Troll du Mois #07 : Mode Onfray OnTroll

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Troll du Mois #7
Troll du Mois #7

You spoony bard !

Vous connaissez maintenant un peu la relation que votre hôte entretient avec le milieu vidéo-ludique, relation d’ailleurs prônée par Culture Games. Non pas que la rédac’ soit constituée de salauds agressifs de mauvaise foi, entretenant une relation d’amour-haine avec ce média (ça c’est mon credo), mais ce qui nous lie plutôt, c’est certes une relation affective et un rapport artistique vital mais aussi une vision culturelle, philosophique du  jeu vidéo. Heureusement car après tout quelle rédac’ aurait accepté de laisser écrire le clodo’ en bas de son immeuble si elle n’avait pas mis en avant l’essentiel avant l’accessoire ? Cette relation philosophique, n’importe quelle personne qui aime un sujet en particulier l’entretient avec le sujet de son affection. La chose qu’il aime est un support de sagesse et donc d’élévation pour lui (Learn the difference quand tu dragues un individu du sexe opposé sur le spyware de Microlol Skype). J’ai déjà parlé de la relation artistique et morale, aussi bien essentielle que fonctionnelle qu’une personne de bien doit entretenir avec le jeu vidéo s’il désire mériter le titre de gamer, mais je ne suis guère entré dans les détails en ce qui concerne l’aspect philosophique et psychologique du contenu même du média.

Comme d’habitude, on ne va pas rentrer dans des détails académiques inutiles et on va deviser de la manière la plus olé-olé mais directe possible. Nous allons pour cela évoquer la portée psycho-philosophique d’un concept en particulier présent dans le gaming qui est très représentatif et que nombre d’entre vous ont sans doute déjà rencontré. On ne va guère trop développer non plus les analogies entre le scénario d’un jeu et le questionnement qu’il apporte, on n’en finirait jamais en voulant expliquer toutes les métaphores et c’est de plus, une aventure subjective qui se vit intérieurement, mieux vaut se contenter de quelques axes de lecture percutants. Cela nous évitera aussi de nous écarter du sujet central par l’entremise de tergiversations inutiles du genre réflexion politico-socialisante, car la philosophie se doit d’être pratique, séduisante dans sa forme pour haranguer un mouvement intérieur, sinon elle reste lettre morte. Et Dieu sait que la lettre morte est la spécialité de nos académiciens.

Incompetence

Actuellement chez ton administration, tes professions libérales et artistiques, tes proches, tes scientifiques et tes religieux, tes politiques, toi contre moi à Darkstalkers… :)

Gnothi seauton

Le concept à propos duquel nous allons deviser est la quête d’identité qui est un axe important présenté par le jeu vidéo. C’est normal : Le média était destiné aux enfants, voire plus tard aux adolescents et reste de toute façon de nos jours destiné à un public qui a gardé une âme d’enfant, au minimum car il désire se divertir (alors que les grands savent que la vie c’est serious business). On ne parle pas ici de jeunes adultes déboussolés qui désirent s’identifier à un personnage soit disant couillu pour ragaillardir leur estime de soi. Il est question d’une quête du soi réel et non pas de nourrir une projection idéalisée et mal placée de sa fausse personnalité. Cette quête bien que faisant partie du développement normal d’un enfant reste d’actualité pour toute personne responsable et c’est ainsi qu’au-delà de la volonté des concepteurs de plaire à un public jeune, le vecteur utilisé peut être mis à profit même par des adultes. Ajoutons enfin que certains scénaristes visent sans doute un spectre générationnel assez large tant les interprétations peuvent faire l’objet de plusieurs niveaux de lecture selon l’avancement philosophique et psychologique du sujet qui joue.

Certes, on me rétorquera que l’identification projective avec les jeux vidéo ça marche bien quand on est enfant et que si on désire suivre cette voie étant adulte, il ne reste guère que la religion en général et le Vajrayana en particulier du fait qu’ils ont particulièrement mis en avant cette technique dans leur système religieux. Pour un adulte, c’est en effet probablement déjà trop tard car ils n’ont plus la méthode juste que l’enfant possède naturellement. Pourtant, bien que le processus s’applique particulièrement bien à un esprit naïf encore en formation, certains (les êtres les plus équilibrés psychiquement faut l’dire) sont encore assez émotifs pour intégrer une histoire et un personnage assez sainement pour en tirer quelque chose. Donc si un mortel vous sort « Meuhouais toi tu pleures devant l’Histoire sans Fin espèce de n00b, tu vas te faire plumer au CAC40 », répondez-lui que ce n’est pas votre volonté d’aller vous faire fister par Satan comme il aime le faire et que rira bien qui rira le dernier quand à l’heure de vos morts, il rampera dans son vomi pendant que vous serez aux Bahamas des gens gentils.

