L’Aventure Layton : Katrielle et la conspiration des millionnaires

  • 3DS
  • 06/10/2017
  • Nintendo
  • Level-5
Focus
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Il y a toujours chez les joueurs une relation un peu étrange aux traditions vidéoludiques. D’un côté, certains clament leur amour d’un genre figé, codifié, en demandant toujours plus sans altérer la formule quasi magique; de l’autre, des gamers se plaignant d’une tendance à la redite dans l’industrie du jeu vidéo. Sans trop savoir si les uns et les autres sont réellement deux groupes hermétiquement séparés, on découvre avec récurrence l’exploitation ad nauseam de certaines licences. Malheureusement, Layton en fait partie.

Développer une mythologie…coûte que coûte

Tout comme papa !

Il est toujours intéressant de développer la mythologie d’un univers. Si un joueur a la sensation de parcourir un monde alternatif, avec ses habitants, ses règles et ses mystères, il aura un réel désir de poursuivre ses pérégrinations virtuelles. Dans ce Layton, on découvre donc non plus le fameux enquêteur doublé de Luke son assistant, mais Katrielle, fille de Layton sortant d’un peu nulle part, épaulée d’Olivier Marchence (étudiant à l’université de Gressenheller) et Sherl (un chien qui parle). On reprend donc la formule classique, et un brin éculée, du personnage principal accompagné de ses faire-valoir.

Reprenant l’idée d’un monde déformé, où les personnages sont caricaturaux et colorés, ce nouvel opus traverse les mêmes sillons que précédemment. Le titre du jeu d’ailleurs est une référence à la dernière enquête puisque le jeu comporte en tout douze énigmes. L’idée serait recevable si ce Katrielle n’arrivait après un paquet d’aventures de l’homme au chapeau haut-de-forme, sur Nintendo DS puis 3DS.

Une formule rincée

Une interface familière

Je comprends tout à fait l’idée de la constance. Level-5 essaie de construire un univers mais un univers où tout semble se répéter, où seuls le nom et les visuels changent, c’est un peu problématique. D’où mon interrogation du début, où va-t-on ? Cherche-t-on une assise d’un genre bien codifié ou veut-on de la créativité, de l’imagination ?

Je ne critique pas les cerveaux de Level-5, je constate simplement qu’ils ont installé la série dans une routine qui touche le coeur d’un jeu vidéo : son gameplay, et objet cher à mon coeur, son récit et sa narration. En l’état, Level-5 a une formule qui pourrait continuer sur des années et des années. Sur 3DS, Iphone, Android et que sais-je encore.

 

 

En effet, on découvre des lieux figés, on clique pour parler avec des personnages (des conversations trop bavardes, se perdant dans un flot de détails inutiles et de caractérisations appuyées), on collecte des pièces S.O.S et on enchaîne les énigmes comme c’était déjà le cas avec le premier épisode sur Nintendo DS. Si les graphismes sont meilleurs, 3DS oblige, on est interloqué de revoir le même système narratif et le gameplay. Les développeurs imaginent bien une fonction zoom pour voir en gros plan une partie du décor mais tout cela reste anecdotique. La licence ne se renouvelle pas.

Classique et anecdotes

Encore des énigmes de balances.

Certains me diront qu’il y a des petits à-côté pour enrichir le jeu mais rien qui ne change en profondeur la formule de ce dernier. Oui, nous avons la possibilité d’habiller Katrielle, passionnant; certes, nous pouvons lire son journal, passe encore. Et après ? On retrouve les sempiternelles énigmes de la licence très souvent déconnectées du récit. C’est bien là le problème de la saga Layton : plaquer des problèmes de mathématiques ou de logique à n’importe quel moment, dans n’importe quel contexte et dans la bouche de n’importe quel protagoniste. Pourquoi ce vieil homme me pose une question sur des balances ? Quelle raison pousse cette femme à m’interroger sur un casse-tête ? Tout semble gratuit et donc atrocement artificiel. On sort constamment du récit car les développeurs ne l’utilisent que comme un prétexte pour poser de temps en temps un problème à résoudre.

 

 

Les nouveaux apprécieront

Mon point de vue sur cette aventure qui vous prendra une dizaine d’heures est certes un brin amer mais encore une fois tout dépend de vos attentes et de votre culture vidéoludique. Taillé originellement pour IOS et Android, cet épisode peut présenter un intérêt pour celles et ceux n’ayant pas de 3DS et désirant avoir un jeu long et si possible une licence connue. Le fait qu’il y ait d’ailleurs trois mini-jeux permet une transition idéale entre les sessions courtes des softs pour smartphones et la grande aventure plus encline à se développer sur console portable.