surpasses pas le poing du dragon », Ryu faisant alors référence au Shoryuken, sa célèbre technique.

Sheng Long était donc en fait la transcription pinyin des idéogrammes chinois 昇 龍, qui, en japonais, se prononcent parfois Shen Ron (comme dans dragon ball), ou alors… « Shoryu » (comme dans Shoryuken, le poing du dragon, technique utilisée par Ryu et Ken).

Ryu disait donc à son adversaire qu’il fallait résister à sa technique pour avoir une chance de le battre, mais cette intégration par erreur d’un mot chinois a affolé les esprits à l’époque, et les fans ont eu tôt fait de penser à un personnage caché mystérieux, que l’on aurait nommé Sheng Long, et qui aurait peut-être été le maître de Ryu et Ken… Comme personne ne pouvait trouver Sheng Long, les rumeurs les plus extravagantes sont allées jusqu’à imaginer que Sheng Long n’apparaissait que lorsque les joueurs accomplissaient des prouesses quasiment irréalisables, même pour des joueurs d’un niveau excellent (notamment, ne pas blesser ni n’être blessé par le boss de fin, dans la plus haute difficulté, pendant 10 rounds consécutifs, ce qui aurait fait arriver Sheng Long pour un combat sans limite de temps).

La célèbre posture de charge d'Akuma, avant l’annihilation de son adversaire

Sa célèbre posture de charge

Cette rumeur est même parue dans un article spécial « 1er avril » d’EGM, en 1992. Capcom ayant eu vent de cette histoire, Gouki fut implanté dans une version plus aboutie de Street Fighter II, et offrait aux fans un challenge de taille : la bête commet peu d’erreurs, et se bat avec agressivité sans se mettre en danger…

Pour la petite histoire, la rumeur ne s’est pas arrêtée là, et EGM avait même décidé de redonner vie à cette rumeur en 1997, en créant à nouveau la rumeur selon laquelle Gouken, ou Sheng Long, serait présent dans un autre opus de la série. Le personnage de Sheng Long a été imaginé par les fans, avec un style graphique qui donnera naissance au Gouken de Capcom, le frère de Gouki, et véritable maître de Ryu (dont le look ressemble énormément au Sheng Long créé pour le poisson d’avril).

Capcom a donc utilisé la rumeur des fans pour créer deux personnages et les intégrer à l’histoire du jeu, presque deux décennies plus tard…

 

SOMBRE ESPRIT, ICÔNE DU JEU DE COMBAT

Son style explosif et nerveux en font un personnage très offensif

Son style explosif et nerveux en font un personnage très offensif

Peu de choses sont connues dans les jeux Street Fighter au sujet des origines d’Akuma, si ce n’est qu’il a tué son maître (Gotetsu), et son frère (Gouken) en duel. La série des Udon Comics, approuvée par Capcom, lui a néanmoins consacré un ouvrage entier, dans lequel on apprend qu’il était un enfant tourmenté, dont le père a été assassiné par des bandits. Là où son frère a choisi de renoncer à sa vengeance, Akuma a décidé d’exécuter brutalement les pillards qui avaient tué ses parents, avant d’être totalement consumé par son désir de vengeance. C’est à partir de ce moment qu’il tue les combattants manquant d’honneur, faisant encore parfois acte de compassion envers les combattants qu’il a battus.

Il cherche également à faire durer ses combats, et ne montre son vrai visage que lorsqu’il estime vraiment son adversaire : il combat alors sans retenue, et est appelé Shin Akuma… Cette forme d’existence est dangereuse, même pour lui, puisqu’il peut être consumé complètement par sa part d’ombre et perdre même son code d’honneur en détruisant toute forme de vie (sous cette forme, qui n’est plus vraiment humaine, il est alors appelé « Oni »).

Sa coiffure est très fortement inspirée des Nio, statues gardiennes des temples bouddhistes, les protégeant des démons. Il porte également un chapelet de prière pris sur le cadavre de son maître. L’iconographie bouddhiste est donc utilisée à contre-emploi chez Akuma.

Lorsqu’il devient Oni, on devine des cornes, classiques chez les démons de cette religion, et les perles de son chapelet gravitent autour de lui.

A noter que son nom original était Gouki (ou Goki 豪鬼, en Japonais, qui signifie « grand ogre » ou « grand démon »), et que son look est associé à ce nom. C’est Capcom US qui décida de changer le nom en Akuma, en inventant au passage l’histoire selon laquelle il était possédé par un démon (ce qui n’était pas une première, puisque la branche américaine de Capcom s’était autorisé pléthore de modifications plus ou moins fidèles à l’esprit d’origine du jeu).

Son charisme a été universellement apprécié par les fans dès ses débuts, puisqu’il apparaissait dans le top 50 des meilleurs personnages de 1996 du magasine Gamest au Japon, et qu’il a depuis été présent dans de très nombreux classements, tant pour ses coups spéciaux que pour son rôle dans la saga Street Fighter, ou pour son impact culturel sur le monde du jeu vidéo.

Il est également apprécié par les joueurs en compétition, car il est vite devenu très équilibré dans sa version jouable : bien que puissant, il possède souvent l’une des plus petites barres de vie du jeu, ce qui en fait un personnage facile à manier, mais nécessitant une stratégie fine pour gagner le combat.

Malgré le fait qu‘il se considère lui-même comme fondamentalement mauvais, il considère des ennemis comme M. Bison comme étant une bien pire forme de mal, et c’est pour cette raison qu’il n’hésite pas à tuer ce type d’adversaires. C’est sans doute pour cette raison qu’Akuma est apprécié des fans : il est l’archétype d’un personnage chaotique, sans affiliation claire, indépendant, puissant et potentiellement dangereux, sans être un véritable méchant qu’il faudrait craindre par défaut.