Nope

« Assez, assez de religion DeadAnus ! »

L’amnésie d’un Cloud est un bon exemple, car il rentre en collision frontale avec le concept. Au-delà de l’aspect pratique au niveau du scénario permettant une identification plus simple avec un avatar qui a tout à apprendre, c’est surtout la psychologie du personnage et le questionnement qu’il ouvre qui nous intéresse. Ne connaissant plus son origine, par voie de conséquence il ignore qui il est et où il va et il permet par ce biais d’interpeller une interrogation fondamentale de la vie Humaine. Ce questionnement au-delà d’un axe scientifique (L’Homme descend du singe, ça doit être ça imbécile…) est propre à l’intériorité émotionnelle de l’Homme. Il sent intuitivement – pour ceux qui ne sont pas trop dégénérés – que son origine, pour ainsi dire le fondement de sa personnalité, se situe à un niveau subconscient très profond pour les plus psychologues, à un état d’être supérieur à son état actuel pour les plus mystiques. Et du mysticisme, Final Fantasy VII nous en file pas mal, surtout du mysticisme païen comme les Shintoïstes savent bien nous le pondre : Méchante multinationale démoniaque qui pompe l’énergie de notre Mère la Terre et tout l’bordel. C’est en plongeant dans cette énergie vitale que le héros fait remonter à sa conscience l’origine de son être qu’il avait du mal à intégrer à son réseau neuronal standard. On voit ici l’axe philosophique central du jeu : C’est en trouvant l’origine de la force vitale en nous et autour de nous que nous pouvons nous ressourcer, débloquer des schémas erronés, à condition de s’y promener avec le plus de conscience possible pour faire lumière sur soi certes, mais aussi sur la condition Humaine, en tant qu’être animal et social.

CLOUD

… lol ?

Un autre exemple à ne pas rater, est celui de Planescape Torment. Sans compter ses multiples qualités, c’est surtout par la pertinence de son fil scénaristique qu’il se démarque. Le contenu, très bien amené, permet d’avancer en même temps que le personnage dans sa quête de lui-même, les métaphores sont très justes – en tout cas c’est ce qui s’est fait de mieux dans un jeu vidéo – et le background de Planescape ô combien métaphysique est le terreau parfait pour des réflexions de haute voltige. Les sujets abordés sont multiples, toujours dans un mélange psycho-philosophique par ailleurs amenés de manière plus adulte et moins brouillon que dans les productions japonaises, école américaine oblige.

IDDQD

On aurait pu aborder le cas de Xenogears qui est intéressant en ce sens qu’il évoque des questions plus métaphysiques, System Shock et Blade Runner avec leurs interrogations sur la conscience, The Longuest Journey ou Sanitarium avec leurs réflexions sur le psychisme humain. Certes, d’autres softs tirent leur épingle du jeu en proposant des univers riches et cohérents ou bien encore une qualité de narration dont les propos sont sans doute intéressants mais autres que ceux que nous avons soulignés ici. L’un dans l’autre, j’imagine qu’un pavé de 30 pages aurait finit en TLNR, aussi je ne vous inflige pas cette douleur (Ceci dit, merci à ceux qui crient « Putain mais go on espèce de feignasse ! » dans le fond de la salle…).

Les jeux sus-cités se démarquent d’autant plus que les sujets abordés sont d’une importance fondamentale : Tout découle de ces axes. Si le public se pose sérieusement les questions suscitées par ces œuvres, en faisant l’effort d’y adjoindre la volonté de conformer leurs actes, leurs paroles et leurs pensées à leur conclusion, il y a fort à parier que tout le reste – reste qui est abordé parfois avec intelligence dans d’autres jeux – sera entraîné. C’est pour cette raison que j’ai axé ce billet là-dessus : La vraie philosophie dans ce qu’elle a de plus noble a pour but de guider l’Homme vers un état d’être meilleur et non de faire quelque babillage sur des sujets extérieurs à la conscience et à la transcendance. Et en définitive, tout ramène à ça.

Néanmoins, rendons à César ce qui lui appartient. A l’instar du monde du livre et du cinéma, un autre axe philosophique mis en avant dans le jeu vidéo est la réflexion quant au mode de vie de l’Homme et la direction vers laquelle il tend, direction souvent mauvaise qui fait de l’œuvre une science-fiction certes, mais aussi un avertissement en alertant les joueurs sur les conséquences de leur comportement au quotidien. Car il ne faut pas se leurrer : Même si beaucoup de facteurs échappent à l’Homme en tant qu’entité isolée, il ne faut guère oublier que la société est le résultat de ce que nous sommes.

Enfin, un dernier axe est également à noter, celui de l’histoire contée, qui peut malgré tout, de par le sujet de sa narration, évoquer en nous des réflexions et des sentiments. Les questions ne sont pas directement posées mais elles peuvent germer dans l’esprit du joueur. Que ce soit le désespoir d’un Max Payne ou du héros de Shadow of Colossus qui nous amène à réfléchir sur des notions comme la vengeance, la perte d’êtres chers ou la volonté, un Journey qui se contente de nous émerveiller, que ce soit  l’univers dans lequel évolue un Cutter Slade qui nous fait réfléchir à ce que pourrait être un autre monde et aux voyages dimensionnels, que ce soit encore une Jade ou un Dhaos qui nous font partager leurs réflexions sur l’indépendance d’esprit, la vérité et la relativité du point de vue, en bref, que ce soit les personnages ou le background, ces manières de raconter le jeu vidéo sont tout aussi profitables à celui qui désire se questionner. Pour cette personne, tout est sujet à se nourrir émotionnellement et à se questionner intellectuellement.

Générique COI lol

Vraiment hein. Mais en tant que fanboy, j’ai kiffé plonger dans le coffre et nager dans les sousous. Hey, y’a pas une réflexion philosophique cachée en métaphores franc-maçonniques dans le Picsou de Barks et de Rosa ? Pierre philosophale, toussa ? ;D

19-65-9-17 A+Start. 1-9-9-2-1-1-2-4 ? 4-1-2-6 !!!

La philosophie et la psychologie sont présentes à de nombreux endroits dans les jeux vidéo. Que ce soit volontaire ou involontaire de la part des auteurs, que ce soit mis en avant ou présent en filigrane dans l’œuvre, que l’on ait l’attitude digne d’un philosophe ou le profil perdant d’un obèse nourri aux chips estampillées télé, on ne peut pas passer à coté car elles empreignent d’une manière ou d’une autre notre être, à l’image des contes qui imprègnent les enfants. Certes, le jeu vidéo n’est pas aussi bon conteur ou aussi profond qu’un livre spécialisé. On ne peut pas comparer un art aussi jeune avec des siècles de tradition littéraire ou philosophique. Pourtant, l’interaction active du joueur avec le jeu vidéo fait que l’impact émotionnel peut être plus fort que devant un livre. Certes encore, on dira que ça n’entraîne pas l’imagination, mais un peu de passivité comme au théâtre ne fait jamais de mal, encore que le joueur se fasse acteur de l’histoire qu’il suit parfois très en profondeur selon les mécaniques de gameplay. L’imagination aussi peut être nourrie et l’auto-causalité même si c’est une qualité n’en demeure pas pour autant la voie à appliquer à exclusion de toute autre pour être un Humain complet. En ce sens, le jeu vidéo permet de réunir des qualités qui ne se retrouvent dans aucun autre média et si les scénaristes sont à la hauteur, ils peuvent faire grandement avancer l’humanité, tout comme ce pourrait être le cas de la télévision, les jeux de rôles ou les mangas (Le Super Saiyen c’trop yogique comme truc, 4-1-2-6 quoi…) si ceux qui regardent sont plus exigeants et ceux qui produisent moins attachés à l’appât du gain.

Mais nan, je ne suis pas un salaud agressif de mauvaise foi : Je chasse les marchands du temple. Et à défaut de les chasser de notre réalité commune, je tente de les chasser de l’esprit de nos lecteurs s’ ils sont encore présents, je tente de remplir l’espace vide chez ceux de nos lecteurs qui n’ont plus ces démons et qui ne savent quels anges mettre à la place, je tente d’exalter enfin, l’autel de la vérité en ceux chez qui brille la flamme vraie du gaming. Car le djihad fut, est et sera toujours intérieur si on veut changer le monde et c’est armé d’un katana de pixels et d’une armure de virtualité que le gamer procède !!!!11